Mise à jour : 09 mai 2014. Catégorie : Buenos Aires

Barrio San Nicolas :

Le quartier de San Nicolas est avec celui de Montserrat le plus ancien de Buenos Aires. Si Montserrat garde encore la trace de vieilles constructions coloniales ou même du XIXème siècle, celui de San Nicolas a énormément évolué a partir des années 1880 pour transformer son cœur en cité financière. En effet entre 1880 et 1900 le San Nicolas colonial a disparu au profit des sièges de banques et d’assurances étrangères et argentines. On a donc l’habitude de définir le quartier de San Nicolas dans sa partie Est de "City". Quant à sa partie Ouest, c’est le centre culturel et juridique de la ville "La Calle Corrientes" s’étendant le long de l’Avenida Corrientes et son centre juridique formé parce qu’on nomme ici le quartier de Tribunales. Vous entrez dans le secteur de Buenos Aires de la période 1900-1940. Les Théâtres encore bien vivants de l’Avenida Corrientes, les cinémas aujourd’hui fermés de la calle Lavalle, la calle piétonne de Florida, les échoppes d’or et de bijoux de la calle Libertad, les énormes bâtisses de bureaux de la Avenida Diagonal Norte ! 

    

Photo : A gauche, affiche peinte sur un pignon de l'Avenida Corrientes indiquant le restaurant Chiquilin de Sarmiento 1599, un des restaurant les plus classiques de la zone de Corrientes. Au centre, la Pizzeria Kentucky sur Corrientes 1502 juste au coin de la calle Parana qui remplaça la Pizzeria Premier disparue en 2012. (Je me souviens encore de ses fameuses pizzas calzone). A droite sur Corrientes 1639 le Teatro Astral (photo juin 2012) entiérement rénové fin 2004.

Physionomie du quartier : 

Tout comme Montserrat, c’est à partir de la fondation de la ville par Juan de Garay en 1580 que le quartier de San Nicolas que l’on nomme à l’époque « Catedral al Norte » se développe. Principal axe, la calle Rivadavia, qui forme la limite entre les deux anciens quartiers, est déjà à cette époque la colonne vertébrale de la ville qui la délimite entre zone sud et zone nord. Autre grand axe qui prend forme la calle Florida qui dès le milieu du XVIIIème siècle alors qu’on la nomme la calle San Jose devient déjà une des principales rues commerçantes de Buenos Aires. Pour la petite histoire sachez aussi que la calle Florida fut la première rue pavée de la ville. C’est donc dès 1789, que Florida pavé, devient la rue à la mode ou les plus belles boutiques se mêlent avec les villas ou les familles les plus riches élisent domicile.

Le quartier a une superficie de 2,4 km2 mais est très peu peuplé (33.000 habitants) en raison du très grand nombre de bâtiments occupés par des bureaux, des administrations, des hotels et des services. Les samedis et dimanche le quartier est donc assez désertique, hormis l’Avenida Corrientes à l’ouest de l’Obélisque. Le secteur le plus peuplé étant l’extrême ouest du quartier délimité par (Callao, Rivadavia, Paraná et Cordoba).

Sur un simple plan en damier, les rues sont étroites et axées nord-sud (Ex : Calle Florida) ou est-ouest (Ex : Corrientes). Il n’existe aucune avenue dans le quartier avant  la création de la Diagonal Norte (1913-1943), l’élargissement de la calle Corrientes (1931-1936), et la création de la 9 de Julio (entre 1937 et 1944).

Les principaux édifices (publics ou non) ont la particularité d’avoir été presque tous construits entre 1890 et 1940. La visite du quartier est donc un prétexte pour replonger dans l’architecture de cette époque. Dans le désordre : Le Teatro Colon (1889-1908), Le palais de Tribunales (1905-1942), L’Obélisque (1936), les Galerias Pacifico (1894), le Luna Parc (1931), le Palacio Correo Central (1889-1928), Le Banco Nacion (plusieurs étapes entre 1888 et 1955), La Galeria Guemes (1913-1915), le Teatro Gran Rex (1937), le Teatro Opera (1936), Edificio Comega (1931-1933), La Bourse de Buenos Aires (1913-1916), la Grande Synagogue Libertad (1897-1932), le Teatro General San Martin (1954-1960) et son centre Culturel (1970), Paseo la Plaza (1980-1994), Pasaje La Piedad (1888-1900), Teatro Liceo (1872), Pasaje Rodolfo Rivadola (1924-1925), Edificio Alas (1950-1957), Edificio Safico (1932-1934)

Les bâtiments les plus anciens et qui ont pu résister aux promoteurs de la fin du XIXème siècle furent les églises et les couvents, uniques vestiges du Buenos Aires colonial espagnol comme la Iglesia San Miguel Arcangel (1768-1788), la Iglesia Santa Catalina et son couvent (1738-1745), la Basilique Nuestra Señora de la Merced et son couvent (1721-1779), la Catedral Metropolitana (1753-1823) et la Basilica Nuestra Señora de la Piedad (1866-1901).

