Calle Florida 737 : Galerias Pacifico (Buenos Aires)
15 déc. 2013Mise à jour : 15 et 16 décembre 2013.
Photos Petit Hergé : A gauche, l'entrée principale de l'avenida Córdoba. Au centre l'angle entre Avenida Córdoba et la calle Florida: A droite, la façade sur calle San Martin juste au niveau de l'angle avec la calle Viamonte. Photos : 27 septembre 2012. (Cliquez sur les photos pour agrandir). |
Emplacement du Bon Marché à Buenos Aires : On choisit tout naturellement la calle Florida pour y installer le premier grand magasin de Buenos Aires. Inutile de chercher un grand terrain du coté de la Plaza de Mayo ou même des premiers numéros de la Florida vers Ridavavia ou Cangallo. Les terrains sont chers, petits et acheter les petites parcelles aux petits propriétaires pour les transformer en grande parcelle prendrait trop de temps. On choisit donc le « bout de la rue », car si Florida est belle et bordée de belles boutiques entre Rivadavia et Tucuman, là bas plus au nord la calle Florida devient déjà moins commerciale et regroupe plutôt des « galpones » (hangars) et des constructions tenant plus des gourbis que de belles demeures. Les parcelles sont moins chères et un premier terrain est acheté à l’angle Florida et Cordoba en 1888. Toute la manzana est rasée en 1889 et les travaux débutent mollement en 1889 sous la direction de l’ingénieur Emilio Agrelo et l’architecte Roland Le Vacher. Ils se poursuivent malgré la crise de 1890 et ceci jusqu’en 1894.
Devant les hésitations des français du Bon marché face a la crise de 1890, puis de la mésentente avec les investisseurs argentins, le projet sera changé de très nombreuses fois, laissant même d’autres projets venant s’y intégrer comme le Phoenix Hôtel sur l’angle Cordoba et San Martin en 1889. En 1894, lorsque les travaux se terminent personne ne sait ce que deviendra le bâtiment. Le Bon Marché a déjà jeté l’éponge et la partie du bâtiment sur la calle San Martin et Viamonte se termine en 1898. Enfin le dernier quart de la parcelle, angle Viamonte Florida, lui ne verra jamais le jour et sera revendu pour que d’autres immeubles se montent sans respecter l’ensemble architectural. Photo du haut : La calle Florida vers 1890. Photo ci contre : Le Phoenix Hotel ouvre ses portes à l'angle de la calle Corodba (coté droit) et San Martin (coté gauche) ouvre ses portes en 1889 alors que le Bon Marché est en plein chantier. (Cliquez sur la photo pour agrandir). |
Photos : A gauche, Emilio Bunge. A droite, Francisco Seeber. Les deux proicpaux promoteur du Bon marché Argentino. Au centre 100 actions de 100 pesos chacune : 10.000 pesos. Signée le 05 février 1890, quelques mois avant la "Panique de 1890" ! |
Photo : Le 17 juillet 1890 éclate la "Révolution del Parque" du nom de la caserne "del Parque" installée aujourd'hui à l'emplacement même du palais de Justice (Trubunales). Le régiment de la caserne aux ordre du Général Manuel Campos décide de soulever contre le gouvernement. Le Général sera immediatement arrété, mais le 25 juillet les civil du parti de l'Union Civique prennent les armes et montent des barricades pour se soulever à leur tour contre el gouvernement. Sur la photo de gauche, on les reconbait a leur béret ou "bonnets blancs". Photo de droite les premières barricades dans le quartier de "Tribunales". Les combats commencent dans le quartier le 26 juillet et finiront le 29 juillet par la rédition des révolutionnaires. L'Union Civique a tout de même gagné, puisqu'une semaine après le 06 août, le président Celman démissione et est remplacé par Carlos Pellegrini (alors vice-président). |
Le Bon Marché de Paris jette l’éponge : Tous ces événements mal suivis de loin, font peur au Bon marché de Paris qui préfère se retirer de l’affaire et ne plus continuer le projet. Les deux hommes d’affaires argentins, Francisco Seeber et Emilio Bunge tiennent tête. Le Bon Marché de Paris n’a pas le droit de rompre l’accord mais le fait tout de même. Les deux argentins attaquent en justice le Bon Marché et gagne même le procès avec une indemnité conséquente, mais restent seuls en course. Les fonds manquent, la bourse de Buenos Aires s’écroule et les actions émises du nouveau grand magasin ne représentent plus grand chose. Il faut se