Mise à jour : 18 juin 2008

Spaghetti argentinsLa Bonne, la Brute et le Truand

Palermo Holywood n'est pas loin, depuis hier apres midi nous avons le droit à un excellent film en ce moment sur tous les écrans de la République Argentine. Film en 3 actes, dans lesquels le personnage principal apparait pour jouer son rôle à la perfection, sublimant les spectateurs. Les critiques sont bonnes, c'est le film du mois !
 
15h00 Acte I, 45 minutes : Dans le "saloon" du PJ

Scoli à gauche, Moyano à droiteLe méchant arrive (Nestor Kirchner), Président du Parti Justicialista (PJ), pour la première fois depuis qu'il est président (de la république argentine) il y a 4 ans et demi, il donne une conférence de presse. Oui, c'est fou hein ! Nestor Kirchner qui va répondre à des questions de journalistes (forcément manipulés par des sombres forces anglo-oligarcho-juedo-maçonniques). Derriere lui, (car en Argentine, quand on parle, on s'entoure toujours pour montrer que l'on est pas tout seul), des compañeros fidèles et applaudissant à chaque phrase, et riant comme dans dans une soap-opera à toutes les subtibilités de l'humour kirchnerienne. 30 minutes de discours dur, ferme et "on a raison et c'est comme ça". Puis viennent les question, de suite Kirchner annonce qu'il ne repondra qu'à 5 questions (nananère !).
Mon Dieu ! Il n'y en a eu 8 (un exploit), les voilà dans une traduction compacte.

- Comment avez vous ressenti l'appel au dialogue de Cobos (vicepresident de la Nation) et le cacerolazo dans le pays ?
Reponse : Cobos a dit ce qu'on a dit nous même, on veut du dialogue. Chaque argentin a le droit de s'exprimer comme il veut. Certains font du cacerolazo (de la casserolade), d'autres vont à la PLaza de Mayo (allusion à la réunion sur la Plaza de mayo d'aujourd'hui regroupant les piqueteros Kirchneristes appuyant le gouvernement).
- Luis D'Elia a dit qu'il y avait une tentative de coup d'Etat monté par Eduardo Duhalde (ancien president, peroniste anti kirchneriste), qu'en pensez vous ?
Réponse : Je ne suis pas l'exegète de D'Elia (en français commun : celui qui va interpréter les paroles de D'Elia). Nous pensons souvent de manières differentes. Je ne pense pas que Duhalde soit derriere la tentative de coup d'Etat (Pour Nestor Kirchner, il y a quand même une tentative de coup d'état "Mediatique").
- Vous écoutez beaucoup les critiques faites par vos amis péronistes ? Par exemple leur demande d'annuler la manifestation de mercredi sur la Plaza de Mayo ?
Réponse : Aucun dirigeant ne m'a demandé d'annuler cet "Acto" (Réunion) (A lui non, mais à sa femme, quelques uns, on joue toujours avec les mots) Si il y en a un qui veut annuler l'Acto qu'il le dise publiquement, nous sommes un parti démocratique. Il est vrai que Mario Das Neves (gouverneur du Chubut) a dit qu'il ne venait pas.
- En quoi "l'acto" de demain va arranger le conflit entre le Campo et le gouvernement ?
Réponse : Nous avons le droit d'exprimer democratiquement ce que nous voulons où nous voulons. Nous ne le faisons contre personne, uniquement pour la démocratie.
- Nous avons la sensation d'être dans une impasse, qu'en pensez vous ?
Réponse : Le monde rural n'est ni plus, ni moins qu'un secteur de la société. Ce n'est pas le contre pouvoir du gouvernement. Le gouvernement a pris une décision, je pense que ceux qui ne sont pas d'accord ne prennent pas la voie démocratique pour le manifester.
- Que pensez vous de l'expression "Double commando" (allusion au pouvoir partagé entre Cristina et Nestor Kirchner) ?
Réponse : Avec Cristina, nous sommes ensemble depuis 33 ans, comment voulez vous que l'on ne parle pas de politique ensemble ? Mais bon, vous la connaissez, des fois je lui dit des choses, mais elle me répond que c'est elle la présidente.(rire)
Nestor Kirchner- Que pensez vous des manifestations spontanées d'hier soir (cacerolazo du lundi 16 juin 2008 au soir)?
Réponse : Spontanées ? non !, il y avait des mails, des sms,... s'il vous plait ! Tout le monde sait qu'il n'y avait rien de spontané ! (rire)
- Les argentins se demandent quand est ce que ca va finir tout ca ?
Réponse : Nous aussi !

Sur ce, il se lève et quitte la salle... fin du Ier acte. 
Gros plan figé sur une silhouette qui se découpe sur un couché de soleil, Nestor Kirchner sur son cheval :

Le Truand...ouhouh...ouhouh... yayaya ! 


