Quartier de San Cristobal. Buenos Aires
07 mai 2025Mise à jour : 07 mai 2025 / 28 mai 2017. #San Cristobal. #Buenos Aires.
Quartier de San Cristobal :
Le quartier de San Cristobal est presque totalement inconnu des touristes. En raison d’une part de sa taille (un des plus petits de Buenos Aires, 2 km2) mais aussi certainement parce qu’il ne compte pas d’édifices prestigieux ni d’établissement administratifs importants.
C’est avant tout un quartier résidentiel, de constructions assez basses (en dehors des grands axes) et ayant pourtant une des densités de population les plus hautes de la ville.
Cette densité (24.000 hab/km2) s’explique justement parce que le quartier ne compte pas d’immeubles de bureaux, administratifs, d’hôtels ou de grands espaces verts. Le seul espace vert du quartier est la Plaza Martin Fierro.
Alors pourquoi parler d’un quartier qui n’a rien d’époustouflant aux yeux d’un touriste ?
Peut être justement parce que ce n’est ni un quartier administratif, ni un quartier touristique, c’est tout simplement un quartier des plus « typiques » (comme le touristique cherche souvent) dans lequel on trouve seulement des Porteños des plus classiques (petite classe moyenne) vaquer à leurs occupations quotidiennes.
Autre intérêt, en dehors des grandes avenues, le quartier a gardé ses immeubles de 1890-1910.
Comme toujours, n’hésitez surtout pas à apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge
Enfin, sachez que je peux vous proposer une visite de ce quartier excentrique de San Cristobal pour vous en faire découvrir ses secrets.
Autres sujets sur le quartier de San Cristobal :
- A visiter dans le quartier de San Cristobal.
Photo : Ancien Sanatorio de la Empresa de Líneas Marítimas sur la Calle Gral. Urquiza 856.
Rénové, aujourd'hui Escuela Político Sindical "Lorenzo Mariano Miguel". Photo mai 2011.
Photo : La paroisse de San Cristobal
Un peu d’histoire :
Le quartier de San Cristobal est un quartier récent (si on peut dire), il date officiellement de 1869 lorsque l’administration de la ville commença à délimiter tous les nouveaux quartiers de la zone au sud et sud-ouest du centre.
Il n’y a alors qu’un peu plus de 3.000 habitants, mais la grande première époque d’arrivée des vagues d’émigrants (1870-1890) fit passer la population en l’espace de 20 ans à 37.000 habitants (1890).
D’habitat presque rural en 1870, composé en grande partie par des fermes occupant les alentours ; en 1890, le quartier était déjà presque tout urbanisé. L’Eglise date de 1884 et le marché de 1885.
La grande majorité des constructions datent de cette époque (1890-1910) et souvent ne dépassent pas le premier étage.
Il faut attendre les années 1960-1970 pour voir les premiers immeubles s’élever sur les avenues San Juan et Jujuy.
Autre énorme bouleversement dans le quartier est le percement de l’autoroute « 25 de Mayo » en 1980 qui fait sauter le centre de 15 « manzanas » (Pâtés de maisons). Nous étions sous le gouvernement militaire de Videla, et il n’y existait pas encore d’association de défense du patrimoine urbain pour s’opposer à ce désastre.
Il est certain qu’aujourd’hui construire une autoroute en plein centre ville coûterait le poste à plus d’un dirigeant ! Ce projet d’autoroute prend forme à partir de 1976, à une époque où on arrête les « subversifs » facilement et toute atteinte à une décision du pouvoir militaire pouvait aboutir à des arrestations.
Carte : Emplacement du quartier de San Cristobal à Buenos Aires
Au début du XXème siècle, la révolte du 07 janvier 1919 d’ouvriers en grève des ateliers métallurgiques Vasena (installés juste à l’angle de la calle La Rioja et de la calle Cochabamba, actuelle Plaza Martin Fierro) va s’étendre à l’ensemble des autres centres industriels de la ville.
La répression fut sanglante, puisque 4 ouvriers furent tués par la police et l’insurrection dura une semaine. On nomme cette épisode la « Semaine Tragique » (Semana Tragica) ou « Janvier rouge » (Enero Rojo).
Ce fut sans aucun doute le début des luttes ouvrières en Argentine.
Depuis 2005, la quantité d’immeubles croit sur la avenida Jujuy et celle d’Independencia, mais le reste des rues est encore « préservé » et offre un paysage urbain du début du siècle passé.
Photo : La Plaza Martin Fierro, unique grand espace vert du quartier.
Photo : Totalement décalé, ce quartier offre des clichés d'un autre temps.
Le quartier des bazars gastronomiques :
Quelques immeubles, ou boutiques méritent toutefois le détour au fil de votre parcours.
Une partie de ce quartier dans le secteur de l’avenida Jujuy entre Avenida San Juan et Avenida Pavon est le centre des plus grands bazars de la ville (avec un autre secteur situé dans le quartier de Boedo).
