Mise à jour : 28 aout 2014. Catégorie : Actualité et Société. 

Argentine : Une faillite annoncée

Excellente analyse dans un média français (pour une fois) sur la situation économique du pays et plus spécialement sur les fonds dit « vautours », qui sont des fonds spéculatifs. L’Argentine a jusqu’au 30 juillet pour les rembourser, ce que le gouvernement argentin refuse, justement pour avoir plus de marge ensuite pour les renégocier avec ses créditeurs. Mais à partir de ce 30 juillet, officiellement l’Argentine sera donc « en faillite », ce qui ne fait absolument pas peur aux autorités argentines, qui préfèrent passer par ce stade pour pouvoir ensuite à partir de 2015 renégocier leurs dettes. Une sorte de partie de bluff, entre endettée et créditeurs. L’Argentine sait merveilleusement jouer de ces contretemps à trainer les pieds. L’unique problème serait l’image de marque du pays à l’étranger. Il est vrai que passer (une fois de plus) pour un pays endetté et incapable de pouvoir (ou plutôt vouloir) rembourser ne fait pas très sérieux et ne pousse pas trop les industries et les finances étrangères à se bousculer aux portillons des investissements. Mais pour un mauvais élève de classe avoir un nouveau zéro ne fait pas peur ! Cristina Kirchner traine les pieds et joue la carte de gagner du temps jusqu’à janvier 2015, pour une fois, je pense que son choix est judicieux. Si on se place du coté de la dette, il est certain que le pays a tout à gagner à ne pas payer de suite ! 

Photo : Daniel Pollack, le médiateur envoyé par le juge Griesa pour arriver a un accord entre l'Argentine et les fonds vautours. Photo du 27 juillet 2014, avant d'entrer à son bureau à New York. 

Voila l’article publié dans les Echos daté du 27 juillet 2014. 

L’Argentine n’a plus que 48 heures pour éviter une nouvelle faillite

 Les négociations à New-York avec les fonds vautours sont dans l’impasse. Buenos Aires refuse toujours un face-à-face avec ses ennemis.

A deux jours de la date fatidique du 30 juillet, le risque de faillite de l’Argentine n’a jamais été aussi élevé. Les négociations avec les fonds vautours sont dans l’impasse et la course contre la montre du gouvernement argentin se poursuit afin d’éviter un défaut de paiement. Mercredi sera le dernier jour possible pour payer les détenteurs de d’obligations argentines, ou « holdins », qui ont accepté de restructurer leurs créances avec un rabais de 65% suite à la faillite argentine de 2001. Or l’Argentine n’a plus le droit de les payer, car le juge de New-York Thomas Griesa a bloqué ces versements et imposé à Buenos Aires de payer d’abord 1,3 milliard de dollars aux fonds spécultatifs Eliott et Aurelius, ces « holdouts », qui ont racheté à bas prix leurs obligations, refusé les offres de restructurations et réclament aujourd’hui 100% de leur mise.

L’Argentine veut du temps :

Ce week-end, la présidente argentine a multiplié les entretiens téléphoniques depuis son fief de Calafate, au sud de la Patagonie, avec son ministre de l’Economie Axel Kicillof et les hauts fonctionnaires du Trésor argentin rentrés de New-York. Hier soir (dimanche soir), il n’était pas sûr que la délégation argentine retourne négocier aux Etats-Unis.

Malgré deux réunions, la semaine dernière, avec le médiateur Daniel Pollack nommé par le juge Griesa, l’Argentine refuse toujours de négocier face-à-face avec les fonds spéculatifs. «L’Argentine a besoin de temps et ce temps s’appelle «stay» », a insisté, samedi, Jorge Capitanich, chef du gouvernement, évoquant le nouveau moratoire réclamé par Buenos Aires mais toujours refusé par le juge Griesa.

Une menace imaginaire ?

