Le devenir du quartier de San Telmo après la pandémie
24 sept. 2021Mise à jour : 24 septembre 2021. #Buenos Aires
Que va devenir le quartier de San Telmo après la pandémie ?
Certainement un des quartiers les plus touristiques de Buenos Aires. Pour le meilleur et pour le pire.
Avec passage du Corona en 2020-21, le quartier a accéléré son processus de changement et a laissé apparaître ses faiblesses d’avoir tout misé sur le tourisme depuis une bonne vingtaine d’années.
Ce quartier a l’avantage d’être dans le centre, donc d’un accès des plus faciles pour le découvrir et qu’il est assez restreint (un des plus petit de Buenos Aires) et urbainement homogène, ce qui permet d’avoir assez rapidement une vue d’ensemble sur ce que fut San Telmo et sur ce qu’il est devenu.
Photo ci-dessus : la Plaza Dorerego sans touriste en 2021. (Cliquez dessus pour la voir en entier).
Autre article concernant le quartier :
- Le quartier de San Telmo. (2021).
Photo ci-dessous : la Calle Defensa un dimanche avant la pandémie.
Au fil des années :
Le principal aspect négatif jusqu’à présent concernant la calle Defensa en semaine, était la fermeture progressive des brocanteurs et des antiquaires au profit des magasins de vêtements et de « souvenirs », surement plus rentables et plus aguicheurs pour les touristes étrangers de passage à Buenos Aires. Mais la rue avait perdu son âme.
Quant au dimanche, la Feria qui autrefois (dans les années 90) était uniquement cantonnée à la Plaza Dorrego seulement occupée par des exposants brocanteurs habilités par leur association, s’est faite dans les années 2010 totalement dépasser par les autres vendeurs à la sauvette installés sur la Calle Defensa entre le Parque Lezama et jusqu’à la Plaza de Mayo (Quartier Montserrat).
Inutile de vous préciser que la majorité de ce qui était vendu sur cette calle Defensa venait de Chine.
J’en parle au passé car dès les années 2015-2016, la ville de Buenos Aires a intensifié les contrôles et a commencé à donner des autorisations d’installer sur cette rue devenue piétonne le dimanche des stands, ce qui a fait rapidement disparaître la plupart des « manteros » (vendeurs à la sauvette).
Si vous cherchez de la vraie brocante, il en reste uniquement sur la Plaza Dorrego, ou alors allez visiter le vrai marché aux puces dans le quartier de Colegiales.
Photo ci-dessous : La Calle Defensa en 2021.
Passage de la pandémie :
Apres avoir misé sur le tourisme pendant une bonne trentaine d’années (1990-2020), jusqu'à vouloir gratter le bitume et repaver à l’ancienne la rue Defensa et lui installer des réverbères « faux vieux » (tout neuf, mais recréant le style 1900) pour faire plus « authentique », il est vrai que nous étions en passe (tout comme le Caminito) de tomber rapidement ans un décor de cinéma.
De plus, la disparition au fil des années des commerces de proximités (ainsi que ceux qui étaient installés dans le Mercado de San Telmo) remplacé par des bars, restos et commerces touristiques poussa la véritable population à quitter en premier la calle Defensa, la Plaza Dorrego, puis la calle Bolivar et enfin les rues perpendiculaires à ces dernières.
Les logements des immeubles et maisons furent remplacés peu à peu par des locations courtes durées, RB&B pour les touristes et autres hostels bon marchés pour les étudiants et stagiaires de passage, presque tous européens (très peu de touristes sud-américains s’installèrent dans le quartier).
Il est certain qu’à partir de mars 2020, le quartier de San Telmo fut l’un des plus touchés de la ville.
Pour raisons sanitaires, les bars et restos fermèrent (comme dans le reste du pays), mais l’arrêt total du tourisme international fit que tous les commerces de la calle Defensa fermèrent sans retrouver son public.
Et de fermetures temporaires passèrent tous à fermetures définitives.
La période la plus difficile fut sans doute l’année 2020. Fin 2020 avec l’autorisation de réouverture dans un premier temps des bars et café en terrasse puis ensuite en salle, entre un tiers et la moitié (ceux qui restaient encore debout) ouvrirent. Mais durent s’adapter pour convaincre le public "Porteño" de remplacer les étrangers toujours interdits d’entrée dans le pays.
Photo ci-dessous : Le nouveau pole gastronomique de la calle Bolivar (2021).
Les transformations du quartier sont les suivantes :
- Les commerces de ventes de produits purement touristiques à San Telmo (cuirs, mate, dulce de leche, souvenirs) ont presque totalement disparu.
- Les casas de cambio, il y en avait quelques-unes, ont totalement disparu.
- Les cafés de la Plaza Dorrego (peut-être un peu trop touristique et surtout les plus chers du quartier) ont fermés (comme le Café Dorrego) ou essaye de survivre comme ils peuvent. Autre secteur touché, la cuadra de la calle Chile située entre Defensa et Balcarce (vous savez, la ou se trouve le banc de Mafalda), trop touristique aussi, le public porteño n'a pas suivi.
- La jeunesse argentine sortant dans les cafés délaisse donc l’axe Defensa et Dorrego pour se concentrer plutôt sur ceux de la calle Bolivar (moins chers), plus branchés et onda hippie, alter-mondialiste. En gros, la « Plaza Dorrego et calle Defensa » même aujourd’hui desertées sont trop cataloguées dans l’inconscient porteño « Pour les touristes » donc se rabattent sur d’autres rues offrant repas et boissons moins chers.
- Maintenant la tendance est donc sur la Calle Bolivar et les rues Carlos Calvo, Estados Unidos voire Chile mais entre Bolivar et Peru.
- L’autre axe, devenu aussi piéton depuis 2020 pour pouvoir offrir des propositions gastronomiques, est l’Avenida Caseros, cuadra entre Defensa et Bolivar. Plus chic, pas le même public et prix un peu plus élevé que sur Bolivar.
- Presque tous les hostals, auberges de jeunesse de San Telmo ont fait faillite. La grande question pour 2022, c’est s’il y aura assez de public « étudiants étrangers » pour les voir rouvrir sous d’autres enseignes.
- Le marché des locations temporaires c’est écroulé, les propriétaires ont le choix de louer à des Porteños (meublés ou vides au prix réel actuel mais en pesos) ou de mettre leurs biens en vente. Comme les offres de vente dépassent les demandent d’achat, le prix au m2 en vente baisse aussi.
- En exemple, un appartement meublé de 50 m2 est en septembre 2021 offert en moyenne à 60.000 ars par mois (charges comprises) soit 280 euros par mois contre 1000 euros avant la pandémie. Avec une chute des prix aussi importante, les hôtels doivent suivre et les auberges de jeunesses doivent proposer des prix tellement bas que la question de la rentabilité d’ouvrir une auberge de jeunesse à San Telmo est posée.
Photo ci dessous : La calle Bolivar piétonne en 2021.
Conseils du Petit Hergé :
Nous attendons 2022 avec impatience pour voir comment évoluera le quartier.
Les touristes reviendront de toutes façons pour voir le marché de San Telmo le dimanche, mais rechercheront ils encore à s’y loger ?
Si vous pensez venir à Buenos Aires et vous loger à San Telmo en 2022, je vous recommande de voir sur place, surtout ne payez rien d’avance via internet avec votre carte VISA (débitée en euros) mais payer cash en pesos après avoir changé au taux parallèle. Vous avez du choix, tout est vide, inutile de se précipiter.
Si vous avez des questions, vous pouvez prendre contact avec moi sur : petitherge@hotmail.com
A lire aussi sur Buenos Aires :