Mise à jour : 25 mai 2009.

Introduction :


Je ne suis pas historien, loin de là, uniquement un curieux de l’histoire qui veut comprendre les faits tels qui sont arrivés et me basant sur mes lectures et les recoupements entre diverses sources (des fois contradictoires). Une façon de vouloir découvrir un moment important de ce qui donnera plus tard naissance à la nation argentine, et de l’aborder tel qu'il était et non tel qu’on aimerait qu’il fût (dans le politiquement correct).

Je vais peut être en heurter plus d’un, sûrement argentin, qui n’aura peut être pas appris l’histoire de cette façon, mais je suis prêt à lui répondre et à rectifier toute erreur de ma part le cas échéant.

Photo : En 1809, la Plaza de Mayo se nomme Plaza de la Victoria, à droite le Cabildo, tout au fond à droite le clocher de l'église de San Ignacio.

 

Le Vice Royaume de la Plata en 1809Que se passe t'il en 1809 ?

 

Toujours difficile de savoir réellement ce qui a pu se passer deux siècles avant et de comprendre aussi la mentalité des principaux acteurs d’un événement politique. On ne résonne pas aujourd’hui comme il y a cinquante ans, alors imaginez deux siècles avant dans le gros bourg de Buenos Aires de 1810 lorsque les nouvelles de la mère patrie l’Espagne ont du mal à arriver intactes sans intox. A cela, deux siècles de manuels d’Histoire recorrigés en fonction des événements du moment, et une pincée de patriotisme exacerbé pour ne pas dire de nationalisme à la sauce péroniste, et on finit par ne plus comprendre vraiment ce qui poussa en ce mois de mai 1810, une poignée d’homme à se détacher du pouvoir espagnol.

Officiellement (coté argentin), on parle de la Révolution de Mai, puisque le 25 mai n’est que l’aboutissement d’événements qui ont eu lieu à partir du 14 mai de la même année. Un petit aparté tout de même sur quelques faits de 1809 qui témoignent en tout cas d’une envie de rébellion de la part des « criollos » dans le Vice Royaume du Rio de la Plata.

Carte : Le Vice Royaume du Rio de la Plata, il englobait la moitié nord de l'actuelle Argentine, l'Uruguay, l'état brésilien de Santa Catarina, le Paraguay, la Bolivie, le nord de l'actuel Chili, et le sud du Pérou.

 

Le vice Roi du Rio de la Plata Baltasar de CisnerosLe Vice Roi du Rio de la Plata et la situation dans le Rio de la Plata en 1809 :

 

Jusqu’à présent existe donc le Vice Royaume du Rio de la Plata qui s’étend de Buenos Aires et de l’actuel Uruguay au sud, à l’actuel Paraguay et Bolivie au nord. Le pouvoir est détenu par un Vice Roi nommé par le Roi d’Espagne. En 1809, ce vice Roi se nomme Baltasar Hidalgo de Cisneros (né à Cartagena près de Murcia en 1755), il a donc 54 ans, ayant plus d’aptitude à être officier de la marine espagnol que fin diplomate, il est connu pour avoir affronter les anglais lors de la bataille de Trafalgar en 1805. Il est sourd comme un pot d’avoir été trop proche des coups de canon qu’il a lancé sur les vaisseaux anglais lors de cette même bataille. D'allier des français en 1805, il les combat lorsque Napoléon a des ambitions sur la Péninsule Ibérique. La couronne espagnole s’affaiblit et à la fin de la guerre entre l’Espagne et la France, il est envoyé par la Junta Suprema de Sevilla (conseil existant pendant les guerres et l’occupation de l’Espagne par Napoléon) en 1809 dans le Rio de la Plata.

Voilà donc Baltasar qui débarque pour la première fois en Amérique, dans le port de Montevideo en juin 1809 pour remplacer l’ancien Vice Roi Liniers (un peu trop francophile en cette période anti-française). Mauvaise ambiance à Montevideo et dans le reste du Rio de la Plata où différentes tendances s’affrontent. De plus l'incertitude du pouvoir royal espagnol remplacé par des juntes dans chaque grande ville de la péninsule ibérique à l'arrivée des troupes francaises, fait que les pricipales ville du Rio de la Plata sont inquiètes pour leur futur. Alors bien sur, chaque « caudillo » local appuie un courant différent.
Un premier bon point pour notre ami Baltasar qui arrive à calmer le jeu et à se faire accepter par tous les courants d’influence. La passation de pouvoir entre l’ancien (Liniers) vice roi et lui-même se fait à Colonia (actuel Uruguay). Il s’installe ensuite de manière définitive à Buenos Aires, ce qu’il y découvre n’est guère réjouissant, un peu de contestation qu’il dissipe en expulsant les plus virulents en Espagne, mais surtout un état économique catastrophique.

 

La bataille de Trafalgar où Cisneros aura fait ses preuves
Photo : Baltasar Hidalgo de Cisneros se fait remarquer lors de la bataille de Trafalgar au large de Cadix.

