Mise à jour : 20 juillet 2010. Article écrit par Nabil Naamane.

Des rêves présidentiels partis en fumée.

 

Le mondial sud-africain est terminé. Tout a disparu : la liesse, les déguisements, l’extase collective et surtout cette paix politique olympique que l’on espérait voir durer jusqu’à la Copa América de 2011 (organisée ici même en Argentine).

Rien ne va plus dans les rangs du gouvernement Kirchner, ni la télévision publique qui a vu son audience en retrait de plus de 30 points sur celles de la chaîne Telefé pendant le Mondial, ni les rêves d’un couple présidentiel qui sont littéralement partis en fumée.

En effet, voulant profiter d’une éventuelle victoire argentine, les Kirchner avaient soigneusement fait éditer et imprimer 50.000 affiches où Néstor Kirchner et Diego Maradona étaient aux côtés de la présidente vêtue du maillot de la sélection. Ces milliers d’affiches ont dernièrement été réduites en cendres dans la plus grande discrétion et avec la plus grande vigilance.

Notons tout de même l’absence remarquée du ballon d’or Lionel Messi qui avait déclaré (voulant le méler à la politique argentine) : "il ne faut pas tout mélanger".

Photo : Maradona, entouré (pour ne pas dire encerclé) par les Kirchner en 2009.

Des affiches victorieuses, un scandale évité de justesse !

 

Après la déroute de l’équipe nationale, les Kirchner se sont empressés de récupérer (encore en stock) toutes ces affiches de peur que l’opposition s’empare du scandale. Un gros chèque se refuse rarement ici, les Kirchner l’ont bien compris en se disant que le ridicule aurait été encore plus néfaste que la défaite.

D’après l’article de Susana Viau pour le quotidien Clarín du 11 juillet 2010, des fonctionnaires du Secrétariat général de la Présidence se seraient occupés de détruire ces milliers d’affiches bien dérangeantes. Malgré tout ce tumulte, il paraîtrait que Diego Maradona fait partie des rangs du Parti Justicialiste (le parti du couple présidentiel) qu’il aurait rejoint depuis 2008. L’arithmétique électorale des Kirchner a du payer cher le sponsoring de Maradona pour apporter de précieuses voies pour 2011 (élection présidentielle).

Cela va même plus loin : à la manière des Grecs qui rendaient hommage aux vainqueurs du pentathlon en élevant une statue à leur effigie, l’activiste et législateur Juan Cabandié (pro-Kirchner), a proposé d’oublier la défaite en construisant un monument pour le "Pibe de oro", ce qui selon Susana Viau ferait de lui un Milon de Crotone vivant.

Photo : Cristina préparait alors le terrain en octobre 2009, à fond dans le football avec Maradona. 

 Des erreurs accumulées et statistiques maquillées :

 

Si les actes du Bicentenaire en mai dernier n’ont pas réussi à réconcilier le Gouvernement avec le peuple, l’opération appelée ici "buena onda" - comprenez « bon feeling » est également un échec cuisant pour le Gouvernement. Selon l’article du 11 avril 2010 du journaliste Guillermo Cherashny pour le journal en ligne "BWN Patagonia", cette opération consistait à créer un climat de confiance en se fondant sur des chiffres encourageants en termes de reprise économique. Néanmoins selon Cherashny, l’opération reposait uniquement sur des statistiques montées de toutes pièces et constituait dès lors un mensonge qui n’est pas passé inaperçu dans l’électorat argentin.

