Dernière Mise à jour : 21 janvier 2022 #Province de Salta

Ancienne édition : 25 juillet 2014. 

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Le train des nuages de Salta : 

 

Voilà quelques années (en 2014), j'avais écrit un article sur un accident survenu dans le train des nuages de Salta.

Je mettais en garde les touristes désireux de faire cette excursion.

Voie non entretenue, matériel roulant vétuste, manque de coordination avec le gouvernement de la province de Salta octroyant des concessions à des entreprises privés pour assurer les prestations.

Bref, voilà plus de 20 ans que j'entendais de mauvaises histoires concernant ce fameux "train des nuages" qui avait l'air de faire rêver tant de touristes français en mal de sensation. 

Bien que ce train touristique fut mis en place en 1972, dès le début des années 90, on me mettait en garde et on me recommandait de ne jamais le prendre, de peur de finir avec lui par un saut dans le vide après un déraillement.

Je me souviens que pas une saison touristique ne s'achevait sans un ou plusieurs passages dans les médias pour relater les derniers problèmes et pannes techniques du train.

Au fil de ces incidents, des concessions renouvelées ou interrompus, aux nouvelles sociétés privées mises en place, aux rafistolages de la voie, aux réparations des trains et aux changements politiques de la province, le service du "train des nuages" s'interrompait quelques fois plusieurs mois pour repartir de plus belle.

Et puis on me disait qu'il valait mieux louer une voiture et prendre la route 51 qui suivait la voie ferrée, le paysage était le même,  on pouvait s’arrêter où on voulait, le budget était bien moindre et finalement on arrivait au même point final qui était le viaduc de la Polvorilla et tout ça dans une autonomie totale et en préservant sa vie. 

C'est ce que j'ai fait de nombreuses fois. 

En juillet 2014, ce fut l'incident de trop qui fit (enfin) prendre conscience à la province de Salta qui fallait faire cesser cette activité de suite. 350 passagers qui avait chacun payé jusqu'a 140 USD se sont retrouvés bloqués après déraillement dans un tunnel à près de 4000 m d’attitude et par -6°C devant rejoindre seuls à pieds à plusieurs km de l'accident une ancienne station abandonnée pour attendre les secours qui arrivèrent plusieurs heures après.

nullDès 2015 (après ce fameux accident) par précaution, le train ne part plus de la ville de Salta mais les touristes rejoignent en bus (un comble) le village de San Antonio de Los Cobres pour uniquement monter dans le train faire le tronçon entre ce village et le viaduc. En un mot, il n'y a plus que 20 km de rail sur les 180 km autrefois effectués. 

Nous sommes en 2022, les années ont passé, le gouverneur de la province a changé, la concession privée qui se charge du train aussi, et ce dernier, après le passage du Corona, a repris son activité comme peau de chagrin sur ces 20 derniers petits km ! 

Il fait espérer (toujours garder l’espoir) que dans 20, 40 ou 60 ans, on se décidera enfin à remettre en condition les rails et les infrastructure pour que ce train en redevienne un vraiment et qu 'il puisse aussi profiter à la population locale à désenclaver cette partie de l'Altiplano. Quand on pense que cette ligne reliait autrefois Salta à Antofagasta au Chili (750 km) ! 

 

Sur ce, je vous laisse lire l'article que j'avais écrit à chaud après l'incident de juin 2014 : 

 

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Le train des nuages de Salta (2014) :

 

Le train des nuages de Salta, tout un programme dans le titre, pourtant derrière ce nom se cache une réalité un peu moins poétique.

En effet depuis maintenant des années, le service du « train des nuages » se désagrège au fil de ses allers retours vers le viaduc de la Polvorilla.

Aucun entretien des voies ferrées, pire aucune inspection des ponts et viaducs métalliques ou certains boulons brillent par leurs absences.

Enfin, le matériel roulant usé jusqu’à la corde se traîne encore le long des 170 km de voies encore empruntées de la section dite C-14.

Une fois de plus le samedi 19 juillet, un nouvel incident aura fait prendre conscience aux 350 passagers ayant chacun payé entre 120 et 140 USD (peut être le prix qu’ils estiment de leur propre vie) que le rêve peut se transformer en cauchemar. Cette fois ci, par chance, aucun blessé grave.

 

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Voici les faits du samedi 19 juillet 2014 :

 

« Ce qui devait être une excursion tant attendue aurait pu devenir une catastrophe ».

Ce sont les termes employés par un homme dont le visage reflète la fatigue. Il faisait partie d’un groupe qui était resté sept heures et demie bloqué dans un tunnel et qui dut marcher pendant 4 heures pour réaliser seulement  8 km à presque 4.000 m d’altitude.

A 12h30, ce samedi 19 juillet 2014, le train a déraillé (une fois de plus) mais cette fois ci dans un tunnel d’une longueur de 750 m. Il s’agit du tunnel nº12 situé a une altitude exacte de 3.890 m au lieu dit de la « Bomba » proche du viaduc « El Muñal ».

Nous ne sommes pas loin du Km 107 de la route National 51, unique voie de communication pour aller rechercher les « naufragés ».

En fait 4 wagons ont déraillé dans le tunnel pour se coucher légèrement contre ses parois. Les passagers ont alors commencé à paniquer. Les employés de « Ecotren » (société responsable du service) n’avait pas du tout l’air préparé à devoir faire face à ce genre de situation (surtout qu’ils n’en sont pas à leur premier déraillement).

Pendant les premières 40 minutes les passagers ne purent ouvrir les fenêtres et furent donc soumis à respirer l’air contaminé émanant de la locomotive diesel qui elle n’avait pas arrêté ses moteurs.