 

Les routes coloniales espagnolesCommerce et contrebande à Buenos Aires :

Quelques années auparavant (on en revient toujours à Trafalgar), la marine espagnole avait perdu de son prestige et surtout de nombreux vaisseaux avaient coulé, alors bien sûr, le commerce entre le Rio de la Plata et l’Espagne s’était terriblement réduit comme neige au soleil. Comme le commerce entre les colonies et la métropole ne pouvait être effectué que par les vaisseaux de la couronne espagnole et qu’il n’y en avait presque plus, il avait bien sûr fallu faire autrement, et depuis quelques années tout le commerce était aux mains de la contrebande. On appelle alors contrebande tout le commerce effectué avec des navires anglais, portugais et français. De grosses fortunes se sont donc faites dans les ports de Montevideo et Buenos Aires grâce à ces trafics bien plus que juteux pour les criollos.  Notre ami Baltasar décide de nettoyer un peu le commerce en l’autorisant de « manière officielle » avec les vaisseaux britanniques (Les anglais étant en 1809 alliés de l’Espagne). A première vue, cela parait être une bonne idée, mais du même coup tous les commerçants (forcément tous devenus contrebandiers en quelques années) s’en prennent violemment au Vice Roi et a son idée libérale. Baltasar ne gagne donc aucune sympathie avec les puissants de Buenos Aires et doit même reculer en annulant son décret de libre commerce. C’est donc ensuite au tour des anglais de le conspuer puisqu’ils perdent leurs avantages. Le Vice Roi arrive donc a mettre tout le monde d’accord en donnant 4 mois de libre commerce aux anglais qui peuvent se dépêcher de conclure leurs dernières cargaisons et ensuite de les interdire pour redonner le bénéfice aux trafiquants rio platenses.

Première bataille de perdu pour Baltasar Cisneros, on s’aperçoit tout d’abord qu’il est faible et qu’il suffit de lever un peu la voix, pour qu’il s’incline. Et puis on désapprouvera aussi les événements de Chuquisaca (actuelle Bolivie) en mai 1809, durant lesquels il enverra des troupes de Buenos Aires pour réprimer dans le sang une rébellion.

Baltasar Cisneros n’a jamais été un fin diplomate, il agit en homme militaire, lorsqu’il sent qu’il a le dessus il réprime bestialement, lorsqu’il sent qu’il est en position de faiblesse, il recule. Il est peu apprécié à Buenos Aires et dans le Rio de la Plata surtout par la haute société espagnole et créole totalement corrompue et affairée dans la contrebande.

 

La ciudad de ChuquisacaLes événements de Chuquisaca :

 

La ville de Chuquisaca est aujourd’hui connue comme Sucre et se trouve dans l’actuelle Bolivie, mais ce territoire faisait partie en 1809 du Vice Royaume du Rio de la Plata, donc administré par Baltasar Cisneros.

Comme dans l’ensemble du vice royaume, des mouvements s’affrontent (avant l’arrivée de Cisneros) dont l’un des plus importants est le « Carlotismo » qui demande que Carlotina de Bourbon assume la représentativité de la couronne espagnole dans le Rio de la Plata pendant l’occupation de l’Espagne. Carolita est la fille du roi d’Espagne Carlos IV, elle est forcée à se marier en 1785 à l’age de 10 ans au Roi du Portugal, et donc de ce fait est aussi Reine du Portugal. Devant l’avancée des troupes napoléonienne dans la péninsule ibérique, la cours du Portugal s’installe en 1807 au Brésil. Nous sommes donc en 1809, Carlotina est agée de 34 ans et demeure à Rio de Janeiro. Entre 1808 et 1812 se crée tout un mouvement pour qu’elle devienne à la fois « Reine » du Rio de la Plata et du Brésil (qu’elle est déjà puisque reine du Portugal). En fait, il ne faut pas être trop divin pour voir en ce projet une manipulation du Roi du Portugal Juan VI son époux, qui sent un très bon prétexte pour prendre possession au nom de la couronne du Portugal de tout le Rio de la Plata. (Si il avait réussi, le Brésil serait aujourd’hui gigantesque !). Et puis appuyant ce mouvement, n’oublions pas les britanniques qui malicieusement et intelligemment voient déjà s’ouvrir à eux de nouveau les ports qu’on vient de leur fermer !

Depuis 1808, éclate donc une lutte acharnée à Sucre, appelée Révolution de Chuquisaca, qui prendra réellement fin début 1810, pendant près deux ans, alliances, contre alliances, traîtrises auront raison d’être pour appuyer les prétentions de chacun dans des luttes internes de pouvoir et de couronne. On parle souvent de la Révolution de Chuquisaca comme de l’étincelle de l’esprit indépendantiste de l’Amérique coloniale, en fait en ces année 1808-1809 personne ne parle d’indépendance, au contraire chacun appuie un mouvement royaliste anti ou pro carlotiste, ou se mêlent ensuite des intérêts personnels de pouvoir local.

 

En préparation : Le mois de mai 1810, jour à jour.

 

Le Cabildo de Buenos AiresA lire dans le Petit Hergé :

- Métissage pendant l'epoque coloniale espagnole.
-
Buenos Aires en 1750.
-
Le Cabildo de Buenos Aires.
-
San Miguel de Tucuman. Historique.

- San Antonio de Areco.
-
La ville de Cordoba.
-
Alta Gracia.
-
Les estancias jésuites.
-
Buenos Aires . Quartier historique.
-
La ville de Lujan.

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