Un acto bien triste
19 juin 2008Mise à jour : 19 juin 2008
Mourir pour 20 Euros :
Bien triste, dans tous les sens du terme, c'est la réflexion que je me suis faite lorsque "l'acto" s'est terminé sur la Plaza Mayo.
Tout d'abord, en début d'après midi, on apprend qu'un des manifestants déjà présents sur la place reçoit sur la tête un globe de bronze provenant d'un réverbère qui s'est détaché sous le poids d'une banderole. Le pauvre est mort peu après à l'Hôpital Argerich.
Il s'appelait Carlos Marriera, il avait 21 ans, et venait de Tucuman en bus dans un contingent de 2.000 personnes. Encore une opération de "casquettes" à ramener de toutes les villes d'Argentine, pour placer comme des pièces devant le podium pour "faire la foule" et acclamer la "présidente". On apprend alors qu'il avait été payé 100 pesos (20 Eur) par le PJ local plus deux sandwichs et une boisson pour venir.
Photo : Sandwich gratuit pour ceux qui sont venus, c'est la distribution pour ceux qui sont sages !
En espagnol : "Un típico viaje organizado por punteros políticos de base, para participar del acto de apoyo a la Presidenta Cristina Fernández. Uno de sus compañeros, quien solicitó reserva de su identidad, reconoció (como había denunciado Raúl Castells) que para participar del acto kirchnerista se le habían entregado "100 pesos, dos sánguches y una gaseosa". El testimonio fue recogido por la agencia DyN de una persona que integraba la delegación tucumana, en inmediaciones del Hospital Argerich, adonde el joven fue derivado de urgencia y luego murió".
Voilà ce que c'est "être aimée", plus personne ne vient à des meetings du PJ ou a des "actos" du gouvernement gratuitement. Lorsqu'il faut payer pour qu'on vienne vous voir, la démocratie est bien loin.
Photo : Les bus payés par les municipalités de banlieue PJ stationnés sur 9 de julio pour "amener" les "figurants" remplir la Plaza de Mayo.
Le discours de Cristina Kirchner
Photo : Cristina et Nestor Kirchner s'embrassent apres le discours, alors que les figurants brandissent drapeaux et banderoles dans un laché de confettis. Une machine à émouvoir bien rodée. (en ce moment, presque quotidien). Je ne sais pas qui tombent encore dans le panneau ! Mais au fait pourquoi sont ils heureux ? De la situation ? Regardez les photos en bas de l'article !!!
Un de plus je dirais, un monologue le mardi à la Casa Rosada, un autre le mercredi à la Plaza de Mayo, une façon de parler et un rythme de phrase exaspérant.
Tout le monde (en tout cas énormément) le dit depuis un certain temps, je m'en suis rendu compte vraiment pendant ce discours : Elle est folle. Je ne le dis pas au second degré, je le pense vraiment : elle est malade.
Nous sommes peut être un peu trop "dans l'action" pour avoir la tête froide et prendre en ce moment du recul pour faire une bonne analyse. Je pense que dans quelques années, on écrira des tonnes de bouquin sur cette époque de l'histoire argentine, ça sera un thème qui reviendra souvent. Nous en avons eu un comme ça en France (Paul Deschanel), mais cette fois c'est le tour de l'Argentine, et ça tombe mal, juste en plein redressement économique.
Le type de phrase qu'elle affectionne le plus particulièrement c'est de mêler à la fois un reproche et un compliment. C'est un peu comme si je vous disais : "Vous avez l'air de bonne humeur aujourd'hui, mais comme vous êtes mal fringué !" ou encore " Je suis pour le dialogue avec vous, mais qu'est ce que vous êtes cons". Elle n'arrête pas de passer du chaud au froid, de dire et de redire la même phrase pendant un même discours.
De dire la même phrase.
De dire aussi des fois la même phrase.
Et de dire le plus souvent la même phrase.
Souvent elle répète la même phrase.
Et je vais vous dire que souvent elle ne répète jamais la même phrase, ah non, pas la même phrase, d'ailleurs qui vous a dit qu'elle répètait la même phrase ?
Je ne suis pas spécialiste en la matière, mais je vais me pencher là dessus, pour savoir si une étude avait été faite sur ses discours et déclarations.
La phrase qui tue, de la journée :
(c'est bien d'elle cette fois, tous les mots y sont, même quand elle se répète)
-" Il y a eu 4 personnes pour qui personne n'a voté, 4 personnes pour qui personne n'a voté, que personne n'a élu, qui se sont réunis, ont délibéré, ont parlé, et communiquaient au reste des argentins ceux qui avaient le droit de rouler sur les routes d'Argentine et ceux qui n'avaient pas le droit. Alors je me suis rendu compte qu'on était dans une autre situation bien différente"
1) Elle fait allusion au 4 présidents des 4 syndicats agricoles. Il y a beaucoup à dire là dessus. Tout d'abord (sauf début mars, au tout début de la grève), jamais les syndicats agricoles ont demandé de bloquer les routes, ce sont les routiers qui bloquent pour le moment.
2) L'argument de savoir si ce sont des personnes qui ont été élus ou non, comme si un simple citoyen n'avait pas le droit de : se réunir, de parler, et communiquer ? Mais où va t'on là ? Ca devient une dictature avec interdiction de se réunir à plus de 3, de manifester et d'exprimer ses convictions ?
3) La conclusion : "Je me suis rendu compte qu'on etait dans une autre situation".... Laquelle ? Elle maintient le mystère. Vous savez comment on défini les personne qui pensent que d'autres sont entrain de manigancer un complot ? Je crois qu'il y a un mot pour ça en psychiatrie.
Alors oui, tout est triste aujourd'hui.
Une mort pour rien, hier "La folle de la plaza de Mayo" appelle à l'apaisement en expliquant que le parlement va délibérer sur le cas des rétentions de soja, et aujourd'hui elle dénonce publiquement un complot contre Elle.
Et demain ? Qu'est ce que ça va être ?
Et les ruralistas dans tout ça ? C'est simple, ils ne comprennent plus rien ! Alors on est de nouveau à la case Départ. Les routes sont bloquées et plus personne (mais vraiment plus personne) ne croit la Reine Cristina.
Sondage La Nacion :
Depuis l'Acto de la Plaza de Mayo, pensez vous que nous avons avancé vers une solution au conflit du campo ? NON : 93 %
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En attendant :
Photo : Supermarché à Rosario le mercredi 18 juin 2008.
Photo : Station service à Rosario, plus une goutte. Mercredi 18 juin 2008.