Mise à jour : 06 mai 2025 / 06 Avril 2014 / 30 juillet 2011. #San Telmo. #Buenos Aires

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Le Marché de San Telmo :

 

Le marché de San Telmo (ou Feria de San Telmo) est, comme son nom l’indique, situé dans le quartier de San Telmo et a lieu tous les dimanches.

A l’origine (1970) installé uniquement sur la place Dorrego, les habitants proposaient directement des articles de vide grenier. Puis au fil du temps (à partir de 1990) il s’est professionnalisé et s’est élargi à la calle Defensa en devenant peu à peu le centre de la brocante et de l’antiquité de la ville.

Devant son succès auprès des touristes à partir des années 2000-2010, la brocante et les antiquités ont disparu progressivement, remplacés par des boutiques proposant des souvenirs et des produits artisanaux aux touristes de passage.

Aujourd’hui (2025) la feria dépasse dans la calle Defensa les limites du quartier et traverse aussi le quartier de Montserrat pour finir Plaza de Mayo.

Comme toujours, n’hésitez surtout pas à apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à   petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge

Enfin, sachez que je peux vous proposer une visite du quartier de San  de Telmo  pour vous en faire découvrir ses secrets.

 

 

Photos : Première Feria de San Telmo en novembre 1970.

 

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Un peu d’histoire :

 

Le premier signe de revitalisation du quartier fut certainement en 1968 l’inauguration du Museo de la Ciudad. L’idée de créer dans le quartier un marché aux puces est bien plus ancienne, mais c’est cette ouverture du musée qui facilita les démarches pour faire prendre conscience à la Ville que ce genre de feria pouvait tout naturellement venir en complément.

La première feria a lieu un dimanche de novembre 1970 et dispose seulement de 30 étalages. Elle est alors administrée directement par ce musée. Montée à la hâte sans budget et sans préparation Jose Maria Peña passe une annonce quelques jours avant dans les journaux Clarin, La Nacion et la Prensa. L’annonce précise alors : « Vous voulez vendre vos vieux objets ? Faites le sur une place, pour information se présenter calle Sarmiento 1551 ».

28 personnes répondent présents, et comme il était convenu avec la mairie d’avoir 30 postes, ce sont les deux sœurs de l’organisateur qui occupent les deux derniers stands.

Si ce style de marché est très commun en Europe et même dans les pays limitrophe comme le Marché Tristán Narvaja à Montevideo et le Marché Perse à Santiago de Chile, ici à Buenos Aires, en 1970 c’est une révolution !

En 3 mois, les 270 stands proposés sont occupés. La Feria début 1971 occupe donc déjà toute la place.

Le système de mise en place n’a pas changé depuis. Les stands doivent tous être montés avant 10h et doivent tous être démontés à 17h.

A ne pas manquer : Tous les ans en novembre, l’anniversaire de la Feria durant lequel tous les exposants doivent se déguiser !

 

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Photo : Les derniers brocanteurs se trouvent Plaza Dorrego. 

 

Des brocanteurs aux artisans :

 

La Feria de la Plaza Dorrego est protégée par l’association qui s’en occupe, et seuls les brocanteurs ont le droit d’y installer un stand le dimanche.  

Devant le nombre de visiteurs en augmentation, la ville de Buenos Aires croyant bien faire au début des années 2000 ferme la rue à la circulation le dimanche, ce qui a provoqué l’afflux (pour ne pas dire une invasion) de « manteros », ceux qui mettent une « manta » (une couverture) à même le sol pour y placer les produits qu’ils ont à vendre.

Dans un premier temps la ville à laisser faire, puis devant la confusion de ceux qui vendaient du « made in China », des maillots de foot contrefaits, et ceux qui vendaient tout de même du véritable artisanat, il fallut quand même intervenir et placer quelques règles élémentaires.

Il faut dire que même les artisans locaux (vendant objet en bois, colliers, tissus et autres matés) bien qu’illégaux aux yeux de la loi faisaient aussi la chasse aux vendeurs à la sauvettes de tout ce qui n’était pas « fait main » (objets importés, plastique, lunettes de soleil, etc…).  

