Concept de l’hôtellerie de luxe à Buenos Aires entre 1850 et 1865 : Nous repartons dans le passé, en 1850 pour être exact. Même si Buenos Aires est la capitale de l’Argentine (Etat tout neuf qui ne souffle que 40 bougies). La ville de Buenos Aires est plus une petite ville provinciale (85.000 habitants en 1852) qu’une véritable capitale d’un pays prospère (Paris 1.400.000 habitants avec sa banlieue, recensement de 1851). Buenos Aires est aussi peuplée que la Rochelle (83.000 habitants en 1851). Buenos Aires c’est 3 km du nord au sud et 2 km du rio de la Plata vers l’ouest. Bref… un gros patelin sans plus ! Aucune avenue, uniquement un damier de rues étroites se coupant à angle droit et une seule place en son centre coupée en deux par un marché (La Nueva Recova), la future Plaza de Mayo. Si en 1856, la grande vague d’émigration n’a toujours pas débuté dans le Rio de la Plata (il faut attendre 1875), la nouvelle constitution du pays est adoptée cette même année et donne le feu vert au début de quelques arrivages de nouveaux immigrants du vieux continent. L’un d’entre eux est un français (c’est d’ailleurs pour ça que j’écris cette article ;-)) du nom de Raymond Haury qui a dans ses projets d’ouvrir un bel hôtel à Buenos Aires. On note en passant que les hôtels de Buenos Aires du milieu de ce XIXème siècle sont souvent aux mains de français (italiens ou de britanniques), surement le chic parisien ! En 1850, on ouvre « l’Hotel de Provence » (en français dans le texte), qui est le plus bel hôtel de Buenos Aires. L’Hotel Labastié aussi est ouvert en 1850. Pour en revenir à l’hôtel de Provence, il faut tout de même remettre dans le contexte de l’époque ce qu’est un hôtel (de luxe), en général quelques chambres (propres) possédant des toilettes, un service de bains, et pouvant servir des repas. Il est souvent de plein pied ou alors surélevé d’un étage (possédant les plus belles chambres). Le principe nouveau de l’Hôtel de la Provence c’est de posséder dès 1851 son propre équipage pour aller chercher les voyageurs au port. Juan Manuel Rosas, gouverneur de Buenos Aires, envoyait même ses invités officiels à cet hôtel. En 1854, l’Hotel de la Provence peut même loger jusqu’à 70 personnes et possède un salon qui fait la fierté de ses propriétaires (On ne cache pas dans les publicités de l’époque apparaissant dans les journaux de venter son « niveau européen »). Il y avait donc entre 1840 et 1850, trois grands hôtels « de niveau européens », l’Hôtel de Provence, l’Hôtel de Faunch (depuis 1822 jusqu'à 1843) ainsi que l’Hôtel Labastié. En 1857 ouvre l’Hôtel Roma (fondé par un italien, Salvador Lanchani) qui a la bonne idée d’ouvrir un restaurant (un vrai restaurant) dans son hôtel (pour les résidents et les invités). Son restaurant devient de suite la meilleure table de la ville, et on s’y bouscule, à tel point que même les voyageurs français délaissent L’Hôtel Provence pour venir s’accommoder à l’Hôtel Roma. Photo : A la même époque, un hotel de catégorie un peu plus basse que ceux deja mentionnés, l'Hotel del Norte sur Paseo de Julio juste à l'angle de la calle Corrientes. Cet hotel changea plusieurs fois de nom (connu quelques années plus tard comme l'Hotel Nacional dans les années 1920) avant de disparaitre totalement lorsqu'on élargit la calle Corrientes en 1931. |