Mise à jour : 14 septembre 2010. Article écrit par Pierre Largeas.

Salaire réel et pouvoir d'achat en Argentine :

 

En découvrant les statistiques officielles (de l'INDEC), on s’aperçoit que les salaires réels (c’est-à-dire les salaires nets moins l’inflation) ont augmenté de façon considérable en très peu temps. En effet depuis fin 2006, le salaire moyen d’un ouvrier dans le secteur de l’industrie a grimpé de 105,4%. Sur cette même période, les prix des biens de consommation et services n’ont augmenté que de 32,6%. On peut en déduire si l’on en croit les chiffres officiels, qu’un ouvrier dispose d’un pouvoir d’achat 55% supérieur à ce qu’il avait trois ans et demi avant.

Pouvoir d'achat, mais sur quelle base ?

 

Toujours d’après l’INDEC, depuis 1997 le pouvoir d’achat d’un salarié du secteur industriel a plus que doublé (110%). Sur cette période la hausse nominale des salaires de ce secteur s’est élevée à 417,2%, tandis que l’inflation n’augmentait que de 146%. En 1997, 34,6% des salariés n’étaient pas enregistrés dans les bases de données de l’INDEC (1,3 millions de chômeurs dans le Gran Buenos Aires) depuis, l’Argentine a traversé plusieurs crises. On est donc en mesure de se poser des questions sur le système de calcul des chiffres gouvernementaux.

Depuis quelques années, devant le flou de l’INDEC, chaque province à décidé de calculer elle même ses propres chiffres d’inflation, de chômage et de pouvoir d’achat. Au fil des années les résultats entre chiffres avancés par l’INDEC et ceux avancés par les provinces se sont tellement éloignés que les conclusions de chaque méthode de calcul aujourd’hui peuvent arriver à se contredire.

Les 110 % d’augmentation du pouvoir d’achat de l’INDEC se réduisent à 3,8% en s’appuyant sur les chiffres de la province de Buenos Aires. A chaque augmentation des salaires, les entreprises doivent suivrent en augmentant aussi les prix de vente de leurs produits. L’effet de la hausse des salaires sur le pouvoir d’achat des salariés est de ce fait amoindri, voir annulé.

Les produits fantômes :

 

Pour ce qui est des articles choisis pour faire parti du panier de la ménagère, les rapports élaborés par les facultés et universités démontrent qu’environ 30% des prix sur lesquels se base l’INDEC pour mesurer l’inflation sont fictifs. Certains produits dits de « premières nécessités » doivent officiellement suivre un prix de vente défini par le gouvernement or, ces produits sont très souvent (pour ne pas dire toujours) en rupture de stock, ou bien souvent même pas distribués.

L’INDEC insère donc dans sa liste de produits, tels que le riz, les pâtes, le lait, l’eau de marques introuvables, alors que la ménagère doit se contenter d’acheter ces mêmes produits de marques réellement commercialisées et suivant la courbe de la hausse des prix.

Les prix fantômes :

 

Le cas de la viande est un bon exemple. En effet la viande représente une part non négligeable de la l’alimentation des argentins et influe de manière significative sur l’ensemble de la canasta. Au début 2010, le gouvernement a publié une liste de prix de 12 morceaux de viande or ces prix ne sont pas obligatoires mais suggérés. La « suggestion » est inapplicable, puisque les boucheries répercutent les hausses hebdomadaires d’achat en gros sur leurs prix au public. Les prix « gouvernementaux » sont totalement détachés de la réalité de la chaîne de production et de distribution du secteur. Même si les prix « gouvernementaux » sont fictifs, l’INDEC s’y attache pour calculer « son » inflation. Qui dit « prix fictifs », dit forcément « calcul d’une inflation fictive » par l’INDEC.

Sans vouloir connaître le chiffre exact depuis le 1er janvier 2010 de la hausse des prix sur les produits de viandes bovine, une chose est sure, l’Asociación de Abasteros y Matarifes (équivalent de la chambre des boucheries) vient d’annoncer que la consommation a baissé de 25% depuis le début de l’année. Il doit sûrement y avoir une raison !

Confusion et vol à vue :

 

Personne ne croit plus aux chiffres publiés par l’INDEC. Tous s’appuient maintenant sur les chiffres avancés par des instituts privés. Même le FMI a déclaré que les chiffres avancés par l’INDEC étaient jugés « trop vagues et en inadéquation avec la situation fortement inflationniste dans laquelle se trouve l’Argentine ».

 

En Argentine, sans outils pour étudier l’économie, nous voyageons à vue, le pays est piloté au jour le jour. Aucune analyse, aucune étude, manque de discernement sur la réalité du marché du travail. Confusion pour les investisseurs, confusion pour les industries, confusion pour la production, confusion sur l’inflation, une chose est sure : le panier de la ménagère est jour après jour de plus en plus difficile à remplir.

 

Humour : D'après la dernière analyse de l'INDEC . "Aujourd'hui qu'est qui vous coûte le plus dans le pays ?" - "Le comprendre". 

Liens extérieurs :

- Les prix suggérés de la viande. Article de IEco du 16 mars 2010.

- La sous evaluation de la canasta basique. Article de IEco du 31 août 2010.

- +20% sur le prix de la viande. Article de Diario Uno du 27 janvier 2010.

A lire dans le Petit Hergé :

- Le panier de la ménagère à Buenos Aires. (Septembre 2010).

- Le business de la fête en Argentine. (Septembre 2010).

- Plus d'importation et moins d'investissement.(Sept 2010).

- Quand un employé gagne plus que son patron.(Août 2010).

- Villa Crespo, le nouveau Outlet de Buenos Aires,(Août 2010).

- Les marques alimentaires argentines à l'export.(Août 2010).

- Buenos Aires, la ville des entrepreneurs.(Juillet 2010).

- Quand les économies passent dans l'immobilier.(Juillet 2010).

- La guerre des cellulaires en Argentine.(Juillet 2010).

- Premier bilan de l'inflation en Argentine en 2010.(Juillet 2010).



Photo : En Argentine, cela fait des lustres que l'on peut vous faire croire ce que l'on veut ! 1 USD = 1 ARS !

 
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