 

Une opposition sous pression et menace :

 

Les membres de l’opposition, quelque soit leur bord, ont été victimes ces derniers jours de menaces, attaques et autres pressions. Le 1er juillet, Eduardo Duhalde (un des plus fervents adversaires des Kirchner) fut pour la sixième fois victime d’un piratage de ses informations personnelles. Le 28 juin, la voiture du duhaldiste Sergio Maffia, Conseiller municipal de la ville de General Rodríguez (province de Buenos Aires) fut criblée de balle, on l’aurait même prévenu : "la prochaine fois, c’est avec toi à l’intérieur" toujours selon Susana Viau pour Clarín. Autre exemple le 6 juillet avec la séquestration avec violence d’un membre de l’opposition, en mai des voitures endommagées, et fin juin avec des menaces de la part d’un gang de la UOCRA (Union Ouvrière de la Construction de  la République Argentine) - un syndicat affilié au gouvernement – exercées sur Felipe Solá, un ancien allié des Kirchner qui maintenant fait parti du parti d’opposition Union-Pro (Pro Macri).

Photo : la voiture criblée de balles du politique péroniste Sergio Maffia anti Kirchnériste.

Le système Kirchner ratrappé par les affaires :

 

"Les chiens sont comme les maîtres, si les maîtres sont blessés, les chiens mordent" a dit un dirigeant à la grande expérience. Le maître Kirchner est ici effectivement énervé car les dénonciations de corruption se font de plus en plus nombreuses. Le nouveau chancelier, c’est-à-dire ici l’équivalent du Ministre des Affaires Etrangères, aurait de très controversées relations commerciales avec Caracas; la commission de suivi des services secrets argentins est resté dans les mains de l’opposition; le Parlement peut aujourd’hui oublier l’époque où il contrôlait la caisse de l’Etat, la Justice ou encore l’espionnage, et ce à l’aube d’une bataille électorale. La haine du maître doit trouver des coupables : il (ou plutôt elle) aurait ordonné qu’Alejandro Rossi (Front pour la Victoire pro Kirchner) soit démis de ses fonctions dans les commissions auxquelles il appartient. Il serait le principal responsable des erreurs commises lors des discussions du Conseil de la Magistrature. Son frère Agustín Rossi, également président du groupe des kirchnéristes à l’assemblée Nationale ne lui adresse plus la parole. Néstor Kircher a besoin maintenant d’un intermédiaire, le Président de la Chambre des Députés Eduardo Fellner, pour s’adresser aux Députés.

Il y a aujourd’hui comme un malaise du côté du clan Kirchner, un état d’âme, une sorte de « mala onda » qui pourrait tôt ou tard porter un préjudice fatal au couple présidentiel. Alors on essaye de distraire peuple et médias sur d'autres sujets comme la légalisation du mariage homosexuel. De mauvaises langues affirmeraient même que Cristina Kirchner jeterait en pature aux medias maintenant une loi pour la légalisation de l'avortement en Argentine. Histoire d'occuper la presse et les pensées 3 ou 4 mois !

Photo : Les relations plus que douteuses entre l'Argentine et le Venezuela, ambassade parallèle, Julio de Vido est l'HOMME des Kirchner qui concentre entre ses mains toutes les affaires et flux de capitaux entre les deux pays. Le jour ou Chavez tombe, on en apprendra des vertes et des pas mures !

A lire dans le Petit Hergé :

- Bilan des fêtes du Bicentenaire. (Mai 2010).

- Les grands magasins Harrods de Buenos Aires. (Avril 2010).

- A savoir avant de prendre un taxi à Buenos Aires. (Octobre 2009).

- Le jardin botanique de Buenos Aires. (Août 2009).

- La loi de mariage homosexuel. (Juillet 2010).

- Buenos Aires, la ville des entrepreneurs. (Juillet 2010).

- Les porteños mettent leurs économies dans l'immobilier. (Juillet 2010).

- La guerre des cellulaires en Argentine. (Juillet 2010).

En bonus :

Les Anti Kirchner ne se privent plus d'affirmer ouvertement ce qu'ils pensent du couple gouvernemental.

"Corruption, Misère et Kirchnérisme, les Kazis en Argentine. Au moins Hitler s'est tué sans laisser de successeur".

(Successeur au féminin en espagol).

 

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