Embouteillage à Buenos Aires et solutions
20 sept. 2010Mise à jour : 20 septembre 2010. Article écrit par Nabil Naamane :
Embouteillages et pollution à Buenos Aires :
Si huit villes d’Amérique latine ont d’ores et déjà limité le nombre de véhicules pouvant y circuler, à Buenos Aires aucun plan n’est prévu pour leur en empêcher l’entrée. Certes cela a été fait en 1994, mais l’échec de cette tentative n’invite pas la Ville à retenter l’expérience. Certains spécialistes pensent plutôt qu’il faudrait soit investir massivement dans des systèmes de contrôle, soit établir un transport public nettement plus efficace. |
Buenos Aires ne peut pas appliquer le système des "plaques d’immatriculation" :
Il y a deux millions de voitures dans la capitale argentine, un demi million d’entre elles est en circulation. Chaque jour, 1 300 000 véhicules arrivent de la banlieue sur un territoire de 200 kilomètres carrés. Pas étonnant que chaque jour la ville connaisse des problèmes liés aux embouteillages et à la pollution. Toutes les grandes métropoles aussi me direz-vous, c’est pourquoi des villes comme Mexico, San Pablo ou Bogotá ont imposé des restrictions comme l’interdiction de circuler en voiture une ou deux fois par semaine en fonction du chiffre inscrit sur la plaque d’immatriculation. Mais beaucoup d’experts ne recommandent pas un tel modèle à la capitale argentine car les transports publics ne seraient probablement pas encore aptes à suivre le mouvement. A Quito, Bogotá, Medellin et San José, on restreint la circulation aux heures de pointe en interdisant la circulation à toutes les voitures dont les plaques se terminent par un certain numéro, il y a parfois même 2 numéros à éviter pour pouvoir circuler, ce qui correspond à 20% de véhicules en moins. A San Pablo et La Paz, il n’y a de restrictions qu’en centre-ville. A Santiago ou Mexico, seuls les véhicules équipés de convertisseur catalytique - une pièce qui réduit les émissions de gaz à effet de serre – sont autorisés à circuler à tout moment. L’application d’une restriction de véhicules dans Buenos Aires avait été considérée il y a deux ans, mais l’idée fut abandonnée. « Pour le moment il n’y a pas de plan proprement dit » a affirmé Guillermo Dietrich, sous-secrétaire pour le Plan Intégral de la Circulation et du Transport initié par le Gouvernement de la Ville de Buenos Aires. D’après ce dernier, « pour mettre en place un système d’interdiction lié aux plaques d’immatriculation, il faut avant tout investir énormément dans un système efficace de contrôle et d’attribution d’amendes ». Il préfèrerait plutôt voir des mesures de politique publique pour que l’utilisation de la voiture soit réduite et que le transport public devienne un réflexe en promouvant par exemple l’utilisation du vélo, en renforçant le réseau du métro, ou encore en rendant quelques rues piétonnes. |
Les différentes solutions proposées :
Alberto Silveira, de Luttons pour la vie, une association dédiée à la prévention des accidents de la route ajoute : « En 1994, le système d’interdiction lié aux plaques d’immatriculation avait été mis en place, mais ce fut un échec cuisant. On avait seulement réussi à réduire le trafic de 2,6% dans le micro centre car le système de contrôle et de répression n’était pas assez efficace. La moitié des personnes ayant des véhicules interdits à la circulation conduisait quand même pendant que l’autre moitié prenait un taxi ou utilisait une voiture différente. Les experts en la matière sont d’accord pour dire qu’il ne sert à rien d’imposer des restrictions tant que le réseau de transport public n’est pas capable de supporter de telles interdictions. Qui plus est dans une ville si étendue et où travaillent tant de personnes venant de la banlieue. Gustavo Brambati, Manager Assistant de la Sécurité Routière du CESVI (Centre d’Expérimentation et de Sécurité Routière) a sa propre idée sur la question : « La restriction des véhicules est évidemment une bonne solution pour réduire les embouteillages et la pollution. Mais elle échoue ou est perçue comme une punition