Tandil (Province de Buenos Aires)
16 juin 2015Dernière mise à jour : 12 octobre 2021. #Province de Buenos Aires
Tandil :
Tandil, petite ville de 120.000 habitants située à 375 km au sud ouest de Buenos Aires, a essentiellement une activité agricole et d’élevage, mais a pu au fil du temps se développer touristiquement grâce notamment à la Sierra (chaîne de montagnes basses).
Les principales attractions de la région sont Le « cerro Centinela », le « Parque Independencia », le « Calvario », la « Piedra Movediza », et le « Lago del Fuerte ».
Tandil se trouve à seulement à 170 km de Mar del Plata en passant par Balcarce avec des collines l’entourant atteignant les 500 m d’altitude.
La population croit très rapidement passant de 45.000 hab en 1960 a 91.000 en 1991 pour arriver en 2010 à 120.000.
Comme la plupart des villes de l’intérieur de la province, Tandil est peuplé essentiellement de descendants d’italiens, de Basques Français et d’Espagnols arrivés vers 1865-1895, mais il est à noter une particularité qui est l’installation de la première colonie danoise du pays en 1847. Il existe toujours des descendants Danois luthériens à Tandil.
Photo ci-dessus : La ville de Tandil au milieu de la Sierra.
Photo ci-dessous : Les alentours de Tandil. Point de départ de découvertes et d'aventures. (Cliquez pour agrandir).
Un peu d‘histoire :
« Tandil » vient du nom d’un indien qui vivait dans la région, mais on dit aussi qu’une des rivières du voisinage portait le même nom (ce qui n’empêche ni l’un ni l’autre).
Mais d’autres historiens vont plus loin en épluchant le lexique des langues mapuches ou araucaniennes et soutiennent que « dil » signifie rocher alors que « tan » (prononcer : thaun) signifierait battre (comme un cœur), en référence bien sur à un rocher branlant (la Piedra Movediza) se trouvant dans le Massif de La Movediza.
Jusqu’en 1820, aucun européen n’ose s’aventurer dans la région, il faut dire que les mapuches ne portent pas dans leur cœur l’Espagnol, et doivent surement ignorer que le pays est indépendant depuis 10 ans.
Espagnol, « Platense » ou « Argentin », le résultat est souvent le même des deux cotés après un massacre ou un guet-apens. Des campagnes successives pour réprimer et repousser les indiens sont entreprises, et un fort en bois est monté en 1823 du nom de « Fuerte Independencia ».
Ce fort sera l’origine du futur village. Les indiens les plus virulents seront les indiens Pampas et les indiens Ranqueles qui s’évertueront à, si ce n’est repousser les argentins, tout du moins les attaquer constamment, détruire les récoltes, les estancias et les forts et cela jusqu’en 1875 (année de la dernière attaque contre Tandil).
Ce qui explique que les colons européens venant s’installer dans la région dans les années 1840-1850 étaient plutôt des « aventuriers ».
Photo ci-dessous : Ecole avec enfants de la colonie danoise.
Les premiers colons :
Quelques-uns de ces premiers colons furent portés en exemple par leur bravoure et leur esprit aventurier ou d’entreprise, car sur une terre ou il faut se défendre soit même, monter sa maison, fabriquer, semer ou récolter avec la crainte de tout voir incendié par l’Indien le lendemain, sans parler de réussir à survivre et à protéger sa famille, il fallait en effet une bonne dose d’optimisme et une force de caractère à travailler et reconstruire sans cesse.
C’est le cas de Ramon Santamarina (Espagnol) arrivé à Tandil en 1840, il a commencé comme simple « peon » (ouvrier agricole), puis acheta chevaux et charrettes et monta peu à peu un empire financier sur le transport. Son fils par exemple termina président de Banco Nacion. Belle progression sociale ! Il se suicidera tout de même en 1904.
Photo ci-dessous : Temple Luthérien de Tandil.
L’autre « héros » de la ville est le Danois Hans Fugl (rebaptisé Juan Fugl par les autorités argentines). Né en 1811, arrive en Argentine en 1844 (âgé de 33 ans).
Apres quelques péripéties d’installations avec des colons allemands à Buenos Aires et au nord de la province, finalement arrive à Tandil en 1847.
Ce fut le premier agriculteur de la ville, en effet à l’époque il n’y avait que des braconniers, gauchos à cheval pour le bétail, et autres hommes de mains à la profession plus que douteuse.
Comme il commença à construire sa maison et sa ferme dans le pur style danois, il fut vite connu, car des alentours on venait voir ses constructions !
D’autres Danois amis vinrent aussi s’y installer, et rapidement la famille Fugl fut la famille la plus riche et la plus connue de Tandil. La première école de Tandil fut un cadeau de Fugl à la ville en 1857. Il construit aussi le premier moulin à grain après être retourné au Danemark en 1858 chercher des plans.
Lorsqu’il revient, en plus des plans de construction qu’il rapporte, ce sont encore quelques autres familles danoises qui le suivent !
