Mise à jour : 20 septembre 2009. Article de Pierre Lavenue.

Argentine : la valse des étiquettes ! Tout va bien en Argentine....d'après l'INDEC :

Parlez à qui vous voulez en Argentine, du chauffeur de taxi au promeneur de chiens en passant par la porteña allant faire ses courses, tous vous diront que les prix ne cessent d’augmenter. S’ils vous disent le contraire, vérifiez que vous ne soyez pas tombé sur une personne du gouvernement, ou de l'INDEC.
La folie touche les instituts nationaux chargés de traquer et de mesurer l'inflation, le chomage, l'activité économique et la pauvreté dans le pays. A qui profite les resultats erronés ? Pourquoi sous estimer l'inflation ?

Tout va bien d'apres l'INDEC, l'inflation recule !

La méthode Coué de l'INDEC :


Selon l’Indec (El Instituto Nacional de Estadísticas y Censo), l’inflation n’aurait pas dépassé les 7,2 % en 2008, ce qui représente un ralentissement par rapport à l’année précédente (8,5% en 2007).

De leur coté, les analystes privés annoncent des chiffres trois fois supérieurs. Pour l’université de Mendoza, il y a aurait eu une inflation de 24% en 2008, et pour Ecolatina, organisme fondé par l’ex-ministre de l’économie Roberto Lavagna, une inflation de 23,5%.

L’énorme différence entre les différents chiffres est méthodologique. Les organismes privés continuent à utiliser la méthode employée par l’Indec avant 2007 et Guillermo Moreno, ancien directeur de l’Indec (remercié depuis peu) avait changé la méthode de calcul en changeant la « Canasta basica » (Panier de la ménagère), en éliminant les produits ayant trop augmenté ! Bien entendu à chaque remaniement du type de calcul, il y a de moins en moins de produits faisant partie du panier !

Guillermo Moreno a de même remanier l’equipe travaillant sur l’IPC (Indice des prix à la consommation). Bref, des hommes à lui sur des produits à lui donne forcemment des chiffres à lui !

Infographie : Le chiffres de l'inflation d'apres le gouvernement et l'INDEC. Tout va bien, l'inflation recule !


Inflation en Argentine, en rouge l'officielle, en bleu la réelle Pourquoi fausser les Chiffres ?

Simple, le gouvernement fausse les chiffres parce qu’une part de la dette publique est indexée sur l’inflation officielle. En résumé, moins les prix montent officiellement, moins le gouvernement rembourse et moins les obligations qu’il a émises ont de valeur.

D’après le Clarin, depuis deux ans le gouvernement aurait ainsi pu économiser 16 millions de dollars grâce à ces « changements méthodologiques ». La dette est une grande obsession des Kirchner depuis la crise de 2001 lorsqu’ils avaient dut faire face aux conséquences de la suspension des paiements.

Aujourd’hui le danger d’un défaut de remboursement de la dette plane à nouveau car on ne peut pas faire l’autruche éternellement et il reste peu de personnes restant dupes sur les données de l’INDEC. Autre intérêt de « tricher » pour le gouvernement : Cela valorise la politique du gouvernement de dresser un bilan moins négatif qu’il ne l’est en réalité. Malheureusement pour les Kirchner, le temps passe et il faudra se réveiller tôt ou tard. On finira en 2010 ou même en 2011 (si on arrive à la fin du mandat de Cristina Kirchner) par mesurer l’ampleur du désastre économique d’une incohérence de leurs gestions.

Infographie : Inflation officielle de l'INDEC en rouge, la réelle en bleu.  


Manif devant l'INDECConsequence du "maquillage économique" :

Raffraichir l’air en cassant le thermometre, n’a que pour seul effet d’affaiblir le pays.

Tout d’abord, les habitants n’ont plus confiance ni en leur gouvernement ni en les institutions de leur pays, préalable fondamental lorsque l’on souhaite un développement économique durable et solide.

Les argentins « n’y croyant plus » ajouté à un doute subsistant sur le possible défaut de remboursement fait fuir les capitaux à l’étranger. En 2008, les argentins auraient ainsi placé 22 milliards de dollars hors Argentine (Quelle chance pour l’Uruguay !).

