Mise à jour : 04 avril 2016 (3ème édition) / 13 janvier 2007 / 11 juin 2006

L'histoire du cinéma argentin :

Voici un rapide aperçu ou une introduction de ce que fut le début du cinéma argentin entre 1909 et le début des années 60. Des premiers films muets, en passant par la grande époque des films chantés de préference au rythme du tango, jusqu'au comédies lègères des années 50 - 60. D'autres articles suivent pour entrer un peu plus dans le sujet ! 

Nota Bene : Cet article fut un des premiers de mon site datant de 2006 et légèrement modifié en 2007. Il était temps de me remettre à les réécrire. De plus depuis sont apparus et se sont développés les sites de youtube (qui n’en était qu’à ses prémices à partir de 2005-2006) et de flickr (entre 2004-2006). Ce qui explique que la première version de cet article ne comportait aucune vidéo (un comble pour traiter un sujet comme le cinéma !). Quant aux photos, j’avais du mal à les stocker, et ce qui explique aussi que sur la totalité de mes articles de la période 2005-2009 ont perdu presque tous les photos qui les agrémentaient. Ce n’est qu’à partir de mai 2009 que j’ai commencé à stocker les photos sur flickr. Voilà donc réécrit et surtout édité à nouveau avec des videos et des nouvelles illustrations cet article traitant du début du cinéma argentin. Les autres articles traitant du cinéma argentin (une bonne douzaine) vont être aussi réécrit prochainement ! Merci !

Photo : "La Terraza" de Leopoldo Torre Nilsson (1963)

Quel a été le premier film argentin ?

 

On peut dire que le premier film fictif avec des acteurs, et non documentaire ou d'actualité comme il se faisait alors, est  "El fusilamiento de Dorrego" qui date de 1909 et qui est sorti dans les cinémas de Buenos Aires en 1910. C'est un film de Mario Gallo, né en Italie et mort à Buenos Aires en 1945. il a tourné entre 1909 et 1919, plusieurs films toujours patriotiques. (La révolution du mois de mai, la bataille de Maipu, etc...).

Depuis que j'avais écrit cet article en 2007, m'est apparu un autre film argentin peut etre un peu plus ancien de quelques mois. Il s'agit de la "Revolucion de Mayo" tourné aussi par Mario Gallo en 1909 et sorti en salles le 23 mai 1909 (25 mai oblige). Quand je dis "sorti en salles", il vaudrait plutot dire "sorti dans une seule salle", car en 1909, les cinemas sont plutot des théatres ou l'on projete de temps en temps des films (documentaires ou d'actualité). Cette premiere projection de ce 1er film argentin de fiction "(Primera pelicula argumental argentina, comme on dit ici) eut lieu dans le Teatro Ateneo (Corrientes 697) démoli en 1935 lors de l'elargissement de la calle Corrientes !

Ce film comme vous pouvez l'imaginer etait en noir et blanc et muet, en 15 tableaux (comme on disait alors), dont il n'en reste que 9 aujourd'hui.

Bref, encore aujourd'hui, les historiens du cinéma ne sont pas d'accord entre eux pour savoir des deux films de Gallo quel fut le premier. "El Fusilamiento de Dorrego" fut peut etre le premier a etre tourné, mais "La Revolucion de Mayo" fut le premier a etre projeté !

 

Vidéo : Extrait de "La Revolucion de Mayo" de 1909. Film restauré. 5 mn 02 s.

Quel est le premier film sonore argentin ?

 

" El cantar de mi ciudad " de 1930, premier film sonore et bien sur chanté (sinon à quoi ça servirait ?), c est le début d'une longue série de films tango à l'histoire tiré par les cheveux ou le seul intérêt (même à l'époque) est d'attendre le passage de la "star" du moment qui va roucouler sa dizaine de titres ...... en 1928, déjà un film de tango mais muet ! ("La borrachera del tango").

La période "tango-sonore" s'étale de 1930 à la fin des années 50.

