1934 : Policiers et gangsters à Buenos Aires
28 déc. 2013Mise à jour : 28 décembre 2013.
Les bandes organisés du Buenos Aires des années 30 : Au début des années 30, une nouvelle criminalité apparait à Buenos Aires, les gangsters, plus fortement armés et surtout très violents. Leurs cibles préférées les banques et les transports de fonds. Mieux équipés que la police, ils ont souvent l’avantage, la puissance de tir et aussi des voitures bien plus puissantes pour pouvoir s’enfuir ! La Police Fédérale (Policia Federal) en a bien conscience, mais voilà, l’argent manque ! Elle organise alors réunion de sensibilisation (comme on dirait aujourd’hui), des quêtes, des fêtes de bienfaisance, des loteries et lotos, et des kermesses uniquement dans le but de récolter des fonds. La plus grosse collecte se nomme « “Colecta del Día de la Seguridad Pública” (Collecte du jour de la sécurité publique). L’opération est réussie ! Le 15 juillet 1934, la Police Fédérale acquiert 50 Ford V8. Puissantes, rapides, blindées et aménagées pour pouvoir tirer au pistolet ou à la carabine Bereta à partir de l’intérieur. Il faut préciser que la Ford V8 était, depuis son lancement en 1932, la voiture préférée de Bonny et Clyde, abattus en cette même année 1934. Les 50 unités sont donc équipées aussi de radios pour recevoir la LPZ (Radio policière). 1ère mission d’une de ces Ford V8, le même jour, un échange de tirs entre une unité et 4 voleurs qui ont volé 4 pesos à un ouvrier sur avenida Las Heras et angle calle Lafinur. On ne retrouva pas les voleurs qui se sont enfuis par le Jardin Botanique. Photo : 1932 : Vicente Padula et Gardel dans le film Melodia de arrabal. Les années 30 en Argentine, des histoires de gangsters, de mauvais garçons, de "malevos" et de "guapos" hantent les esprits de tous. Publications, revues, magazines, livres, tangos et films en foisonnent. Le gangster est à la mode. "Melodia de araval" est un film argentin mettant en scène Carlos Gardel mais sera tourné aux studio de Joinville à Paris. |
Photos : La toute nouvelle Ford V8 flambant neuve pour la Policia Federal. Rapidement la police va se rendre compte que les deux lunettes avant permettant de glisser une carabine ne permettront pas d'avoir toujours l'angle suffisant pour faire mouche. |
Photos : Toutes les modernisations et nouveautés des années 1933 - 1934 de la Policia Federal. Tout d'abord un équipement bouclier pour les policiers (à gauche). Au dessus, le Cinetiro, où comment entrainer les agents à tirer sur une cible mouvante ! Rien de mieux que de tirer sur un écran ! Enfin ci dessous, dans la revue Caras et Caretas du 17 octobre 1933, la nouvelle radio Radiopolicia qui diffuse aux véhicules les informations en temps réel. |
Photo : Dans la revue Caras et Caretas du 17 août 1933, la nouvelle radio Radiopolicia qui diffuse aux véhicules les informations en temps réel. |
Photo : Le magazine "maison" de la Policia Federal "Magazine Policial de août 1933 qui deviendra Radiopolis Magazine en mars 1934, quand le service radio à bord des véhicules sera installé. On peut lire dans ce genre de revue les avancées technologiques mises à la disposition de la police, les arrestations les plus spectaculaires du mois, les conseils aux agents, etc... |
Ruggierito contre Valea : Une des figures les plus emblématiques des gangsters des années 30 à Buenos Aires est « Ruggierito » de son vrai nom Juan Ruggiertio. Son pire ennemi, Julio Valea. Chacun a la tête de bandes rivales voulant régner sur Buenos Aires. Juan Ruggiertio règne sur la banlieue sud, à partir de son fief installé dans la commune d’Avellaneda, l’autre Julio Valea règne sur Buenos Aires Capital Federal. Des années de règlements de compte entre les deux hommes pour se partager le milieu des jeux clandestins. De quoi faire des films, tout y est, l’ambiance, les femmes, les vengeances, les familles qui s’entretuent à tour de rôle pour des histoires d’honneur. Une anecdote : le journaliste du quotidien « Critica », Gustavo Germán Gónzalez, spécialisé dans les histoires policières et les fais divers est un jour convoqué personnellement par Julio Valea à l’Hotel Castellar (avenida de Mayo). Le journaliste y va et est reçu dans les salons par le parrain. Julio Valea lui déclare “Je ne veux plus de sang. J’ai suffisamment d’argent pour que la police ne m’ennuie plus. Vous le connaissez bien Ruggiero. Allez le voir et nous ferons la paix. Que ces hommes ne viennent pas sur Buenos Aires, et les miens ne passeront pas le pont » (pont qui enjambe le riachuelo et qui délimite Buenos Aires de la banlieue sud). Après la réunion, le lendemain le journaliste va voir Eduardo Santiago, chef de la police de Buenos Aires pour lui faire part de son entrevue. Ce dernier lui repondra : “- Se puede arreglar. Para la semana que viene los juntaremos aquí, en mi despacho, a los dos y trataremos de que se firme la paz”. (Ça peut s’arranger. Pour la semaine prochaine nous les réunissons tous les deux ici dans mon bureau et nous essayons de leur faire signer la paix !). Si cette fois-ci les deux hommes arrivèrent à un accord, c’est pourtant seulement quelques années plus tard que les deux mouraient à nouveau sous les mitraillettes. Julio Valea qui n’avaient pas le droit d’entrer à l’hippodrome de Palermo, suivait tout de même la course ou trottait un de ces chevaux debout sur le toit de sa voiture les jumelle à la main, une rafale de balle le jeta à terre. Quant à Ruggiero, c’est une après midi à la sortie d’une visite galante à Avellaneda qu’on ne le « rata » pas. Dans les deux cas, on ne sut jamais qui avait commandité les deux meurtres. Photo : Quelques semaines avant sa mort, à l'age de 36 ans, à droite Ruggiero. Au centre Carlos Gardel et à gauchje le poète, écrivain et parolier Bartolome Aprile. C'est l'époque ou les stars de la chanson et du cinéma aiment se faire photograpier avec les parrains de la mafia porteña ! |
Photo : Operation de la Policia Federal en banlieue de Buenos Aires en 1934. |
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