Mise à jour : 29 septembre 2011. Article écrit par Laurence Hilleret.

Le déficit d’Aerolineas Argentinas :

 

Depuis maintenant près de 15 ans, la plus grande compagnie aérienne argentine est en crise. Fluctuant entre privatisation et nationalisation, Aerolineas Argentinas se bat pour rester le fleuron de l‘aviation argentine qu’elle était alors et pouvoir devenir le premier membre sud-américain de l’alliance Sky Team.

Cependant, cela a un prix, et pas des moindres. L’état argentin ne cesse d’injecter de l’argent dans cette entreprise afin qu’elle garde la tête hors de l’eau : en trois ans, le gouvernement a injecté plus de 1900 millions de dollars.

Les débuts de la compagnie :

 

A partir de la compagnie générale de l’Aéropostale, devenue célèbre par nos très nationaux Antoine de Saint-Exupéry ou autre Jean Mermoz, naît en 1929 une filiale argentine Aeroposta Argentina S.A. Plus tard, en 1947, le gouvernement possèdera déjà 20% des parts. Trois grandes entreprises étaient également présentes à cette époque : A.L.F.A.- Aviación del Litoral Fluvial Argentino, FAMA - Flota Aérea Mercante Argentina et Z.O.N.D.A.- Zonas Oeste y Norte de Aerolíneas Argentinas.

Cependant, comme ces entreprises ne généraient pas assez de profits, elles furent toutes regroupées en une seule entreprise étatique, le 14 mai 1949 : Aerolineas Argentinas- Entreprise d’État (plus connue sous le nom d’Aerolineas Argentinas) dont les opérations commencèrent le 7 décembre 1950.

L’entreprise se développa alors peu à peu, notamment en acquérant des avions plus performants (comme le DC-3) ou encore en développant le service de nuit. La compagnie cessa d’être seulement nationale et étendit ses voyages à New York, Londres ou encore Dakar et La Havane.

Photo : Dans les années 40, un Trimoteur Junker de Aeroposta Argentina.

Carte : Routes actuelles des vols d'Aerolineas Argentinas en 2011.

Le développement :

 

Le président argentin Arturo Frondizi acheta 6 nouveaux avions (que l’entreprise devrait rembourser plus tard) ce qui lui permit de maintenir une croissance stable et forte et de conquérir de nouveaux aéroports comme Paris ou Madrid.

Dans les années 70, l’acquisition du Boeing 747 et le développement de produits dérivés (notamment des petits avions à l’effigie de la compagnie) permirent un développement marketing important. En 1971, le monopole des trajets internationaux fut accordé à Aerolineas Argentinas, ainsi que 50% du marché intérieur. Aucune autre compagnie aérienne n’avait le droit d’effectuer des vols longs courriers à l’international. Cependant, durant la guerre des Malouines, la compagnie aérienne se vit refuser le droit de voler dans le territoire aérien britannique.

Nationalisation, Privatisation : où tout commence à aller mal…

 

En 1980, le gouvernement argentin fit l’acquisition de la compagnie aérienne Austral. Cependant, des tensions virent le jour entre les deux compagnies notamment au niveau des différences de salaires entre les pilotes, ce qui mena à une grève. Profitant de l’opportunité, d’autres compagnies prirent de plus grosses parts du marché domestique et l’état autorisa même des compagnies étrangères à exploiter les routes aériennes internationales qui étaient le monopole de l’Aerolineas Argentinas. Aujourd’hui encore, des grèves de pilotes sévissent au sein de l’entreprise ; elles sont rendues responsable d’une partie du déficit : « l’impact est fort car Aerolineas perd son marché international, le plus rentable », déclarait récemment le directeur.

 

Bien que les partis d’opposition péronistes s’y soient fortement opposés, la privatisation d’Aerolineas commença à être envisagée sous la présidence d’Alfonsin et fut autorisée finalement le 27 décembre 1989.

