05 juillet 2025 : Situation de l’Argentine
05 juil. 202505 juillet 2025. #Actualité.
05 juillet 2025 : Situation de l’Argentine
Bilan mitigé
Une légère impression s’installe depuis quelques semaines dans le panorama économique du pays. Car en effet, tout ce qui touche à l’économie est ici scruté avec une loupe, allant des meilleurs économistes du pays à votre concierge d’immeuble.
Chacun y va de sa propre analyse en se fiant pour certains aux derniers dires de J.P Morgan ou pour d’autres à ceux de la señora Sanchez du 5ème étage porte gauche revenant de faire ses courses .
Alors il faut à la fois lire les dernières publications « sérieuses » tout en écoutant les commentaires du "verdulero du chino" d’à côté qui recueille les "broncas" et les pleurs de ses clients de 9h à 21h.
Au pays des potins, tout est important, tout est à prendre en compte en essayant de faire la part des propos rapportés et des analyses qui passent en boucle à C5N ou à TN.
Bref, tout ça pour vous dire que : L'économie argentine affiche des signaux mitigés. (J’aime bien le mot « mitigé »)
Du côté pile, on observe un ralentissement de l'inflation et une augmentation de la croissance économique, avec des « projections positives » pour 2025, notamment dans des secteurs comme l'énergie, les mines et l'agriculture. On parle même d'un PIB de +5% en 2025.
Photo : Manifestation chaque mercredi des retraités face au Congreso.
Et puis du côté face, comme on dit « les défis persistent », tels qu'une inflation élevée (par rapport à la moyenne des pays sud-américains), une pauvreté qui s’installe (elle baisse parait-il, mais elle est tout de même bien réelle) et l'incertitude quant au pouvoir d'achat futur des salaires.
Dans la dernière phrase, le mot « incertitude » est la clef à la compréhension du pays. Ici, ce mot fait partie à la fois de la vie du pays mais tout simplement de la vie de ses habitants au quotidien.
Si pour ces derniers, on s’y adapte puisque l’incertitude existe depuis déjà plusieurs générations, les enfants et les jeunes adultes la banalisent par l’expérience vécue par leurs parents (crises 2001-2002) l’ayant eux même déjà pratiqué jeunes ou enfants du temps des grands parents (crise de l’hyperinflation des années 1980 ou du "Rodrigazo" de 1975) ou alors des arrière grands parents pendant le péronisme entre 1946 et 1955.
Bon, on pourrait continuer à chercher 4, 5 ou 6 générations dans le passé : La « Gran Depreción » de 1930-1931, la « crisis del 1913-1917 », ou alors « El Panico de 1890 » qui veut bien dire son nom (ma préférée), car jusqu’à présent ce fut la pire de toute, mais comme elle a 140 ans, seuls les livres d’histoire et d’économie s’en souviennent.
Nous voilà donc dans un « bilan mitigé » en ce mois de juillet 2025, une sorte de questionnement de la politique de Milei, « passera ou cassera » ?
Sort ta tronçonneuse, ça nous fait mal mais c’est pour notre bien !
Économiquement c’est bon, mais socialement dois t’on jeter l’eau du bain avec bébé ?
On peut continuer à faire la liste des métaphores “on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs", maintenant si c’est 100 ou 200 œufs passe encore, mais si ça traîne trop longtemps ça va être 1 ou 10 millions d’œufs dans ce pays comptant 45 millions d’œufs, alors faire quelques sacrifices ou prendre certains risques peut vite se transformer en souffrance aventurière !
L’aventurier c’est Milei, au cas où il se plante, ou alors ça va devenir le « modèle Milei » si sa politique aboutit et sauve le pays.
Je vois déjà dans les médias européens : « Le miracle argentin », on avait déjà vu ça dans les années Menem, premier mandat (1989-1994) : le miracle Argentin, le second mandat (1994-1999) « L’Argentine sort des rails » terminant en récession économique (et retour à la case départ).
Avec Milei, on a l’impression de jouer à la roulette russe, d’un autre coté donner un coup de pied dans la corruptible fourmilière Kirchner ça a fait un bien fou aux Argentins, et c’est aussi pour ça qu’il fut élu à presque 56% des voix (pour un presque-inconnu c’est fort).
Mais voilà, c’est bien de faire des grandes déclarations pendant une campagne de quelques mois, mais ensuite s’attaquer à un système économique totalement obsolète, spolié d’intégrité morale, éthique, logique et se basant que sur du clientélisme et d’avilissement de « soussous dans la popoche » en place depuis … presque un siècle !
La tâche est rude ! Et quand je dis « rude » c’est même du râpeux, le nouveau taf de Milei c’est plutôt de l’âpre, de l’éreintent et du cruel ! et c’est ce qu’il fait … du cruel !
