Mise à jour : 06 Avril 2014 / 30 juillet 2011. Catégorie : Buenos Aires.

Article écrit par Leo Sounigo et Hergé.

Le Marché de San Telmo de Buenos Aires :

Le quartier de San Telmo est connu pour ses vieilles rues et ses anciens bâtiments de l’époque où l’aristocratie portegne y demeurait. Et puis la fièvre jaune de 1871 déplaça plus au nord l’élite de la ville à Recoleta. Le quartier sombra dans la misère et l’abandon jusqu’au jour ou en 1970, l’architecte José María Peña avec l’appui de la municipalité créa sur la Plaza Dorrego la Feria de San Pedro Telmo qui sonna certainement le réveil du quartier et l’impulsion d’un développement touristique dans la zone. 40 ans plus tard, le marché a envahi les rues adjacentes et principalement la calle Defensa. Chaque dimanche 10.000 curieux y passent et admirent les objets les plus hétéroclites que les 270 postes leurs présentent. La foire de San Telmo est devenue aujourd’hui un passage obligé de tous ceux qui passent un dimanche à Buenos Aires.

 

Un peu d’histoire :

Le premier signe de revitalisation du quartier fut certainement en 1968 l’inauguration du Museo de la Ciudad. L’idée de créer dans le quartier un marché aux puces est bien plus ancienne, mais c’est cette ouverture du musée qui facilita les démarches pour faire prendre conscience à la Ville que ce genre de feria venait tout naturellement en complément.

La première feria a lieu un dimanche de novembre 1970 et dispose seulement de 30 étalages. Elle est alors administrée directement par ce musée. Montée à la hâte sans budget et sans préparation Jose Maria Peña passe une annonce quelques jours avant dans les journaux Clarin, La Nacion et la Prensa. L’annonce précise alors : « Vous voulez vendre vos vieux objets ? Faites le sur une place, pour information se présenter calle Sarmiento 1551 ».

28 personnes répondent, et comme il était convenu avec la mairie d’avoir 30 postes, ce sont deux sœurs de l’organisateur qui occupent les deux derniers stands.

Si ce style de marché est très commun en Europe et même dans les pays limitrophe comme la Marché Tristán Narvaja à Montevideo et le Marché Perse à Santiago de Chile, ici à Buenos Aires, en 1970 c’est une révolution ! En 3 mois, les 270 stands qui existent aujourd’hui sont occupés. La Feria début 1971 occupe donc déjà toute la place. Le système de mise en place n’a pas changé depuis. Les stands doivent tous être montés avant 10h et doivent tous être démontés à 17h. A ne pas manquer : Tous les ans en novembre, l’anniversaire de la Feria durant lequel tous les exposants doivent se déguiser !

Photos : La première feria en novembre 1970. A droite le premier stand de monté !

Une promenade au milieu de la Feria :

Il est midi, Buenos Aires s’éveille et se remet doucement de son samedi soir ou des femmes hystériquement séduisantes, faisaient tremblées la ville. Rien de mieux pour oublier l’ivresse de l’amour et de la nuit que las ferias de San Telmo. Dés lors que l’on déambule, ou que notre esprit vagabonde dans les rues de San Telmo, on oublie les problèmes quotidiens : les odeurs des produits locaux, ainsi que les cries des commerçants pleins d’entrain voulant écouler leur veste en cuire vintage des années 70, ouvrent le spectacle.  C’est une chanson douce qui berce de manière anodine notre dimanche. La scène est belle, presque trop parfaite, dirions nous. Les pieds ailleurs, la tête dans les nuages. Le samedi soir est déjà loin. Hier, c’était il y a tellement longtemps. Cela fait déjà plus de trente ans, que cette scène se répète infatigablement tous les dimanches, comme si San Telmo, loin du paraître des nuits argentines, apparaissait comme une bouffée d’oxygène et d’air frais à ces dix milles visiteurs du dimanche, à cette génération de gens qui ont toujours préféré l’art et l’esthétisme du dimanche aux guerres précaires et instables du samedi soir.

 

Lieu d’échange entre le passé et le présent :

