Mise à jour : 23 mai 2017. Catégorie Buenos Aires.

La calle des cantinas et de la fête à La Boca : 

 

Aujourd’hui, la calle Necochea n’évoque plus grand chose chez les porteños de moins de 40 ans,... et pourtant !

Elle fut le lieu de perdition, de fête et de carnaval des nuits chaudes de La Boca à partir de 1900 mais surtout entre 1930 et 1980. On la surnommé "la calle del Pecado" (la rue du péché).

La fête aura duré un demi siècle dans cette rue, dans une bonne vingtaine de cantinas qui alors s’accolaient les unes aux autres. Tout était alors prétexte à une fête, un anniversaire, un diplôme, un enterrement de vie de garçon, un mariage, ou un départ à la retraite. On s’entassait les uns avec les autres dans ces cantines d’un autre temps et la fête débutait en début de soirée pour se finir au petit matin !

Aujourd’hui plus rien de tout ça, les cantines se sont fermées les unes après les autres, et la Necochea s’est endormie au début des années 1990 dans ses souvenirs !

 

Photo du haut : Le groupe Los Gatos en 1967 dans la cantina Sparafucile sur Necochea. Le monde de la "Nouvelle vague" vient renforcer le monde de la jet set et des artistes dans les années 60.

 

Au sujet de La Boca :

- Les faux clichés sur le quartier de La Boca (Mai 2017).

Les clichés touristiques nous abrutissent (Mai 2017).

Le quartier de La Boca (Avril 2015).

A visiter dans le quartier de La Boca (Mai 2015).

La Feria du Caminito (Septembre 2011).

Match de Boca à la Bombonera (Octobre 2011).

Video : La Calle Necochea. Reportage Canal 9 26 septembre 2014. 6 mn 24 s.

 
Photo : La calle Necochea dans les années 1970.
 

La Calle Necochea :

 

Dans les années 60 et 70, existaient encore dans cette rue une bonne vingtaine de cantinas plus italiennes les unes que les autres (surtout entre Ollavaria et Brandsen), comme Spadavecchia, La Gaviota, Priano, Rimini, La Cueva de Zingarella, Gennarino, La Barca de Bachicha, Il Piccolo Navio, All’Italia, Sparafucile, La Bella Napoli, Marecchiare, bref on mangeait pates et bife, mixte de cuisine italienne et porteña. Et puis il y a avait aussi El Timón (sous le puente Nicolás Avellaneda); la Munich de la calle Necochea entre Caboto et Blanes, les restaurants El Tiburón, El Pejerrey et El Pescadito et les pizzerías comme Banchero (la plus illustre) sur Brown.

 

Mais attention même dans les années 60, ce secteur de la Boca était déjà une zone très chaude, les bordels des plus sales et immondes côtoyaient le sous prolétariat s’entassant dans les conventillos (pour ne pas dire dans les villas miserias) occupant les centres des « manzanas » (les centres des pâtés qu’on ne voit pas de la rue). Bref la calle Necochea n’a jamais était rutilante, ni en 1880, ni en 1930, ni en 1960 et encore moins en 2015. La seule différence est que le soir, (jusque dans les années 70), le politique correct mais voulant taquiner le coquin se mêlait au docker et aux marins en mal d’amour pour s’envoyer une pizza avant de s’envoyer en l ‘air quelque chose de plus consistant (si vous voyez ce que je veux dire).

Photo : Cantina Priano. Quartier de la Boca. Buenos Aires. Photo 1938.

 

On disait au début du XXème siècle que la calle Necochea était le « cammin vëgio » (ca c’est du génois) pour dire le camino viejo (le vieux chemin), puisque avec l’axe Brown, ces deux rues furent les plus anciennes de la Boca. Le centre de la vie nocturne se situait dans les années 1910 à l’angle de la calle Suarez et Necochea. A l’époque la Necochea c’est une suite ininterrompue des deux cotés de la rue sur plus de 500 m de « pulperías » (Taverne et magasin général), « hosterías » (hotel pour dormir, et hotel pour ne pas dormir), « fondines » (Bar-hotel des plus glauques), et des commerces pour les équipages de bateaux. C’est en 1938, que la mode des cantinas fait son apparition avec la première du type, la Cantina Madre (tenue par Ignacio et Marta Spadavecchia).

