Dernière mise à jour : 17 mai 2020 / 23 mai 2009. #BuenosAires
La Confiteria del Molino, fait partie des hauts lieux, ou plutôt faisait partie des hauts lieux de la gastronomie et de la pâtisserie de Buenos Aires jusqu’à ce que ses portes ferment définitivement en 1997. Mais ne soyons pas pessimiste, la « confiteria » tout comme l’immeuble qui l’abrite a été classée la même année au patrimoine historique de la ville et ne peut donc disparaître. Pour le moment l’édifice est toujours abandonné, et depuis 2000 tous les 3 ou 4 ans revient sur le devant de la scène un plan et un projet de restauration. Il faut attendre novembre 2014 pour qu’une loi demandée depuis fort longtemps par une association promouvant la rénovation de la confiteria soit votée par l’assemblée nationale qui déclare « de utilidad pública, y sujeto a expropiación, por su valor histórico y cultural". Il faut ensuite attendre encore quelques années pour débloquer des fonds de la Nation pour commencer les premiers travaux. C’est enfin chose faite, et les ouvriers travaillent maintenant au fil des sommes alloués par le Congreso à la restauration. Depuis 2018, les travaux sont en marche (lente) mais tout de même en marche ! L’immeuble, situé aux intersections des avenues Rivadavia et Callao dans le quartier de Balvanera, est un symbole de l’architecture Art Nouveau porteño. |
Photos : La confiteria del Molino à l'angle des avenues Callao et Rivadavia. A gauche, vitrail du salon, au centre état de la confiteria en 2008. A droite la porte d'entrée principale en 2019 lors de la restauration. |
En 1848 (Certains disent 1850 voire 1859), Constantino Rossi achète la Confiteria del Centro qui se trouvait aux angles des rues Federación et Garantiás. (Actuelles rues Rodriguez Peña et Rivadavia, la Plaza Congreso n’existait pas à cette époque). La confiteria est rebaptisé en «Antigua Confiteria del Molino » en 1859, car existait à sa proximité un moulin à grain appelé « El Molino a vapor de Lorea » (Le plus ancien de la ville datant de 1821 et placé sur la Plaza Lorea). L’endroit fut assez vite adopté par la haute bourgeoisie qui y venait pour savourer les meringues, marrons glacés et autres panettones aux châtaignes ainsi que le dessert « Impérial Russe » création de la maison. En 1886, Cayetano Brenna rachète la confiteria à Constantino Rossi. |
Photos : Ascenseur du bâtiment en 2018. Escalier en colimaçon du haut de la coupole en 2019. Elément de décoration à l'angle de la façade de la Confiteria en 2011. |
Photos de 1916, les deux photos latérales pendant la construction. Photo centrale, la Confiteria achevée. |
Le projet est donc confié à un de ses compatriotes, l’architecte Italien Francesco Gianotti en 1915. Cet architecte arrive pour la première fois à Buenos Aires en 1909. Connu dans la ville pour avoir travaillé en 1910 sur un projet de Gaetano Moretti sur le pavillon de l’Italie lors de l’exposition Internationale de Buenos Aires avec un autre architecte Mario Palanti (L’architecte qui construira quelques années plus tard le Palacio Barolo de l’avenida de Mayo). Gianotti repart ensuite en Italie mais revient définitivement à Buenos Aires en 1911 pour s’installer calle Parana au numéro 972. Il se lance alors dans son plus beau projet, la Galeria Guemes (1913-1915). C'est-à-dire que lorsque notre Italien Brena fait appel à Gianotti pour lui demander de dessiner et de construire la plus belle confiteria de la ville en 1915, l’architecte est alors l’une des figures les plus connues de la ville et sa réputation n’est plus à faire. Il passe donc du projet de Galeria Guemes qu’il est en passe de terminer (L’inauguration a lieu en décembre 2015) à celui tout nouveau de la Confiteria del Molino. (1915-1916). Le projet tout comme le chantier est extrêmement rapide. On pense que la conception et les dessins de Gianotti débutent en février 1915, et que le début du chantier intervient en juin 1915. En un peu plus d’un an, le bâtiment est réalisé. La confiteria sera inaugurée le 09 juillet 1916. L'architecte choisira de surmonter l'ensemble par une coupole accompagnée d’ailes de moulin tournantes en permanence. Cayetano Brenna fait venir toute la décoration de son nouvel établissement d’Italie, portes, 150 m2 de vitraux, marbres, céramique, cristallerie et bronze. La proximité du Congreso (terminé en 1909) fait que les principaux législateurs y ouvrent un compte. La Confiteria devint rapidement à la fois le lieu de réunion des politiques, de rencontres amoureuses furtives mais aussi le passage obligé des artistes du moment qui y venaient pour voir et y être vus. |