Sous la présidence libérale de Ménem, le 21 novembre 1990, Iberia (compagnie espagnole) et Cielos del Sur SA acquérir 85% des parts d’Aerolineas, première grosse entreprise argentine a être privatisée. Bien que la compagnie était très bureaucratisée alors, elle était rentable et sans dette, dégageant près de 90 millions de dollars (US) par an. En 1991, Iberia rachète Cielo del Sur SA (qui possédait Austral) et voit ainsi sa part dans les actions d’Aerolineas augmenter considérablement. Cependant, Iberia ne fit pas fusionné les deux compagnies.

 

En avril 1994, Iberia injecta près de 500 millions de US dollars dans la compagnie afin de posséder 85% des part, seul 5% appartenant alors au gouvernement (qui refusa son poste privilégié à la direction de la compagnie) et 10% aux employés. 
Cependant, afin de recevoir le soutien financier de l’état espagnol (à travers la commission européenne), Iberia dû réduire sa part d’actions au sein d’Aerolineas et d’Austral qui tomba à 20%, puis à 10% en 1997 (à ce moment là, 10% des parts furent acquise par American Airlines), l’état argentin ne possédant toujours que 5% des actions.

Des allégations de corruption furent faites et à la fin des années 90, la compagnie était au bord de la banqueroute. Les pertes en 1999 étaient de l’ordre de 240 millions de dollars et en 2011, Aerolineas fut au bord de la fin ; l’état espagnol ayant essayé de revendre ses parts à American Airlines qui déclina l’offre. 

En 2001, l’état argentin se vit dans l’obligation de payer les salaires des employés tandis que le paiement des salaires des mois qui suivirent fut suspendu car les syndicats ne voulaient pas accepter le plan de réorganisation proposé pour remettre la compagnie à flots. La majeure partie de la flotte aérienne restait à terre et seul  30% des vols internationaux (et 10% des vols domestiques) étaient assurés. La crise s’aggrava quand les liaisons journalières vers Madrid furent interrompues. En 2002, la compagnie interrompit pendant quelques jours tous les vols internationaux, cependant, elle reprit pied après l’injection de 50 millions de dollars et un accord de restructuration de dettes.

Vidéo : Reportage sur les 60 ans de Aerolineas Argentinas en janvier 2011. Comme le canal 7 est controlé par le gouvernement, l'information est "un peu" dirigée. Au passage, on tire sur Menem et Cavallo qui ont "lâchement" vendu l'entreprise aux espagnols. On aura compris depuis l'arrivée du couple de Kirchner et de la renationalisation de l'entreprise en 2008, "tout va mieux !". On oublie peut etre au passage de mentionner que depuis la compagnie coute 1,7 millions de dollar par jour aux contribuables argentins ! Un bon film de propragande. 

Et aujourd’hui…

 

Le 3 septembre 2008, une loi fut votée par le Sénat et le Congrès visant au rachat de l’entreprise par l’état. Cette loi stipule que « le pouvoir exécutif national pourra utiliser les mécanismes nécessaires afin de couvrir les besoins financiers dérivant du déficit des entreprises Aerolineas Argentinas S.A et Austral Lineas Aereas ». Cette re-nationalisation de la compagnie fit acquérir à l’état plus de 99% des parts, les 0,6% restant appartenant toujours aux employés. Depuis ce jour, voici maintenant 3 ans, l’état a déboursé près de 1.900 millions de dollars (us) pour la compagnie, dont la plus grande partie servent à résorber le déficit (des avions ont également été acheté mais ils n’ont été payé qu’à hauteur de 15%). 

 En 2010, après avoir fait peau neuve en adoptant un nouveau logo, la compagnie aérienne a commencé le processus pour rejoindre l’alliance Sky Team d’ici à 2012. Elle serait alors la première compagnie sud-américaine à rejoindre cette alliance.

 En 2011, le gouvernement recherchait des investisseurs privés pour financer la compagnie.