 

 

Photo : Soirée assez guindée du Rotary Club dans une cantina de la Calle Necochea. On n'a pas peur de venir se mélanger au monde ouvrier.   

 

A la fin des années 40 et début des années 50, la grande mode des cantinas bat son plein, bon nombre de fondines se reconvertissent en cantinas, et on vient boire et manger et aussi chanter au son des orchestres des plus typiques, mêlant folklores argentins, italiens et tango… Même les riches (surtout artistes et intellectuels) y vont pour être vus et pour montrer qu’on aime se mêler au prolétariat. Ca fait bien dans les années 50 ! Quelques verres (ou plutôt de bouteilles) de chianti italien ou de malbec mendocino pour oublier les classes sociales et se mettre à chanter tous en chœur ! De grandes tablées, car on y venait pour tout y fêter, et tout étaient aussi prétexte à faire un banquet. Un anniversaire, un banquet de fin d’année avec le personnel d’entreprise, l’enterrement de la vie de garçon, un départ à la retraite, un titre universitaire obtenu, ….

 

Photo : Dans les années 70, toujours le lieu de réunion des étudiants et des artistes dans la Cantina Rimini.

 

La fête a duré jusqu'au milieu des années 80. Pourquoi s’est-elle arrêtée ? Allez savoir ! Retour de la démocratie en 1983 ?

Les années Alfonsin et Menem ont tout balayé. Changement de mentalité. On ne veut plus s’encanailler, en tout cas on veut le faire dans un environnement plus « bling bling ».

Les années Menem furent les années Pizza-Champagne, les nouveaux riches veulent le montrer et c’est l’ouverture des premiers restaurants de Puerto Madero en 1994. Il est certain que le cadre pour y faire la fête était bien différent.

 

Photo : Fête d'étudiants en 1981 dans une cantina de la calle Necochea. 

Photo : La terrible inondation de 1993. La calle Necochea  à hauteur du 1200.

 

On se rabat sur d’autres quartiers dans les restaurants de l’avenida Corrientes, de Recoleta, c’est aussi le début vers 1995 de Palermo Viejo. Quant a la fête c’est du coté de las Cañitas que ça commence vers 1998.

A près la terrible inondation de 1993, Necochea n’est plus, Necochea se ferme, se vide et les maisons, immeubles sont squattés, cette partie de La Boca s’appauvrit. Ces inondation mettent un terme à cette époque.

Apres la disparition des marins et des grands bordels vers 1920, la disparition des ouvriers et des petites usines vers 1960, c’est au tour des fêtards et des noceurs de disparaître dans les années 1990.

La dernière cantina à fermer fut, La Cantina Madre en 1993 (L'année de l'inondation), car plus personne n’y venait ! Aujourd’hui il n’en reste qu’une, “Il Picolo Vapore” sur Necochea 1190.

Si vous y allez, allez y uniquement en taxi et repartez aussi en taxi. Même le commissariat n°24 du quartier déconseille vivement aux touristes de ne plus s’aventurer dans la rue (même de jour).

 

Photo : Il Piccolo Vapore en février 2016.

Photo : Premiers travaux de rénovation dans la rue depuis 30 ans. Trottoirs et éclairage.
Les bâtiments restent abandonnés.
 

Le renouveau ?

Voila un beau programme, encore faut il savoir que vouloir et comment le faire !

En tout cas, la municipalité de Buenos Aires a dans ses cartons depuis presque dix ans (2008) des projets de « récupérations » des lieux. Comme on le sait, la revitalisation de cette rue ne se fera qu’avec le retour des commerçants et des restaurants. De son coté la ville de Buenos Aires, peut uniquement mettre le mouvement en marche en s’occupant de la récupération de l‘espace public, c’est à dire de la rue.