Ceux-ci offrent tout ce qui peut exister dans le pays pour la table, pour la gastronomie, et au fil du temps tout ce qui touche de près ou de loin à la restauration.
Que vous soyez professionnel ou amateur, vous voulez acheter ustensiles de cuisine, serviettes, nappes, fours, cuisinières ou autres moules à gâteaux, vous y trouverez votre bonheur.
Buenos Aires est une ville ou les catégories de négoces se regroupent par thème ou par services. San Cristobal est sans nul doute le plus gros centre d’Amérique du Sud où on offre tout ce qui touche à la cuisine et à la gastronomie.
Photos : les bazars du quartier de San Cristobal, un saut dans le temps ! Mais on y trouve tout !
Photo : Le Bazar Casa Greco sur Avenida Garay 2664.
Ancien quartier syro-libanais :
Il faut faire un petit retour en arrière pour comprendre pourquoi ces bazars se sont installés dans le quartier.
Le bazar (terme venant du persan) vient du proche orient et a débarqué en Argentine avec l’émigration syrienne à partir de 1860.
La communauté atteint son maximum de représentants de l’ancien Empire Ottoman dans les années 1897 à 1913. On a pour cela l’habitude de les nommer en Argentine « los Turcos » car ils débarquent au port de Buenos Aires avec ce passeport alors qu’ils ne sont que très rarement turcs mais plutôt libanais ou syriens.
Ils commencent à s‘installer aux limites sud ouest de la ville (a partir de 1860) qui est très peu urbanisé et offre des terrains pas chers. La grosse majorité des syro-libanais débarquant entre 1860 et 1890 sont des gens rustres et souvent analphabètes et trouvent du travail dans les fermes aux alentours de Buenos Aires (une autre province ou s’installent les syro-libanais est celle de Tucuman).
Par contre ceux de la seconde et troisième génération sont passés par le moule de l’éducation argentine et sont donc amenés à occuper des postes avec plus de responsabilités ou même à monter leurs propres affaires.
Photo : Mosquée al sur Alberti 154. Photo 23 octobre 2009.
C’est donc dans les années 1890-1910 qu’apparaissent ces premiers bazars dans le quartier de San Cristobal ou s’étaient déjà établies leur parents (et même leurs grands parents).
Les chrétiens maronites préféraient aller s’installer dans le quartier de Flores, mais les musulmans et leurs bazars préféreraient San Cristobal.
La mosquée Al Ahmad de Buenos Aires ouverte depuis 1986 s’y situe (Alberti 1541), tout comme le centre islamique (San Juan 3051). On estime 1 million de musulmans en Argentine (une très grande partie non pratiquante), la plupart sont installés dans les provinces de Tucumán, La Rioja et de Salta, avec quelques zones de peuplement dans les provinces de Neuquén, Río Negro et de Santa Fe.
Les bazars sont aujourd’hui toujours là ! Certains se sont même développés en chaines ou en franchises à travers le pays (comme Geo). D’autres restent familiaux, et se spécialisent dans des secteurs très précis.
Enfin une petite communauté japonaise, essentiellement descendante d’émigrés d’Okinawa habite le quartier, ce qui permet d’avoir quelques restaurants japonais et de centres culturels japonais.
Photo : Bar Carlito ouvert en 1908 sur Carlos Calvo 2607, et aujourd'hui depuis de nombreuses années fermé, mais garde sa façade intacte.
D'autres bars du quartier tout aussi vieux sont aussi classés, comme le Bar de Cao ou le Bar Miramar.
Les conseils du Petit Hergé :
Profitez d’être du coté de Balvanera ou de Boedo pour vous aventurer dans San Cristobal.
Très facile d’accès, vous avez deux lignes de métro vous y conduisant, la ligne E (stations « Entre Rios », « Pichincha », « Jujuy » et « General Urquiza ») et la nouvelle ligne H (station « Humberto 1° »).
Bien plus intéressant en semaine que le weekend en raison de l’activité commerciale.
Aucun problème particulier d’insécurité. Buenos Aires est grand, donc quartier conseillé à ceux qui sont déjà à Buenos Aires depuis une bonne dizaine de jours et qui ont déjà eu le temps de voir les quartiers dit « touristiques ». Promenade aussi conseillé à ceux vivants sur place et qui cherchent à équiper leur cuisine.
Comme toujours, n’hésitez surtout pas à apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge
Enfin, sachez que je peux vous proposer une visite de ce quartier excentrique de San Cristobal pour vous en faire découvrir ses secrets.
Photo : Vie quotidienne des habitants de San Cristobal,
Une glace à la Heladeria Napoli sur Avenida Entre Rios 1167, toujours en place en 2025, même si la vitrine a été modernisée en 2016 et en 2019.