Andres Neuman : Le voyageur du siècle
18 juil. 2011Mise à jour : 18 juillet 2011. Article écrit par Patrick Viannais.
Andrés Neuman : Andrés Neuman est certainement l’un des auteurs hispanophones les plus intéressants du moment. Jeune encore – il a 34 ans – il a pourtant déjà une bibliographie conséquente, et couronnée de succès (voir liste). Parrainé à ses débuts, excusez du peu, par le regretté auteur Chilien Roberto Bolaño, qui disait à son propos « la littérature du XXIème siècle appartiendra à Neuman et à quelques-uns, rares, de ses frères de sang ». Il est né en 1977 à Buenos aires. Ses parents étaient tous deux musiciens, sa mère faisait partie de l’orchestre du Théâtre Colón. Andrés a passé toute son enfance et une grande partie de son adolescence à Buenos Aires : il fut élève au fameux Colegio Nacional. La passion de l’écriture lui est venue assez tôt : entre 11 et 12 ans, il écrivait déjà beaucoup, contes, nouvelles, poèmes. Ses récits aussi horribles que sanglants avaient le don de pas mal inquiéter sa mère ! En 1991, la famille Neuman quitte l’Argentine pour l’Espagne : Andrés commence sa nouvelle vie européenne. Il vit aujourd’hui à Grenade, et a un temps donné des cours de littérature hispano-américaine à l’Université de cette même ville andalouse. |
Bibliographie d'Andres Neuman :(En gras les ouvrages abordés dans cet article) Romans :
Nouvelles : · El que espera (2000) · El último minuto (2001) · Alumbramiento (2006) Plus un livre de voyage, Como viajar sin ver (2010), un recueil d’aphorismes et micronouvelles, El equilibrista (2005) et pas moins de 10 recueils de poèmes, dont El tobogán, prix Hiperión 2002, et Patio de locos, publié dernièrement. |
« Une auto fiction généalogique », voilà comment on pourrait qualifier la passionnante saga familiale que nous conte Andrés Neuman. Deux tendresses s’y croisent constamment : celle qu’il éprouve pour sa famille, et celle qu’il ressent, profondément, pour son pays natal. Neuman retrace deux histoires à la fois parallèles et croisées : celle des hommes et celle d’un siècle. Les hommes – et les femmes, car A. Neuman parle beaucoup des femmes – ce sont ces émigrés, Espagnols, Polonais, Russes, Lituaniens, et même Français, (les bisaïeuls maternels de l’auteur étaient nés…à Bourges !) qui ont fui l’Europe pour se lancer dans l’aventure de la construction d’une nouvelle nation, et plus, d’une nouvelle patrie. Car l’histoire de la famille Neuman, ici patiemment reconstituée, mais également pas mal imaginée, voire même rêvée par l’auteur, c’est aussi l’histoire des Galán, des Casaretto, des Kovensky, des Resnik ! Intérêt du livre : ***** |
Vidéo : 1ère partie de l'entretien avec Andrés Neuman à la sortie de son livre "El Viajero del Siglo".(9 mn 09s.) "Yola Yelou" émission de la TV Dominicaine. Pour voir la suite : 2ème partie : http://www.youtube.com/watch?v=JGE5WjNZ8A0&feature=related 3ème partie : http://www.youtube.com/watch?v=XVbGYBLBCt0&feature=related 4ème partie : http://www.youtube.com/watch?v=krnTVO14u_0&feature=related |
