Mise à jour : 28 septembre 2010. Article écrit par Mathilde Arrault.

Le vote au Brésil : A la pointe de la technologie

En plus d’être un géant économique et politique en essor, le Brésil se fait remarquer par la modernité de son système électoral. Au Brésil, c’est environ 126 millions d’électeurs, répartis sur plus de 8 500 000 km2, qui le 3 octobre prochain iront aux urnes. Mais ce ne sont pas des urnes comme celles que l’on connaît en France ; ce sont des urnes électroniques.

Photo : 6 élections en une seule le 03 octobre 2010. Pour les differencier sur les listes : le vote pour les élections présidentielles et des gouverneurs des Etats : 2 chiffres. Pour les deux senateurs : 3 chiffres. Deputé fédéral 4 chiffres et député estatal 5 chiffres. 

Les autres sujets concernant les élections brésiliennes du 03 octobre 2010 :

- Les élections du 03 octobre 2010 au Brésil. (21 sept 2010). 

- Les 3 candidats principaux des élections présidentielles brésiliennes. (23 sept 2010). 

- Le vote électronique au Brésil.(28 sept 2010).

- Influence internationale du Brésil. (30 septembre 2010).

- Résultat du premier tour des élections brésiliennes. (11 octobre 2010).

Le vote électronique étendu à tout le territoire :

Un grand pas pour l’informatisation des suffrages a été franchi avec l’introduction des e-urnes ou urnes électroniques. La mise en place d’une telle technologie a été progressive : un tiers du pays en est doté en 1996, deux tiers en 1998 et la totalité des 26 états en 2000.  C'est le ministre Carlos Velloso, à la tête du Tribunal Supérieur Electoral qui, en 1994, décide d’implanter le vote électronique au Brésil. Son but est d’éradiquer les fraudes, en supprimant les bulletins, les urnes et les cartes électorales.

Les avantages de ce système sont nombreux : le vote est plus rapide, le dépouillement plus facile – notamment dans un pays d’une telle superficie qui s’étend sur 2 fuseaux horaires. En 2006, 2 heures après la fermeture des bureaux de vote, 85% des résultats étaient connus, à minuit, ceux définitifs étaient annoncés.

Ainsi, même dans les zones les plus isolées du Brésil qui souffrent d’un manque d’infrastructures, on vote sur ces petites machines dotées d’un écran et d’un pavé numérique. Car en effet, on ne vote pas pour une personne, mais pour un numéro. Cette méthode simplifie le vote, notamment pour les électeurs illettrés, qui représentent 12% de la population d’après les statistiques. Une fois que l’électeur a tapé le numéro correspondant au candidat de son choix, la photo de ce dernier apparaît sur l’écran et il ne reste plus qu’à appuyer sur la touche “confirmer” afin que le vote soit pris en compte. Beaucoup d’électeurs inscrivent le numéro des candidats sur un petit papier, afin de ne pas se tromper. Car le 3 octobre, ils ne voteront pas uniquement pour le président,  ils choisiront aussi leurs députés et sénateurs.

Ces machines sont dites « d’enregistrement électronique direct » (ou DRE), ce qui signifie qu’il n’y a pas de bulletin imprimé vérifié par l’électeur ; une absence d’audit très controversée, qui amène certains à parler de fraudes.

Le vote électronique : vraiment plus fiable ?

Lors de son implantation, le vote électronique était perçu comme un moyen de lutter contre les fraudes … mais à quel point ceci est t’il vrai ? Peut-on vraiment confier en l’informatique et dans le logiciel de traitement des données ? En effet on peut difficilement garantir le bon fonctionnement de ce système, de part le caractère secret du vote, et de l’absence de bulletin imprimé de confirmation. De nombreuses organisations militent contre l’informatisation du système électoral, pointant du doigt les failles en termes de sécurité et de contrôle, l’accessibilité difficile pour les citoyens peu familiers avec l’informatique ou alors la rupture que la technologie représente dans l’histoire de la démocratie.

