Mise à jour : 28 avril 2011. Catégorie : Buenos Aires.

Article écrit par Martin Texier et le Petit Hergé.

San Ignacio de Loyola :

L’Eglise de San Ignacio de Loyola est aujourd’hui la plus ancienne église de Buenos Aires mais aussi le plus ancien bâtiment de l’époque coloniale espagnole encore en activité.

Elle fait partie intégrante de la zone qu’on appelle la « Manzana de las luces » (le quartier des lumières), la zone la plus ancienne de la ville située au sud de la Plaza de Mayo.

Depuis 1994, en totale rénovation, elle est en cours d’achèvement et constitue une étape obligatoire dans la visite historique de Buenos Aires.

Photo : Les tunnels passant sous San Ignacio datant de l'epoque coloniale.

Première église des jesuites sur la Plaza Mayor :

L’histoire de la ville de Buenos Aires est liée à l’arrivée des jésuites et à leur installation sur ces nouvelles terres. C’est ainsi que l’une des premières églises fut montée sur leur ordre sur l’actuelle Plaza de Mayo (ex Plaza Mayor) sur l’actuel emplacement de la Cathedral, en 1675. Les habitants ne disposant ni de pierre, ni de brique lorsqu’en 1608 arrivèrent les premiers jésuites, ils décidèrent de dresser un premier temple en torchis, terre cuite et toiture de paille. L’église fut nommée Nuestra Señora de Loreto pendant un temps très court puisqu’après la béatification d’Ignacio de Loyola en 1609 (mort en 1556), l’église fut rebaptisée l’année suivante San Ignacio.

 Le déménagement sur la calle San Carlos (Alsina) :

L’église reste sur la Plaza Mayor près de 50 ans, mais en 1661 pour des raisons de sécurité, les jésuites préfèrent s’éloigner du fort qui s’agrandit et cherche un nouveau terrain pour s’y installer. C’est alors que Doña Isabel Carvajal, veuve de Gonzalo Martel de Guzmán (un des premiers maires de la ville), sans enfant donne à la Compagnie de Jésus un terrain situé au sud du Cabildo et situé entre les rues (actuelles) de Perú, Bolívar, Alsina et Moreno.

En 1661, commence donc la construction de la nouvelle église San Ignacio sur son emplacement actuel. La construction est rudimentaire et montée en « adobe » (torchis). Elle est enfin achevée en 1675.

Il faut attendre 1686 et l’installation de la première fabrique de briques à Buenos Aires, pour que le torchis de la façade soit remplacé par ces briques. On peut aussi s’élever plus haut et on entreprend de monter un premier clocher (sud).

Vidéo : (2009) Plan de Restauration de San Ignacio de Loyola de Buenos Aires.

La Cathédrale provisoire :

Peu à peu à partir de 1712, on remplace les murs de l’ancienne église par des briques et on l’agrandit d’après les plans de l’architecte jésuite Juan Krauss, sans toucher à la façade et à son clocher. Aujourd’hui cette façade est la construction la plus ancienne de tout Buenos Aires.

Après 1791, bien qu’elle perde le titre de « Cathédrale », les porteños se bousculent toujours pour les offices et les mariages car San Ignacio reste pour beaucoup le seul véritable temple.

A Partir de 1775, San Ignacio fonctionne comme Cathédrale, car l’église restée sur la Plaza de Mayo doit être modifiée. Il faut dire que depuis 1770, on avait détecté des fissures sur la coupole de la Cathédrale de la Plaza de Mayo, et on décida de tout démolir, les travaux durèrent jusqu’en 1777, puis en l’année suivante ce fut au tour du portique et aux deux tours de connaître le même sort. La « reconstruction » de la Cathédrale se termina en 1791. Pendant donc 16 ans, San Ignacio dut servir de Cathédrale provisoire.

Création de l'Université de Buenos Aires :

En 1806 et 1807, les nombreux combats entre porteños et anglais (qui voulaient s’emparer de la ville) transformèrent à plusieurs reprises le quartier en champs de bataille. Une grande messe y fut célébrée pour le nouvel an 1807 en l’honneur de ceux qui étaient tombés.

En 1821, est créé par la Nation officiellement l’Université de Buenos Aires, et s’installe dans les anciens cloitres et le monastère de San Ignacio, dont une partie était déjà occupée par le college des jésuites, sous le nom de Colegio Grande. Seul l’Eglise reste consacrée. Il faudra attendre les années 1970 (durant l’époque militaire) pour que l’Université de Buenos Aires déménage. On se souvient encore de la « nuit des longs bâtons » le 29 juillet 1966, ou la police entra (par la calle Perú) dans l’Université pour arrêter nombre d’étudiants et de professeurs. Aujourd’hui toute la partie sud de la manzana est encore contrôlée par l’Université, et abrite le « Colegio Nacional ».

Photo : Vers 1890, Le Colegio Grande, devenu Université de Buenos Aires et abritant le Colegio de Ciencias Morales, En 1910 les bâtiments sur la photo sont démolis et laisse place au Colegio Nacional de Buenos Aires que l'on peut voir aujourd'hui. Au fond, on peut appercevoir les deux clochers de l'Eglise de San Ignacio. La façade du Colegio a aujourd'hui changé de physionomie.

Un deuxième clocher :

En 1822, on re-débute des travaux à la Cathédrale de Plaza de Mayo. En fait depuis des années, elle ne disposait pas façade. Las travaux avait été arrêtés en 1807 par manque de capitaux. En 1823 les travaux ont pris une telle ampleur, que pour la seconde fois on transfère le titre de Cathédrale à San Ignacio le temps de terminer la colonnade de la « Cathédrale Métropolitaine » (celle de la Plaza de Mayo) comme on la nomme alors.

