Buenos Aires : Capitalisme sauvage dans la calle Florida
26 déc. 2011Mise à jour : 26 décembre 2011.
Video : Sans commentaire, la calle Florida de Buenos Aires. |
Réaction des commerçants : Quand on paye le m2 de boutique sur Florida proche du prix de celui de l’avenue Montaigne à Paris, on est en droit d’attendre que cette même avenue ne soit pas le théâtre d’un déballage sur couvertures de statuettes africaines et autres babioles de boudas se grattant le nombril. On imagine mal le Triangle d’or du 8ème arrondissement de Paris occupé par les revendeurs de tout poil de produits provenant de la place d’Italie. Les flics et autres CRS de la zone sifflotant le nez en l’air et s’amusant avec leur Tetris de leur portable et laissant grouiller et négocier sous leurs yeux des produits des plus représentatifs de ce qui est l’artisanat chino-parisien. Eh bien ici à Buenos Aires : Si ! Les commerçants qui payent donc une fortune leur 20 ou 30 m2 sur la rue, payant des impôts, une location, la TVA et autres impôts à la DGI ont du mal à comprendre cette concurrence déloyale. Pour une fois je ne jetterai pas la pierre à notre Kastafiore national, mais plutôt au président de la ville de Buenos Aires qui laisse faire, je parle de Mauricio Macri, président de la ville, disposant d’une police municipale que l’on retrouve plus souvent à vous faire souffler dans le ballon (ce qui est aussi nécessaire) qu’a constater dans le micro centre l’invasion des chino-boliviens. Mais pourquoi laisse-t’il faire ? Mystère et boule zen ! Ne soyons pas naifs, les manteros appartiennent tous à des réseaux mafieux boliviens ou péruviens qui organisent les ventes dans les rues. |
Macri négocie, il est très fort pour ça (d’ailleurs c’est pour ca qu’il fait de la politique), dans un premier temps, il a autorisé les « vrais artisans », les hippies, ceux qui passent leur journée à réaliser colliers de perles plastiques, bracelets cuir, écharpes odeur patchouli, ils ont la vingtaine ou vingtaine attardé (Ca va de 30 jusqu’à 40 ans) et s’habillent comme nos hippies européens de mai 68. Une sorte de seconde vague hippesque, un renouveau du genre, eux les argentins qui n’ont pas pour raison « Videla » connu les joies des cheveux longs, jeans velours colorés et sabots en bois des années 70, peuvent en ces années 2010 vivre 40 après les mêmes recherches spirituelles et communautaires. Bref, seule une pointe de modernisme dans leur coiffure les démarquent de nos ancêtre en leur faisant adopter la coiffure afro jamaïcaine et ses dreadlocks, mais pour le reste, y compris la philosophie de vie, le hippie argentin 2010 = le hippie européens 1970. Bref… revenons à nos bracelet. Donc Macri, grand négociateur a donné l’autorisation aux hippies de vendre (donc sans facture, sans TVA, sans impôts… normal, puisqu’ils sont contre l’ordre établi mais tirant quand même subsistance du système capitaliste commercial) leurs objets d’art sur la portion de la Calle Peru entre Avenida de Mayo et Diagonal Sud. Jusque là tout allait bien. Puis un ou deux mirent le pied sur la première cuadra de Peru puis de Florida entre Avenida de Mayo et Diagonal Norte, qui précédèrent d’autres sentant que plus de piétons devant leurs colliers signifiaient en terme « hippie-capitaliste » bonnement plus de fric. Quelques grincements, quelques déclarations de Macri expliquant déjà aux propriétaires des magasins que c’était un atout et pouvait même attirer encore plus de touristes brésiliens en manque d’authenticité. Nous arrivions donc à un statu quo de 3 cuadras occupées par des hippies artisans surveillés de près par les gérants des boutiques. Photo : Petit accrochage entre Policia Fedral et artisans hippies sur la calle Peru. |
Vidéo : En juillet 2011, la police métropolitaine intervient dans un dépot de l'avenida Santa Fe (tres chic) ou sont stockés tous les produits qui ont ensuite vendus à la sauvette par les réseaux mafieux péruviens et boliviens dans la calle Florida. Sur le film à 2mn 16, arrivent les boliviens qui veulent recuperer leurs marchandises et s'affrontent à la police. |
En effet, pourquoi continuer à payer une location hors de prix, payer ses impôts, les salaires si devant sa propre vitrine, le bolivien débarque avec la même marchandise (qui a même des chances de sortir du même atelier). Manifestations des gérants de boutiques de la calle Florida, pétitions auprès de la présidence de la Ville, lettre ouverte a Macri, l’Association des amis de la calle Florida est aussi intervenu, mais rien n’y fait ! Les manteros sont tranquilles en pleine rue, en plein jour, aux yeux de tout le monde, et continuent à vaquer a vendre a tour de bras sans aucune facture et toujours tout au noir ! Du coté des autorités, aucune intervention … on ignore, à se demander pourquoi sont ils tous devenus tant aveugle ! La AFIP (fisc) ne sait rien, ne voit rien… La Federal (police nationale, donc de Kirchner) n’est au courant de rien et déclare que ce n’est pas de son ressort, enfin la Metropolitaine (la police municipale de Macri) n’intervient pas non plus ! On laisse faire, on laisse la situation se dégrader, l’espace public est envahi, les manteros se partage l’espace, les boutiques entre en guerre ! |
Vidéo : Cette fois ci c'est en mars 2011, que la police de la ville de Buenos Aires met main sur tout un stok de marchandise dans le quartier de la Nueva Pompeya à Buenos Aires tenu par la mafia peruvienne. Apres quelques minutes d'intervention, les peruviens attaquent les forces de l'ordre pour recuperer leurs marchandises. A y regarder d'un peu plus près, on s'apperçoit que le probleme de la calle Florida est bien plus vaste et que le milieu peruvien controle maintenant la vente ambulante sur la ville. |
Photo : Devant Zara dans la calle Florida, à droite les couvertires des manteros boliviens, à gauche sous les parasols les commerçants légaux qui envahissent à leur tour la rue. Difficile de se frayer un chemin sur le peu de m2 qui restent. |
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