Dernière mise à jour : 23 septembre 2021. #Média. 

 

Quino, le papa de Mafalda :

 

Voilà que Mafalda vient de fêter ses 50 ans !

Déjà ? Mais oui ! Vous ne connaissez pas Mafalda ? Voyons ! Ce personnage de bandes dessinées créé par Quino en 1962, mais qui ne fut publié pour la première fois qu’en septembre 1964 dans la revue « Primera Plana ».

C’est pour cela d’ailleurs que Mafalda a deux anniversaires, certains veulent se rappeler de la date de création du personnage par Joaquin Salvador Lavado dit « Quino » en septembre 1962, et d’autres celle de la sortie de cette petite fille espiègle mais tellement politisée, de ses cartons à dessins pour apparaître au grand jour en dernière page de cette revue, toute aussi politisée, deux ans plus tard !

Un second article sur Mafalda : Mais qui est Mafalda ?

Photo ci dessus : Inauguration du banc de Mafalda dans le quartier de Montserrat avec son papa Quino en août 2009. Dessin ci dessous : Quino par lui même. 

 

Mauvais à l’école et bon en dessin :

 

Joaquin, le dessinateur est né à Mendoza en 1932, mais comme il avait déjà un oncle se prénommant comme lui (Joaquín Tejón et dessinateur publicitaire), toute sa famille lui avait donné le surnom de Quino.

Détestant l’école, tout comme son autre personnage « Felipe » accompagnant Mafalda, ce n’est pas son niveau scolaire qui pouvait le motiver à vouloir décrocher un diplôme quelconque.

Il faut dire qu’il passait son temps à dessiner au fond de la classe… « Ce n’est pas comme ça que vous allez réussir dans la vie…. », bref plus impressionné a lire ce qui sortait toutes les semaines dans « Rico Tipo » que dans ses livres de math, il n’avait qu’une idée … faire aussi, comme on dit ici, des « historietas » (traduisez BD).

Pas très sérieux tout ça ! A l’age de 12 ans il quitte l’école pour s’inscrire à l’école des Beaux Arts de Mendoza, et à 17 ans l’abandonne pour vouloir voler de propres ailes et réaliser son rêve et devenir « dessinateur ».

Nous sommes au début des années 50, c’est l’explosion de ce qu’on appellera plus tard le 8ème art et le voila parti pour la « Capitale », pour prouver à sa famille qu’il est après tout capable de quelque chose !

Il s’accroche à son rêve en ce début 1950 et revient à Mendoza après cette tentative d’installation infructueuse en 1951. Il ne s’avoue pas battu pour autant.

C’est en 1954 après son service militaire qu’il s’installe définitivement à Buenos Aires.

 

Vidéo ci-dessous : Quino 1932-2020. (2020)

 

Dessin ci-dessous : Humour de Quino.

 

Buenos Aires 1950, royaume des historietas :

 

Buenos Aires regorge dans ces années 50 de revues hebdomadaires de tout type, et il est habituel, de trouver en « contratapa » (dernière page), ou en avant dernière page, une rubrique consacrée aux « tiradas », petites histoires dessinées en 4 ou 5 cases.

Jamais sérieux, quelque fois vulgaires, ou sans humour, mais les quotidiens et hebdos ont l’habitude de les publier, car le "Porteño" en est friant.

Ça se bouscule donc au portillons de chaque rédaction, c’est une nuée de jeunes dessinateurs se trouvant tous spirituels et artistes qui essayent en permanence de montrer leurs dessins avec la ferme illusion de pouvoir décrocher un contrat qui pourraient faire parler d’eux (et bien souvent remplir leurs assiettes).

Quino fait partie de ces dizaines « d’artistes », il réussit à vendre quelques planches de ci de là, qui le maintiennent la tête hors de l’eau sans pour autant le rendre ni célèbre et encore moins riche !

La première planche sera publiée dans l’hebdo « Esto es » et il publiera ainsi ses historietas dans « Vea y Lea », « Leoplan », « TV Guia », « Panorama » ou « Atlantida ».

 

Vidéo ci dessous : 8 curiosités entre Quino et Mafalda (2020). 

 

Dessin ci-dessous : Mafalda,la petite "Porteña" espiègle.

La famille type argentine des années 60 au prise avec le modernisme électro-domestique :

 

Persévérant, c’est un de ses amis, Miguel Brasco qui fait appel à lui pour lui confier le graphisme d’une publicité ventant les produits électro-domestiques « Mansfield ».