lorsqu’on ne met pas à disposition de la population une alternative correcte pour se déplacer. Or pour le moment, c’est seulement le cas dans la zone Nord ». L’urbaniste Andrés Borthagaray rajoute : « La circulation est limitée dans les villes les plus polluées. A Buenos Aires, il serait préférable d’offrir des places de stationnement en périphérie afin que les travailleurs y laissent leur véhicule et prennent les transports publics pour se rendre en ville. Il faut de la cohérence dans la façon de répartir les investissements entre les transports publics et l’amélioration des infrastructures pour la voiture privée. Il vaut mieux améliorer notre train et notre métro au lieu de construire plus de bretelles d’autoroutes ou de zones de stationnement en centre ville comme c’est le cas à l’angle des avenues Las Heras et Pueyrredón. » Photo : Chantier d'extension de la ligne E du métro de Buenos Aires. |
Les comportements agressifs du porteño au volant : Ne respecte pas les feux, klaxonne pour un rien, fait constamment des appels de phare, se colle aux pares chocs, double par la droite, accélère au point mort pour presser les autres, crie et insulte, fait des gestes avec les mains. Conseils pratiques : Soyez patient et courtois, ne conduisez pas lorsque vous êtes fâché, évitez d'être pressé, évitez les heures de pointe, écoutez de la musique relaxante. Les victimes : Les statistiques montrent que les principales victimes sont : les taxis et transports publics, les femmes, les jeunes, et les vieilles voitures. |
Une vision de dissuasion « à l’européenne » :
Selon le directeur de l’Institut de Sécurité et d’Education de la Route, Eduardo Bertotti, il faut réduire l’utilisation de la voiture sans pour autant interdire ou restreindre la liberté de circulation. « Les mesures prises par des villes comme Madrid sont plus efficaces, par exemple en informant les conducteurs des zones où il n’est plus possible de se garer via des panneaux autoroutiers. Ou encore Londres où il faut payer une certain somme pour circuler dans certaines zones. L’argent récolté est alors investi dans l’amélioration des services publics de transport ». Il faut en effet payer entre 8 et 10 livres (entre 9,8 et 12,2 euros) lorsqu’on circule en voiture dans les zones les plus centrales de Londres. C’est par un système de caméras que les contrôles s’opèrent, si le propriétaire du véhicule n’a pas payé, il a 24 heures pour le faire. Et s’il ne le fait pas, l’amende s’élève alors à 120 livres (147 euros). « A Buenos Aires il faut également réfléchir à des mesures de dissuasion », soutient le président de la Commission de Circulation et de Transport de la Législature de Buenos Aires, Claudio Palmeyro (PJ). Une alternative serait de rendre le stationnement de plus en plus cher à mesure que l’on se rapproche du centre. Le député Sergio Abrevaya (Coalition Civique) propose que soient construite des voies réservées aux autobus sur les autoroutes et les routes principales. Ainsi les bus avanceront plus et seront plus pratiques que la voiture ». Un consensus semble être trouvé par tous ces experts : diminuer l’utilisation de la voiture, ne pas l’interdire. Pour atteindre cet objectif, il faut tout d’abord améliorer le transport public, ce qui reste encore bien flou dans les plans du gouvernement de la ville. Photo : Un peu plus de rue piétonnes dans le centre de Buenos Aires. Ici la Calle Reconquista. |
Les liens externes :
- Page sur les pistes cyclables sur le site de la Ville de Buenos Aires. - Infobiker. Site Argentine de cyclisme.
Photo : Quand une vache part en vacances ! |
A lire dans le Petit Herge : - A savoir avant de prendre un taxi.(Octobre 2009). - Extension de la ligne E du métro de Buenos Aires.(Juillet 2009). - Nouvelle carte pour les transports porteños.(Juin 2009). - Nouvelles stations de métro sur la ligne A.(décembre 2008). - Les bus en Argentine.(Mars 2008). - Alto Palermo Shopping de Buenos Aires.(Septembre 2010). - La Renault Mini 4 en Uruguay.(Août 2010). - Buenos Aires, la ville des entrepreneurs.(Juillet 2010). |