Les réactions ensuite ? j'etais dans un petit bar à ce moment là, (plutot classe moyenne basse, chauffeur de taxi, remis etc...), tout le monde rigolait et tout le monde se foutait de sa gueule. Du baratin, et rien de concret pour faire avancer le shmilblick. La seule de chose de sure était que le lendemain avait bien lieu el "Acto", et qu'il y aurait surement de la casse sur la PLaza de Mayo.


18h00 Acte II, 1 heure. Chez Dame Cristina  

La bonne dame CristinaLa gentille avait rendez vous devant un parterre de convertis pour son 2.468 ème monologue depuis 6 mois, où "je dis des trucs bien, écoutez moi !"

Top depart : (je cite dans le désordre des vérités vraies sorties de la bouche même de celle qui s'aime)
- "La Démocratie se défend avec plus de démocratie".
- "...et les institutions avec plus d'institutions".
- "Je vais envoyé au parlement un projet de loi, comme si d'être présidente avec 46% des votes, n'etait pas suffisant". (sous entendu, pourquoi passer une loi au parlement, puisque je suis présidente avec 46% des voix).
- "Les citoyens qui ne sont pas d'accord avec cette politique (la sienne) peuvent recourir à la justice (c'est ce qui a été fait il y a une semaine pour inconstitutionnalité de l'impôt sur les rétentions), mais si en plus ils veulent changer le modèle économique (le sien) du pays, ce qu'ils doivent faire, c'est de monter un parti politique, se présenter et gagner les élections". (En un mot : l'opposition on n'en a rien à foutre, et les revendications syndicales qui ne collent pas à notre programme, ils peuvent se les mettre au...)

Mais, car il y a un "mais" comme Cristina est gentille, comme Cristina est bonne, elle propose (enfin pas elle, car elle ne peux pas perdre la face !). Disons que son viceprésident Julio Cobos a soumis une bonne idée ( L'idée en fait serait venue du sénateur Jose Pampuro).
Cette idée est de se dire : "On a un truc au bout de l'avenida de Mayo, qui s'appelle le Congreso et qui regroupe un truc dont on ne se sert plus depuis 4 et demi et qui pourrait nous sortir de la merde"
C'est la chambre des députés....... il fallait y penser !
Des députés vont discuter une loi, c'est dingue en Argentine, non ? ils vont même voter pour savoir si une majorité va dire oui ou non ! Et cette loi c'est celle qui est passée par decret sur les "rétentions mobiles" du soja.

La bonne Cristina Kirchner100 jours de crise pour penser faire passer une loi par l'assemblée Nationale, elle est bonne l'idée non ?

Tout le monde applaudit dans le salon de la Casa Rosada, Vive Cristina ! Une folle ferveur déchaine l'ambiance du salon de la Casa Rosada. On applaudit à tout va. Elle est devenue Démocrate ! Alleluia, la grâce lui est venue du ciel une nouvelle fois ! Ca c'est de la démocratie, cette fois c'est sûr, avant pendant 4 et demi, elle incarnait déja avec son mari un modèle de démocratie, mais cette fois là avec le coup de faire bosser le pouvoir législatif, nous arrivons au nirvana de la démocratie !

Fin du IIème acte, Cristina vient de tirer sa dernière cartouche, elle rengaine, se retourne et pousse la porte donnant dans ses appartements de la Casa Rosada. Gros plan figé sur son visage souriant : Cristina Kirchner :
La bonne...ouhouh...ouhouh... yayaya !

Des questions ? Ben oui, de la part des ruralistas... et dans combien de temps les deputés vont voter ça ? 10 jours ou 1 an ? Et attendant le décret est retiré ?  De Angeli a en tout cas salué l'avancée de la "Démocratie", il ne pouvait pas faire moins. Mais concrètement sur les barrages des routes, on n'est pas encore tres avancé ! Ca bouche toujours et on a encore plus de questions.
La patate chaude est passée des mains de Cristina la démocrate au Congreso.

OK pour le truand, ok pour la bonne, mais la brute alors ! Qui est ce ? et ca commence quand le troisième acte ?

IIIème acte, mercredi 18 juin 2008, en extérieur sur la place de Mayo.

Luis d'EliaEn ce moment, sur la Plaza de Mayo en ce beau et froid après midi du 18 juin 2008, les forces démocratiques contre la "tentative de coup d'etat médiatique orchestré par l'international des forces occultes de Dark Vador" vont jouer du tambour, de la banderole, et du gourdin "t'es avec moi?". 
Dans la foule, un homme, Luis d'Elia. Gros plan sur son front, où on voit des gouttes commencer à couler et une frénésie irrésistible l'envahir, il vient "défendre" la démocratie.
Action : Un cris inhumain sort de sa bouche, gros plan sur ses amygdales et arrêt sur image :
La brute...ouhouh...ouhouh... yayaya !
 
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