Villa 21-24 (Quartier Barracas - Quartier Nueva Pompeya)
03 févr. 2023Mise à jour : 03 février 2023. #Buenos Aires
La villa 21-24 (Barracas - Nueva Pompeya)
La Villa 21 – 24 - NHT Zavaleta est un bidonville (« una villa d’emergencia » en espagnol) située dans la Commune 4 de la ville de Buenos Aires, elle occupe une partie des quartiers de Barracas et de Nueva Pompeya. C'est la « villa » la plus grande et la plus connue de la capitale argentine, dépassant la Villa 31 (Celle de Retiro).
C’est dans les années 1940, que la Villa 21 -24 se créée et arrive plus ou moins à son maximum d’expansion dans les années 1970. Les premières familles se logent à proximité des voies ferroviaires et aux abords des zones industrielles.
Un excellent reportage en français (2016) :
Je vous ai inclus dans ce sujet un film reportage « Le plus dangereux des Bidonville d'Argentine se dévoile » tourné en 2016 par une équipe de deux Français (dont Sebastian Perez Pezzani, dit le « Caméléon ») . Ceux qui prennent le risque c’est Sébastien et son cameraman. Une semaine d’approche, de relation pour pouvoir filmer, et surtout comprendre. On est loin du voyeurisme, au contraire, on explique et on tente de comprendre sans juger.
Tous les problèmes y sont posés : pauvreté, les narcos, le paco qui rend zombi, les croyances du gauchito Gil et de Saint La mort, les associations, le manque de futur qui pousse à ne penser qu’au présent, l’Eglise et les paroisses, et la vie quotidienne des habitants qui tous ont perdu un proche à cause de la drogue. Un ciel bleu, une nonchalance, un asado et puis à un moment tout peu dérapé.
La manière forte qui ne permit rien :
Le gouvernement militaire en 1966 promulgue un plan d'éradication des « villas ». Dans le cadre du dit plan, le secteur a été appelé « NHT Zavaleta », et fut considéré administrativement comme un "quartier de transit" (NHT est l'acronyme de Noyau d’Habitations de Transit) jusqu'à la livraison (qui n’arriva jamais) de logements permanents pour les habitants de la « villa ».
Devant le manque de volonté politique de construire de l’habitat social, le caractère éphémère de ce « NHT » est devenu permanent. La population de Villa 21-24 a continué de croître jusqu'aux années 1970, plus précisément jusqu'à la mise en place du « processus de réorganisation nationale » (En espagnol : « Proceso de Reorganización Nacional »), en 1976 lorsque le général Jorge Rafael Videla prend le pouvoir par un coup d’état.
Des expulsions violentes sont alors menées dans toutes les villas (à a coup de bulldozers et de matraques). Les politiques d'éradication de la dernière dictature militaire ont laissé à peine une centaine de familles qui ont résisté à l'expulsion. Le problème ne fait que se déplacer de la ville de Buenos Aires à la banlieue.
Migration interne et paraguayenne :
A partir du retour de la démocratie (fin 1983) commence un repeuplement ininterrompu de la villa 21-24 qui se poursuit jusqu'à nos jours, en croissance très rapide. Lors de ce repeuplement, les migrants dits « internes » (de l’intérieur du pays qui pensent trouver du travail à Buenos Aires) font partie de la première vague puis à partir des années 1990, les migrants viennent plutôt des pays limitrophes, et surtout du Paraguay.
À partir de 2015, un projet de logements sociaux voit le jour dans un autre quartier ( Villa Lugano) appelé « Padre Mugica ». Des rues sont tracées, des bâtiments en modules y sont montés, et les premières familles de la villa 21-24 s’y installent. Ce nouveau quartier est bien trop petit pour pouvoir y déménager toutes les familles.
On estime la population en 2023 à 45.000 personnes.
Les actions municipales, religieuses et privées :
Depuis les années 2010, de très nombreux projets mis en place par la ville de Buenos Aires, écoles, centres de santé, places qui ont été urbanisées. Les grands axes sont goudronnées, mais il est impossible de pouvoir entrer en général en voiture dans les ruelles ou dans les petites rues obstruées de chaque manzana. Les ambulances du SAMU restent en général sur les principales artères, quant à la police, elle n’y passe presque jamais.
Il y a aussi d’autres actions menées soit par l’Eglise, soit par des associations d’habitants (depuis les années 1980). La personne la plus connue est certainement le "Padre Pepe" s’étant attaqué au commerce de la drogue et qui dut s’exiler de son quartier pendant quelques années avant d’y revenir. Chaque manzana (ou portion) est tenue par des bandes narcos toutes rivales et à la nuit tombée, plus aucun habitant n’ose s’aventurer à l’extérieur de leur logement.
Les conseils du Petit Hergé :
Inutile de vous rappeler que votre place n’y est pas. Donc ne voulez pas jouer les aventuriers ou les gros bras, vous ne ferez pas le poids. En un mot n’y allez pas !
Vous pouvez au mieux vous en approcher et la longer (uniquement en voiture), et surtout ne stoppez pas ! Par exemple la calle Luna à l’est, Av. Gral. Tomás de Iriarte qui la traverse d’est en ouest, la calle Iguazu à l’ouest. Ce sont des axes goudronnés et larges, et surtout ne vous en détournez pas. Ne prenez aucune autre rue. Le plus tranquille en semaine, le matin entre 10h et 13h. Un jour avec soleil, et ne sortez pas de la voiture. Uniquement pour ceux qui connaissent très bien l’Amérique du sud, qui peuvent sentir un danger et qui peuvent se débrouiller en espagnol. Ne faites pas de photos.
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