Dernière mise à jour : 30 septembre 2021. #Buenos Aires.

 

Museo Nacional de Arte Decorativo. (Quartier de Palermo)

 

Le Musée National des Arts Décoratif a été créé en 1937 dans l’hôtel particulier de la famille de Josefina de Alvear épouse de Matías Errázuriz Ortúzar.

Les familles Alvear et Errazuriz étaient originaires d’Espagne et sont arrivées en Amérique au XVIIIème siècle.

Les Errázuriz se sont installés au Chili et ont donné au pays de nombreux hommes politiques, universitaires et commerçants. Les Alvear étaient quant à eux installés en Argentine et de nombreux membres de cette famille se sont fait connaître en politique et pendant les luttes d’indépendance au XIXème siècle.

La famille exerça une grande influence sur la ville de Buenos Aires et au niveau national puisque Marcelo T. Alvear fut président de l’Argentine entre 1922 et 1928.

Le musée National des Arts décoratifs occupe aujourd’hui leur ancienne résidence aussi nommée Residencia Errázuriz Alvear.

Photo ci-dessus : Façade de l'hôtel particulier abritant le musée sur l'Avenida Libertador.

 

      

 

 

Errázuriz et Josefina de Alvear

 

Matías Errázuriz, était chilien et chargé d'affaires et ambassadeur de son pays.

Il a occupé ce poste d'abord à Buenos Aires, où en 1897, il a épousé Josefina de Alvear, petite-fille de Carlos María de Alvear et nièce de Torcuato de Alvear, maire de la ville de Buenos Aires, et cousine de Marcelo T. de Alvear, président élu en 1922.

Plus tard, lorsqu'ils planifièrent tous deux la construction de la résidence familiale - qu'ils habitèrent entre 1918 et 1936 - ils commandèrent à l'architecte français René Sergent, de disposer dans le salon de trois grands murs de onze mètres de hauteur pour exposer les tapisseries flamandes du XVIe siècle qu'ils apporteraient de Paris. Les trois magnifiques pièces sont encore visibles aujourd'hui en entrant dans la grande salle du musée.

C'est l'une des grandes demeures argentines du début du XXe siècle, le meilleur exemple de l'opulence de certaines familles permettant de vivre dans des hôtels particuliers de style néoclassique français. Le couple venait de vivre dix ans en France (entre 1906 et 1917), puisque Matias Errázuriz avait été nommé ambassadeur chilien à Paris. C'était la « Belle Époque », avec une vie sociale intense, et un gout de collections que Matias Errazuriz développa, en acquérant peintures, tapisseries, sculptures, meubles d'art décoratif, de la vaisselle et des pièces d'art oriental de Chine, du Japon et d’Inde.

L’hotel particulier fut construit sur un lotissement de l'avenue Alvear, (le nom de famille de l'illustre grand-père de Josefina)  En 1950, elle changea de nom pour devenir l'Avenida Del Libertador. Cet hôtel particulier fut certainement l’un des derniers dans lequel la famille conserva cet ancien style de vie de jadis, ou se mêlait vie familiale et réunion sociales et politiques.

 

Photo ci-dessous : Palacio Errázuriz en 1918 juste après achèvement des travaux. 

 

 

Inauguration du Palais Errázuriz Alvear

 

Le terrain situé sur l’avenida Libertador est acheté en 1911, les travaux commencent de suite pour s’achever en 1917, l’hôtel particulier d’une architecture académique française se monte alors qu’au même moment les caisses remplis d’objets de sa collection débarquent d’Europe dans le port de Buenos Aires.

Finalement le 18 septembre 1918, la maison est inaugurée dans une fête fastueuse. Pendant toute la décade des années 20, cet hôtel particulier sera le centre d’une intense vie sociale et artistique.

Josefina décède en 1935, Matías et ses enfants offrent à l’état argentin la possibilité d’acquérir leur maison avec leur collection avec la condition de créer un musée et de ne pas disséminer les objets. Le musée sera créé en 1937.

 

Le bâtiment a une surface de 4.300 m2 et est réparti sur quatre étages. La famille composée de quatre personnes vivait à l’étage noble, alors qu’à l'étage supérieur, logeaient les 32 employés de service, comme les majordomes, femmes de ménage, cuisinières, baby-sitters.  .

Matías Errázuriz a vécu juste à un changement d'époque; c'était un homme ayant connu le monde de la « Belle Epoque » qui s’achevait  et un autre moderne de l’entre-deux guerres, qui apportait d’énormes transformations dans la société. C'était un homme curieux de tout et éduqué qui côtoyait les grandes personnalités du monde porteño et europeen.

Quand Le Corbusier arriva à Buenos Aires, invité par Victoria Ocampo pour venir participer à la Revista Sur, Errázuriz en profita pour le contacter pour lui confier le projet de sa maison d'été à Zapallar au Chili.

 

Photo : Article de Plus Ultra de septembre 1918 pour l'inauguration du Palacio Errazuriz

 

 

    

 

Projet de l'architecte français René Sergent :

 

L’hôtel particulier est dessiné par l’architecte français René Sergent (1865-1927) à partir de 1911.

