Mise à jour : 27 septembre 2011. Catégorie : Buenos Aires. Article écrit par Linda Souak.

Museo del Bicentenario de Buenos Aires :

Cage de verre futuriste, en contraste total avec la Casa Rosada qu’elle jouxte, voici ce à quoi ressemble le musée du Bicentenaire a priori. A priori seulement, car une fois entré dans cette antre, le décor devient beaucoup plus doux et agréable.

Inauguré le 24 mai 2011 à dix huit heures précises, voici le dernier musée inauguré à Buenos Aires. Son objectif : retracer deux cent ans d’histoire argentine, de la Révolution de Mai 1810 aux derniers actes accomplis par l’actuelle présidente Cristina F. Kirchner.

C’est d’ailleurs la présidente qui s’est chargée d’inaugurer elle-même les lieux lors d’une cérémonie au cours de laquelle étaient invitées quelques mille personnes de la société de Buenos Aires. A quelques mois des élections présidentielles, susciter la ferveur des citoyens porteños en soulignant les prouesses politiques – y compris les siennes- réalisées au cours des deux derniers siècles n’est pas une mauvaise chose. Car en effet, on notera que beaucoup de recoins du musée rappellent les présidences des époux Kirchner, et surtout leurs succès et leur attachement au peuple argentin.

Du Fort au musée :

L’actuel musée ne doit pas sa situation géographique au hasard. Cet emplacement qui peut parfois étonner le passant ou le visiteur -car le musée se trouve comme éclipsé par le palais présidentiel- recouvre en réalité les fondations de l’ancien fort de Buenos Aires, véritable place forte de la ville depuis 1580. L’emplacement du musée est aussi assimilée à celui de l’ancienne Douane Taylor (du nom de l’ingénieur l’ayant construite entre 1855 et 1857) utilisée jusqu’en 1894 et qui succéda au fort.

Afin de protéger les vestiges de ces sites historiques, des travaux colossaux ont été entamés ; l’Etat a tout de même investi la somme de 17,2 millions d’euros lors de la construction du musée et le résultat est là : tout au long de la visite, il est possible d’admirer les fondations du fort espagnol qui parsèment la longue allée principale ainsi que d’anciens mécanismes énergétiques datant du XVIIIe siècle et conservés à leurs emplacements d’origine.

Il faut savoir que le musée entier se trouve sous le niveau du sol et s’étend sur une superficie de 5000 mètres carrés où sont exposés pêle-mêle œuvres d’art, objets ayant appartenus aux différents présidents et symboles du siècle dernier.

L’atmosphère du lieu est assez particulière et déconcertante ; le décor est certes très moderne, mais on sent et ressent le lourd passé historique des lieux. L’odeur y est pour quelque chose, puisque l’on peut sentir cette humidité que l’on retrouve lorsqu’on se ballade dans une crypte où que l’on visite d’anciennes ruines ensevelies.

  

Photos : Intérieur du musée du Bicentenaire, á droite photo vers 1860 du fort de Buenos Aires sous lequel aujourd'hui est installé le musée.

Dessin : Emplacement de l'actuel musée du Bicentenaire sur un dessin representant la Plaza de la Victoria (actuelle Plaza de Mayo) et ses abords vers 1860.

Vidéo : Visite du Musée du Bicentenaire. (Juin 2011) Canal 7.

Un musée original :

Ce qui fait la spécificité en quelque sorte de ce musée, c’est la diversité des pièces présentées. Déjà au Cabildo, on retrouve bon nombre de vêtements ou autres effets personnels de ceux qui ont fait l’histoire de l’Argentine. Mais ici, c’est encore un peu différent. Le musée répond à un vaste projet. Et quel projet ! Retracer deux cent ans d’histoire, de politique et d’avancées en tous genres simplement en rassemblant des symboles de chaque époque. Et parfois, au milieu de ce grand espace surgissent quelques œuvres d’art retrouvées par miracle comme c’est le cas du très célèbre « Exercice plastique » (1933) du peintre mexicain David Siqueiros. Pour la petite histoire, cette fresque a initialement été réalisée sur le plafond, le sol et les quatre murs d’une cave de la résidence de Natalio Botana (1888-1941) (fondateur du journal Critica et alors ami de Siqueiros). Là où la situation devient cocasse, c’est lorsqu’on apprend que l’unique femme représentée dans cette œuvre se nomme Blanca Luz Brum, qu’il s’agit de l’épouse de Siqueiros mais aussi et surtout de l’amante de Botana). Quoi qu’il en soit, la fresque restera longtemps ensevelie, jugée obscène par beaucoup, jusqu’à ce que le gouvernement Kirchner parvienne à la récupérer afin que cette œuvre colossale fasse partie du patrimoine argentin. Lors de ma visite, j’ai d’ailleurs été impressionnée par le rite quasi religieux qui entourait l’œuvre de Saqueiros : avant d’entrer dans la capsule détenant l’œuvre, une hôtesse m’a gentiment demandé de me déchausser, une fois à l’intérieur un musicien en quête d’inspiration s’est mis à jouer du ukulélé, j’ai vite été transportée.

Une œuvre moins connue, mais qui retient tout autant l’attention est le portrait du franco-argentin Numa Ayrinhac représentant le couple Juan et Eva Peron ; ces portraits ont beaucoup surpris puisque jusqu’à présent les représentations officielles ne faisaient jamais figurer la première dame, et encore moins en tenue de gala.

La trace des présidents :

De l’autre côté, l’allée se divise en petits blocs, chacun racontant une période historique ou un mandat présidentiel. Pour chacun des présidents récents (depuis le retour à la démocratie), on trouve un costume fétiche, un stylo ou un objet lui ayant appartenu. Et au milieu de chacun de ces blocs sont diffusées des vidéos retraçant brièvement la carrière de chacun, ses succès et ses échecs.

C’est donc très instructif pour ceux qui ne connaitraient pas encore l’histoire politique argentine sur le bout des doigts. Ce mémento historique va de l’année 1810 au récent mandat du président Kirchner décédé en octobre 2010. La présidente fait aussi de brèves apparitions au côté de son mari, louant (bien sur) les mérites de sa politique.

Ce musée est donc une sorte de centre éducatif pour les novices de l’histoire argentine. Personnellement, j’ai beaucoup appris sur la période qui a suivi la fin de la dictature et les argentins étant souvent très concernés par la politique et l’histoire de leur pays, il me paraissait important d’en connaître au moins les bases.

Les conseils du Petit Hergé :

  

Le musée est un succès pour ce qui est de son affluence puisqu’en septembre 2011, il a déjà dépassé le million de visiteurs. Certes il est bien placé, juste derrière la Casa Rosada, et de plus bon nombres de groupes scolaires viennent prendre une leçon de kirchnérisme et s’éblouir de l’accomplissement des bienfaits de notre chère Cristina. Si il faut visiter ce musée en prenant garde de ne pas tomber trop vite sur cette vision un peu dirigée de l’exposition des derniers mandats, le reste parait agréable, et surtout permet de pouvoir enfin s’enfoncer au plus profond des entrailles de ce qui fut un de plus ancien bâtiment du Buenos Aires colonial, le fort ! Donc j’applaudis des deux mains et surtout vous invite à y pénétrer pour vous engloutir un moment dans le passé du pays ! A voir donc absolument !

Fiche Pratique :

Adresse : Musée du Bicentenaire, Av. Paseo Colon 100.

 Horaires : Ouverture du mercredi au dimanche de 10h à 18h, entrée libre et gratuite.

Accès : Métro Ligne D (Catedral), Ligne E ( Avenida de Mayo), Ligne C (Diagonal Norte).

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