Le réalisateur est José Agustín Ferreyra débute en 1915 en tournant des films muets mais il est aussi un compositeur de tango, ce qui explique que sa filmographie est essentiellement tournée vers cette musique. Il a commencé comme peintre décorateur au Teatro Colon en 1907, et c’est de retour de son service militaire en 1914 qu’il commence, sans avoir aucune connaissance dans l’art du théâtre et du cinéma (sauf celle d’un spectateur), de tourner ces premiers films avec très peu de moyens.

En 1930, on ne parle pas encore de film parlant à Buenos Aires, mais plutôt de film sonorisé. C'est-à-dire que l’on tourne en muet, puis au montage, on peut inclure des bandes sons de musiques pour les parties orchestrées ou chantées. Ferreyra fait une première tentative avec « El cantar del gaucho » ou il n’y a qu’une seul titre chantée, quelques mois ensuite c’est le tournage de « El cantar de mi ciudad » avec deux titres chantés. Comme ce dernier fut sorti en salles avant le premier, on considère donc que "El cantar de mi ciudad" est le premier film sonorisé sans dialogues. Il faut attendre l’année suivante (1931) pour que toujours le même Ferreyra tourne le « Muñequitas porteñas » qui lui par contre est enfin totalement sonore et surtout un véritable long métrage dépassant l’heure ! José Agustín Ferreyra va continuer à tourner des films à Buenos Aires jusqu’à sa mort en 1943. 

Quand débute la grande époque du cinéma noir et blanc argentin ?

Jusqu'en 1934 on tournait entre 2 et 8 films par an (tous tournés à Buenos Aires), mais sous l’impulsion du sonore donc du film chanté, on lâche le genre "miséreux qui lutte dans la vie pour s'en sortir en débarquant du bateau" ou de la "nième bataille à la gloire de l'armée des patriotes argentins qui repoussent les méchants espagnols" pour adopter le style "beau gosse, pauvre et futé qui va conquérir les coeurs et finir vedette". Les prémisses datent de l'arrivée du parlant en 1930, mais c'est en 1935 avec une production qui dépasse pour la première fois les 14 films que s'installe la grande époque des "El alma del bandoneón", "La vida es un tango", etc...

En 1936 : 18 films, en 1937 : 30 films .....41 films en 1938 et 50 films en 1939 !!!

La fin des années 30 et le début des 40 :

 

En 1937..déjà le foot ! .......il faut dire qu'il font au moins un film de foot par an, l'année précédente nous avions eu droit à "Goal !" (1936)

Si ça ne parle pas de tango, c'est forcement les mots "Buenos Aires" ou "porteño" que vous trouverez dans les titres : "Una porteña optimista", "Así es el tango", "Viejo barrio", "Palermo", "Melodías porteñas"...etc....des histoires de "chics gars qui passent leur vie entre histoire de coeur, de belle mère collante, et de joyeuses fêtes avec les copains....et bien sur jouant au foot !"

En tout cas à cette époque si vous allez au cinéma, c'est forcement pour écouter du tango, suivre une histoire qui se passe dans tel ou tel barrio de Buenos Aires, ou alors voir quelques autres films "historique" à l'envolée lyrique ...toujours les gentils argentins repoussant les affreux espagnols ou pire les immondes anglais ! Donc nous voila avec des titres tels que "Murió el sargento Laprida".

Sans oublier les comédies "qui ne font rire personne" au titre à la Audiard : "Busco un marido para mi mujer"(1938) ou "Los muchachos de antes no usaban gomina"(1937).... de l'humour raffiné de haut vol !  Alors que l'Europe se déchire à partir de 1939, Buenos Aires continue à s'amuser et à tourner de plus en plus. De 50 films produit en 39, on passe a 49 en 1940, tout comme en 1941, L'année 1942 étant l'année record avec 57 films !!! Fin des années 40, quelques drames tout de même, mais le gros du peloton est toujours composé de tangos, de batailles héroïques et de comédies à l'humour léger comme un éléphant...