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Photo : En février 2019, de nombreuses association d'artisans protestent pour obtenir un espace d’exposition. 

 

A cela vous rajoutiez les habitants de la rue et du quartier regroupés en association se plaignant de l’invasion de la rue, du bruit et des rixes entre vendeurs, et nous avions une situation explosive ! La ville voulut aussi en 2008 piétonniser la rue toute la semaine et se fut un lever de bouclier de ses habitants qui réussissaient à faire reculer les autorités.

Une des premières mesures fut d’interdire tout vendeur ne vendant pas leur propre production, ce qui du jour au lendemain avec l’appui de la police de Buenos Aires permit de chasser tous les revendeurs de babioles en plastique.

Cependant l’afflux de nouveaux « artisans » les remplacèrent et la rue Defensa se trouvait toujours totalement envahie les dimanches de couvertures aux sols.

Certains artisans commencèrent aussi à se regrouper par associations (Comme la cooperativa Adoquín) pour faire valoir leurs droits aux autorités de la ville à leur trouver un espace et de les reconnaître officiellement comme « artisans ».

Ça sera une longue lutte entre de nombreuses associations d’artisans (se faisant aussi la guerre entre elles, pour avoir les meilleurs emplacements) et les autorités de la ville qui paraissaient à l’époque complètement dépassées.

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Photo : Affrontement entre artisans et police en 2019 lors de la Feria de San Telmo

 

Le moment le plus extrême arrivera en 2019, quand la police et les artisans en viendront aux mains. Il aura fallu véritablement une épreuve de force pour que tous arrivent à se mettre d’accord et à donner à chacun des espaces d’exposition.

2020 c’est l’arrivée du Corona qui ferme le pays au tourisme international pendant 2 ans, c’est un choc qui met en évidence que la Calle Defensa ne reposait plus que sur le tourisme international, et n’intéressait plus ni les habitants de San Telmo, ni ceux de Buenos Aires, ni même les provinciaux de passage dans la capitale.

On peut tout de même reconnaître que le Corona arriva aussi à temps pour calmer tout le monde, et donner aux autorités le temps de redistribuer l’espace aux artisans et de mettre en place une nouvelle charte avec eux.

 

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Photo : Même à l'intérieur du Mercado de San Telmo, les franchisés commencent à marquer leur territoire. 

 

La nouvelle donne (2021-aujourd’hui) : l’empire des franchisés

 

Le San Telmo, la Mecque des antiquaires de Buenos Aires, n’existe plus. Il faut se faire une raison.

Des 600 antiquaires de la grande époque (1990-1995) présents aux alentours de la Plaza Dorrego et de la calle Defensa, il n’en reste plus que 140 en 2004, et aujourd’hui en 2025 une cinquantaine, presque tous calle Defensa, dans le Mercado de San Telmo (le marché couvert), et quelques-uns sur calle Bolivar. Il faut se rendre à l’évidence, nous changeons d’époque.

Les stands d’antiquaires qui avaient phagocyté le Mercado de San Telmo (le marché couvert) dans les années 90, poussant hors du marché les étaux des bouchers, poissonniers et autres vendeurs de 4 saisons, se font à leur tour mettre à la porte par les stands alimentaires de restauration rapide, bars et restos et franchisés essentiellement tournés vers le touriste.

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Photo : 2018 : Arrivée de Burger Market dans le Mercado de San Telmo.

 

Plus grand-chose de « typique » dans l’édifice du marché couvert, c’est surtout burgers à chaque coin d’allée.