Presque toutes s’installent à Tandil et quelques-unes a Necochea et à Tres Arroyos.
Photo ci-dessous : Fête danoise à Tres Arroyos
Entre 1860 et 1870, d’autres Danois arrivèrent, les cousins, les frères, et la famille, puis des épouses pour les célibataires, des amis, et presque tous provenant de l’ile de Møn.
Comme tous ces danois était protestants luthériens et qu’il n’y avait pas de pasteur, c’est Hans Fugl qui présidait baptêmes, mariages et enterrements, jusqu’à demander personnellement au roi du Danemark (Christian IX) de lui envoyer un pasteur.
Finalement le premier pasteur arriva en 1877 et il fallut pour sa venue construire un temple luthérien. Hans Fugl fut même le premier maire de Tandil entre 1873 et 1890, année ou il rentre définitivement à Copenhague.
L’extrême majorité des colons furent tout de même des Italiens, Espagnols et Basques Français, les autres d’autres Français du sud ouest, des Allemands, des Anglais, des Hollandais, quelques juifs d’Europe centrale, et des Syro-Libanais.
Vidéo ci-dessous : Présentation du Tandil touristique. 2014. 9 mn 06 s.
Photo ci dessous : Ce n'est pas Genève, mais le Lac de Tandil. (Lago del Fuerte) (Cliquez pour agrandir).
Une population en augmentation :
La date dont tout le monde se souvient à Tandil et celle du 1er janvier 1872 ou une bande de bandits gauchos (plusieurs dizaines) commandé par un illuminé se disant prophète « Tata Dios » attaqua la ville.
Ce fut le « Massacre de Tandil ». On dénombra 36 morts parmi la population. La bande fut poursuivi par la police le jour suivant, 10 gauchos bandits furent tués, 11 furent arrêtés, jugés, dont 3 fusillés.
La population a toujours été en augmentation constante et rapide. Quand on regarde le taux de fécondité en 1850 on arrive à 8,5 enfants par femme ! En 1895, on baisse (si on peut dire) à 7,9 enfants par femme !
Jusque dans les années 20-30, l’emploi est exclusivement agricole. Il n’y aucune industrie. Quelques carrières de pierres dans les environs font vivre aussi une partie de la population mais en 1940, celles ci ferment les unes après les autres.
La population est ensuite assez importante pour générer en ville des emplois tertiaires. Les autres tentent leur chance à Mar del Plata ou à Buenos Aires.
Une petite métallurgie prend forme dans les années 40-50. Dans les années 70 on ouvre une université à Tandil qui permet à la fois de conserver toute une tranche de population jeune mais aussi de faire venir les jeunes d’autres communes plus petites des alentours.
En 2010, le dernier recensement donne une population de 123.000 habitants (En 2015, on estime à 135.000). Tandil est devenue une petite ville.
Elle fait partie des 10 villes les plus peuplées de l’intérieur de la province de Buenos Aires (sans y inclure les communes de banlieue de Buenos Aires).
Photo ci-dessous : Descente en rappel autour de Tandil. (Cliquez pour agrandir).
Tandil aujourd’hui :
Grosse agriculture tournée sur la production intensive de mais, soja, blé et tournesol. Du coté de l’élevage, vaches laitières, porcs et moutons. On compte dans les 150 coopératives laitières. Avec les porcs et le lait, Tandil est aussi devenu à la fois la capitale du fromage et de la charcuterie (je dis ça pour ceux qui sont gourmands comme moi).
Il y aussi de nombreuses PMI spécialisées dans les pièces de rechange pour le matériel agricole. L’artisanat subsiste encore surtout à travers la fabrication d’objet en cuirs, en laine, et les couteaux.
Le tourisme s’est développé peu à peu dans la ville. En 1935, s’est ouvert le « Sanatorio Tandil » un hôpital et maison de convalescence qui a fait connaitre la ville. Il était installé au tout début dans un hôtel (L’Hotel Crillon).
Les « Tandilenses » sont encore très pratiquants, ce qui explique que les premiers sites d’intérêt touristiques créés en ville furent tous en rapport avec la religion, comme le chemin de croix aménagé en 1943, en 1947 la chapelle Santa Gemma, en 1960 une reproduction de la grotte de Lourdes.
Le parc hôtelier est très important, ils sont fiers de leur tout premier hôtel fondé en 1865 portant le nom de « Hotel de la Piedra Movediza » (toujours debout aujourd’hui devenu le Golden Bar) en relation avec ce rocher de granit posé en équilibre sur le Cerro, qui en fait ne bougeait pas du tout mais donnait la sensation de pouvoir tomber à tout moment.
C’est d’ailleurs ce qu’il se passa en 1913. On venait même de Buenos Aires rien que pour l’admirer.
