Argentine : Situation et conseils au 16 février 2024

 

 

 

Je reprends le fil des articles concernant l’actualité de l’Argentine.

Pays, comme vous le savez déjà, où toute information de plus de 15 jours, comme je le précise sans cesse aux touristes, devient obsolète.

Je reçois de nombreux messages et mails concernant vos venues dans plusieurs mois, et il est difficile pour ne pas dire impossible de prévoir l’avenir. On peut préciser, bien sûr, quelques tendances, mais de là à être sûr de ce qui peut se passer dans un mois, il y a un gouffre.

Bref, venez vous informer de temps en temps sur ce site, je le tiendrai à jour !

 

 

 

 

 

Donc voila la situation au 16 février 2024 : 

 

Au niveau politique :

 

Le nouveau président ne disposant pas de majorité à l’assemblée ni au sénat n’a pu faire valider son programme la semaine dernière et la « ley omnibus », comme on la surnomme ici est revenue au point de départ.

Il faudra donc qu’elle soit à nouveau retouchée pour qu’elle puisse passer devant les deux assemblées. Cela signifie que le gouvernement s’est affaibli.

On pourrait penser que la situation de l’Argentine devient donc encore plus instable pour ne pas dire chaotique face à un pourvoir exécutif qui se démène sans l’aval du législatif, mais on peut penser (en tout cas je m’avance d’une façon personnelle), qu’il y a peut-être du bon dans cette affaire, car Milei vient de s’apercevoir qui ne pouvait pas gérer seul le pays et qu’il faudra forcement faire des alliances et essentiellement avec le PRO (parti de Mauricio Macri) avant de représenter la loi à la chambre.

Bref, l’excentrique Milei devra mettre de l’eau dans son vin et se montrer moins excessif pour avoir le soutien d’autres partis. En tout cas, le voilà plus calme !

Le temps passe, Milei ronge ses freins et comble sa frustration en convoquant des « mesas tecnicas » (des tours de tables) à la Casa Rosada pour reformer l’Etat au plus vite. L’envie se fait sentir d’avoir recours à des décrets pour accélérer le processus et se passer des deux chambres. Mais il sait qu’il ne pourra pas trop tirer sur la corde sans mécontenter ses futurs alliés.

Il a à la fois le devoir de gérer la chèvre et le chou s’il veut véritablement reformer l’état, mais aussi prendre en compte l’inflation, la baisse de la production économique, l’asphyxie des PME, être en mesure de rembourser les emprunts du pays, promouvoir à l’étranger une image de pays ayant un potentiel attrayant pour faire entrer des investissements, satisfaire ou plutôt étouffer le plus longtemps possible le mécontentement de la classe moyenne argentine, bref… du haut vol dans l’art du jonglage.   

Alors me demanderez-vous, est-ce possible ? Aucune réponse à cela, comme on dit « le futur le dira » mais l’Argentine comme elle en a l’habitude est au milieu d’un brouillamini dont elle a le secret. Quant aux Argentins, c’est un peuple tellement habitué depuis des décennies à affronter l’hyperinflation, la dévaluation, les crises et autres séismes, que pour eux entre scepticisme et fatalisme, leur vision se concentre à affronter déjà les problèmes de la journée.

 

 

 

Au niveau économique :

 

 

L’inflation de janvier vient d’être rendue publique : + 20,6% en un mois (soit 0,6% d’inflation par jour !).

Bien entendu ça aurait pu être pire, et le gouvernement met en avant la décélération de l’inflation.  Comme si le cancre de la classe s'enorgueillissait d’être moins nul.

En effet, en décembre elle était de 25,5%. Bref en janvier, l’Argentine est encore championne du monde de l’inflation et en interannuel, nous arrivons maintenant à + 254 % (la plus haute en 32 ans…. ). Le PIB l’année dernière a perdu 2,5 % mais on s’attend à une progression de 2,7% cette année (donc un retour à zéro en deux ans)

Pour le panier de la ménagère la catastrophe continue, les premiers chiffres de décembre et même de janvier annonce que le pouvoir d’achat aurait baissé de 50 à 80% pendant les 12 derniers mois suivant les classes sociales, et bien entendu il y a une répercussion directe sur les commerces puisque la consommation a baissé de 15 à 30% suivant le secteur d’activité, voilà qui met aussi à mal les PME.

Nous sommes maintenant à deux semaines de la rentrée des classes, et certains ne peuvent plus faire face aux achats scolaires (+300% en un an !) Justement hier Milei a avancé « un plan de asistencia » pour aider les familles. Étonnant de le voir devoir faire appel à des plans sociaux, lui qui voulait justement libérer l’état de toute intervention.

