Article écrit le 03 février 2021. #Actualité.

Fermeture du Bodegon de la Boca « El Obrero »

 

Le bodegon « El Obrero », le dernier du quartier de la Boca, ouvert sur Caffarena 64 depuis 70 ans vient de décider de fermer définitivement ses portes ce 1er février 2021.

Le Bodegon avait fermé en mars 2020 en raison des restrictions causées par le Corona et après 8 mois de fermeture, les nouvelles  directives de la ville de Buenos Aires lui avait permis d’installer 5 des 20 tables habituellement dressées.

Et pourtant après 4 mois à ce rythme ralenti, il fallait se rendre à l’évidence.

Une histoire de famille depuis 1954 : 

 

Fondée en 1954 par Marcelino Castro, le classique  Bodegon Boquense  « El Obrero » n'a pas pu faire face à la crise du Corona  qui a déjà conduit de nombreux restaurants dans toute la ville à fermer leurs portes.

Les 3 frères et sœur, Silvia, Pablo et Juan Carlos Castro, fils du fondateur Marcelino, avaient déjà annoncé à la fin de l'année 2020 que les chiffres d’affaires ne suffisaient plus à maintenir l’établissement.

Mais ce n'est que ce dimanche qu'ils ont décidé le cœur lourd de baisser la persienne.

Un écriteau accroché sur la façade annonce « Fieles comensales: les queremos comunicar que, a partir del 1 de febrero de 2021, El Obrero se encontrará cerrado por tiempo indeterminado “

 

 

Une ambiance foot et des escalopes : 

 

Bono, Susan Sarandon, Francis Ford Coppola, Robert Duvall. La liste des célébrités qui sont passés al Obrero est directement proportionnelle à l'empreinte que le restaurant a laissée dans le quartier. Mais, il avait aussi une clientèle de voisins, de travailleurs, de curieux. Comme le photojournaliste Amílcar Orfali, qui a vanté les célèbres escalopes des lieux.

« El Obrero » c’était même plus qu’un Bodegon, c’était aussi l’ambiance, les chemises de football accroché aux murs et au-dessus de la salle, un lieu unique dans un quartier qui respirait la culture populaire, les conventillos et l’émigration.

El Obrero a toujours été une fête, trouver une table était une tâche ardue. Tout le monde venait manger beaucoup comme on sait manger dans un bodegon, ses murs pleins de tableaux noirs présentaient les plats disponibles.

C'était l'un des rares endroits à Buenos Aires où boire la soupe était une cérémonie, la marmite arrivait et elle était servie de table en table. Les plats les plus recherchés étaient la Tortilla española, el guiso de mondongo, la milanesa napolitana con fritas, el albóndigas con puré, el matambre casero con ensalada rusa et les costillas de cerdo.

 

Silvia, la patronne des lieux :

 

L'architecte Bettina Kropf a travaillé à quelques mètres de là, en tant que consultante en patrimoine lors des travaux de La Usina del Arte située juste en face.

Elle se souvient également avec tendresse d'El Obrero:  «La fermeture emporte une partie de mon histoire. Pendant des années, c'était notre lieu de détente, de plaisir pendant que nous projetions La Usina ». Comme le reste de ses habitués, elle est aussi optimiste: «J'espère qu'il ne tardera pas à rouvrir ses portes et nous offrir de nouveau un abri».

Silvia, la femme blonde qui souriait toujours et en bonne hôtesse attentive à chaque détail, a perdu son sourire. «Nous n'avons ni livré ni préparé à emporter car la zone n'est pas une zone de livraison. On ne pouvait pas non plus ouvrir sur le trottoir, ça ne passe pas.

Maintenant on ouvre à midi mais on peut occuper 25% des 20 tables que j'ai, je n'en occupe que cinq.

Ce n’est pas suffisant pour ouvrir chaque matin les persiennes, si en plus il faut compter le coût des employés et de la marchandise qui doit être achetée chaque jour…

Avant, 90 personnes pouvaient entrer, maintenant  seulement une vingtaine.  Il n’est plus possible de couvrir les salaires du personnel ».

Photo : La modeste façade del Obrero. 

Réouverture du 23 novembre 2020 

 

 

El Obrero a toujours été une fête, trouver une table était une tâche ardue.

Tout le monde venait manger beaucoup comme on sait manger dans un bodegon, ses murs noirs de tableaux noirs présentaient les plats disponibles. C'était l'un des rares endroits à Buenos Aires où boire la soupe était une cérémonie, la marmite arrivait et elle était servie de table en table.

Et puis depuis sa réouverture le 23 novembre 2020, le téléphone ne sonnait plus le soir pour faire des réservations.

Silvia, Pablo et Carlos, les patrons des lieux voulaient attendre la réouverture de l'Usina et du musée du cinéma (installés en face) pour espérer un rythme habituel. Ils voulaient passer l'été mais ne purent plus attendre, il fallait prendre une décision difficile.

 

Silvia ne perd pas espoir !

 

«Nous ne voulions pas le fermer car c'est tout pour nous, mais nous sommes en ce moment très découragés, c'est notre pire moment. C'est le moment le plus difficile qu'El Obrero a traversé. Notre père a traversé de nombreuses crises, mais c'est maintenant très difficile. Nous voulions voir si nous pouvions passer l'été et attendre mars et avril », déclarent les enfants de Marcelino.

Une note positive tout de même : Silvia ne perd pas espoir, elle veut penser que même si elle a décidé avec ses frères de ne plus perdre d’argent et de fermer pour le moment, avec le vaccin et le retour du tourisme par la suite, la fermeture ne sera que temporaire. Ils sont propriétaires de la propriété, et donc sans loyer les choses sont tout de même plus faciles à gérer.

En tout cas, nous espérons tous que d’ici quelques mois, les milanesas reviendront sur les tables pour le bonheur de tous !

 

Les conseils du Petit Hergé :

 

Que dire ? Triste, très triste, surtout que ces derniers mois, ce ne fut pas le seul à fermer, j’y étais allé en famille plusieurs fois, ou même accompagnés de quelques touristes qui voulaient connaitre ce lieu sorti d’un autre temps, nous replongeant ne serait-ce qu’un instant dans la Boca d’autrefois.

Il faut espérer que dans quelques mois ou années, l’Obrero renaîtra de ses cendres et en fera encore rêver plus d’un !

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