Photo : Ancienne Cantina Rimini abandonnée. Les trottoirs viennent d'être refaits.

 

Les travaux ont commencé en 2013, nivellement des trottoirs, certains sont encore à plus de 1 m de la chaussée (comme l’était presque tout le quartier) pour se préserver des inondations. Depuis maintenant presque dix ans, il n’y a plus d’inondation, donc on commence à estomper ces difformités (qui faisaient tout de même le cachet de La Boca). On installe des rampes lorsque le nivellement ne peut se faire.

Et puis autre point important, l’éclairage. Le quartier s’étant en l’espace de 20 ans marginalisé, le problème le plus important de la calle Necochea est l’insécurité. Bien entendu, ce n’est pas le nouvel éclairage LED qui va permettre une promenade nocturne engageante, mais il faut bien commencer par quelque chose.

Le problème le plus important sera certainement de récupérer un à un les immeubles et les maisons, pour déloger les « okupas » (squatters).

La ville de Buenos Aires a dans l’idée de réunir par un sentier touristique (donc hyper sécurisé) le Caminito à la Usina del Arte en passant par la calle Necochea. La question est de savoir en combien d’années l’objectif sera atteint.

 
Carte : les secteurs sécurisées de La Boca.
 
En vert, les secteurs sécurisés et touristiques (façade de la Bombonera, et le secteur du Caminito), dans ce secteur vert vous pouvez y être en toute sécurité avec votre appareil photo.
 
En Orange clair, secteur dangereux, n'y allez jamais seul, mais minimum à deux ou trois.
N'ayez pas de sac sur vous. Uniquement petit appareil photo.
 
En Orange foncé, secteur très dangereux, pour aller voir la calle Necochea. Uniquement en groupe de 4 ou 6 et vous restez toujours groupés. Aucun sac avec vous (tout dans les poches) et uniquement petit appareil photo. 
 
A voir : au (1) Pizzeria Banchero. Au (2) Bar Roma. Au (3) Cantina Piccolo Vapore. 
 

Conseils du Petit Hergé :

 

Totalement en dehors du circuit touristique, et même en zone dangereuse (mais pas de guerre), sachez le.

Si vous y allez, c’est en groupe (au moins 6) plutôt hommes que femmes, si vous faites des photos, uniquement avec un tout petit appareil. Inutile de vous préciser que c’est aussi uniquement en journée que vous y allez. Aucun sac sur soi, je dis bien aucun sac à dos (même petit), n’ayez rien sur vous.

Le secteur est pour autant très intéressant, une sorte de secteur totalement abandonné, post apocalyptique, donc de quoi faire des clichés plus qu’originaux. Surtout si on sait que la ville va commencer à rénover le secteur, donc d’ici 10 ans le quartier aura déjà changé et sera rattrapé par le tourisme.

Photo : La Calle Necochea bloc des 1400 en 1973.

 

Donc profitez-en pour voir ce qu’est le véritable Boca. Pour y aller, préférer y aller via Avenida Brown (1400) et tourner sur Lamadrid (300) pour prendre Necochea sur 3 cuadras (les 1300, 1200 et 1100) ensuite revenez sur Avenida Brow et prenez Brandsen 300 pour revenir sur Avenida Brown (ne vous aventurez pas sur Lamadrid 200, ni Olavarria 200, ni Suarez 200, ni Brandsen 200). Vous pouvez ensuite soit aller manger une pizza à Banchero (Brown 1220) ou prendre un café au Bar Roma (classé) sur Olavaria 409 (angle Brown), soit rester sur Brandsen pour poursuivre vers la Bombonera.

Je suis certainement le premier à vous conseiller d’y aller (mais soyez habillés en conséquence, pas d'accoutrement touristique) , les trottoirs sur cette portion de Lamadrid et de Necochea sont terminés depuis fin 2016.

 

Possible de vous faire visiter le quartier de la Boca, prenez contact avec moi sur : petitherge@hotmail.com

 

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