Les écoles privées doivent augmenter de 30 à 50 % en mars et ici sachez que la classe moyenne envoie ses enfants dans les établissements privés.  Il est certain qu’à la rentrée, on va apprendre que bon nombre d’établissements privés devront fermer faute d’élèves.

Quant à mon sentiment personnel, il suffit que j’aille dans les Carrefour, Dia et autre supermercado chino, pour voir qu’il n’y a pas monde, que les gondoles sont à moitié vides, que les prix augmentent à chaque arrivée de marchandises du matin, et que le public se concentre sur les achats de premières nécessités.  Pour les négoces d’électroménagers, de meubles, de voiture et autres biens durables, les vendeurs tournent en rond dans leurs boutiques et concessions.

En temps de crise, on mange et on s’amuse (de quoi oublier), et pour pas cher. Donc c’est la chasse aux promos dans les magasins d’alimentations, les bars et restos (et les moins chers) se remplissent car c’est toujours l’anniversaire de quelqu’un ou un évènement à fêter. On vit au jour le jour, on dépense sur le moment (quand on a de quoi dépenser) et on ne pense pas trop à l’avenir ! (A quoi ça servirait !).

 

 

 

 

Le point de vue touristique :

 

 

Si vous arrivez en février, vous ne verrez rien de la situation si vous restez dans votre bulle touristique.

En effet les chutes d’Iguazu sont toujours là, le glacier de Calafate aussi, à Mendoza le vin est toujours mis en bouteille, même s’il se vend moins (-8% en 2023, mais on vous prétendra le contraire), et les « boucles nord et sud » seront au rendez-vous.

On vous accueillera avec grand sourire car l’économie touristique a besoin de vos euros, les chiffres annoncent + 33% de touristes internationaux en plus en janvier 24 par rapport au même mois de 2023, mais ne croyez pas que c’est un afflux d’européens ou d’étatsuniens déferlant dans le pays qui fait monter les chiffres, en fait c’est une invasion de Brésiliens (24%), d’Uruguayens (14%) et de Chiliens (13% de l’ensemble des étrangers) qui viennent passer quelques jours dans le pays, histoire de faire les courses, car malgré l’inflation en pesos, le pays reste toujours moins chers que ses voisins.

Nous avons plus affaire à un tourisme économique, qu’à un tourisme de découverte.

Vous vous rendrez peut être compte de quelque chose, si votre avion est annulé (grève surprise), si votre hôtel n’a plus d’électricité (trop de demande au système électrique, obsolète par des années de maintenance en souffrance), s’il y a une queue de plus d’une heure au guichet de western Union pour aller récupérer vos malheureux pesos, si votre carte Visa n’est pas acceptée car le dieu Ploutos en a décidé autrement, si il n’y a plus d’essence à la pompe pour remplir votre voiture de location, et vous aurez toujours une réponse fataliste à votre étonnement : « Que puedemos hacer ? »

Ça fait maintenant bon nombre d’années que « el sistema se cayo » et il faut faire avec, pays bancal et qui vous apprend aussi même comme touriste à devoir bien souvent improviser sur place et passer au plan B devant le premier imprévu ! Mais n’est ce pas non plus comme ça qu’il faut voyager ? Donc surtout, ne planifiez pas trop votre voyage !

Bienvenu en Argentine, la bienveillance et le sourire des Argentins vous feront oublier les imprévus !

 

Quelques conseils : 

 

Comme toujours, venez avec votre carte VISA et Mastercard pour employer le taux MEP à travers vos retraits chez Western Union et venez aussi avec votre budget en euros ou en USD, des fois que votre carte ne passe nulle part.

La « brèche » entre le taux MEP, ou parallèle (BLUE) et le taux officiel s’est amenuisé, ce qui fait que le pays est devenu plus cher en Euros, mais il reste encore bien moins cher que l’Uruguay, le Brésil, le Chili et le Pérou.

Et enfin dernier conseil, réduisez vos km ! Plus vous courrez derrière les km, plus c’est cher et plus vous perdez de jours (et plus de risque) dans la logistique.

Sur ce, amusez-vous bien, et on se donne rendez vous dans quelques semaines pour faire le point !

 

Comme toujours, si vous avez des questions, vous pouvez prendre contact avec moi par mail : petitherge@hotmail.com, en laissant un commentaire en dessous de la page de cet article, ou en m’écrivant en privé sur FB  https://www.facebook.com/petit.herge

 

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