Mise à jour : 26 septembre 2010. Article écrit par Pierre Largeas.

Mandat de Tabaré Ramón Vázquez Rosas (2005 - 20010) :

Le 31 Octobre 2004, Tabaré Ramón Vázquez Rosas devient le premier président de socialiste de l'Uruguay, dans une Amérique du Sud qui bascule pays par pays à gauche. Il est également le premier président de l'Uruguay n'appartenant pas à un des deux partis « traditionnels » de droite (partis Colorado et Blanco). Officiellement proclamé président le 8 Novembre 2004, il prend ses fonctions le 1er Mars 2005, où il annonce d’ores et déjà que ses premières mesures seront consacrées à la baisse du chômage et de la pauvreté.

Lire ensuite : Le président Jose Mujica.

Politique économique :

Sur le plan de la politique intérieure, son gouvernement mène une politique prudente mais progressiste en matière d'économie. Ainsi, entre 2005 et 2008, le salaire minimum est passé de 1 350 pesos uruguayens à 4 150 pesos uruguayens (70 à 200 dollars), tandis que la pauvreté est passée de 30,9% à 21,7% de la population. En 2010, le salaire mensuel minimum en Uruguay est de 240 USD.

Bien que son ministre des Finances, Danilo Astori, ait mis en place une politique conservatrice concernant le remboursement de la dette, le gouvernement a fait passer une loi ayant pour but de réformer en profondeur le système d'imposition en Uruguay. Danilo Astori est depuis mars 2010 vice président de la Nation au coté de Jose Mujica, on peut donc imaginer la suite de même politique économique pour le pays.

D'autre part, le gouvernement a échangé la dette envers le FMI contre une dette sur les marchés financiers, ce qui a permis d'une part de libérer l'économie uruguayenne des contraintes du FMI, d'autre part de faire passer la dette brute, en pourcentage du  PIB, de 113% à 57%.

Politique sociale :

Il lance un plan d'urgence social (Plan de Atención Nacional a la Emergencia Social, PANES) visant à répondre aux besoins les plus urgents d'environ 200 000 uruguayens. Il prévoyait l'investissement de 100 millions de dollars les 2 premières années dans divers programmes allant de l'assistance alimentaire aux soins de santé, ce qui permettait d'attribuer 30 dollars par mois à chaque bénéficiaire.

Ce plan a été particulièrement critiqué à ses débuts, et était sous la responsabilité de la ministre du développement social, Marina Arismendi, membre du Parti Communiste Uruguayen.

Tabare met également en place le plan CEIBAL, qui visait à donner un ordinateur (à 100 dollars) doté d'une connexion internet à tous les élèves du pays. En octobre 2009, les derniers écoliers ont reçu leur ordinateur, 380 000 ordinateurs ayant été délivrés, et le plan achevé.

Infographie : Coube de la pauvreté en Uruguay entre 1986 et 2007.(Cliquez pour agrandir).

Politique étrangère :

La politique étrangère de T. Vázquez obéit au même réformisme pragmatique : il s'agit en priorité d'approfondir l'intégration régionale, mais, en même temps, d'en corriger les déséquilibres et de diversifier les partenaires commerciaux de l'Uruguay pour réduire notamment sa sensibilité à d'éventuels soubresauts de l'économie argentine. Cette intégration doit être atteinte à la fois dans le cadre du Mercosur - dont il appuie l'élargissement au Venezuela, à la Bolivie et au Mexique - et dans celui de la Communauté sud-américaine des nations.

L'Uruguay rétablit aussi les relations diplomatiques avec Cuba et, rompant avec la politique pro-américaine de Batlle Ibáñez, écarte en 2006, un traité de libre-échange avec les Etats-Unis tout en signant, l'année suivante, un accord-cadre en matière de commerce et d'investissement (TIFA-Trade and Investment Framework Agreement).

