Mise à jour : 12 juin 2017. #Photo d'un jour. 

 

Photo ci dessus (cliquez dessus pour agrandir)  : Calle San Jose au numéros 100. Quartier de Montserrat. Buenos Aires. Le lundi 12 juin 2017, il est 10h58. 

 

Photo du jour : 12 juin 2017. Une histoire de 8,66 m

 

Les rues du centre de Buenos Aires, en tout cas, celles des quartiers de Montserrat et de San Nicolas ont les mêmes largeurs. Cela date du Buenos Aires colonial espagnol dessiné par Juan de Garay en 1580.

La ville possédait alors une trame de 16 « manzanas » (patés de maisons) dans l’axe nord sud par 9 « manzanas » dans le sens est-ouest. Ce qui fait quand on compte bien un total de 144 « manzanas » à édifier.

Chaque « Manzana » avait exactement les mêmes dimensions à savoir 140 « varas par 140 « varas ». Le mètre n’existe pas encore et l’unité de mesure officielle espagnole est la « Vara » équivalente à 0,866 m. Voila ce qui explique encore aujourd’hui la trame du centre ville de Buenos Aires. Nous avons essentiellement des pâtés de 121,24 m x 121,24 m.

Chaque pâté était séparé par des rues de même largeur de 11 varas soit 9,53 m. Ce qui semble bien étroit aujourd’hui, mais extrêmement large pour l’époque où il n’y avait que très peu de circulation et où les édifices étaient tous de plein pied.

Enfin, chaque Manzana était répartie en 4 parts égales à 4 propriétaires qui recevaient ce qu’on nommait un « Solar ». Le Solar avait donc des dimensions de 70 x70 varas (soit 60,62 m x 60,62 m) donc une surface 3.674 m2. Gigantesque ! De quoi pouvoir à la fois installer son logement ou son négoce sur la rue et d’avoir suffisamment de place pour se lancer dans l’élevage (lapin, cochon, volaille ou quelques vaches) ou dans l’agriculture.

Avec le temps et la population grandissante, et certaines fois pour donner un terrain aux enfants, les propriétaires ont morcelé leur « solar » de 70 varas x 70 varas en lot d’une largeur de 10 varas de façade sur rue. Ce qui faisait que très souvent le « solar » se convertissait en 13 lots. Le processus commence graduellement dès le début du XVIIème siècle au centre du noyau urbain, autour de la Plaza Mayor (aujourd’hui Plaza de Mayo). Pour ensuite s’étendre à l’ensemble de la ville au XVIIIème siècle et ensuite déborder le tissu urbain tracé par Juan de Garay.

Nous voilà donc avec des lots inamovibles depuis plus de 4 siècles possédant une façade de 8,66 m (10 varas). Si vous vous promenez en centre ville, vous verrez les panneaux d’agence vous proposer des locations ou des ventes de terrain de 8,66 m de façade et d’une profondeur d’un multiple de cette longueur !

On en vient à la photo. Elle est prise dans le quartier de Montserrat et montre la calle San Jose, la cuadra des 100. La photo est prise à partir de la terrasse de l’Edificio Singer (aujourd’hui Tango Hotel) qui donne sur Avenida de Mayo.

Du haut de la terrasse, on voit bien le découpage des anciennes parcelles. C’est le cas de ce petit bâtiment d’un étage en face, qui est en fait une succession de différentes unités construites par le même architecte. Ca se faisait beaucoup à l’époque. En parlant d’époque cet ensemble doit dater des années 1880. En regardant attentivement les terrasses, vous voyez par exemple, une terrasse rouge, puis à sa droite une verte, puis enfin une autre toujours plus à droite encombrée d’un second étage construit postérieurement.

Il est presque certain que l’unité rouge doit avoir 8,66 m de façade, celle verte 8,66 m aussi de façade, quand a celle qui est sur-construite d’un second étage, elle doit avoir 2 x 8,66 m = 17,32 m de façade sur rue.

J’ai poussé la logique à fond, et je suis allé voir sur le plan cadastrale de Buenos Aires les dimensions de la parcelle occupée par l’horrible bâtiment en briques des années 40 se trouvant à gauche de la photo possédant 4 fenêtre par étage (là ou on voit pendre d’horribles moteurs d’air conditionné aux fenêtres). Eh bien sachez que ce bâtiment a une profondeur de 14,84 m et une façade de …. 17,32 m (au centimètre près, 2 x 8,66 m).

Maintenant je suis certain que lorsque vous vous promènerez en ville le nez à l’air vous commencerez à tout penser en multiple de 8,66 m !

 

A lire aussi dans la même catégorie :

      

Retour à l'accueil