Tous les indices et données censées évaluer les richesses et l’économie du pays deviennent inopérants. Dès lors, il devient très difficiles de prendre des décisions économiques cohérentes, autant pour les politiques que pour le privé, dans la mesure où les statistiques ne sont pas représentatives de la situation réelle dans laquelle se trouve le pays.

Comment peut-on calculer la hausse des salaires ? Si on l’indexe sur l’inflation officielle, on note qu’il y a une hausse du pouvoir d’achat, en réalité l’augmentation est moins rapidement que les prix et les salariés notent chaque jour en faisant leurs courses une baisse de pouvoir d’achat. Les argentins ont donc appris à distinguer inflation officiel et inflation officieuse. En mars 2009, même Hugo Moyano responsable de la CGT ( et ami du gouvernement) a ainsi annoncé dans les négociations pour la hausse des salaires qu’il refusait que ceux-ci se fassent sur la base de l’inflation officielle.

Dernière conséquence de ce maquillage économique, les investissements étrangers. L’année 2008 et plus encore l’année 2009, resteront gravés dans les annales du pays pour le désengagement financier des grands groupes internationaux en Argentine. Plus aucun investisseur étranger ne peut plus prendre au « sérieux » un gouvernement qui ne vit plus dans la réalité. De plus, les règles du jeu changeant chaque mois (je parle des lois, décrets, autorisations, taxations, exonérations), il faudrait être fou pour mettre un seul peso dans un rachat, un developpement ou une cooperation dans le pays.

Alors ? Alors on attend tous ! On attend la chute de la Kastafiore, pour remettre sur place les barometres, pour savoir ou on en est, mesurer les dégats et repartir une fois de plus d’en bas (comme en 2002).

Photo : Quand les employés même de l'INDEC dénoncent les maquillages.


Apres la Kirchner, la sècheresseInflation dans un pays en décroissance, etonnant non ?

Les prévisions des organismes privés sont très mauvaises pour 2009, certains allant même jusqu’à prévoir 25% d’inflation pour l’année. Rien qu’en août 2009, l’inflation réelle aurait été de 2.8% sur les biens alimentaires de base d’après le site indépendant « Inflacion verdadera »
(http://www.inflacionverdadera.com).

Ce site indépendant a été lancé par de jeunes économistes argentins. Les banques et autres organismes internationaux n’ont plus d’autres choix que de s’informer à travers ses sites alternatifs. On apprend ainsi que l’inflation serait plus fortement ressentie par les classes les plus pauvres dans la mesure où les produits de premières nécessités augmenteraient plus vite que le reste des biens.

Autre problème, les liquidités. Le gouvernement comme la population en manquent. L’Argentine fait l’objet de restrictions sur les emprunts internationaux. De plus nous sommes dans un pays qui depuis la crise de 2001-2002, combinée à celle de 2008-2009 et au flou kirchneriste n’attire plus les capitaux étrangers. Selon Fitch ils seraient aujourd’hui uniquement de l’ordre de 1,8% du PIB contre 3% avant 2006.

Il parait aussi difficile en ce moment de compter sur une croissance intérieure qui dépend en grande partie des matières premières agricoles. La crise du Campo de 2008 a clairement montré que les Kirchner n’avait pas compris l’importance de cette partie de l’activité économique pour leur pays. La sécheresse de 2009 va malheureusement terminer de mettre à genoux ce secteur. En 2010, pour la première fois de l’histoire de l’Argentine, on devra importer de la viande !!!

Bref, aucune confiance des argentins ni en leurs institutions ni en leur monnaie, croisssance en baisse alors que les prix continuent à augmenter : le bilan est plus qu’alarmant. A moins d’un retournement (miraculeux) de la politique gouvernementale, l’Argentine ne semble pas prête à sortir de la crise. Pour commencer, il faudrait déjà que les institutions politiques et économiques restaurent une certaine transparence dans leur gestion des statistiques. Le nouveau directeur de l’Indec récemment nommé par Kirchner, Norberto Itzcovich, ne semble malheureusement pas de cet avis, et puis on pense du coté du gouvernement deja aux prochaines elections présidentielles...

Photo : Apres les Kirchner, la sècheresse, quand la guigne s'en mêle !


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