Le Voyageur du Siècle : Ce livre constitue l’une des très rares traductions de Neuman en français. Sauf qu’il faut s’armer d’un peu de patience : la sortie est prévue pour septembre. Ce livre a été largement salué comme LE chef d’œuvre de Neuman. Un projet ambitieux : établir une passerelle historique entre le XIXème siècle et le XXIème, à travers l’histoire de Hans, un voyageur qui pose ses valises quelque part entre Saxe et Prusse et y rencontre un amour qui s’avèrera mouvementé. Le roman est une vraie tentative – réussie – de faire une synthèse entre littérature classique et contemporaine, particulièrement bien servie par le style toujours léger, précis, poétique et pétillant d’humour de l’auteur. Il faut ça, car le livre « mesure » tout de même ses 544 pages en espagnol, ce qui pourrait en décourager certains. Mais, à l’instar d’autres auteurs prolifiques, comme Ken Follett, Neuman parvient sans peine à « enganchar » son lecteur : comme l’a dit ailleurs un lecteur Argentin, « un livre dans lequel on n’avait pas forcément envie d’entrer, mais duquel on ne veut plus sortir. » Ce livre a reçu le prix Alfaguara ainsi que le prix de la critique du roman hispanophone 2009. Intérêt : ***** |
Como viajar sin ver : Après avoir reçu son prix Alfaguara (Voir ci-dessus), Neuman a été invité à faire une tournée de promotion du « Voyageur du siècle » à travers l’Amérique Latine. Le présent livre se veut une mise au propre des notes qu’il a prises à cette occasion, tout au long de son voyage, chaque chapitre présentant un pays différent. On peut se demander où il trouve le temps d’écrire autant durant un tel voyage, mais il note tout, pêle-mêle : ambiance des hôtels, rencontres, dialogues échangés, impressions de lectures – Neuman lit énormément en voyage, vu le nombre de bouquins et d’auteurs cités ! –, commentaires politiques, aphorismes purement poétiques… Il pose sur son continent natal un regard à la fois attendri, ironique, parfois teinté, sinon de gravité, du moins d’une certaine inquiétude. (« Quand Dieu a créé le Venezuela, dit quelqu’un, il était bourré, ça ne fait pas de doute ! »). Une certitude : on rigole bien à la lecture de ce compte-rendu d’un voyageur ni tout a fait étranger, ni tout à fait familier aux pays qu’il traverse, navigant sans cesse entre intimité et distance. Hélas, ce livre n’est pas encore traduit, et c’est bien dommage. Vivement que la France découvre enfin Andrés Neuman ! Intérêt : ***** Quelques passages… En Argentine : « Je veux écrire macrista sur mon ordinateur portable et Word me corrige : machista. Parfois le correcteur orthographique ressemble à un détecteur idéologique. Au Guatemala : « Naturellement qu’on a fait des progrès, me dit-elle très fière. Maintenant, on peut acheter les livres dans les supermarchés ! » Au Chili : « Le Chilien parle tout seul. L’Argentin parle à lui-même. » A Panama : « Avant d’aller au Musée du Canal, on s’arrête dans un supermarché pour acheter une Turqui, c'est-à-dire une dinde. Après-demain c’est le jour d’Actions de grâce. Tous les ans, me dit mon amie, je donne un nom à la dinde. Celle de l’an dernier s’appelait Condie, à cause de Condoleezza Rice. Celle de cette année n’a pas encore de nom. Je pourrais aussi bien l’appeler Carla Bruni. |
- Ciencias Morales de Marín Kohan.(Juin 2011). L’Argentine qui a gagné la coupe du monde 1978, l’Argentine de Mario Kempes et des généraux est à bout de souffle. La société étouffe sous l’épaisse bâche tissée par six ans de dictature, et dérive en suivant un cap imprécis. - Sergio Corbucci.(Mai 2010). Sergio Corbucci était un réalisateur italien, spécialiste du genre péplum et western italien des années 50 et 60. Sans atteindre la grandeur d’un Sergio Leone, il n’est pas non plus à ranger dans les séries Z. - Pablo Trapero et "Leonera".(Mai 2008). Julia(Martina Guzmán) se réveille un matin dans son appartement entourée par deux corps d'hommes ensanglantés. Un est encore en vie, l'autre mort. Les deux ont été à des moments différents l'amant de Julia, et celle ci est enceinte d'un des deux. 5ème long métrage de Pablo Trapero. |