L’hôtel le plus chic de Tandil fut longtemps le « Palace Hôtel » construit en 1919 et qui en 1971 fut englobé dans l’Université de Tandil. L’ancien bâtiment existe toujours et abrite aujourd’hui le siège du rectorat. L’explosion touristique a surtout eu lieu dans les années 1990. On se déplace de Buenos Aires ou d’autres villes de la province pour y passer un weekend, en cherchant une destination un peu plus originale que Mar del Plata que le Porteño connait déjà depuis longtemps.
Photo ci-dessous : La Centinela, emplacement de Tandil dans la province, la Cathédrale. (Cliquez sur photos pour agrandir)
Vidéo ci-dessous : Installation du Christ de la Sierra en octobre 2014. 4 mn 32s.
Ce qu'il faut y découvrir :
Les principales curiosités à voir à Tandil sont le « Cerro El Centinela », à 4 km du centre ville et qui surplombe le centre urbain de ses 295 m d’altitude. Il y a un rocher en granit que l’on surnomme la Sentinelle (Centinela).
Le Cerro fait partie du système de Tandilia qui a 2,3 milliards d’années. Il existe un télésiège de plus de 600 m de long pour le gravir plus aisément.
A voir aussi le Parc Independencia, aussi un peu en hauteur à 280 m d’altitude. Le portail d’entrée en granit (qui ne manque donc pas dans le voisinage) est devenu le symbole de ce parc.
Dans ce même parc, a été bâti en 1923 le Castillo Morisco. Tandil est aussi fier de son lac, le lago del Fuerte, qui comme son nom l’indique se trouve la ou s’élevait le premier fort construit lors des conquêtes contre les indiens en 1823. Le lac a été aménagé en 1960.
Enfin le « Parque Litico La Movediza” au sud de l‘agglomération pour aller voir la Pierre de Granit qui pesait 300 tonnes. J’emploie le passé puisque ce rocher finit par tomber en février 1912. Le rocher est en bas de la pente cassé en 3 gros blocs (que tout le monde va voir).
La Movediza était « l’icône » le symbole de la ville, et en 2007, il fut décidé d’en faire une réplique exacte pour la remplacer sur son ancienne position. Bref, Tandil a maintenant deux rochers !
Une chose aussi a découvrir est le “Chemin mystérieux” (Camino misterioso) ainsi baptisé car très énigmatique.
En effet une petite rue se termine en sentier dans les collines, et bien qu’il semble que ça soit une descente, il s’agit d’une montée.
La population des lieux l’attribut à une sorte de magnétisme.
Il paraîtrait plutôt qu’il s’agisse d’une illusion optique.
A vous d’y aller et de l’essayer ! Pour le trouver au sud ouest de la ville : -37.341127,-59.088271.
Enfin dernière curiosité, toute récente car inaugurée en octobre 2014, le « Cristo de las Sierras » au sud de la ville, dans le hameau de Villa Don Bosco (touristique, de nombreuses cabañas). Il s’agit d’une statue de Jésus surplombant une colline. Une bonne idée de balade, très agréable.
En centre ville, Tandil regorge de demeures de la fin du XIXème siècle, ainsi que de quelques musées qui mérite le détour, comme Museo Tradicionalista del Fuerte qui date de 1963.
Vous allez tout y trouver concernant la fondation de la ville et les attaques des indiens.
Allez voir aussi le Museo Municipal de Bellas Artes ouvert depuis 1937.
Les deux derniers musées de la ville tout autant intéressants sont le Museo de Arte Religioso, accolée à l’église du Santísimo Sacramento (ouvert en 2002) et le Museo de Ciencias Naturales (nommé Mucinat) pour connaitre la faune et la flore des alentours (ouvert en 2005).
Photo ci-dessous : Parc Independencia. (Cliquez pour agrandir).
Les conseils du Petit Hergé :
La ville de Tandil fait donc partie du circuit des incontournables du sud de la province avec Balcarce, Azul, Chascomus, Pigue, Mar del Plata …
Vous êtes dans la nature, mêler la découverte au sport, c’est aussi dans ces villes que vous pouvez faire des balades à vélo, à cheval, de l’escalade, varappe, descente en rappel.
Toujours plein de plans d’eau c’est aussi le moyen de faire de la voile, canoë, etc…(Je pense plus particulièrement aux étudiants et stagiaires français basés à Buenos Aires !)
Le plus simple, louez une voiture à Buenos Aires et faites un circuit sud de 2 semaines qui va vous amener dans une dizaine de localités. Préférez les mois allant de septembre à mai. De juin à août, froid et souvent de la neige (surtout dans l’intérieur des terres des qu’on dépasse les 200 m d’altitude). Janvier et février, souvent du monde. Donc les mois les plus agréables pour visiter le sud de la province : D’octobre à décembre et de mars à mai.
Vous serez totalement hors des chemins battus et en général sans aucuns touristes étrangers (que des nationaux).
Si vous avez des questions sur ce sujet, vous pouvez poster un commentaire ci dessous pour en faire profiter tous les lecteurs ou alors prendre contact avec moi directement sur : petitherge@hotmail.com
Photo : (Cliquez pour agrandir).
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