En 1830, on redéfini bien les deux nouvelles paroisses entre « Cathédrale sud » (pour San Ignacio) et « Cathédrale Nord » (pour la Métropolitaine).

 En 1836, les jésuites reviennent (après avoir été expulsés en 1767) et occupe à nouveau San Ignacio jusqu’en 1843. (Nouvelle expulsion).

 En 1856, L’ingénieur espagnol Felipe Senillosa dote la façade d’un deuxième cloché (Nord). On l’appelle la « Torre del Reloj » (La tour de l’horloge) car y fut placé l’ancienne horloge provenant du Cabildo. Senillosa était ingénieur mais aussi mathématicien et enseignait juste à cote de l’Eglise à l’Université de Buenos Aires.

Il faut attendre 1942, pourque l'église soit déclarée monument historique national.

L'incendie des péronistes :

En 1955, les péronistes incendient de nombreuses églises dont San Ignacio. Perón toujours en opposition avec l’Eglise avaient poussé ses hommes après la tentative raté contre lui de coup d’état du 16 juin à se venger en incendiant tous les symboles de ceux qui avaient voulu le renverser. L’Episcopat argentin en faisant parti, les péronistes incendiaires et pillèrent de très nombreuses églises du centre de Buenos Aires. En fait 3 mois plus tard, le 16 septembre, un nouveau coup d’état d’autres militaires le renversera.

Une décision qui encore aujourd’hui met mal à l’aise les péronistes, la ville a en effet perdu de nombreux livres, documents historiques, meubles, et pièces inestimables du patrimoine. Perón a toujours ensuite soutenu que les incendies de 13 églises à Buenos Aies avaient été allumés par les communistes. Le même argument qu’Hitler pour le Reichtag en 1933.

Photo : Intérieur de l'Eglise de San Ignacio de Loyola pendant sa restauration. Photo Novembre 2010.

 

Photos avant restauration : Nef principale soutenue par une structure metallique en 2004. A l'exterieur, on évite que la façade se couche dans la calle Bolivar entre 2003 et 2007. 

La restauration :

Depuis 1994, des travaux de consolidation ont été entrepris, en effet de multiples fissures apparaissaient à l’intérieur comme à l’extérieur de l’église. Les fissures verticales les plus impressionnantes sur toute la hauteur de la façade faisaient craindre le pire. Il fallut rapidement installer des étaiements métallique en 2003 au milieu de la calle Bolivar pour soutenir la façade qui risquait de se coucher sur la rue. La structure fut retirée en août 2007. Il y avait aussi une seconde structure à l'intérieur même de la nef !

12 millions de pesos on été investi (provenant de la Nation, de la Ville, de l’Eglise et de quelques partenaires privés), et les travaux avancent peu à peu. En 2010, l’église a été totalement fermée lorsque la rénovation intérieure fut lancée. Depuis mars 2011, on peut à nouveau y pénétrer, et en profiter pour voir travailler les restaurateurs sur les fresques et les retables. De gros échafaudages cachent pour le moment la façade. (Avril 2011).

Photo du haut : Les étaiements métalliques entre 2003 et 2007. En bas, travaux accomplis entre 2007 et 2011.

Infographie : Travaux de restauration de l'Eglise de San Ignacio de Loyola. Cliquez sur le dessin pour agrandir.

Photo : Intérieur de l'Eglise de San Ignacio de Loyola pendant sa restauration. Photo Novembre 2010.

Les conseils du Petit Hergé :

 

La visite est plus que conseillée pour celui qui veut connaître le Buenos Aires colonial. Il reste très peu de vestige d’avant le XIXème siècle, et cette église en est le phare de ce qui va dans quelques années être la « Manzana de las Luces » et qui va regrouper quelques rues et surtout des édifices récupérés comme ceux de l’angle Alsina x Defensa qui deviendra d’ici quelques mois le nouveau musée historique de la Ville.

Pendant que vous y êtes, jetez un coup d’œil juste en face de la façade de San Ignacio, se trouve une librairie datant du début XXème encore dans son jus (descendez au sous sol).

Il n’y a pas encore de visite guidée pour San Ignacio, il y en avait avant le début des travaux, on peut supposer que dans quelques mois, les visites reprendront ! (Avril 2011).

Une partie du monastère est toujours debout, vous pouvez y entrer par l’arrière du bâtiment (Angle Alsina et Perú), vous pouvez y entrer tous les jours sauf le dimanche. Dans la salle du rez-de-chaussée y sont installés des marchands de pacotilles, passez à travers et sortez au milieu de la salle par une porte à votre droite, le plus intéressant est le plus ancien patio tout nouvellement restauré.

A lire dans le Petit Hergé :

- Le Micro Centre : Le Centre Historique.(Mai 2006).

- Le Micro Centre : La City Porteña.(Mai 2006).

- Le Micro Centre : Le Quartier de Retiro.(Mai 2006).

- Musée des Arts Décoratifs de Buenos Aires.(Avril 2008).

- Le Cabildo.(Mai 2009).

- Le Musée National des Beaux Arts.(Septembre 2010).

- Le Musée d'Art Espagnol Enrique Larreta.(Septembre 2010).

- Le Micro Centre : La Calle Florida.(Janvier 2008).

Photo : La Galeria Alta surplombant la nef de San Ignacio de Loyola.

 

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