L’année dernière, en novembre 2009, le Tribunal Supérieur Electoral a lancé le défi à 38 “hackers” de violer les codes de sécurité du logiciel qui régulent les urnes électroniques. A la clef : 5 000 reales. Travaillant seuls ou en groupes, les experts en informatique ont eu 4 jours pour essayer de détourner la protection du logiciel, dans le but de visualiser les résultats et pouvoir les modifier. Ce test public a été décidé suite aux plaintes déposées par certains partis politiques, qui se plaignaient du manque de fiabilité du système. Et c'est avec fierté que le gouvernement a annoncé les résultats de l’expérience : aucun des 38 experts n’a réussi à violer le système, alors conservé pour les élections d’octobre.

Sécuritaire ou non ce qui est sur, c'est que Diebold - le fabricant des urnes électroniques utilisées au Brésil - a signé un contrat juteux avec le géant sud-américain… le plus gros de ses 150 ans d’existence !

Un modèle pour les démocraties d'Amérique du Sud :

Le Brésil est aujourd’hui la plus grande démocratie du monde à utiliser le vote électronique pour tous, un modèle moderne, attractif pour les pays voisins, qui l’expérimentent à l’échelle municipale ou provinciale. L’actuel président du Tribunal Supérieur Brésilien, J. V. Vega fait d’ailleurs la promotion du modèle auprès des autres gouvernements. Si l’on quitte le débat de la sécurité pour aborder les aspects d’avantage pragmatiques, le vote électronique permettrait de réduire les dépenses en matériel électoral. Il donnerait également plus de crédibilité aux pays où la démocratie est fragile. Ainsi, en 2003, le président du Tribunal Supérieur Brésilien s’est rendu à Buenos Aires pour signer un contrat de prêt d’urnes électroniques. 1000 au total : 710 pour être utilisées et 290 pour faire l’usage de démonstration dans la province. Dans d’autres provinces des essais ont été réalisés, mais rien de concluant. Ce n’est pas en Argentine que le vote électronique est près de s’implanter.

Photo : 1er essai de vote electronique en 2007 à Mar del Plata en Argentine.

Le vote obligatoire : quand le droit devient devoir

 

Depuis 1932 le vote est obligatoire au Brésil, pour les citoyens âgés de 18 à 70 ans, qui savent lire et écrire (il est important de souligner qu’au Brésil, on peut voter à partir de 16 ans). C’est un moyen de renforcer la démocratie dans un pays au passé dictatorial, d’inciter les citoyens à se préoccuper des problématiques gouvernementales, de s’exprimer par l’acte électoral. Si en théorie des sanctions existent (une amende représentant 3 à 10% du salaire mensuel), elles ne sont que rarement appliquées. Cette mesure influerait évidemment les taux de participation aux élections. D’après des études, le pays d’Amérique Latine où ceux-ci sont les plus bas est la Colombie, avec des taux d’abstention supérieurs à 50%, et c'est le seul pays à ne pas avoir mis en place le vote obligatoire.

Dans cette immense démocratie que représente le Brésil, les élections  présidentielles de 2006 se sont déroulées sans aucune entrave, avec un taux de participation de 83,2%. Est-ce que ça sera le cas cette fois ci ? Réponse le 3 octobre …

Photos : Campagne électorale sur les voitures, quand les chiffres des listes envahissent les rues !

Liens exterieurs :

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A lire dans le Petit Herge :

- Elections présidentielles brésiliennes d'octobre 2010.(Septembre 2010).

- Hugo Moyano et la CGT Argentine.(Septembre 2010).

- Buenos Aires, la ville des entrepreneurs.(Juillet 2010).

- Ushuaia (Terre de Feu).(Juin 2010).

- Bariloche (Rio Negro).(Juillet 2007).

- Villa El Chocon (Neúquen).(Mars 2008).

- Reserva Natural Parque Luro (La Pampa).(Mars 2008).

- Alta Gracia (Córdoba).(Avril 2006).

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