Mise à jour : 11 septembre 2010. Article écrit par Nabil Naamane.

La Confiteria du quartier Almagro :

Buenos Aires est une ville où les bars, restaurants et autres cafés fourmillent. Grâce à leur beauté, leur emplacement privilégié et leur histoire, certains ont néanmoins réussi à devenir des arrêts obligatoires pour les touristes et de véritables classiques pour les Porteños (habitant de la ville de Buenos Aires). La Confitería Las Violetas en fait précisément partie et est devenue un des symboles de la ville, notamment grâce à la qualité des spécialités proposées aux clients.

Un peu d'histoire :

La Confitería Las Violetas fut inaugurée il y a plus de 125 ans à l’angle joignant l’avenue Rivadavia –qui fait le lien entre la fameuse Plaza de Mayo et l’Ouest de la ville jusqu’à Flores –et la rue Medrano. Buenos Aires ayant connu une épidémie de fièvre jaune en 1870, de nombreuses familles de la classe bourgeoise décidèrent de fuir le centre ville pour s’installer dans des zonesmoins exposées, parmi elles Flores. L’avenue Rivadavia était alors un lieu de passage obligé pour de nombreuses personnes, elle se développa assez rapidement. La prospérité économique des années 1880 donna un nouveau visage à cette avenue qui devint dès lors une avenue privilégiée pour les commerces. C’est ainsi que le 21 septembre 1884, une « confiteria » fut inaugurée en la présence du ministre et futur président Carlos Pellegrini. Dés ses débuts, avec ses chandeliers dorés et son marbre italien, Las Violetas fut considérée comme un café assez chic, distingué, où les artistes et hommes politiques de l’époque venaient se retrouver. Ce n’est qu’aux alentours de 1920 que fut construit le bâtiment actuel avec ses vitraux à la française et son sol marbré italien.

La « confiteria » fut cependant fermée le 30 juin 1998 et resta abandonnée durant trois ans. Partiellement abandonnée devrait-on dire, car cette même année un groupe de voisins s’unirent et réussirent à ce que la Législature de la Ville de Buenos Aires déclare l’endroit « Lieu Historique de la ville ». De janvier 2001 à juin 2001 le café fut totalement restauré à l’image de ce qu’il était autrefois.

 

 Impressions du lieu :

 

Pour se rendre à Las Violetas, pas besoin de connaître son adresse précise. Un chauffeur de taxi vous y amènera les yeux fermés car tout Porteño digne de ce nom connaît l’endroit. Il le connaît certes, mais n’y est pas forcément allé. En effet, le lieu est très impressionnant, les larges baies vitrées qui font figures de façades nous laissent entrevoir de l’extérieur une richesse architecturale hors norme et une clientèle assez aisée. A l’entrée, mes yeux ne peuvent s’empêcher de remarquer les moulures dorées au plafond, les piliers de marbre imposants, et surtout les fameux vitraux français qui donnent au café une lumière resplendissante. J’aperçois sur l’un d’entre eux des fleurs, parmi elles de nombreuses violettes. Le nom du lieu viendrait-il de ses vitraux ? Je me renseigne auprès de Raúl, cinquante-cinq ans, le serveur le plus expérimenté ici. Il me dit que l’origine du nom « Las Violetas » viendrait tout simplement du fait qu’à l’époque les violettes étaient des fleurs très utilisées pour décorer les patios des maisons du quartier.Nous discutons un moment autour d’un « café con leche » accompagné de trois « medialunas » (petits croissants), il me raconte très fièrement que Las Violetas fait partie du cercle très fermé des « Bars Notables » depuis 1984, un groupe très sélecte qui a comme principalobjectif celui de représenter la ville de Buenos Aires. Il me conte des histoires sur les personnalités qui avaient l’habitude de venir à Las Violetas. Par exemple,le poète PascualContursi et le pianiste José Martinezqui décidèrent un jour d’attribuer une de leur partition de tango aux propriétaires de l’époque pour effacer les dettes qu’ils avaient envers la maison. Ainsi, Enrique Costa et Julio Roca – les propriétaires de Las Violetasde l’époque – apparaissent aujourd’hui souvent comme les compositeurs du tango intitulé « Ivette ». Le jockey uruguayen IrineoLeguisamo (qui a aujourd’hui un gâteau à son nom), les écrivains Roberto Arlt ou AlfonsinaStorni avaient aussi l’habitude de fréquenter le café. Des scènes de films y ont également été tournées, comme La Mafiade Leopoldo Torre Nilson.

Je demande ensuite à Raúl ce qui selon lui a fait et fait encore de Las Violetas une « confiteria » exceptionnelle. Tout d’abord me dit-il, ce sont les vitraux français qui en ont fait sa renommée à partir des années 1920 : à cette époque l’art et le luxe étaient au service des lieux publics. Ensuite, ce sont certainement les spécialités de la maison qui attirent sans aucun doute autant de monde : le fameux « Pan Dulce », ou encore les plateaux sucrés-salés qui donnent un copieux échantillon de ce propose le chef. On en aperçoit très fréquemment sur les tables, mais ne sont pratiquement jamais terminés par les clients selon Raúl.

Un endroit incontournable du Buenos Aires du début du XXème siècle :

Les prix sont certes plus élevés que ceux d’une « confiteria » banale, mais ils restent relativement accessibles et sont selon les clients à la hauteur du lieu. Un café vous coûtera 8,50 pesos (1,70 euros) en semaine, mais 10 pesos (2 euros) les samedi, dimanches et jours fériés après 16h. Selon Raúl, l’heure du thé est la plus agréable pour venir à Las Violetas : vous pourrez encore profiter des rayons de soleil colorés qui inondent la pièce à travers les vitraux tout en sirotant une boisson chaude accompagnée selon lui des « meilleures pâtisseries » de la ville. Aucune hésitation donc, Las Violetas est une valeur sure, un bijou qui vous fera voyager dans un très luxueux Buenos Aires de début du XXème siècle.

Conseil du Petit Herge :

Vraiment très loin de tout circuit touristique classique, allez absolument voir la Confiteria Violetas. Nous sommes aux antipodes de la clientèle actuelle du Tortoni, pas un seul touriste, uniquement des habitués du quartier d’Almagro. Il est vrai que les prix sont légèrement supérieurs à ceux pratiqués dans les autres bars de la ville, mais le charme se paie et le dépaysement est garanti. D’accès facile même sans taxi, vous pouvez vous y rendre aisément.

Adresse : Avenida Rivadavia 3899. Quartier Almagro

Métro : Station Castro Barros, ligne A. La confiteria est juste au niveau de la sortie du métro.

Liens extérieurs :

- Site web de la Confiteria Las Violetas.

 

A lire dans le Petit Hergé :

- Le Gran Café Tortoni. (Septembre 2010).

- Le Café La Biela de Buenos Aires,(Sept 2010).

- Les cantines de Buenos Aires.(Juillet 2009).

- Le Bar Merval de Buenos Aires.(Juillet 2009).

- Le Salon de Thé Le Gato Negro de Buenos Aires.(Août 2009).

- Les bars historiques de Rosario.(Janvier 2008).

- Museo Nacional de Bellas Artes de Neuquen.(Mars 2008).

- Confiteria del Molino de Buenos Aires.(Mai 2009). 
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