Donc vivons notre époque, et acceptons le changement, maintenant le Mercado de San Telmo c’est d’abord et surtout pour le touriste de passage et c’est avant tout Burger & Co. (Histoire de ne surtout pas changer les habitudes des étrangers en visite dominicale) et dans la calle Defensa, les antiquaires ont plutôt céder la place à :

  • Des franchisés de marque de Fringues un peu bobo ou cuir comme Dekaye, Fausto, Isadora, Jessica Kessel Shoes, Juanita Jo, Jota, etc…
  • Des franchisés de vente de Dulce de leche pour touristes, comme La Vaca Lechera, ou Dulce de Leche & Co.
  • Des franchisés de magasins de souvenirs, comme « I love Gifts » ou Argentina Gifts,…
  • Des Franchisés de pizzerias, de bars à bières et des glaciers comme La Continental, Freddo, Cerveza Baum, Mostaza, Havanna, Iceland, Starbuck’s, Frigor, Lucciano's…. qui ont en dix ans remplacé tous les petits bars de quartier indépendants.
  • Et enfin pour terminer en beauté, les casas de cambio et agences touristiques comme Tangol.

En un mot, dans la calle Defensa vous retrouvez aujourd’hui les mêmes enseignes que dans un mall.

 

Photo mars 2025 : Deux franchisés côte à côte.

Un local de la chaîne de fast food Mostaza ouvert en 2020 remplaçant un antiquaire et Lucciano's autre franchise de glacier ouvert en février 2025 remplaçant un bar de quartier.

 

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Photo : Les feriantes et leurs stands dans la calle Defensa un dimanche d'avril 2024. 

 

Le dimanche, l’invasion des « feriantes » :

 

La ville de Buenos Aires a autorisé après la fin du passage de notre ami Corona aux 2.200 « artisants », (oui vous avez bien lu !), le droit de disposer d’un stand uniquement le dimanche avec une patente et un emplacement fixe déterminé.

Pour cela dans la nuit de samedi à dimanche, le gouvernement de la ville met en branle toute une armée d’employés municipaux qui arment les 2.200 stands métalliques des deux côtés de la chaussée de la calle Defensa (large de 8,66 m, interdite à la circulation) entre la Plaza de Mayo et la Avenida San Juan sur 1400 m, en laissant un passage pour les touristes entre les deux lignes de stands de 1,80 m à 2m.

Dans ce long ruban de 1400 m et de 2 m de large viendront donc s’entasser les 20.000 touristes qui se déversent dans la rue chaque dimanche.

Les stands ont le droit de vendre entre 9h du matin et 18h30. Puis au petit matin du lundi, de nouveau les employés municipaux viendront à nouveaux démonter les stands.

Comme la rue Defensa n’est pas assez longue entre le bloc des 100 et le bloc des 1100, il y a eu depuis dérogation pour allonger de 400 m les surfaces d’exposition dans la rue Defensa entre les 1200 et les 1400, rattrapant donc une autre feria qui est celle de la Plaza Lezama. Et aussi acceptant de monter des stands sur Humberto Primo 300 et 400, et San Lorenzo 300.

Depuis 2022, la Feria dite de San Telmo (mais qui commence en fait maintenant à Montserrat) s’organise donc de cette manière.

Photo : Un dimanche, la calle Defensa lors de la Feria de San Telmo

 

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Photo : Stand de brocanteurs en 2011

 

Le plus et le moins de la feria de San Telmo :

 

Commençons par le plus :

  • Les artisans, les brocanteurs, et la police ne se tapent plus dessus. (C’est déjà un avantage énorme)

 

  • Il y a maintenant une heure de début et de fin, donc les horaires sont mieux définis.

 

  • Chacun a exactement le même stand, donc plus un seul jaloux ! (Maintenant il y en quand même sur les emplacements, car plus de touristes sur certaines cuadras que d’autres et ça en énervent quelques-uns !)

 

  • Plus de couvertures par terre, ça fait donc de suite un peu moins anarchique et crapouillot.

 

  • Pour le touriste, l’ambiance est festive (quelques fanfares et musiciens de rue) et peut trouver quelques souvenirs pas trop chers à rapporter aux amis et à la famille pour les punir.

 

Le moins :

  • Les habitants de la calle Defensa sont excédés par le bruit dans la nuit de samedi à dimanche et du dimanche au lundi quand les employés municipaux et leurs camions arrivent pour monter les 2.200 stands. Ces mêmes habitants ont de plus pendant toute la journée du dimanche la foule qui envahit leurs rues, et avec l’ouverture des bars a bières, certaines cuadras sont même entre le vendredi soir et le lundi matin devenues invivables. De nombreux habitants décident de déménager chaque weekend et certains déménagent même définitivement.