C’est le début des années 60, on veut une « réclame » amusante, montrant une famille type porteña au prise avec justement le téléviseur, frigo et aspirateur de chez « Mansfielf » !

Il doit faire rire, un jeu de mot, un clin d’œil…. Bref ça passe chez le commanditaire et passe aussi chez le public ! C’est le début de « l’esprit Mafalda ».

C’est de suite le succès, puisque Quino arrive à vendre sa « famille » à « Primera Plana » en septembre 1964, « 7 dias » et mieux encore au quotidien « El Mundo ».

On compile ensuite quelques "historietas" pour un faire un recueil à part entière chez Jorge Alvarez Editor puis ensuite aux Ediciones de la Flor (encore publié chez eux de nos jours).

Il devient enfin connu et reconnu en Argentine mais aussi dans toute l’Amérique Latine et enfin en Europe.

L’Italie est le premier pays européen qui le publie et aussi qui le traduit. Il a l’habitude d’y aller souvent et encontre Umberto Ecco qui signe la présentation de son premier livre en italien en 1969 : « Mafalda la contestataria ».

En 1971, c’est au tour de l’Espagne de le publier toutes les semaines dans « El Triunfo ».

 

Vidéos ci dessous : les chapitres 82 à 104.  

 

 

Dessin ci-dessous : Autoportrait de Quino.

Fin de la BD pour Mafalda mais début des dessins animés :

 

De la bande dessinée aux dessins animés il n’y a qu’un pas, et Mafalda le franchit en 1972 pour travailler sur une première série.

L’inspiration commençant à lui manquer. Quino décide d’arrêter le personnage de Mafalda le 25 juin 1973 exactement, date de la dernière publication d’une nouvelle histoire de la terrible petite fille.

Quand, en 1976, Videla et ses amis militaires prennent le pouvoir, il quitte le pays avec sa femme Alicia pour se réfugier en Italie à Milan, où vivent un bon nombre de ses amis.

Si plus aucune nouvelle histoire de Mafalda n’est publiée depuis 1973, le personnage continue tout de même à vivre, à travers de nouvelles compilations, mais aussi de dessins animés comme ceux de la série « Quinoscopios » dirigé par le cubain Juan Padrón qu’il aura rencontré au début des années 80 lors d’un festival du film de la Havanne.

A la fin de la dictature argentine, Quino revient s’installer en Argentine. « Quinoscopios » verra le jour en 1985, et Mafalda reprendra vie ainsi pour la télévision pour quelques années, jusqu’en 1988. 

Une dernière série de 104 chapitres de 1 minute montée en 1991 reprendra tous les personnages de Quino. Depuis, Mafalda n’a jamais repris de service en tout cas sur de nouvelles histoires, mais n’en demeure  pas pour autant absente de tous les cœurs des argentins et surtout de son Papa Quino qui continue à dessiner d’autres personnages.

 

Dessin ci-dessous : "Comment ça, vous ne voulez plus ramer ! Vous m'étonnez Fernandez ! Sommes nous oui ou non dans le même bateau ?"

null

 

 

Le 30 septembre 2020 : 

 

Le 30 septembre 2020 après avoir été hospitalisé pour un AVC, à l'âge de 88 ans, l’Argentine apprend avec douleur la mort de Quino.  La veille avaient été célébrés les cinquante-six ans de la première publication de son œuvre la plus emblématique, Mafalda

Quino se déplaçait déjà en fauteuil roulant et souffrait de problèmes de vision dus à un glaucome diagnostiqué il y a dix ans. Il n'avait jamais eu de chance avec sa santé. Au cours des années 1990, il a subi six opérations chirurgicales en seulement 10 ans. En 2006, il arrête de dessiner régulièrement. En 2019, il était presque aveugle.

La mort en septembre 2017 d'Alicia Colombo, sa compagne éternelle, sa représentante et déléguée générale pour le monde, d'un an son aînée, a coïncidé avec son stade de déclin physique plus prononcé ; il quitta Buenos Aires en novembre de la même année et retourna dans sa Mendoza natale ; toujours pris en charge par la famille proche et les amis.

Alicia et Quino ne voulaient pas avoir d'enfants. Le grand génie de l'humour était très pessimiste à ce sujet : "Ça aurait été une mauvaise chose d'amener quelqu'un ici sans lui avoir demandé", a-t-il déclaré à EL PAÍS en 1990, après trente ans de mariage.

 

A lire aussi sur Buenos Aires :

 

      

Retour à l'accueil