Mise à jour : 10 octobre 2008 à 11h./ actualisé à 14h.

La crise (économique argentine) dans la crise (financière mondiale), où comment cacher une crise dans une autre !


Casa de cambio Alors que tout le monde vous parle de la crise financière mondiale, ici on s'occupe plutôt de notre bonne vielle crise économique décennal (à chaque fois sous de formes nouvelles) revenant au galop pour nous plonger une fois de plus dans la réalité d'un pays "émergent". J'aime bien cet adjectif, à force d'être "émergent" ont reste toujours entre deux milieux, entre une Argentine au miracle économique et une Argentine au mirage économique.
Entre 1998 et 2002, 5 bonnes années de récession, (le mot est faible, quand vos économies sont divisées par 3 en quelques semaines).
Entre 2003 et 2008, 5 bonnes années de boom dans tous les domaines, puisque étant descendu au plus bas, nous ne pouvions que progresser.

Depuis octobre 2007, et l'élection de notre adorée présidente de la république (qui est encore plus belle que Carla Bruni et qui comprend encore mieux ce que les mots "pauvre" et "vivre dans une villa miseria" veulent dire), le gouvernement flotte justement entre deux eaux mais souvent sales, où corruption et copinage à la valise est de mise. Bref, on expédie les affaires courantes comme on peut et on comprend le moins possible ses propres administrés. Crise du lait, crise du campo, puis crise d'une sécheresse jamais vue ignorée, hyperinflation de 40 à 50% par an masquée par des chiffres bidons, bref j'en passe et des meilleurs sinon j'en rempli un format A4. 
Voilà donc que notre bateau "Argentine" partait sur un océan de promesse sans trop avoir de cap et dérivant au bon grès des courants et de l'age du capitaine (La capitaine est belle, jeune et jolie). Mais voilà que depuis deux semaines, l'océan se déchaîne, les vagues sont hautes sur les marchés financiers mondiaux, bref avant on ne savait pas trop si ELLE comprenait quelque chose dans son "boulot de président" mais cette fois ci, elle s'accroche au mat, décoiffée et hurle à la crise mondiale.

Baisse de production en Argentine : C'est pas moi c'est la crise financière mondiale.
Accentuation de la pauvreté dans le pays :
 C'est pas moi c'est la crise financière mondiale.
Manque d'investissement de capitaux étrangers : C'est pas moi c'est la crise financière mondiale.
Mais voilà maintenant qu'il lui est bien plus facile de reconnaître ce qu'elle niait encore il y a deux semaines.
Inflation ? : Depuis aujourd'hui, il y en a une en raison de la crise financière mondiale.
Récession ? : Depuis une semaine il y en a une, en raison de la crise financière mondiale.
Dévaluation ? : Obligé il y en a une, en raison de la crise financière mondiale.
Alors tout va bien ? : Bien sur que tout aurait été bien, sans cette satanée crise financière mondiale.

Ah comme c'est facile maintenant, finalement cette crise financière mondiale tombe à pic ! ouf !

Comme au bon vieux temps ! (Photo : La Nacion).Alors ?

Alors voilà. La photo parle d'elle même. Comme au bon vieux temps (je parle de 2001-2002), quand on voyait les queues sur les trottoirs devant les casas de cambio de la City porteña. Cette photo ne date pas de cette époque, elle a été prise hier jeudi 09 octobre 2008 devant la casa de cambio Puentes y Hermanos sur Sarmiento 600.
L'argentin vient se débarasser de ses pesos pour acheter des dollars ou des euros.

Y a t'il une dévaluation ? Officiellement NON  (pas encore) mais dans la pratique OUI déjà ! Quand on possède une inflation de 40 voir 50% en un an, comment pouvoir garder le cours de sa monnaie stable ? c'est impossible. Je m'attendais à voir cela cet été prochain (janvier-février 2009), puisqu'on fait toujours avaler la pilule au peuple pendant ses grandes vacances. Mais voilà que cette "satanée crise financière mondiale" ouvre ses bras, alors bien entendu on en profite pour remettre ses pendules à l'heure et remettre son peso à sa juste place, c'est à dire bien plus bas qu'aujourd'hui (1 EUR = 4,40 ARS) il faut s'attendre à voir descendre le peso à 7 ou 8 pour 1 euro dans les prochains mois.

Il y a bien sur toujours plus malin que l'Argentine, le Brésil, car Lula malin comme un singe a déjà pris les devant en dévaluant le Real. Depuis le 01 septembre 2008, le real a dévalué de 30 % (pas mal en un mois, hein ?) passant de 1USD = 1,60 à 2,30 BRL. (2,40 à 3,10 BRL pour 1 Euro en un mois)
Comme l'économie des deux pays est très intimement lié, je ne vois pas comment le ARS ne devrait pas suivre. Pour le peso argentin en ce mois de septembre l'USD est passé de 3,02 ARS à 3,24 ARS soit près de 10% de dévaluation)  on a donc du retard !
Vendredi 10 octobre 2008, il est 11h, nous sommes déjà à 1 USD = 3,26 ARS.  Hier, la banque le la Nacion a vendu pour 100 millions de dollars (1 milliard de dollars cette semaine) pour freiner la chute du peso, mais qu'importe, il s'enfonce ! 
Le peso argentin doit suivre la baisse du real brésilien, sinon le Brésil deviendra une fois de plus trop attractif pour les entreprises qui iront se délocaliser là bas. On a déjà connu la même chanson au milieu des années 90.

L'ondulation administrative :

Si il faut donc fixer une date pour savoir exactement quand a débuté la dévaluation, fixons là au 1er septembre 2008. L'indice Dow Jones, Merval et CAC 40 ont plongé eux à partir du 22 septembre 2008. Mais qu'importe, Cristina nous a déjà préparé une belle histoire puisque officiellemment il n'y a pas de dévaluation mais une "flotación administrada" (flottement ou ondulation administrative) (c'est pas beau ça ?)

A suivre...

La Cristina en sort une bonne !
Photo : la Crsitina Kirchner en sort une bonne hier, jeudi 09 octobre 2008 : "L'ondulation administrative du cours du peso !" Fallait oser, les membres de son gouvernement n'en reviennent toujours pas !

Actualisation à 14h00 : (Paris 19h00)

Voilà donc le début de la dégringolade du peso argentin :
- A l'ouverture 10h : 1 USD = 3,24 ARS
- A 11h : 1 USD = 3,26 ARS
- A 14h : 1 USD = 3,29 ARS

C'est pour le moment la plus forte chute de la monnaie argentine depuis janvier 2003. La bourse ferme à 17h00, il nous reste encore 3 heures. (La cotation en temps réel apparait sur la colonne de droite en haut de page).



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