     

Photos : (Cliquez sur les photos pour agrandir). A gauche : San Nicolas de Bari juste avant sa démolition début 1936. On voit au fond à droite, la Diagonal Norte déjà percée vers la Plaza Lavalle. Au Centre : L'Obélisque en 1939 lors de sa réparation, les plaques de béton s'étant détachées, on prefere les remplacer par du ciment. A droite : La calle Lavalle avant d'être piétonne en 1928 au niveau du 100 en face coté pair. On roule encore à l'anglaise à gauche !   

Un peu d’histoire contemporaine :

Le quartier prend son nom de l’église San Nicolas de Bari construite en 1733 à l’angle des rues Corrientes (alors calle del Sol, puis San Nicolas) et Pelegrini (ex San Cosme). L’église va malheureusement être démolie en 1936 pour faire la Plaza de la Republica et y installer l’Obélisque. L’Eglise San Nicolas est l’unique église de l’époque coloniale espagnole qui a disparu. On le regrette encore.

L’histoire du quartier est aussi trépidante que celle de la ville, car son emplacement en plein centre de Buenos Aires l’a totalement modifié au fil des décennies et il est aujourd’hui bien difficile (en dehors de principales églises subsistantes) d’avoir une idée exacte en s’y promenant d’imaginer le quartier en 1800 ou même en 1900 !  Il est certain qu’entre les années 1880 et 1940, un voyageur débarquant tous les 10 ans à Buenos Aires aurait du mal à se rappeler de son dernier passage dans le centre de Buenos Aires. Depuis 1940, le quartier de San Nicolas aussi bien dans sa partie à l’est (coté Micro centre) comme celle à l’ouest (coté Macro Centre) s’est « stabilisé ». Quelques nouvelles constructions, des tours pour la plupart ont jalonné la chronologie des années 1940 à aujourd’hui.  Les plus importants avec le percement de l’avenida 9 de Julio, comme la disparition du Mercado del Plata (datant de 1856) et démoli en 1950 pour laisser place a la construction de l’Edificio del Plata (1950-1951) celui-ci encore debout, est abritant les services du gouvernement de la ville de Buenos Aires.  Autre tour de l’avenida 9 de Julio, la Torre Mirafiori, que les porteños ont longtemps nommé la Tour Fiat, car construite par Fiat pour abriter ses bureaux en 1964. Pur joyaux du style « International » des années 60, si cher à Jacques Tati dans Playtime. Aujourd’hui (depuis 1998), Fiat est parti, et on la nomme la Tour Itau.

Sur la 9 de Julio, pas de grands changements en architecture ces dernières années à part la transformation de l’énorme bâtiment du Cinéma Metro ouvert en 1956 (Calle Cerrito) et fermé en 2005 puis racheté en 2007 par NH Hotel pour en faire un de ses hôtels et y placer en rez-de-chaussée (dans l’ancienne grande salle de cinéma) un spectacle de tango. La résultat est réussi.

La grande transformation de la 9 de Julio est la décision de la ville de Buenos Aires de mettre en place un plan de circulation des bus sur chaussées séparées, c’est le plan « MetroBus » si cher à Mauricio Macri (président de la ville), après un premier essai en 2011 sur l’avenida Juan B. Justo, en 2013 c’est au tour de l’avenida 9 de Julio de créer 4 nouvelles voies au centre de l’ « avenue la plus large du monde » et de dégorger les allées latérales des « colectivos ». Voila 1 an que le système est en place, et on peut dire que cela a facilité le déplacement. Au niveau paysage urbain, il a fallu redessiner tous les trottoirs, et espaces verts sur l’avenue. Au moins, les trottoirs et gazons sont neufs et propres maintenant !