La Feria de San Telmo peut d’abord apparaître comme le symbole d’un mélange culturel, ou français, italien, brésiliens, espagnols cohabitent ensemble pour acheter des tee-shirts du Che, des ponchos péruviens, des ceintures en cuir à moitié usé,  des tableaux presque toujours stylés, de nombreux déguisements, des vieilles lampes à moitié déglinguées, des télévisions blanches et noires. Ici, tout à un prix, et le principe est simple : plus c’est vieux, plus c’est cher. « Le plus intéressant est que l’on trouve des choses insoupçonnées », déclarait Edouardo Vazquez, l’un des responsables de la foire. Par exemple, la pièce la plus chère lors de ces deux dernières années restera une table, estimée à 2500 dollars.  Autour de touts ces objets plus intrigants les uns que les autres, on peut observer un bouton d’une valeur de 200 pesos. On entendra souvent des bribes de négociations entre touristes et commerçants.  A San Telmo, le prix n’est pas fixé d’avance : il oscille suivant le charme du tourisme et la tournure que prend la négociation.  Un peu plus loin des touristes italiens en profitent pour photographier les voitures de l’époque des années 20. En continuant cette petite balade, on peut voir des hommes assis à la terrasse d’un café de la place San Pedro Telmo, dégustant un café ainsi qu’un croissant traditionnel. De ce café, on peut entendre le son de la guitare de Gustavo Margulies, guitariste traditionnel de la feria de San Telmo Sa musique donne vie aux statues vivantes et époustouflantes que l’on peut trouver à chaque coin de rue. Cent mètres plus loin, les démonstrations de danse de tango, faites par Leonardo et Uliana en attirent plus d’uns. Elles sonnent alors comme le plaidoyer de l’érotisme et de la sensualité, au milieu d’une foule de touristes qui ne cherchent plus à comprendre, mais simplement à vivre. La feria de San Telmo, n’est-elle pas alors le lieu des êtres pour qui être c’est apparaître ? Alors, oui, c’est vrai, la encore le tableau sonne bien. Mais malheureusement, ou pas, il ne s’agit que d’un simple tableau, qui vit et survit déjà depuis trente cinq ans, et cela tous les dimanches de 10heures à 17 heures, entre la Place Dorrego, et les rues Defensa et Humberto Primo. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la revue National Geographic Travel, le classe au second rang, du classement concernant le shopping de rue.

  

Quelques personnages de la Feria de San Telmo :

Si La Feria de San Telmo, est à ce point considéré comme l’endroit du dimanche, comme le classique à ne pas rater, c’est d’abord et avant parce qu’elle met en scène des personnages à la fois mystérieux et énigmatiques. Des commerçants dont on se souviendra longtemps. On peut par exemple penser, au stand tenu par Edmondo et sa fille Sylvia. A travers ce stand, Edmondo et Sylvia nous invite à revivre de manière intense toutes les chansons qui ont marquées le pays, de sa création à aujourd’hui.
Un peu derrière, là bas, il y a Guillermo, un véritable professionnel des marionnettes : son personnage fétiche, qu’il nomme « el borracho » (l’ivrogne en français), est applaudi par tous les enfants et les adultes qui s’arrêtent sans hésiter rue Defiensa, pour admirer le travail de l’artiste. Et si cette foire est marquée par des personnages énigmatiques, c’est peut être parce qu’il est extrêmement difficile de s’y faire une place. En effet, Suzana Beatrice Morane, est une femme qui a mis plus de dix huit ans avant d’obtenir son stand, sur lequel elle pouvait exposer de nombreux bijoux qui appartenaient à la famille de Felicita Guerrero. Ces stands, si difficiles à obtenir, peuvent être libérés pour trois raisons : la mort du commerçant qui en était responsable, l’abandon du stand par le commerçant, ou le non respect des règles. L’an passé, il y avait 779 personnes qui étaient en lice pour tenter de récupérer les trois postes vacants. « Obtenir, un stand, c’est un peu, comme gagner à la loterie », affirmait récemment Edouardo Vasquez.

 La Feria de San Telmo est donc un lieu ou sens multiples, qui déborde de sens et de signification, un lieu mystérieux, mêlant de nombreuses communautés.  Lieu atypique, parce qu’énigmatique et mystérieux, La Feria de San Telmo, peut être considérée comme une façon revisitée et original de faire son shopping.  Artistes, magiciens et danseurs de tango sont donc présent à San Telmo.

 

Les conseils du Petit Hergé :

La Feria de San Telmo est surement le passage obligé du promeneur du dimanche comme la Feria de Mataderos. Au fil des années les autres rues se sont remplies de vendeurs de tout type, donc il faut faire une distinction entre les 270 stands de la Plaza Dorrego et des centaines de vendeurs de tout poil occupant la calle Defensa entre la Plaza de Mayo et le Parque Lezama ! Il s’agit pour la plupart d’artisanat (donc de produits neufs) ou pire de vendeurs de produits industriels.

De toute façon, commencez votre chemin à la Plaza de Mayo (venez y en métro) et suivez votre chemin jusqu’au Parque Lezama. Vous pourrez vous y restaurer, le bar Britanico ou le bar Hipopotamo sont ouverts le dimanche. Pour ce qui est des prix des articles vendus dans la Feria, aujourd’hui San Telmo est un peu cher, n’hésitez surtout pas a marchander ! Commencez même par la moitié de ce qui est proposé pour finir à 20% de moins.

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