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Photo aérienne de la Plaza Congreso en 1920. La cofiteria del Molino est entouré. |
Quelques clients habituels : Alfredo Palacios qui demandait toujours un cognac et un café avec des croissants, Carlos Gardel qui y venait souvent et qui demanda un jour à Brenna de composer un nouveau dessert pour le servir à son ami Irineo Leguisamo (c’est ainsi que fut inventé ''el Leguisamo »), Lisandro de la Torre, Leopoldo Lugones, le tenor Tito Schipa (grand amateur de champagne), la soprano Lili Pons, Niní Marshall, Libertad Lamarque et Eva Perón (Thé avec petits fours). D’autres célébrités tels que Oliverio Girondo écrira : "Las chicas de Flores tienen los ojos dulces, como las almendras azucaradas de la Confitería del Molino", ou l’écrivain et journaliste Roberto Arlt qui relata dans le journal “Aguafuertes Porteñas”, l’anecdote burlesque du franc-tireur qui se réfugiât dans la confiteria lors de la révolution de 1930. Il faut dire que pendant ces événements, les troupes de Uriburu passant sur Callao pensèrent qu’il y avait de nombreux francs-tireurs cachés dans la Confiteria et commencèrent à tirer sur les façades et y mirent le feu. Il fallut attendre quelques mois de travaux pour le rouvrir le 12 octobre 1931. L’immeuble est à classer dans le style architectural antiacadémique qu’est l’Art Nouveau (Bien que déjà révolu en Europe pour cette époque). Tous les services son ultra moderne dans la conception d’un salon en ce début du XXème siècle. Salon de Réception et de fêtes à l’étage, Confiteria et Bar au rez-de-Chaussée, 2 sous-sols pour la fabrication des pains, pâtisserie, mais aussi usine à fabrique de froid pour élaborer les glaces, cave à vin, et même atelier mécanique pour pouvoir entretenir tout le matériel sur place. A partir du deuxième étage et jusque sous les toits, appartements et bureaux en location. |
Photo : La flèche de la Confiteria del Molino. 25 juillet 2019. |
Photo : Début de la rénovation du salon du premier étage. Photo : 12 avril 2019. |
Photo : Début des travaux de rénovation du salon du premier étage. 21 août 2018. |
Que vous soyez dans le quartier de Balvanera ou de Montserrat, vous ne pouvez pas la rater, de plus en suivant l’Avenida de Mayo vous arrivez sur la Plaza Congreso et donc le « Molino » devient forcément un point de repère avant de bifurquer vers le quartier de Recoleta. En attendant sa réouverture, vous avez tout de même de bonnes autres adresse dans un rayon de 200 m autour pour profiter des pâtisseries comme celle du café de los Angelitos, du Bar Victoria, ou un peu plus moderne, le Bar Casablanca, si vous cherchez une pizza et une torta de Ricota surtout n’hésitez pas à entrer à la Americana, et si vous chercher un cadre un peu plus 1900 c’est le bar Tropezon qu’il vous faut. Au fil des mois, la façade commence à se dégager, et les toits commencent de nouveau à briller. La trame la plus propre est celle donnant sur la avenida Rivadavia. En semaine, vous voyez au premier étage transformé en atelier, tous les artistes, les ébénistes, les stucqueurs, les céramistes, peintres et autres artistes s’affairant à leurs taches. Comme toujours si vous désirez profiter d’une visite pour découvrir le quartier et le bâtiment, prenez contact avec moi sur : petitherge@hotmail.com |
Photo : Remise en place des ardoises de la fleche de la Confiteria. 2019. |
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