 

  • En semaine, le touriste aura l’impression d’être dans un Mall de la « croisière s’amuse » (les mêmes enseignes de franchises que dans la calle Florida) et un sentiment d’être entre soi, puisqu’il n’y a QUE des touristes, si vous vous cherchez des amis français, vous en trouverez ! Si vous cherchez des Argentins, vous n’en trouverez pas !

 

  • Le Dimanche, c’est Carnaval, donc une sorte de saturation vous envahira peut-être au bout d’une heure à force de voir toujours les mêmes produits de stand en stand (Le bock Mafalda, J’aime Maman, Buenos Aires, l’Argentine, la tête de Messi, de Maradona, de l’Eternauta, du Pape et tout autre variante de bon ou mauvais gout). Je parle Bock, mais c’est tout aussi valable pour les T-shirt, Bob, chapeau, tablier, écussons, stickers, bracelets, ……. L’imagination ne manque pas !

 

  • Comme il y a 20.000 touristes occupés à regarder les stands en se bousculant, c’est donc aussi le dimanche le haut lieu de rendez vous de tous les pickpockets de Buenos Aires. Je pense qu’en une seule journée, ils gagnent plus que les 6 autres jours de la semaine.

 

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Les conseils du petit Hergé :

 

Je vous étonnerai quand même en vous disant qu’il faut tout de même y aller !

En semaine, bien moins de monde (le lundi c’est même désertique) et vous pourrez véritablement découvrir à la fois la calle Defensa, le Mercado de San Telmo et le reste du quartier. Bien entendu n’achetez rien dans les boutiques, vous ne paierez pas le produit mais plutôt la location du m2 du magasin. Si vous voulez acheter vraiment quelque chose, allez dans les autres rues limitrophes (comme Bolivar, Peru ou Balcarce par exemple). Pour déjeuner, de même, surtout ne consommez pas calle Florida mais dans une autre rue du quartier !

Le dimanche, c’est la feria ! Allez-y aussi, plutôt en matinée car à partir de 13h c’est irrespirable. Sachez que vous n’êtes pas dans le monde réel, mais plutôt dans un carnaval de bruits, de bousculade et de musique, donc laissez-vous enivrer et participez à la folie.

Bien entendu, n’y allez pas avec vos sacs, sinon on s’occupera de les visiter !

Pour les achats le dimanche, quelques babioles peuvent y être achetées, mais vous trouverez les mêmes articles dans les autres ferias de la ville pendant le weekend comme celle de Recoleta par exemple.

Commencez la rue Defensa, du coté de la Plaza de Mayo pour la terminer Plaza Dorrego. S’il fait beau ça vaut le coup, s’il pleut pensez à aller visiter autre chose.   

Bref, c’est dimanche, faite vous plaisir…c’est la fête !

 

Comme toujours, n’hésitez surtout pas à apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à   petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge

Enfin, sachez que je peux vous proposer une visite du quartier de San  de Telmo  pour vous en faire découvrir ses secrets.

 

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Photo : La marionnette préférée de Guillermo, El "Borracho". Qu'on a pu voir chaque dimanche entre 2005 et 2015. 

 

 

Bonus : 

En Bonus, je vous ai joint quelques photos de la feria des années 2000-2010, quand il y avait encore quelques personnages haut en couleurs présents tous les dimanches.

Photos extraites du premier article que j'avais écrit sur le sujet en 2011. Ceux qui ont connu à cette époque la Feria de San telmo seraient surpris de la revoir aujourd'hui ! 

 

    

Photos : En 2011, le guitariste Gustavo Margulies, les statues vivantes, la femme orchestre (2004) et les infatigables danseurs de tango, Leonardo et Uliana (2014)

    

 

A lire aussi sur San Telmo : 

- Le quartier de San Telmo.

- L'historique du quartier de San Telmo.

- Bar El Federal de San Telmo.

L'Eglise de San Pedro Telmo.

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