La décision d’évacuation vint de la désespérassions d’un voyageur qui décida de sortir par ses propres moyens devant la passivité totale des employés.

Voilà donc un petit groupe de passagers qui se frayèrent un chemin (par une température de -6ºC) en se dirigeant dans l’obscurité la plus totale vers la lumière du jour provenant par l’extrémité du tunnel.

Peu à peu, les autres passagers par petit groupe descendirent des wagons et se dirigèrent seuls dans le tunnel pour rejoindre l’extérieur.

Une fois sortis du tunnel, ils se dirigèrent en direction de la route qui passe dans une ancienne gare désaffectée à 8 km de là, ou plusieurs heures après, le groupe de gendarmerie de haute montagne vint à leur rencontre en camions.

D’après la Gendarmerie, l’opération de sauvetage fut un succès totale et rapidement menée.

Les passagers quant à eux, présentent une autre version des faits où le manque de professionnalisme des employés de Ecotren combiné à la lente arrivée de la gendarmerie et du manque de matériel de ces derniers permettent de montrer une fois de plus l’amateurisme ambiant de certains services touristiques offerts dans la province de Salta.

Par chance, on ne déplore aucun blessé grave, seulement des symptômes du mal des montagnes, et d’un stress lié à un périple de plusieurs heures où les passagers furent livrés à eux-mêmes.

Un seul camion de la gendarmerie était venu pour les sauvegarder.

Il fallut attendre encore quelques heures pour que des mini bus viennent rescaper les touristes et les descendre sur Salta où ils arrivèrent a 19h30. (le soleil se couche a 18h en ce moment).

Par chance, les touristique purent se faire rembourser leurs billets.

Je dis « par chance » car pour un cas similaire l’année dernière, les passagers durent se battre (presque physiquement) une fois à Salta pour retrouver leur mise de départ !

 

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Ce n’est pas de ma faute, c’est l’autre !

 

Les rails appartiennent à la province de Salta, le matériel roulant à une autre entreprise (Belgrano Cargas), quant au personnel de service et « guides » dans le train, ils sont d’une autre société Ecotren.

A ce sujet, dès le mercredi suivant (23 juillet 2014), le site de Ecotren change sa page sur internet pour publier ce message des plus comiques :

 

Miércoles, 23 de julio de 2014. Comunicado de prensa

En la tarde de ayer conocimos la decisión del Gobierno de la Provincia de asumir por parte del Estado la gestión del servicio turístico denominado Tren a las Nubes.

Desconocemos todavía las condiciones de dicha medida y su consecuencia en el vínculo contractual que nos une con el Estado Provincial por lo que aguardaremos hasta conocer las mismas y sus implicancias en nuestros derechos y obligaciones.

En cuanto al incidente que sufriera el servicio el día sábado pasado ratificamos que obedeció a cuestiones ajenas a la responsabilidad de la empresa.

Esperamos contribuir en lo que esté a nuestro alcance para que en el marco de diálogo anunciado por el Gobierno se resuelva lo mejor para los trabajadores y para la Provincia de Salta.

Ecotren S. A.

 

Le passage en gras est des plus stupéfiants : « Quant à l’incident qui a affecté le service du samedi passé, nous précisions qu’il fut causé par des faits n’affectant pas la responsabilité de l’entreprise ! » Les passagers doivent surement trouver des plus comiques cette déclaration.

 

Deux excellents articles en espagnol dans le quotidien Clarin du 21 juillet 2014 

Et surtout celui ci, datant de la même date

Où les passagers expliquent que les employés de Encontren avait l’air plus « désorientés » que les passagers eux mêmes.

Parmi les passagers, il y avait aussi des hommes et des femmes n’ayant absolument pas habitué à devoir marcher a 4.000 m d’altitude, des enfants, des personnes âgées (la plus âgée de 84 ans), ainsi que deux aveugles.

 

 Vidéo ci-dessous : A l'arrivée des rescapés en bus a Salta au soir du 19 juillet 2014. 4 mn 33 s.

  

 

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Les répercussions de l’affaire :

 

Le 20 juillet 2014 : Le train des nuages du 20 puis du 21 sont annulés,

Le 22 juillet 2014 : Ecotren suspend pour une période indéterminée ses services du « Train des Nuages » (O ! Plus près de toi seigneur !)

Le 23 juillet 2014 : Le gouverneur de Salta Juan Manuel Urtubey prend la décision de ne pas laisser partir le train des nuages au moins jusqu’à octobre pour réviser tous les wagons et les locomotives de l’entreprise Belgrano Carga. Ils seront révisés aux ateliers situés dans la ville de General Güemes.  D’autre part, la province de Salta met fin à la concession de Ecotren (qui était valide jusqu’en 2026) pour prendre contrôle direct sur les services de commercialisation de l’entreprise. On parle de nationalisation (ou plutôt de provincialisation) de l’Ex Ecotren dans les 30 prochains jours.

 

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Conseil du Petit Hergé :

 

Comme Je l'ai dit en début d'article, depuis 2015 la liaison ferroviaire se limite à une vingtaine de km.

Le service a été rétabli après le Corona en avril 2021.

Bien sur, je ne vous recommande pas de le prendre, comme il faut aller de toutes façons par ses propres moyens jusqu'à San Antonio de los Cobres (ou en bus par cette société), autant louer une voiture à Salta et se rendre par la route 51 à San Antonio puis directement au viaduc de la Polvorilla.

Compter une journée entière aller-retour par cette route à partir de Salta. Avec un aller le matin, un déjeuner à  San Antonio et un retour l’après midi vers Salta. Comme le soleil aura tourné l’après midi, les paysages ne seront plus les mêmes pour votre retour ! 

 

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