Cruel de couper les fonds de certains hôpitaux (dont l’hôpital publique pédiatrique Garrahan en ce moment en pleine actualité), c’est -7% de subvention en moins pour cet établissement entre 2025 et 2024, mais attention, ici dans un pays où en 2024 on a eu 117% d’inflation, -7% en pesos, ça ne fait pas -7% en pesos ou en euros constants, ça fait pour 1000 euros constant : 1000/(2,17 x 1,07) = 430,68 euros. Bref -57 % !
A cela Milei répond « No hay plata » et c’est vrai, mais allez raconter ça à une famille qui a besoin d’hospitaliser leur enfant au Garrahan.
Milei cherche à couper 60 milliards d’USD de déficit en 2025 et 60 milliards pour l’Argentine c’est colossal ! (175 milliards d’euros de déficit pour la France en 2025 qui a un PIB 5 fois supérieur à l’Argentine).
Milei a été élu pour faire des coupes, il le fait, l’avantage c’est qu’il fait preuve d’aucune empathie, il n’a aucune compassion, il n’éprouve rien, il coupe à la tronçonneuse.
Il l’a montré pendant sa campagne, ce n’est pas une surprise, ce qui est fou quand on y pense, c’est que 56 % ont voté pour, en sachant qu’ils allaient en prendre plein la g…
Mais comme je l’ai dit auparavant c’était le système K et il fallait choisir entre voir le pays continuer à s’enfoncer ou la méthode Tronçonneuse.
Les Argentins sont des gens pragmatiques avec un bon sens de discernement dans le jugement et l’action. Alors, ok vas-y, c’est banco, "Sort ta tronçonneuse", on est prêt, on va souffrir et ça va faire mal, mais quand ça va cesser, on sera mieux !
Et voilà le moment où on se pose la question sur la phrase du début de l’article : « les défis persistent ».
En effet, quand ça va cesser, on sera mieux. Mais quand ? Dans un an, deux ? ...alors depechez vous Milei, parce qu 'en attendant ça fait mal !
Notre amie Cristina :
Autre temps fort du mois passé, ce sont quand même les 6 ans de réclusion (assignée à résidence en raison de son âge, 72 ans) que Cristina Kirchner a reçu pour corruption et inéligibilité et interdiction à vie de toute fonction politique.
Jusqu’à la dernière minute à force de faire appel sur appel, elle pensait traîner les pieds et s’en sortir par usure, mais la Cour suprême argentine a confirmé la peine de six ans de prison.
Elle était accusée (elle et feu son mari) d'avoir attribué des chantiers routiers de plusieurs millions de dollars à un partenaire et homme de paille présumé au cours de ses deux administrations, entre 2007 et 2015. Petit article déjà écrit dessus sur l'Affaire Lazaro Baez.
L'ancienne présidente, qui nie les accusations portées contre elle, a dénoncé être victime d’une guerre juridique, une persécution politique, médiatique et judiciaire orchestrée par ses rivaux politiques.
Elle a également été comparée à Lula da Silva au Brésil et à Rafael Correa en Équateur, qui ont été condamnés par les tribunaux de leurs pays pour des affaires de corruption.
La condamnation de Lula fut annulée après que le Brésilien ait passé un an et demi en prison, et depuis il est revenu à la présidence en 2023 ; quant à Correa, il est fugitif de la justice depuis 2018.
Bref depuis le 17 juin 2025, Cristina Kirchner est enfermée dans son appartement de la calle San Jose 1111 (Quartier de Constitucion) et sort de temps en temps à son balcon pour saluer ses fidèles sympathisants.
A ce sujet Lula da Silva de passage à Buenos Aires pour le sommet du Mercosur et allé la voir chez elle pendant une heure, hier le 03 juillet 2025, après avoir bien sûr obtenu l’autorisation de la Justice.
Vous pourrez aussi imaginer l’ambiance sympathique, entretenue entre Lula et Milei lors du sommet, aussi chaleureuse que ces derniers jours le furent en Patagonie.
L'affaire Cristina sera plus profondément exposé lors d'un de mes prochains articles.
Pour vous touristes, quoi de neuf ?
Quoi de neuf à raconter ? Le taux parallèle et le taux de la BNA (officiel) se touche presque. 2% de plus pour le taux parallèle, voilà qui ne va pas véritablement changer votre séjour !
Payez le plus possible en espèces, toujours des ristournes au bar, resto et même hôtel possible et même si ce n’est pas affiché, il faut toujours demander !
Vous pouvez toujours sortir des espèces avec Western Union comme autrefois.
Payer en carte Visa et autre est toujours possible, le taux CCL est même au-dessus du parallèle aujourd’hui, donc +3% par rapport au taux officiel. Maintenant en payant avec votre carte, vous n’aurez pas le droit aux ristournes.
Comme toujours, surtout ne pas aller retirer de l’argent au DAB, les impôts sur les retraits en Argentine sont toujours aussi farfelus.
Photo : Les Argentins préfèrent partir en vacances à l'étranger, c'est moins cher !