rendre à l’évidence, il n’est plus possible de continuer les travaux prévus. En 1891, quelques fonds arrivent et le chantier repart. Mais les problèmes se succèdent, en 1894 Francisco Seeber part en Europe pour chercher un autre associé, c’est alors que le Bon Marché Paris réussit à faire interdire l’appellation « Au Bon Marché » à celui de Buenos Aires. Qu’importe, on lui change son nom, il devient « Galeria Florida ». La situation économique de la société est telle, que les deux hommes argentins cherchent d’autres alternatives pour achever leur bâtiment et trouver les derniers fonds. Ils cherchent à y installer la Poste centrale, puis le Palais de Justice, peine perdue….. C’est la fin d’un rêve ! Photo : 1891, façade sur Florida, la photo est prise de la calle Córdoba au 600. Le bâtiment est encore en travaux. La coupole (on voit la structure en acier) de l'angle qui ne sera jamais terminée (ni même aujourd'hui). |
Photos : Intéressantes photos prises presque du même endroit et avec le même angle. Celle de gauche serait prise vers 1895. Les travaux sont terminés du coté de la calle Cordoba et les premières boutiques ouvrent au rez-de-chaussée. La photo de droite est postérieure, peut etre vers 1898. Il y a déjà un reverbère au gaz sur le trottoir à l'angle de l'édifice. Les deux photos sont prises à partir de la calle Florida sur la cuadra des 800 en regardant vers le sud. |
On cherche d’autres affectations à la Galeria Florida : En 1895, une partie est louée pour en faire une salle de spectacle, c’est « l’Eden » qui ouvre ses portes. Une sorte de Music Hall, où se succèdent les passages de comiques troupiers pas forcement du meilleur goût. Du coté de la calle Florida, viennent s’installer les magasins de « La Colmena Artistica », de « El Ateneo » ainsi que l’Association des Beaux Arts. Ce qui permet l’année suivante en 1896, d’y organiser le 4ème salon de peinture et de sculpture. Devant la réussite du salon, le musée des Beaux Arts s’y installe aussi la même année. Ce musée y logera jusqu’en 1910, date à laquelle il ira s’installer sur la Plaza San Martin dans le Pavillon Argentin. En 1901, de nombreuses associations ont pour siège la « Galeria Florida », des associations artistiques, littéraires, scientifiques. Une partie abrite même les services du ministère de l’Agriculture et même de la « Commission des limites internationales ». Ce n’est qu’en 1908, que le bâtiment arrive enfin à trouver un acquéreur d’importance, il s’agit du « Ferrocarril de Buenos Aires al Pacifico », la société des chemins de fer de Buenos Aires au Pacifique. Il s’agit d’une société aux capitaux britanniques et installent leurs bureaux dans la partie du bâtiment donnant sur Florida et Cordoba. La Galeria Florida change de nom et devient el Edificio Pacifico. Les années suivantes entre 1908 et 1914, les services de la compagnie du Pacifique s’agrandissent aux autres secteurs du bâtiment du coté des calles Viamonte et San Martin, mais les deux galeries centrales du bâtiment sont toujours découvertes et ressemblent plus à deux ruelles inhospitalières. La structure métallique (d’origine belge) qui devait les recouvrir fut montée mais jamais complétée par les verrières. Juste avant la première guerre mondiale, la structure d’acier est démontée et renvoyée en Europe pour être vendue. Dans les années 1930, personne ne prenait jamais ces deux passages qui étaient considérés comme très mal famés, surtout à la tombée du jour, un véritable coupe gorge ! Photo : Vers 1900, une des salles de peintures du Musée National des Beaux Arts à l'étage de l'Edificio Bon Marché (On le nomme encore ainsi en 1900).(Cliquez sur la photo pour agrandir). |
Photos : Au centre, le carton d'invitation de la cérémonie d'inauguration du Musée des Beaux Arts de Buenos Aires dans l´'Edificio Bon Marché le 25 décembre 1896.(Cliquez sur les photos pour les agrandir). A gauche en 1900, au rez de chaussée, la salle des sculptures. A droite, en 1903, le vernissage d'une exposition de peinture. |