Un des problèmes majeurs qu'ait rencontré son administration est le conflit actuel avec l'Argentine concernant la (oit disante) contamination du Rio Uruguay par l'usine de pâte à papier construite à Fray Bentos sur les bords du Rio uruguay.

Photo : Premier voyage d'un chef d'état Uruguayen à Cuba en juin 2008. Ici en compagnie de Raul Castro.

Les points noirs :

Il existe de nombreux points noirs dans la politique de Tabaré et certaines décisions prises par son gouvernement de l’époque ont parfois été lourdement critiquées.

En 2007, par exemple, lorsque des armes iraniennes furent chargées sur des navires de la marine uruguayenne présents au Vénézuela. Cette violation de l'embargo décidé par l'ONU provoqua une controverse internationale. Cet évènement fut également critiqué par le parti Blanco situé dans l'opposition.

Certains politiques de gauche, dont le sénateur communiste Eduardo Lorier, ont aussi critiqué l'accord donné par Vázquez à des opérations militaires prévues de longue date avec les EE.UU, les manœuvres UNITAS (exercices militaires en mer) prévues par le gouvernement Batlle, et qui étaient aussi suivies par l'Argentine et le Brésil. Ils affirmaient notamment que ces manœuvres, héritées de la guerre froide, n'avaient plus de sens aujourd'hui.

Vázquez s'était défendu à l’époque en affirmant d'une part qu'il ne pouvait revenir sur un engagement international, d'autre part que cela concernait tout autant la coopération avec les pays voisins qu'avec Washington.

Un bilan positif :

Le résultat de ces 5 ans de politique néo-libérale est une approbation de la politique de Tabaré Vazquez de la part de 60% à 70 % des citoyens uruguayens. En effet, parmi les succès du gouvernement, on peut noter la réduction du niveau de pauvreté en Uruguay (passé de 34 à 20% sur la période 2005-2008), l'augmentation de la production industrielle de 100 % entre 2005 et 2009 et d'une hausse de 33 % du revenu national par habitant ; le boom des exportations de près de 80 % entre 2004 et 2008 ; l'importante hausse du salaire moyen ; une inflation sous contrôle et la maîtrise des finances publiques ; une diminution du chômage qui passe 13 à 8% sur la même période, des améliorations dans le système de santé notoires, des investissements étrangers toujours plus nombreux, et une croissance économique soutenable malgré la crise récente.

Infographie : Tabare Vasquez remorte 71% d'opinion favorable lors d'une enquête en Novembre 2009. Enquête Equipos Mori. (30 octobre au 03 novembre 2009).

Ce que Jose Mujica doit régler :

Les thèmes encore préoccupants pour l'actuel gouvernement de José Mujica sont ceux du système fiscal et de la délinquance. Le premier, qui a permis une augmentation de la charge fiscale envers les secteurs où les revenus sont les plus élevés, démontre encore une assez grande difficulté pour le gouvernement à gérer les dépenses publiques. Le nouveau gourvernement sera t'il capable de restreindre ses dépenses ?

Bien que le niveau d’insécurité soit un des plus bas de la région, la délinquence s'est amplifiée lors des dernières années et "Pepe" Mujica en a fait son cheval de bataille lors de sa campagne électorale. Il a 5 ans pour mener une politique de prévention et prouver qu'il puisse tenir ses engagements. Lire ensuite : Le président Jose Mujica.

Liens externes :

 

- Site de Danilo Astori.

- Plan PANES.

- Plan CEIBAL.

A lire dans le Petit Hergé :

- Uruguay : Le président Jose Mujica.(Septembre 2010).

- Elections au Brésil.(Septembre 2010).

- Hugo Moyano et la CGT.(Septembre 2010).

- La ville de Mercedes (Soriano).(Août 2010).

- Villa crespo Outlet.(Août 2010).

- Métissage de Buenos Aires à l'époque coloniale.(Mai 2009).

- Rubrique 10 : Uruguay.(Septembre 2010).

- La province de Entre Rios.(Novembre 2008).

 
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