Réunions à tout va
20 juin 2008Mise à jour : 20 juin 2008
Photo : Le King Kong gaucho se dé(battant) sur les toits de l'assemblée nationale pour une poignée de soja !
La tournée des réunions
Depuis avant hier, c'est l'effervescence dans les couloirs de l'assemblée nationale, les bureaux des gouverneurs de l'intérieur, et les QG des partis politiques. Le sujet du moment : Tu es pour qui ? ou plutot POUR ou CONTRE la retention sur l'exportation du soja ?
Le journal Clarin (la bête noire de Cruela Kirchner) depuis deux jours fait son "enquête" en téléphonant tous les jours aux députés nationaux pour connaître le sens de la votation.
A première vue, avec la quantité de députés PJ s'étant ralliés au monde du campo ces dernières semaines, on aurait pu penser que le vote aurait pu tourner en faveur du NON et donc de la disparition de la rétention.
Mais ...................mais , c'est ne pas connaitre non plus, le travail en profondeur effectuée en ce moment par l'appareil Kirchner pour faire comprendre à ses troupes et à ses députés, leur grand interêt à rallier le mot d'ordre officiel et de voter en faveur des rétentions.
Kirchner a de nombreux dossiers sur tout, et comme chacun sait, en Argentine on ne peut pas faire de politique sans se salir les mains et sans avoir jamais trempé plus ou moins au fil de sa "carrière" dans des histoire sombres de corruption, détournement de fond, ventes illegales, j'en passe et des meilleurs. Nestor Kirchner a lors de sa première année de gestion en 2003 fait le ménage dans les services de renseignements de l'Etat et a mis en place une excellente machine de guerre qui donne aujourd'hui l'occasion d'apporter les "dossiers qui tuent" pour les quelques recalcitrants qui se permettraient de ne pas voter dans le bon sens.
En un mot, le couple K les tient par les roubignoles.
Que ca soit par dossiers, par pressions politiques, par promesses sur le futur, comment en Argentine peut on être à la fois un député national servant les administrés qui les représente (et souvent d'une province rurale) et d'autre part faire partie d'un appareil politique qui "pressione" ?
Un autre exemple :
Photo : vieille photo (quelques mois) du temps où Julio Cobos était encore l'ami de Cristina Kirchner. Aujourd'hui le Vice-président de la Nation ne partage plus les memes idées que la présidente.
Le vice président de la Nation, Julio Cobos (ex gouverneur de Mendoza, ancien de l'opposition UCR, puis rallié à la candidature de Cristina Kirchner en octobre 2007, nommé vice-président de la Nation pour le "remercier", mais en fait n'a aucun pouvoir) a hier demandé aux gouverneurs des provinces concernées par la culture du soja ( 11 provinces) de venir se reunir au sénat lundi prochain pour debattre avec lui du probleme de la retention.
Au matin, tous on accepté.
Coups de fils pendant la journée de l'appareil Kirchner à ces mêmes gouverneurs et dans l'apres midi, nouvelles déclarations de ces derniers :
Daniel Scioli (Gouverneur de Buenos Aires ) : S'excuse mais ne pourra pas y assister parce qu'il a déjà un "acto" à la même heure. Il pense de plus que ce sont les députés qui doivent en parler, et non les gouverneurs.
Sergio Urribarri (Gouverneur de Entre Rios) : "On sait qu'il doit y avoir une réunion, mais on n'a pas encore défini notre position".
Juan Manuel Urtubey (Gouverneur de Salta) : "Je le remercie de m'avoir invité, mais je ne pourrai y aller en raison des graves problèmes de rationnement qui touchent ma province".
Arturo Colombi (Gouverneur de Corrientes) : Pas de communiqué officiel, mais ne se présentera pas.
Gerardo Zamora (Gouverneur de Santiago del Estero) : N'a pas trop aimé les dernières positions de Cobos, et n'ira pas à la réunion de lundi.
Oscar Jorge (Gouverneur de la Pampa) : A affirmé qu'il ira à la réunion, mais on attend encore de voir si il change sa position avant lundi.
Jorge Capitanich (Gouverneur du Chaco) : N'ira pas à la réunion. (C'est aussi le vice président du PJ...donc impossible de ne pas avoir la même position que Nestor Kirchner)
José Alperovich (Gouverneur de Tucumán) : N'ira pas au Sénat. Il aurait répondu que pour cela il devrait avoir l'autorisation de la Casa Rosada.
Bien, voilà, tout le monde est rentré dans les rangs. Aujourd'hui comme hier au tour des députés d'être "travaillés" pour leur faire comprendre leurs intérêts.
Photo : L'assemblée Nationale argentine (Congreso), le truc qui sert uniquement à faire joli.
Alors ?
Alors, dans le monde du campo, c'est la déception, ou plutôt une désillusion. Dans un premier moment, ils (les 4 entités agricoles) pensaient que le geste d'envoyer le décret à l'assemblée nationale était un premier geste de la part de la présidente pour appaiser le conflit, mais maintennat ils s'appercoivent que d'une part ce texte ne pourra être discuté et d'autre part qu'il pourrait même être ratifié.
Autre question : A quoi sert d'envoyer un texte de loi à l'assemblée Nationale puisque les députés n'ont pas le droit d'y toucher ? C'est ça la démocratie sauce Kirchner.
Le pouvoir executif monte un décret, l'adopte et l'applique puis l'envoie à l'assemblée nationale pour le transformer en loi, et les députés le signe sans broncher !
L'Argentine est un pays sans pouvoir législatif !
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Photo : jeudi 19 juin 2008 à Sinsacate (province de Cordoba)
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