Mise à jour : 10 septembre 2010. Article écrit par Martin Texier.

Les étudiants Argentins abandonnent les études pour le travail :

De plus en plus souvent en Argentine, les étudiants trouvent du travail et arrêtent leurs études avant d’avoir obtenu leur diplôme. Le phénomène affecte surtout les étudiants des matières qui requièrent plus un savoir faire qu’un diplôme, comme les métiers de l’informatique, du dessin ou encore dans l’ingénierie. Ces secteurs souffrent aussi d’une situation ou la demande de travail est beaucoup plus forte que l’offre en Argentine.

  

Photo : Universite d'Ingéniérie de Buenos Aires.

Acquérier de l'expérience tout en gagnant de l'argent, une nécessité :

Les raisons pour lesquelles les étudiants argentins choisissent d’abandonner leurs études sont souvent simples – le fait de gagner de l’argent rapidement, de concrétiser leurs études et surtout les compléter par une véritable expérience professionnelle dans une grande entreprise. En Argentine, le système "d’apprentissage" que nous connaissons en France (le fait de travailler en entreprise tout en suivant parallèlement des cours à l’université) est encore peu développé, alors que la demande semble très forte.

Ce phénomène est très problématique pour les universités argentines, mais il a un effet positif. Il pousse les universités à développer le système d’apprentissage et à multiplier les partenariats avec les entreprises. Cette réponse était très attendue car le problème devient de plus en plus important. En effet, dans la faculté d’ingénierie de l’UBA (l’université de Buenos Aires), seulement 30% des étudiants poursuivent leurs études jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Cela semble s’expliquer facilement. D’après le doyen de la faculté, dans le domaine de l’ingénierie, la demande d’emploi est cinq fois supérieure à l’offre, et les étudiant peuvent trouver, sans diplôme, des salaires bien rémunérés.

   Photo : Novembre 2008, à Bariloche, quand les étudiants en design et en technologie préfèrent directement travailler avec les ingénieurs sur le projet ARSAT pour la construction de 3 satellites géostationnaires de telecommunication .  

Université sous le niveau professionnel ?

Pour les professeurs d’université, cela indique que les cours ne sont pas à niveau. Ils tentent donc de rattraper le niveau demandé par les entreprises, et ce sont les étudiants qui indiquent aux universités le niveau exigé par l’expérience qu’ils rapportent de l’entreprise. Du point de vue des étudiants, le problème est souvent le même : l’université ne leur apprend "pas grand-chose", ou alors trop lentement. Elle sert à acquérir quelques connaissances de base, mais la majorité de l’expérience dont ils ont besoin ne s’acquiert, selon eux, qu’en entreprise. Pour de nombreux étudiants, leur diplôme ne leur sert à rien dans l’immédiat. Il n’est pas nécessaire pour trouver un travail et ne sert que "au cas où". Mais s’il est facile de trouver un travail en étant universitaire, il est souvent difficile de trouver un travail sans diplôme quelques années plus tard. Les entreprises demandent un diplôme prouvant qu’ils ont suivi un cursus complet. Les universités le savent, et pour parer ce problème, elles prennent de nouvelles mesures pour accompagner leurs élèves jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Entre autres, la mise en place d’un "diplôme intermédiaire" pour les cursus longs (de quatre à cinq ans) est à l’étude.

Dans les années à venir, la demande d’emploi dans ces secteurs restera supérieure à l’offre d’après une étude de la Chambre d’Entreprises, de Services et de Systèmes Informatiques. La solution la plus simple serait donc d’augmenter le nombre d’élèves dans les universités – ce qui à la fois rétablirait l’équilibre entre l’offre et la demande, et permettrait de pousser les étudiants à obtenir leur diplôme grâce à la compétition pour les meilleurs postes.

 

Design, haute technologie, et informatique :

Le problème s’étend aussi aujourd’hui à d’autres domaines, comme le textile et le design. Les étudiants commencent souvent à travailler au milieu de leurs études, mais reviennent plus tard et finissent leurs cursus en deux fois plus de temps que nécessaire. Car après quelques années de travail, de nombreux étudiants argentins le confirment : le diplôme est plus souvent que prévu nécessaire pour pouvoir changer d’entreprise, ou pour pouvoir poursuivre leurs études. Ce phénomène était aussi vrai en Europe il y a plusieurs années, mais avec l’uniformisation européenne et internationale des systèmes scolaires et universitaires, le diplôme est désormais plus que nécessaire aux étudiants qui désirant poursuivre des études ou pouvoir travailler à l’étranger. L’Argentine commence elle aussi à rentrer dans le système universitaire international, notamment pour les cursus d’écoles de commerce ou d’ingénieur, ce qui pousse ses étudiants à obtenir leur diplôme s’ils souhaitent poursuivre une carrière à l’international. L’internationalisation sera aussi sans doute bénéfique à l’université argentine car elle uniformisera aussi le contenu des cours avec ceux des écoles et universités américaines et européennes, tout en favorisant l’entrée des étudiants argentins dans les écoles et entreprises internationales.

En attendant, le développement de "l’apprentissage" apporte une réponse pragmatique aux problèmes des étudiants argentins, mais aussi dans d’autres pays comme en France où les étudiants y ont de plus en plus recours, non seulement pour faciliter le financement de leurs études mais aussi pour l’expérience professionnelle supplémentaire qu’il leur apporte, et cela dans tous les secteurs, du bac professionnel aux grandes écoles.

Liens extérieurs :

- Facultad de Ingenieria de Buenos Aires.

- Projet ARSAT.

- Kontrast Concept.

- Escuela Argentina de Moda.

- NID Tucuman.

- Congrès international d'expression graphique.

 

Photo : NID, école de design à Tucuman.

 A lire dans le Petit Herge :

 

- Institut de langue à Buenos Aires.(Août 2009).

- A savoir avant de prendre un taxi.(Octobre 2009).

- Tout ce qu'il faut savoir avant de partir. (Juin 2010).

- Abasto Shopping à Buenos Aires.(Septembre 2008).

- Les spectacles de tango à Buenos Aires. (Juin 2008).

- Le business de la fête en Argentine. (Septembre 2010).

- Quand un employé gagne plus que son patron. (Août 2010).

- Buenos Aires, la ville des entrepreneurs. (Juillet 2010). 

 

Photo : Concours, congres et marché du travail. Cordoba septembre 2010.

 

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