Enfin surtout n’oubliez pas que les vacances d’hiver en Argentine commencent aujourd’hui le vendredi 04 juillet au soir dans 10 provinces pour deux semaines jusqu’au dimanche 20 juillet.
Le vendredi 11 juillet au soir, elles commenceront dans 9 provinces jusqu’au dimanche 27 juillet, et enfin dans 4 dernières provinces dont celles de Buenos Aires et de la ville de Buenos Aires (donc les plus peuplés) elles débuteront du vendredi 18 juillet au soir jusqu’au dimanche 03 août.
Bref 3 zones, chacune a deux semaines et les vacances sont au total étalées sur 4 semaines.
Les années antérieures, je vous aurais dit, « faites attention si vous devez vous déplacer, car bus, avions et souvent logt et hôtels au taux d’occupation élevé ».
Photo : les Argentins partent en vacances au Brésil, deux fois moins cher !
Mais cette année, les Argentins pauvres et de classe moyenne ne bougent pas car « No hay plata » et ceux qui en ont, ne sont pas bêtes et vont au Brésil ou Chili ou même à Miami faire la fête et du shopping à moindre coût, quand on sait que le Brésil peut être deux fois moins cher !
Donc en Argentine, au top des destinations pour ces 4 semaines coulissantes de vacances c’est Bariloche qui arrive en tête, puis Ushuaia, San Martín de los Andes et Villa La Angostura, en 5eme position Mendoza, puis El Calafate et enfin Salta et Cordoba. Comme vous pouvez le voir, les Argentins riches se déplacent en hiver pour voir la neige, ça fait chic d’avoir froid et de faire du ski !
Le plus cher Bariloche, le moins cher Córdoba, même prestations, par exemple avion plus 7 jours plus hôtel même catégorie, Bariloche c’est entre 2,5 et 3 fois plus cher que Córdoba ou même que la sierra de Córdoba.
Pourtant, de la place, il y en a. Pas d’argent pour la plupart (vous me direz aussi que les destinations de Patagonie durant les vacances d’hiver ne sont pas non plus pour la classe moyenne), mais surtout comme il n’y a plus de Brésiliens, ou de Chiliens qui viennent profiter de l’Argentine « pas chère », ça libère de l’espace.
Les Brésiliens représentaient à eux seuls, 50% du tourisme international de l’Argentine, ça fait tout de suite moins de monde dans les avions et les hôtels !
Pour ces destinations, ils attendent au mieux (je dis bien « au mieux » un taux de remplissage de 70%, mais avec 50% les hôteliers auront déjà le sourire).
Car :
1- Le manque de touristes étrangers,
2- L’absence de la classe moyenne qui préfère aller voir la vieille tante de Posadas, histoire de montrer sa fibre familiale et surtout de dépenser le minimum
3- Les riches qui préfèrent soit Bariloche, Punta Cana, Buzios ou Miami, fait chuter méchamment le taux d’occupation interne mais surtout augmenter la fuite des USD à l’étranger. +66% de touristes argentins sont partis passer les vacances à l’étranger les 5 premiers mois de 2025. 6 millions de touristes argentins ont passé leurs vacances à l’étranger entre le 1er janvier et le 1er mai 2025.
Photo : taux de remplissage prévu de 20 % à Buenos Aires pour ces vacances d'hiver en juillet 2025.
Les répercussions sont dramatiques :
De nombreux hôtels ferment dans les autres provinces et surtout les hauts de gamme par exemple El Molino de Victoria (province d’Entre Rios). Cette dernière province, celle de Corrientes et même celle de Misiones sont vides.
Les taux d’occupation sont extrêmement bas, Province de Entre Rios, ils attendent un taux d’occupation de 25% pendant les vacances. Autre exemple, province de San Juan : -28% de touristes en moins par rapport à la même saison 2024. Enfin pour les chutes d’Iguazu, à Puerto Iguazu, on attend seulement un taux d’occupation de 41% en juillet il fut de 45% en juin. Bref, vous aurez le choix
En un mot, si vous n'allez pas en Patagonie en juillet, c'est cadeau !
Les prix indiqués sur les sites ou même à la porte des établissements ne reflètent pas la réalité, il suffit d'entrer et de demander le prix d'une chambre, vous aurez une agréable surprise.
Si vous venez après la saison "haute" de juillet, à partir du 04 août, je pense que d'autres hôtels vont mettre la clef sous la porte, les prix seront sacrifiés. Même à Buenos Aires, plus l'ombre d'un Brésilien calle Florida, on s’ennuie dur dans les boutiques à souvenir et de vêtements en cuir. Les tasses de Mafalda restent orphelines !
Vous êtes donc les bienvenus en juillet et août en Argentine !
Pour ce qui est de l'économie, la suite dans un mois !
A lire dans le Petit Hergé :
- Article précédent Situation de l'Argentine au 13 mai 2025.