Photos : Au centre, publicité des années 50 du magasin de poupées espagnoles Mariquita Perez (marque qui a perdurée dans ce local jusqu'à la fin des années 60) qui était juste placée à gauche de l'entrée principale des Galerias sur la calle Florida. A gauche, le dôme de la galerie qui est en phase de se terminer, la même photo à droite une fois que la galerie fut inaugurée. Le dôme servait en permanence de lieu d'expositions temporaires toujours parainées par des marques. Le must des confiterias de la galerie (on la voit à droite en cliquant sur la photo) était la Confiteria Avignon (Aviñon, en espagnol). Enfin pour en terminer avec les poupées, juste en face des Locaux commerciaux 22 et 24 occupés par la poupée Mariquita Perez, il y avait la concurrence, je parle de la poupée Marilu qui avait son propre local juste en face de la Galerias Pacifico toujours sur Florida (au 774) ! Toutes les gamines tiraient les parents par la main pour aller voir les vitrines, où les poupées étaient toujours animées et mises en situation. |
1970 -1980 : A deux doigts de tout démolir : Il ne reste presque plus aucune boutiques dans la galerie en 1976. Toutes sont parties, plus aucun public n’y entre. Lancement d’un appel d’offre international pour reprendre le « Monstre Pacifico », personne n’y répond. Le secrétaire de la culture et les services des chemins de fer d’état se rejettent les responsabilités d’entretiens. On n’arrive même pas à délimiter les responsabilités de chacun et les devoirs. Ce sont les années noires de l’architecture porteña qui correspond aussi à la pire des périodes de dictature en Argentine. On démolit à tout va, il n’y a aucune opposition (même architecturale ou historique), 1976, c’est le début des tours en plein centre qui font place nette au XVIIième et XIXème siècle. La préparation du Mundial de football de 1978 sert d’excuse pour monter à toute hâte des tours hôtelières en béton défigurant le micro centre. Un projet de 1976 est approuvé pour démolir deux manzanas entières dont celle de l’Edificio Pacifico. On commence même à détruire la moitié de la manzana voisine où se trouve la Iglesia Santa Catalina (celle-ci devant tout de même être préservée). C’est un coup de chance inespéré qui fait capoter le projet, le Pacifico s’en sort. Au retour de la démocratie (1983), on commencera à regarder d’un peu plus près avant de détruire le patrimoine urbain. C’est une décision politique de 1989 qui classe enfin le bâtiment sur la liste de préservation historique nationale et le sauve mais la fermeture totale de la galerie et des services de Ferrocariles Nacionales est inéluctable. |
Vidéo : Pendant les travaux de restauration en 1991, une partie de l'immeuble s'écroule alors que plusieurs centaines d'ouvriers y travaillent. On déplore plusieurs morts. C'était le 20 mai 1991. 5 mn 07 s. Cette vidéo permet de montrer l'intérieur du chantier de l'époque. Pour voir la seconde partie : http://www.youtube.com/watch?v=czaCf7pyZVM |
Même si cela parait très touristique, je conseille tout de même d’aller visiter las Galerias Pacifico. C’est un point sur le nord de la calle Florida qui est incontournable. Le sous sol pour aller voir la fresque de Berni, le Rez de chaussée pour voir les belles boutiques, le premier étage pour pouvoir faire des photos de l’ensemble. Le second pour avoir encore une vue meilleure, et enfin le Centre Culturel Borges qui offre toujours des expos de photos, des spectacles (des fois du tango). Pour le centre Borges, on y entre par l’angle Viamonte-San Martin, et il y a aussi un passage entre las Galerias et le centre au niveau du 1er étage. Suivant les mois l’agenda est intéressant ou non, demandez le à l’accueil du centre Borges. Des bars en sous sol du Pacifico (toujours un peu bruyant) plus tranquille au rez-de-chaussée juste à l’entrée du centre Borges. Le centre commercial est intéressant pour savoir ce qu’il se vend en Argentine (les brésiliens débarquent par milliers dedans pour y acheter tout moins cher que chez eux). C’est beau, mais pour Buenos Aires ca reste cher ! Il y a des quartiers moins onéreux pour y faire ses emplettes. Dans le coin, intéressant, juste derrière par la sortie du Centre Borges, allez faire un tour à l’église et au monastère Santa Catalina. A voir aussi ! Pacifico est ouvert tous les jours de 10h à 22h30. Les dimanches et lundis, ça ferme à 21h. Les vendredis et samedis à 23h30. |
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