        

1949 : Une avalanche de film sur le tango, pour le tango, avec un orchestre de tango, des danseurs de tango, des chanteurs de tango....... de quoi en avoir une indigestion. Une histoire qui ne tient pas debout, une histoire d'amour à l'eau de rose, qu'importe quand on aime le tango !!!

El idolo del tango, Un trompozon, avec une guitarre, et même une doctoresse s'y met ! et tout ça en 1949 !

       

1949 c'est aussi : Les histoires de Fulmine, Don Juan, Juan Globo, et une nuit au Tabarin ...plus une bonne vingtaine d'autre à vous remettre l'Almanach Vermot au niveau de la Pleiade.

C'est vraiment un choc culturel, un gouffre dans l'humour entre ce qui faisait rire dans les années 40 en Argentine et ce qui nous fait rire aujourd'hui. Un drame reste un drame, mais une comédie se démode très vite. Peut-être le seul intérêt de ce genre de film est d'avoir quelques extérieurs sur Buenos Aires et de pouvoir imaginer comment on pouvait vivre à l'époque.

Que peut on voir dans les années 50 au cinéma ?

 

Les films à tango s'essoufflent, les romances à eau de rose pullulent, les drames pointent leur nez, les policiers font leur apparition et les comédies font du raz motte.

Au début des années 50 entre 40 et 50 films produits, mais  partir de 1955, la production décline pour arriver en 1960 à 30 films.

A la fin des années 50, le cinéma argentin (ultra inspiré de cinéma italien) commence à filmer des drames réalistes avec des amours impossibles.

 

    

Le début des années 60 : 

La production décline en quantité, quant à la qualité, elle laisse un peu désirer, les années "Peron" sont bien loin, toujours une production de films sur le sport ...le Foot dans "El Crack"  (1960) ou de la boxe dans "El Campeon soy yo" (1960), ou toujours dans la boxe dans Luna Park (1960). Quelques clins d'oeil dans les comedies à la vielle Europe qui fait encore reference dans le 7eme art comme "...Et le démon crea les hommes" en réponse a Brigitte Bardot en 1956 avec "Et Dieu créa la femme"

    

Les années 60 marque le modernisme, le début de la consommation, et le mirage d'une Europe qui se redresse, alors les argentins pourtant issus de l'émigration européenne commencent à envier l'ancien continent, tout ce qui vient d'Italie, de France ou d'Espagne est forcemment bon....et son cinéma aussi ! On imite le cinéma italien, on voudrait faire du "Dino Risi" du "Fellini" ou de "l'Antonioni" mais bien entendu on arrive à un sous produit. Quant aux vedettes, combien d'acteur singent Mastroianni, ou de jeunes argentines veulent jouer à la Sofia Loren, Claudia Cardinale ou même à la Brigitte Bardot.

        

 

 

L'époque des coproductions : 

 

Les années 60 sont aussi un florilège de coproductions franco-argentines, italo-argentines, ou hispano-argentines. Des acteurs européens viennent jouer en Argentine, ou même des réalisateurs y viennent tourner. Un des plus bel exemple « Il gaucho » (titre italien) tourné en 1964 et sorti en 1965. Le grand Dino Risi met ses pieds à Buenos Aires et dirige ses acteurs favoris Vittorio Gassman et Nino Manfredi dans une comédie où la satire habituelle du réalisateur se porte cette fois sur les travers des Argentins. Un film qui fait découvrir le Buenos Aires de 1964, les week-ends à Tigre, Mar del Plata et un Gassman dans la pampa.

Un petit film mais un vrai régal lorsqu'on connait Buenos Aires ...

 

Vidéo : En dessert, un extrait de « Il gaucho » (1965), on découvre La Boca, et les retrouvailles de Gasmann de passage à Buenos Aires pour la promotion d'un film qui retrouve un ancien ami d'enfance (Nino Manfredi) qui a émigré à Buenos Aires et qui est devenu pauvre mais qui veut sauver les apparences. 10 mn 54 s. 

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