Aujourd’hui, le président d’Aerolineas, Mariano Recalde, assure qu’en 2012 la situation va s’équilibrer, que le déficit est en train de se résorber lentement (sans toutefois donner plus de précisions). « C’est une activité très saisonnière, il y a des périodes hautes et des périodes creuses », déclare-t-il. « Le déficit continue de se réduire mais on n’atteindra pas les projections du business plan réalisé en 2009 ». Malgré l’augmentation du nombre de voyageurs, les montants déjà déboursés dépassent les prévisions, notamment à cause du coût constamment croissant du pétrole. Une des principales raisons du déficit pointée serait les conflits corporatifs, notamment la surabondance de main-d’œuvre (près de 60 travailleurs de plus que chez les concurrents sur chaque avion).

 Cependant, le président relativise en déclarant que « L’état est en train d‘investir beaucoup d’argent dans la compagnie mais ce n’est ni de l’argent perdu ni un déficit, c’est un investissement dans la récupération d’un service public fondamental pour l’Argentine ».

L’avis du Petit Hergé :

 

L’histoire de la compagnie depuis une vingtaine d’année est une saga incroyable ou tous les paramètres entrent en jeux, lutte d’influence, corruption, règlement de compte politique, tensions syndicales, enrichissement… La compagnie existe encore, de nombreux problèmes techniques sur ces appareils et le non respects de procédures de sécurité fait que ces dernières semaines la compagnie a été rappelé a l’ordre par la Safety Assessment of Foreign Aircraft (SAFA). La compagnie Aerolineas Argentinas continue à couler et coute à l’Etat 1,7 millions de dollars par jour !

A lire dans le Petit Hergé :

Tout ce qu'il faut savoir quand on arrive à Ezeiza- Tout ce qu'il faut savoir quand on arrive à Ezeiza.(Mai 2011). Comme l'indique le titre, ce qu'il faut savoir dès que l'appareil touche le sol a votre arrivée a l'aeroport d'ezeiza de Buenos Aires. Douanes, passage, passeport, déclaration, taxi et change...(Lire la suite)

 

 

 

Buquebus : Le lien entre l'Argentine et l'Uruguay- Buquebus le lien entre l'Argentine et l'Uruguay.(Septembre 2010).

En effet, Buquebus est née en 1981 et en 1982, sa toute première ligne, Buenos Aires – Colonia, fut assurée par le Silvia Ana. Depuis, cette activité s’est largement développée. Buquebus a, entre 1982 et 1999, fait l’acquisition de 8 nouveaux bateaux destinés aux trajets dans le Rio de la Plata, et a élargi ses activités au tourisme en créant ses propres agences et vient de créer une compagnie aérienne...(Lire la suite)

Hugo Moyano et la CGT Argentine

- Hugo Moyano et la CGT argentine.(Septembre 2010).

Parcours syndical : il est délégué syndical à partir de 1962, pour le syndicat de routiers de Mar del Plata, puis continue sa carrière syndicale jusqu’à aujourd’hui. De 1987 à 2003, il est secrétaire général du syndicat de routiers pour la région de Buenos Aires, et conjointement à partir de 1997, pour le Mercosur. Enfin, il accède en 2004 au poste de secrétaire général de la CGT, poste qu’il occupe toujours...(Lire la suite).

27 octobre 2010 : Recensement en Argentine- Le recensement argentin d'octobre 2010.(Ocotbre 2010). Les sociologues s’accordent pour dire qu’un recensement constitue « la mobilisation la plus importante en temps de paix ». Le 27 octobre, une armée de 650 000 recenseurs va parcourir le pays afin de savoir qui sont et comment vivent les personnes qui habitent en Argentine. Seul l’Etat est capable de se charger d’une telle opération. Sans les chiffres d’un recensement, il est pratiquement impossible de mener à bien des politiques publiques...(Lire la suite).

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