La bataille change de terrain
21 juin 2008 Mise à jour : samedi 21 juin 2008.
Photo : Cristina Kirchner fête le dia de la Bandera à Hurlingham (banlieue ouest de Bsas). Vendredi 20 juin 2008.
Traditionnellement on le fête à Rosario, mais cette année, elle n'a pas osé y aller, "persona non grata" dans cette ville.
La bataille change de terrain
Il y a quelques temps, le 02 juin dernier, j'avais écrit un article au titre " le premier qui montre ses dents a perdu" : http://www.petitherge.com/article-20110922.html
En effet la situation semblait bloquée et plus rien avançait. Ce qui avait poussé le campo a changé de stratégie. Nous sommes depuis hier passés dans la 5ème et nouvelle période du conflit car à nouveau le gouvernement et le campo ont utilisé leurs dernières pièces sur ce jeu, et se trouvent de nouveau face à face dans l'impossibilité de bouger.
Cristina Kirchner fait alors appel au Congreso, pour d'une part se débarrasser de sa "patate chaude" des mains, et d'autre part pour prouver qu'elle "aime la démocratie", puisqu'elle confie SON décret aux députés pour le transformer en loi. Avec la certitude d'arriver à ses fins.
En face, le campo, se trouve désarmé pendant 24h (mercredi) puisque ne peut plus attaquer directement Cristina Kirchner, il doit donc suivre le combat au parlement. Inutile médiatiquement de faire des "coups d'éclat" ou de dénoncer la corruption ou la main mise totale du pouvoir sur toute la machine du pays. Jusqu'a mercredi soir, la seule issue pour annuler le décret était de se "débarrasser de Cristina Kirchner" d'une manière ou d'une autre. (Le campo ne l'a jamais reconnu, mais c'était pourtant leur seule issue). Avec l'arrivée sur scène des députés et de leur "arbitrage", inutile de se battre contre les Kirchner directement, il faut persuader les députés.
Comme je l'ai indiqué hier, depuis jeudi c'est la "réunionite" à tout bout de champ de la part des ruralistas mais aussi du gouvernement qui compte ses effectifs et remet dans les rangs les députés récalcitrants. Les gouverneurs suivent les Kirchner mais du côté des députés la tâche semble loin d'être gagnée pour Cristina Kirchner. On a beau compter et recompter, au soir du premier jour (le jeudi 20 juin 2008), il faut 129 votes exactement pour faire passer le decret (majorité plus 1 voix). Il n'y aurait que 90 à 95 députés prêts à suivre les Kirchner sur la rétention. La matinée du vendredi 20 juin n'a rien changé aux comptes, alors ?
Photo : Manifestation de ruralistas dans les rues de Cordoba le vendredi 20 juin 2008.
Alors ?
Alors ? Les ruralistas ont gagné sur le papier. Maintenant faut il pouvoir faire la "transformation", car la première étape va se dérouler à partir de mardi prochain au Congreso. Débat entre législateurs, invitation des ruralistas pour expliquer leurs problèmes, etc... 3 premiers jours de débat.
On connaît déjà bien la Cristina Kirchner, au fil des 3 derniers mois, elle a pu montrer qu'elle n'est pas le genre de personne à reconnaître une défaite. Alors il faut se préparer à pouvoir la parer au cas où une fois le décret sur les rétentions annulé, elle ne nous sorte pas une dernière manigance de derrière les fagots, histoire de montrer que c'est ELLE la chef. Par exemple : Un veto ! Elle en a le droit. Ou un super décret pour officiellement casser le "desabastecimiento" du pays. (arrêt des livraisons, manques de produits de premières nécessités), histoire de relancer le feu sur des braises qui s'étouffent.
Voilà pourquoi puisque le combat vient de changer de terrain, il faut au plus vite dégager l'ancien champ de bataille : routes, barrages et "grève" du campo. La Cristina n'aura plus rien à reprocher au campo pour se "mettre en colère" après (ou avant) le votes des députés.
Pas facile, De Angeli a fait la tournée hier vendredi de tous les barrages les plus durs de la province de Entre Rios, Santa Fe et Cordoba, pour expliquer à demi mot la nouvelle stratégie. 102 jours de barrage et vouloir faire retourner les campesinos chez eux et leur dire de se remettre au travail, pas évident !
Les plus durs sont les "transportistas" (camionneurs) bien plus durs que les ruralistas sur les routes à convaincre. Mais comme un certains nombres d'agriculteurs profitent de cette semaine de "trêve" pour vendre des céréales bloquées depuis des lustres (histoire de regonfler un peu leurs finances), ça va donner du travail au moins pour cette semaine aux chauffeurs routiers.
Photo : Alfredo de Angeli aura fort à faire la semaine prochaine au Congreso de Buenos Aires.
Les prochains jours :
Normalement avant ce soir (samedi 21 juin 2008), tous les barrages auront disparu, il en resterait encore une petite centaine en ce samedi matin. (C'était monté à 400 il y a une semaine). Il faut deux semaines pour que essences, nourritures, et autres produits réapparaissent dans l'Argentine profonde.
A partir de mardi 24 juin 2008, De Angelo ira au Congreso suivre les débats. Une tente blanche va être installée sur la Plaza Congreso de Bsas (coutume locale à chaque conflit).
Entre aujourd'hui et mardi matin, rencontres, promesses, trahisons, un véritable roman de 72 heures va commencer dans les couloirs du Congreso, les bureaux des députés, et la Casa Rosada.
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En attendant :
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