Mise à jour : 11 juillet 2010. Article de Mathilde Arrault.

Inflation en Argentine

et baisse du pouvoir d'achat :

  

Une fois de plus, les indicateurs témoignent d’une baisse du pouvoir d’achat pour les Argentins. Bien que l’inflation soit chronique, une nouvelle tendance se dessine ce mois-ci.

 Au cours du mois de juin, le prix des aliments a augmenté de 3,14%. La tendance se confirme : alors qu’au premier semestre l’indice général des prix a augmenté à un rythme de 14% annuel, ce taux est de 30% pour les denrées alimentaires et les boissons. Les produits les plus touchés sont les fruits, légumes, et les produits laitiers. Alors que depuis le début de l’année, la viande était la denrée la plus affectée par la hausse des prix, le mois de juin marque le début d’une période de décélération.

 

Dessin : Inflation contre croissance !

 

Inflation :

 

C'est au supermarché que la hausse des prix est se fait le plus ressentir.

La principale raison de cette tendance : au cours du mois de juin, le Ministère du Commerce Intérieur a accordé à plus de 50 entreprises du secteur alimentaire et de la boisson l’autorisation d’augmenter leur prix.

La fracture entre les régions concernant l’inflation s’accroît : par exemple, l’indice général des prix a augmenté de 18% à Jujuy tandis que la hausse est de 5,1% dans le « Gran Buenos Aires » (Buenos Aires et banlieue).

 De plus la fiabilité des informations est remise en compte. Selon un article du Clarin daté du 3 juillet 2010, les données fournies par l’INDEC (Instituto Nacional de Estadística y Censos controlé par le gouvernement : http://www.indec.mecon.ar/ ) ne seraient pas représentatives du réel taux d’inflation. En effet, un manque de transparence existe quant aux critères pris en compte pour les calculs. Les biens de consommation et les services qui représentent la plus grande partie des dépenses des foyers ne seraient pas pris en compte selon le CAES, organisme mis en place par le gouvernement pour auditer l’INDEC. Ceci explique les différences entre les chiffres fournis par l’INDEC et ceux fournis par les organismes privés, plus élevés et d’avantage représentatifs de la situation pour les foyers. Ainsi, le cabinet E&R (Economia & Regiones S.A. institut privé : http://www.economiayregiones.com.ar/es/index.php )  estime qu’en un an, le prix moyen d’un panier au supermarché a augmenté de 44%.

Photo : Rayon "maté" dans un supermarché porteño.

 

Photos du dessus : Tous s'y mettent, Disco, Carrefour, Coto, Jumbo. Et d'ici peu les supermarchés chinois. La règle est de s'associer avec un réseau bancaire pour pouvoir vendre à crédit directement aux consommateurs. Sur ces exemples : Disco avec CitiBank, Carrefour avec Banco Patagonia.

Photo du dessous : Il faut avoir fait au moins une école de commerce pour etudier les stratégies d'achat au quotidien, à chaque semaine la nouvelle liste de "descuentos" entre paiement avec carte de débit ou carte de crédit et choix du "bon jour". Pour la simple chaine de supermarché Disco, un casse tête, ensuite il faut voir chez les autres concurrents ! (il y a aussi interêt à avoir plusieurs cartes de crédit de banques différentes pour jouer sur tous les tableaux !)

 

Baisse du pouvoir d'achat :

Cette hausse des prix concernant les produits de la vie courante est d’autant plus inquiétante pour les foyers Argentins que selon les données de l’INDEC pour le 1er trimestre de 2010, la moitié d’entre eux vit avec moins de 3 000 pesos par mois, soit environ 600 euros par mois. Par ailleurs, l’augmentation des salaires se révèle être insuffisante, selon un article du 2 Mai de IEco (supplément économique du quotidien Clarin : http://www.ieco.clarin.com/ ), avec de grandes disparités sectorielles. Alors que l’industrie pétrolière a atteint ses objectifs en termes d’augmentation salariale, ce n’est pas le cas du secteur des télécommunications et des services. De plus, alors que les prix augmentent de jour en jour, les salaires, les retraites et les subventions sociales augmentent tous les 4 ou 6 mois. Principale conséquence : une évidente réduction du pouvoir d’achat pour les foyers argentins.

Dessin : "Combien coute ce paquet de farine ?" "Quand ? maintenant, dans 5 minutes ou quand vous serez à la caisse ?" 

 

Les promotions :

Paradoxalement, au cours du mois de juin, les ventes des supermarchés ont augmentées de 16,3% par rapport au mois de juin 2009 et de 2,3% par rapport au mois de mai 2010. Cette hausse s’explique par deux facteurs ; tout d’abord, les offres promotionnelles des supermarchés qui peuvent atteindre -20%, puis celles proposées par les banques (en payant avec la carte de crédit dans certaines enseignes, les banques offrent des réductions jusqu’à 25%). D’un jour par semaine, elles se sont étendues à deux, puis aux week-ends.

Et les conséquences de l’inflation ne sont pas uniquement locales. Alors que le taux de change demeure relativement stable, cette inflation galopante provoque une forte appréciation du taux de change réel. L’Argentine devient donc plus chère pour les étrangers, les investissements venus de l’extérieur diminuent. Autre conséquence pour le pays : l’augmentation des importations qui provoque une hausse du déficit.

Photo : Même chez Nokia, pour vendre il faut s'associer avec les distributeurs alliés à leurs banques. Dans un pays de sur-inflation, le prix n'a plus d'interêt, seul compte le plan de credit "gratuit" le plus long.

Les liens externes :

- INDEC (Institut National des statistiques et du recencement).

- Cabinet E&R (Institut privé économique).

- I Eco (Supplément économique du groupe Clarin).

Photo : On fait ses courses très jeune à Buenos Aires !

A lire aussi dans le Petit Hergé :

- Une opération marketing qui tourne au fiasco (Mai 2010).

- Production automobile argentine (janvier-avril 2010) (Mai 2010).

- Grands Magasins Harrods de Buenos Aires (Avril 2010).

- Le système de santé en Argentine (Octobre 2009).

- BNP Paribas nous quitte ! (Octobre 2009).

- Le Vice Royaume du Rio de la Plata en 1809. (Avril 2009)

- Nouvelle carte pour les transports de Buenos Aires (Juin 2009).

- Buenos Aires : Extension de la ligne E du métro (Juillet 2009).

Photo : L'Argentine, le seul pays ou le paiement est plus important que le produit ! ;-)

 

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