Les grands changements architecturaux dans le quartier de San Nicolas, coté Micro Centro sont quelques nouvelles tours dont la plus haute la « Torre Banco Galicia » commencée en 2000 (arrêtée lors de la crise de 2001-2002) et terminée en 2007. Haute de 160 m (C’est la 8éme tour la plus haute de Buenos Aires). Toujours dans le Micro centro, la Torre San Martin (1992-2003) imposante avec ses 122 m au milieu de bâtiments bien plus petits. Elle est jointe à la Galeria Mitre (2005) occupée par les grands magasins Falabella (à ne pas rater) qui joint la calle Florida à la calle San Martin. Architecture agréable pour ce petit centre commercial.

Du coté de l’Avenida Alem, autour de la Plaza Roma,  augmentation du nombre de tours après les premières montées dans les années 70-80. Dans la série des tours des années 2000, ma préférée, la Tour Bouchard Plaza (2000-2004) qui se termine par des angles assez originaux, sans oublier la Torre Bouchard de 10 ans son ainée (1991-1994). Dans les années 90, l’architecte argentin César Pelli signe les plans du projet de l’Edificio Republica (1994-1996) que l’on a souvent nommé Torre Telefonica puisque jusqu’en 2002, Telefonica en avait fait son siège.

Dans le micro-centro, autre vaste projet de la ville de Buenos Aires, rendre presque toutes les rues piétonnes, ce qui mécontente les propriétaires des « playas de estacionamiento » et des commerçants qui ne voient pas le bout des travaux. Il faut reconnaitre un plan ambitieux, 80 manzanas du micro-centro de l’Avenida de Mayo à la Plaza San Martin à rendre piéton ou semi piéton (en fonction des heures et des jours), toutes les rues nord-sud sont rendues piétonnes. Les travaux ont commencé du coté de la Plaza de Mayo en 2010 et doivent prendre fin en mars 2015 pour les derniers tronçons vers la Plaza San Martin.

 Sur le secteur ouest du quartier (entre 9 de Julio et Callao), bien moins de changement depuis 2000. Edification du complexe hôtelier Ibis-Novotel et inauguration en novembre 2009. C’est le seul grand projet sur Avenida Corrientes. Toujours dans l’optique de donner un coup de jeune à la ville, Buenos Aires décide de rénover son Centre Culturel San Martin entre 2010 et aujourd’hui (2014). Enfin une admirable restauration sur la Plaza Congreso de l’ex « Edificio Instituto Biologico Argentino » datant de 1924-1927, abandonné en 2006, et qui après une très longue rénovation (souvent arrétée) commencé en juin 2007, vient de se terminer en 2014 pour devenir la « Auditoria General de la Nacion ». Superbe !  

Photos : A gauche sortie de métro de la station Diagonal Norte de la ligne C. Au centre, la coupole de la Galeria Guemes. A droite l'Edificio Comega.

A connaitre dans le quartier pour une première visite :

Réservez 1 à 2 journées pour la visite de ce quartier. Surtout ne le visitez qu’en semaine ! Le weekend tout est fermé sur la partie Micro-Centro, ainsi que sur 9 de Julio et le secteur Tribunales ! Seule reste "ouverte" l'avenida Corrientes. Donc plutot en semaine du lundi au vendredi. 

Avenida Corrientes : Il est certain qu’il faut parcourir cette avenue de long en large entre Avenida Alem et Callao, pour connaitre la calle qui ne dort jamais (comme on dit encore aujourd’hui) en raison de ces théâtres. Axe aussi des librairies, difficile de savoir combien sont elles dans le quartier, l’avenida et les rues adjacentes. L’avenida Corrientes c’est aussi le centre des pizzerias … Pizzeria Guerrin, Pizzeria Banchero, …. On se souvient encore de la « course de la pizza » en novembre 2013, où 300 mangeurs inscrits de pizzas eurent à tester les pizzerias de l’avenida pour designer la meilleure. La gagnante fut la Guerrin ! Pour boucler le sujet des pizzas, ne pas oublier non plus celles sur Avenida Callao, La Continental et la Americana ! Enfin, les théatres …. Innombrables ! Les plus connus, sur coté est de l’avenida : Opera, Gran Rex, Tabaris, El Nacional, Maipo (sur calle Esmeralda), le nouvel Astros. Sur coté ouest : Le Broadway, Lola Membrives, Metropolitan, Centro Cooperacion, Premier, San Martin, Presidente Alvear, Astral, le complexe Paseo Plaza.

Il y a très souvent des comédies musicales (ou des « revues »), donc même si vous n’êtes pas hispanophone, vous pourrez tout de même suivre ! Pour les intellos, il y aussi de quoi voir !

L’Obélisque : Sur 9 de Julio et Corrientes on ne peut pas le rater, la photo s’impose.

