De Pulperia à Bordel pour redevenir Bar :
Quelques années plus tard, l’épicerie ferme à nouveau ses portes ; l’édifice occupe brièvement la fonction de bordel, avant de se reconvertir en distributeur de boissons ; mais selon Leonardo Busquet, coordinateur du groupe « Los Notables » (qui possède, outre El Federal, quatre autres bars reconnus d’intérêt culturel dans la ville), c’est seulement au début du XXe siècle que l’établissement prend définitivement la forme d’un café. Le grand bar en bois avec son arcade recouverte de vitraux et surplombée d’une horloge, date de 1904. Le lieu à l’ambiance bohème attire les artistes, comme le dramaturge, cinéaste et compositeur argentin Enrique Santos Discepolo, client régulier pendant toute sa vie. Toutefois, l’établissement étant situé en plein cœur d’un quartier pauvre, il sera contraint de fermer plusieurs fois ses portes durant son histoire. Il rouvre en 1950 et prend le nom de Bar El Federal dans les années 70. La dernière fermeture remonte à 2001, pendant la terrible crise économique. Il survivra toutefois à la dictature militaire de 1976-83 (officiellement appelé processus de réorganisation nationale), période durant laquelle le maire de Buenos Aires, Osvaldo Cacciatore, se rendit responsable de la destruction d’une grande partie du patrimoine architectural de la ville.
Le bar conserve ainsi, et ce jusqu’à aujourd’hui, son aspect originel, à l’intérieur comme a l’extérieur. En 2004 commence l’initiative municipale « bares notables » ; El Federal est toute de suite reconnu comme lieu d’importance historique, culturelle et architecturale par la municipalité et par son ministère de la culture. La « récupération » du quartier a alors déjà commencé depuis les années 1970 avec la création de la Feria du dimanche ; depuis, San Telmo est devenu une sorte de mélange étrange, entre nouveau pôle d’attractions touristiques un peu bobos rempli d’auberges de jeunesse, de boutiques, bars et restaurants pour touristes étrangers, et ancien quartier très populaire de squatts (a la limite de poches de villas miserais) ou s’entassent boliviens et péruviens.
Plusieurs scènes de films argentins ont été par ailleurs tournées au El Federal, comme “Cafetín de Buenos Aires”, “El Tango cuenta su historia”, “Custodio de señoras” ou bien “Desde el Abismo”.
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