Façade type néo-classique du XVIIIème siècle. Cet architecte était connu à Paris pour ses projets d’architecture de résidences privées. Il  avait fait ses classes dans l’atelier de l’architecte Paul Ernest Sanson. Son projet le plus célèbre à Paris est sans aucun doute le Musée des arts décoratifs (Musée Camondo près du parc Monceau).

Il ne s’est jamais déplacé à Buenos Aires, il confia la réalisation à deux autres confrères argentins : Eduardo M. Lanús et Pablo Hary. Tous les matériaux (en dehors du gros œuvre) viennent d’Europe. (Revêtements, boiseries, miroirs, lustres, marbres, ébénisteries, moulures, stucs et autres ornements).

Le bâtiment comporte un  sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage principal, et un second étage sous comble pour héberger les services et les cuisines. Le tympan supporté par les 4 colonnes de la façade donnant sur l’Avenida Libertador, est en fait une réplique de celui du ministère de la marine de la Place de la Concorde à Paris.

Toute la décoration des pièces est de style français, vestibule, escalier d’entrée, les salons de réception, bureau, salle à manger. A l’exception du grand salon du rez-de-chaussée inspiré par le style Tudor anglais du XVIème siècle.

Pour la petite histoire, le dessin de la cheminée de ce grand hall avait été confié à Paris à Rodin, mais en pleine première guerre mondiale il ne put honorer  la commande. Tout le mobilier et la décoration des pièces sont de style Louis XV, Louis XVI et Empire, à l’exception d’une chambre du premier étage en pur style Art Déco dessiné par le catalan José María Sert.

 

 

    

 

 

L'influence de "Madame" : 

 

Parmi les plus belles pièces de collection de la maison, il y a une horloge en bronze ayant appartenu à Louis XVI et Marie Antoinette, des miniatures européennes du XVIe au XXe siècles, une huile sur toile d'El Greco et Le Printemps éternel, une sculpture d'Auguste Rodin, avec qui Errázuriz a maintenu une relation lorsque le français était déjà un artiste reconnu et en termes économiques déjà presque inaccessible.

S'il y a une atmosphère dans le palais qui rappelle le bureau de Matías Errázuriz revêtu d'une importante boiserie en chêne de style Louis XVI, à droite de l’escalier principal, c'est aussi la salle Madame, où Josefina a reçu des amis et organisé des danses. La décoration de toutes les pièces a été commandée à des décorateurs de mode (Arlhian, Hoenstchel, Nelson ou Sert) et cette pièce a été aménagée avec une inspiration romantique.

Le rôle de Josefina en tant que maîtresse de maison était très important; c’est souvent elle qui décidait  des espaces et de l’installation des œuvres d'art. Si Matias Errázuriz brillait en société et en dehors de sa résidence, une fois à l’intérieur, c’était plutôt « Madame » qui dirigeait l’ensemble, domestique, horaires, repas et décoration. Cette femme qui apparaît dans une imposante robe rouge sur un tableau signé de l'espagnol Joaquín Sorolla, était une personne extrêmement raffinée, sa voix pesait dans les discussions.

En 2018, une restauration du garde-robe et de la salle de bain de Josefina a commencé, là où se trouvaient pendant des années les bureaux administratifs du musée. Selon le directeur du bâtiment, "un lieu d'une grande importance patrimoniale, de style pompéien, un bel environnement que les restaurateurs mettent en valeur".

À la mort de Josefina Alvear en 1935, la maison est devenue bien vide et triste et Matías et ses enfants ont offert à l'État argentin la possibilité de l'acheter, à condition qu'un musée national des arts décoratifs soit ouvert, et que sa collection ne soit pas disséminée. Son souhait s'est concrétisé en 1937.

 

Photo ci-dessous : Grand salon du Palacio Errazuriz

 

Les conseils du petit Hergé :

 

Profitez d’une journée pluvieuse pour visiter les musées et celui-ci ne vous décevra pas. La grandeur des pièces, le « bon gout » dans la décoration et du mobilier qui l’orne. On a parfois la sensation d’être vraiment à Paris et non en Amérique du sud. Vous pouvez y voir Des toiles de Lucas Cranach, de Jean-Honoré Fragonard, d’Henri Fantin-Latour, de Claude-Michel Clodion et même une de Charlie Chaplin. Quant aux sculptures on continue dans une énumération des plus grands français de l’époque : Jean-Baptiste Carpeaux, Auguste Rodin, Antoine Bourdelle.

Vous êtes juste à la limite entre Recoleta et Palermo, et profitez donc de cette situation pour poursuivre ou finir votre journée au Malba, au Musée National des Beaux-Arts, ou tout simplement dans les bois de Palermo ou les jardins de Recoleta.

Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 12h30 à 19h. Entrée par Avenida Libertador 1902. 

Le site :  https://museoartedecorativo.cultura.gob.ar/

Vous désirez effectuer une visite dans ce musée et connaitre le quartier, vous pouvez me contacter à : petitherge@hotmail.com

 

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