Brésil : Influence internationale et envol diplomatique
30 sept. 2010Mise à jour : 30 septembre 2010. Article écrit par Mathilde Arrault.
Articles sur les élections brésiliennes d'octobre 2010 :
- Les élections du 03 octobre 2010 au Brésil. (21 sept 2010). - Les 3 candidats principaux des élections présidentielles brésiliennes. (23 sept 2010). - Le vote électronique au Brésil.(28 sept 2010). - Influence internationale du Brésil. (30 septembre 2010). - Résultat du premier tour des élections brésiliennes. (11 octobre 2010). |
Le Brésil, un acteur de taille au sein des institutions internationales : Dans le G20 depuis 2003, le Brésil occupe une place prépondérante au regard de son poids dans l’agriculture mondiale. Influent au sein de l’OMC, Lula incarne la lutte des pays émergents pour plus d’équité dans le commerce international, et agit dorénavant pour la conclusion de cycle de Doha. Au sein du conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil occupe un siège non permanent et revendique à présent une place permanente. Il dispose pour cela d’alliés de taille : les Etats Unis, la France et le Royaume Uni y sont favorables. Par ailleurs le Brésil milite pour une réforme de l’institution, qui la rendrait plus juste. En 2005, en collaboration avec l’Allemagne, l’Inde et le Japon, le Brésil a présenté un projet de réforme, qui consistait en l’introduction de 6 nouveaux membres permanents et 4 non-permanents ; le projet ne fut pas retenu |
Le Brésil au coeur de l'intégration sud américaine :
Pendant ses deux mandats, Lula a œuvré à consolider le MERCOSUR pour redonner un poids à l’Amérique Latine à l’échelle mondiale, mais aussi parce que selon lui, le Brésil ne peut être une nation riche si elle est entourée de pauvres. Et quand il s’agit de représenter l’Amérique du Sud dans les négociations internationales ou face aux Etats Unis, Lula s’avère être un porte-parole plus qu’efficace. En 2008 est fondée à Brasilia l’UNASUR, ou Union des Nations Sud Américaine, dont les objectifs s’inspirent de l’union Européenne : mise en place d’une citoyenneté sud-américaine, création d’organes exécutifs et législatifs, mise en circulation d’une monnaie commune. Mais des tensions internes (entre la Colombie et le Venezuela notamment) et un manque de moyens bloquent tout développement de l’institution. Et quelle intégration sud-américaine peut-on réellement envisager, au vue des disparités à l’intérieur du continent ? Le poids démographique (environ 51% de la population du continent), économique et diplomatique du Brésil en fait un leader incontestable. Certains redoutent même qu’une telle union soit un jouet aux mains d’un Brésil hégémonique. Photo : Création à Brasilia de l'UNASUR en 2008. |
Le rapprochement des pays du sud :
Au cœur de la politique diplomatique de Lula : la solidarité. C'est pour cela qu’en 2003, il est à l’initiative de la création du G3 ou sommet IBAS – pour Inde-Brésil-Afrique du Sud. Ce groupe défend l’intérêt des pays du Sud dans les négociations multilatérales, sur les questions de l’équité des échanges commerciaux internationaux, le défi énergétique ou la protection de l’environnement. Le Brésil participe au renforcement des liens entre l’Amérique du Sud et d’autres continents. Ainsi il est à l’origine des sommets entre les pays sud-américains et africains (ASA) mais aussi ceux avec les pays arabes (ASPA) en 2003. Ces évènements sont naturellement favorables au commerce avec ces pays : les échanges entre le Brésil et les pays arabes ont quadruplé en sept ans, et ont été multipliés par cinq avec l'Afrique. Mais tout n’est pas si brillant pour Lula, qui est critiqué pour certaines de ses positions, incohérentes avec ses convictions. Photo : 4 ème sommet de l'IBAS à Brasilia en 2010. Le premier ministre indien Manmohan Singh, le président Lula et le président sud africain Jacob Zuma. |
Le revers de la médaille :