La Calle Florida : Allez y, la première rue piétonne de Buenos Aires, aujourd’hui passage obligé des consommateurs-touristes brésiliens en soif d’achats frénétiques. N’y achetez rien, c’est cher ! Mais c’est à voir. Attention aux pickpockets, aux trousses des Brésiliens ! A ne pas rater la Galeria Pacifico, La Galeria Guemes, l’ancienne librairie Ateneo (Florida 340), les grands magasins Falabella. Pour boire quelque chose….. pas grand-chose depuis la fermeture de la Confiteria Richmond ! L

La Calle Lavalle (sur Micro centre): En pleine remontée de la pente dans laquelle depuis les années 80 elle s’est enfoncée. La Cassette VHS, le DVD, puis Internet aura fini de tuer la trentaine de salles de ciné existantes dans le secteur dans les années 60. Il n’en reste plus qu’un seul complexe : El Cine Monumental. Les autres boutiques ont du mal à se stabiliser, le loyer étant élevé et le public divers, la fin de chaque bail (de trois ans) entraine la fermeture et l’ouverture d’un nouveaux magasins (peu rentables). Deux restaurants tiennent le coup, touristiques certes, mais bon : Los Inmortales sur Lavalle 746 (ouvert depuis 1952, ce qui est pour la calle, un exploit !), et el Palacio de la Papas Fritas sur Lavalle  735 et 954.

La Cathédrale : Même si on n’est pas un fervent admirateur du Pape François 1er, (Francisco en espagnol), c’est tout de même le temple ou il a officié avant son départ pour Rome.  Un petit tour dedans ne peut pas vous faire du mal. De plus dans une chapelle à la droite de la nef latérale, le mausolée du « Libertador San Martin », vous savez celui qui a « libéré le pays (ainsi que le Chili, la Bolivie et le Pérou) contre les « méchants espagnols » entre  1812 et 1822. En 1829, on l’exile (pour service rendu à la Nation) et va vivre en France à Paris puis à Boulogne sur Mer entre 1830 et 1850 ou il meurt dans le plus grand dénuement. Après un petit coup de Révisionnisme (déjà en vogue a l’époque), en 1875, l’Argentine reconnait que ce n’est plus un « traitre » mais un « héros national » et demande à la France de rapatrier sa dépouille. Chose faite en  1880 ou il est reçu en grandes pompes et placé dans la Cathédrale (tout comme Napoléon aux Invalides).

La Galeria Guemes : Sous l’edificio Guemes (Florida 165) datant de 1915 qui fut le plus haut gratte ciel de Buenos Aires (87 m). A voir, et surtout depuis octobre 2013 où on peut monter tout en haut au niveau du phare, et surplomber tout le micro centre.

La Galeria Pacifico : Le temple du shopping pour touristes et surtout brésiliens de passage pour dépenser ses reals. Allez y pour voir son architecture, sous sol, rez de chaussée et étage sans oublier aussi de voir le centre Culturel Borges ou se passe toujours quelque chose, expos, festivals, etc…

L’Eglise Nuestra Señora de La Merced et son couvent : Une visite s’impose mais aussi n’hésitez pas à entrer dans le patio du couvent qui aujourd’hui abrite quelques restaurants qui vous permettront de faire une halte lors de votre visite.

Le Teatro Colon : Du coté de Tribunales entre la Plaza Lavalle et la 09 de Julio, un des plus beau théatre du monde, n'ayons pas peur de le dire. Une visite s'impose. Comme celles ci sont payantes avec un prix "spécial" pour les étrangers, je vous incite à y aller plutot le samedi pour retirer des places de concerts gratuits pour 11h du matin le lendemain (dimanche). Vous aurez ainsi le privilège de pouvoir à la fois entrer dans le "temple" et aussi assister à un spectacle ou concert gratuitement. 

Plan : Quartier de San Nicolas. (Cliquez pour agrandir)

Photos : A gauche, la salle mythique du Gran Rex, seuls les artistes confirmés y passent ! La plus grande salle de Buenos Aires sur Avenida Corrientes au 857. Au centre, la coupole de la Galeria Pacifico sur calle Florida au 737. A droite, l'ensemble comprenant la Basilique Nuestra Señora de la Merced et son couvent tres bien restaurés dans la "City" porteña, au 207 de la calle Reconquista.

Photo : Le 06 octobre 1966. La calle Lavalle au niveau du 1100, entre Cerrito et Libertad. Au fond à droite le Palacio Tribunales. A droite, un taxi Di Tella 1500.                                                 

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