L’Argentine réclame cette suspension de l’exécution de la sentence de Griesa jusqu’en janvier 2015. A cette date, expire la fameuse clause dite « RUFO » (Rights upon futur offers). Cette clause stipule que si Buenos Aires améliore son offre vis-à-vis d’autres détenteurs d’obligations, elle doit automatiquement offrir les mêmes conditions aux détenteurs d’obligations qui ont accepté la restructuration de la dette en 2005 et 2010. Cristina Kirchner refuse donc de payer les fonds vautours jusqu’en janvier prochain, de peur que cela provoque une foule de procès à travers le monde mettant en péril toute la restructuration de la dette argentine. « Mieux vaut un typhon qu’un tsunami », c’est à dire une faillite technique plutôt qu’une vague de procédures, résume Roberto Lavagna, le très respecté ancien ministre de l’Economie. « L’Argentine doit privilégier les 93% qui ont accepté un rabais sans précédent sans hypothéquer son futur pour respecter une décision judiciaire très controversée », abonde-t-il. Pourtant, plusieurs experts juridiques estiment que la clause Rufo agitée par le gouvernement argentin est une menace imaginaire. Car s’il paie les vautours, il ne s’agirait pas d’une offre volontaire mais d’un paiement imposé par la justice.

Quoi qu’il en soit, en cas de défaut de paiement, mercredi, les fonds spéculatifs perdraient précisément leur meilleur atout pour faire plier l’Argentine : le risque de faillite. Buenos Aires parie donc sur cela pour pousser les fonds vautours à faire des concessions de dernière minute. Afin qu’ils réclament eux-mêmes, par exemple, un sursis à exécution de la décision jusqu’en janvier 2015.

Article sur original sur :

http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0203668905594-largentine-na-plus-que-48-heures-pour-eviter-une-nouvelle-faillite-1028050.php

Le journal Les Echos ont déjà publiés toutes une série d’article sur le sujet :

17 juin 2014 : La condamnation de l'Argentine est confirmée.

01er juillet 2014 : L’Argentine a 30 jours pour éviter un défaut de paiement.

09 juillet 2014 : Le juge Griesa, détesté en Argentine.

09 juillet 2014 : Argentine contre fonds vautours.

Photo : La presse aligné sur la politique de Kirchner tire à boulet rouge sur le juge Griesa. Pagina 12. Un humour pas toujours de bon gout.

L’actualité va vite, une dépêche de Reuter de 17h10 (h.fra) du 28 juillet 2014.

BUENOS AIRES, 28 juillet (Reuters) - Buenos Aires envoie lundi une équipe à New York pour de nouvelles négociations de dernière minute avec le médiateur dans le cadre de son contentieux avec certains de ses créanciers, a annoncé un responsable du gouvernement argentin, à qui il ne reste plus que trois jours pour éviter le défaut de paiement.

Après une série de revers auprès de la justice américaine, la troisième économie d'Amérique latine se retrouvera en situation de défaut sur sa dette souveraine pour la deuxième fois en 12 ans si elle ne rembourse pas les fonds spéculatifs "réfractaires", qui ont refusé une décote sur leurs créances.

L'Argentine soutient un bras de fer depuis des années avec ces fonds qui n'ont pas voulu participer aux deux restructurations de sa dette menées en 2005 et 2010 après un défaut en 2002 portant sur une centaine de milliards de dollars d'emprunts d'Etat.

Les négociations de la dernière chance menées depuis trois semaines ont fait peu de progrès. Si les deux parties n'arrivent pas à sortir de l'impasse, le juge américain Thomas Griesa interdira à l'Argentine de verser les intérêts dus au 30 juillet sur des obligations, déclenchant de fait un défaut de paiement.

L'Argentine demande une suspension de la décision de 2012 du juge Griesa lui ordonnant d'honorer également les échéances de ses créanciers récalcitrants, qui ont racheté de la dette argentine à bas prix à la suite de la restructuration de 2002, puis ont rejeté les modalités de cette restructuration.

"Les négociations sont extrêmement compliquées et exigent du temps. C'est pourquoi l'Argentine demande une suspension", a affirmé le secrétaire général du gouvernement, Jorge Capitanich.

Il a précisé que les négociateurs rencontreraient mardi le médiateur nommé par le tribunal, Daniel Pollack.

Ce dernier affirme n'avoir reçu aucune nouvelle des représentants argentins depuis le départ d'une équipe technique vendredi, partie consulter les responsables du gouvernement.

L'Argentine n'a pas accès aux marchés des capitaux et un défaut de paiement ne provoquerait donc pas de choc majeur sur les marchés émergents. Mais il affecterait une économie déjà en récession, confrontée à une inflation croissante.

Selon les analystes financiers sur le marché obligataire, un accord de dernière minute ne peut être écarté, mais un défaut est un plus en plus probable à l'approche de l'échéance. (Richard Lough, avec Nate Raymonde à New York,; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)

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