Le 9 juin dernier à l’ONU, le Brésil vote contre les sanctions envers l’Iran, qui affiche sa volonté de poursuivre ses activités d’enrichissement d’uranium. Pour de nombreux observateurs, c'est un acte paradoxal de la part du Brésil, qui est membre signataire du traité de non-prolifération. Ils remettent en cause le bien fondé politique du vote, qui serait occulté par des intérêts économiques. En effet, en mai, l’Iran a signé avec le Brésil et la Turquie des accords d’échange d’uranium, qu’il serait « regrettable » de remettre en cause. Ce n’est pas tout. En février, lors de son voyage à Cuba, il a été accusé d’être « complice des violations des droits de l’homme », pour avoir fermé les yeux si la situation des prisonniers politiques sur l’ile. Quelques jours avant sa venue, 50 dissidents cubains avaient demandé à être reçu par le président Brésilien, afin qu’il agisse en faveur de la libération des prisonniers politiques ; chose qu’il a nié. Autre situation, autre débat. Le 26 novembre dernier, Lula a convoqué ses voisins du bassin Amazonien à un sommet à Manaus, dans le but de sensibiliser sur le problème de la déforestation et tenter de trouver une réponse commune. Une initiative honorable qui le serait d’avantage si Lula prenait des mesures dans ce sens au sein de son pays. Or, le bilan environnemental des années Lula est catastrophique, le développement économique ayant éradiqué toute considération environnementale. Marina Silva, l’ancienne ministre de l’écologie sous Lula qui a démissionné du gouvernement en 2008, explique : « Le parti ne s’est pas montré capable de saisir le sens de la lutte environnementale. Il est incompréhensible qu’en plein XXIe siècle au milieu d’une crise écologique sans précédent le parti continue de défendre un modèle de développement pour le développement, de croissance pour la croissance ». Une image qui ne colle guère à celle du président, fervent défenseur d’une économie raisonnée. Ainsi à plusieurs reprises, Lula a été accusé de renier ses convictions politiques pour favoriser le libre-échange et la croissance économique de son pays. A force de vouloir être en bon terme avec tout le monde et présent sur tous les plans, Lula risque de perdre en crédibilité. Photo : Reception officielle à Tehéran de Lula en mai 2010. Une alliance et des échange économiques des plus prolantes. |
Le futur sans Lula :
Après les élections présidentielles, de nouvelles questions se posent. Que sera le Brésil sur la scène internationale après le départ de Lula ? Le rayonnement du pays n’est t’il pas étroitement lié à celui de son charismatique leader ? Lula a annoncé vouloir se consacrer à son pays, le parcourir afin d’en faire un « état des lieux ». Mais ce globe trotter se contentera t’il d’un seul pays ou continuera t il de représenter les intérêts brésiliens à l’étranger ?
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Liens exterieurs : - Article du Monde sur la politique étrangère du Brésil écrit par Celso Amorim, ministre des affaires étrangères du Brésil. - Ministère brésilien des affaires etrangères - Site web de l'UNASUR. En espagnol. - Site web du MERCOSUR. En espagnol - Site web de l'IBAS. En portugais. - Site ASA Cúpula America do Sul Africa. En portugais - Site ASPA Cúpula America do Sul Países Árabe. En Portugais
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A lire dans le Petit Herge : - En Argentine, quand un employé gagne plus que son patron.(Août 2010). - Le bussines de la fête à Buenos Aires.(Septembre 2010). - Les étudiants argentins choisissent entre travail et diplôme.(Septembre 2010). - Buquebus, pour unir Argentine et Uruguay.(Septembre 2010). - Hugo Moyano et la CGT argentine.(Septembre 2010). - Le président uruguayen Jose Mujica.(Septembre 2010). - Le gouvernement de Tabare Vazquez en Uruguay entre 2005 et 2010.(Septembre 2010). - L'affaire Botnia entre l'Uruguay et l'Argentine.(Septembre 2010). Photo : Premier sommet de l'ASA (Amérique du Sud et Afrique) avec Lula, Chavez et Kichner, en août 2010 à Caracas.
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