Mise à jour : 25 septembre 2011. Catégorie : Buenos Aires. Article écrit par Renaud Dor.

El Mercado De las Pulgas :

 

Un premier marché aux puces ouvre ses portes à Buenos Aires en 1988 à l’angle des rues Dorrego et Niceto Vega. Il restera ouvert à cet endroit pendant 18 ans jusqu’en décembre 2005 ou il est déplacé temporairement afin de rénover la manzana dans laquelle il se trouvait. Quelques polémiques politiques comme les argentins ont le secret fige pendant quelques années le projet mais enfin le 11 juin 2011 c’est la réouverture officielle ! Il a fallut plus de 15 jours aux marchands pour déménager dans le nouvel espace leur brocante. Maintenant que le marché s’est réinstallé dans son nouvel espace tout beau, tout propre, parfaitement adapté et réhabilité pour l’accueillir, vous pouvez vous y rendre !

Photo : Une des entrées principales du Marché aux puces sur la calle General Enrique Martinez.

Un énorme espace bien installé :

 

Habitué aux ferias des rues de Buenos Aires ou il n’est pas rare de voir des stands à même le sol simplement disposés sur un tapis, on est étonnamment bien surpris en arrivant sur les lieux de ce marché aux puces et apercevoir un énorme espace flambant neuf où il est écrit en lettres fraichement peintes sur une pancarte « Mercado de Las Pulgas ». Le bâtiment qui occupe la totalité du bloc entre les rues Dorrego, Alvarez Thomas, Conception Arenal et General Enrique Martinez. Il a une superficie de près d’un hectare et demi (13.400 m2 pour être exact).C’est une sorte de hangar dans lequel ont été aménagé 167 boxes plus ou moins grands. Chaque box est occupé par un artisan, un vendeur, et même quelques artistes. Ces personnes sont propriétaires de leur box qu’ils ferment tous les soirs et rouvrent le matin retrouvant ainsi leurs articles à la même place que la veille. Chaque box est numéroté et répertorié sur un plan à l’entrée. Ce système très pratique permet de faciliter les recherches des différents acheteurs qui se repèrent ainsi facilement dans le marché d’un jour à l’autre, et facilite également la vie des vendeurs qui n’ont pas à déballer et remballer leur stand tous les jours. Les boxes se transforment donc presque en petits magasins. De plus des gardiens surveillent les lieux la nuit afin d’éviter les vols. Le nouvel agencement du mercado de las pulgas de Buenos Aires est donc très pratique et concile à la fois les besoins des vendeurs et les attentes des acheteurs.

     

Chacun est spécialisé :

Ce qui est agréable ici contrairement à certaines ferias c’est que l’on sent avoir à faire à de vrais professionnels, ou du moins à des passionnés et non à des petits vendeurs qui veulent simplement vous soutirer quelques pesos. Personne ne vient vous agresser pour vous proposer tels ou tels « offre intéressante », même si vous rentrez dans les box. On sent que, malgré quelques flâneurs, les gens qui viennent à ce marché savent plus ou moins ce qu’ils cherchent (surtout en semaine) et pourquoi ils sont venus ici. Je remarque même comme une « petite vie » au sain du marché et dans la communauté des vendeurs. Beaucoup de voisins de box sont assis côte à côte et discutent autour d’un maté. Une ambiance paisible règne dans ce grand bâtiment. Le samedi et dimanche le marché est bien plus agité, et on y vient en famille plus pour la promenade que véritablement pour chercher quelque chose de précis.

Ce qu’on y trouve :

Ici, c’est le paradis de la chaise ! Sérieusement, il y en a partout. Et de manière générale, le marché est principalement spécialisé dans la vente de meubles en tout genre la plupart du temps dans un style ancien. Tables, petites commodes, canapés, étagères, bureaux, et armoires remplissent les boxes. Ajoutez à cela tout ce qui peut servir à la décoration intérieur d’une maison (lampes, abat-jours, tableaux, miroirs…) et vous comprendrez comme je l’ai ressenti que ce marché, c’est un peu un « Ikea Vintage » local. Le marché ne se limite cependant pas à cela, et comme on peut l’attendre de n’importe quel marché aux puces, vous trouverez là-bas un peu tout et n’importe quoi. Des babioles en tout genre, des objets anciens et modernes de différentes tailles et différentes époques. Certains boxes sont spécialisés dans la porcelaine, ou les vieilles lampes, d’autres dans les vieux instruments de musique et les anciens vinyles. Les 167 box du mercado de las pulgas de Buenos Aires ont bien des choses à offrir, d’ailleurs le slogan du marché est «El que busca encuentra » (Celui qui cherche, trouve !). Que vous soyez simple collectionneur, amateur de babioles insolites en tout genre, passionné d’objets anciens, en quête de meubles pour votre appartement ou en train de refaire votre décoration interne, n’hésiter pas à vous rendre sur place, vous y trouverai certainement votre bonheur. Certains artisans vendent même leur savoir faire en proposant des services de rénovation de vos vieux meuble. Personnellement j’ai simplement regretté l’absence de box type friperie qui proposerait de vieux habits.

     

Un artiste, des artistes :

Aux détours de ces nombreux meubles anciens, j’ai également remarqué deux ou trois « box galerie » tenues par des artistes, principalement des peintres, qui vendent leurs tableaux.  L’un d’entre eux est d’ailleurs une figure incontournable du marché, voir même sa principale mascotte ! Il s’agit du grand Tony Valiente. Tony occupe fièrement le box n°3, mais beaucoup s’accordent à dire que c’est lui le fameux n°1 ! Son box attire tout de suite l’attention tant il déborde de créativité et de délires tous plus loufoques les uns des autres. Vous ne pouvez pas aller au mercado de las pulgas sans faire un tour par l’atelier fou de Tony. Ce vieille homme pétillant d’humour et de créativité passe son temps à récupérer toute sorte d’objets, pin’s, clous, visses, médailles, rubans, pendentifs, boutons, figurines, montres, coquillages, pièces de monnaie … (et j’en passe !!) afin d’alimenter ses créations. Il lui arrive de retravailler un tableau du christ pour en faire un bordel organisé « façon Tony », ou encore de décorer une sacoche ou une vieille veste afin qu’ils deviennent des habits uniques en leur genre. Il semble également beaucoup aimer les chapeaux qu’il décore également de manière extrêmement fournis et bordélique. Ces chapeaux connus sous le nom de « sombrero de Tony » connaissent d’ailleurs un relatif succès. Quand je lui fais remarquer que tout ça est « très original » Tony me réponds que non, que de nombreuses choses dans la vie sont originales, et que au final, tout est une question de goût. Et du goût il va en falloir pour porter les vêtements de Tony au quotidien! Cela fait 18 ans qu’il s’applique à la création et aujourd’hui vous pouvez le retrouver sur sa page facebook. sur laquelle vous pouvez admirer certaines de ses œuvres. Tony me dit qu’il a écrit deux livres, qu’il est aujourd’hui exposé à Londres, Paris ou Madrid et que la reine d’Espagne a même un tableau de lui ! N’hésitez pas à entamer la discussion avec lui, il est drôle, bavard et un peu fou sur les bords. Une belle rencontre.

Même si Tony n’est pas un simple vendeur de meubles, l’atelier de Tony Valiente  est finalement assez représentatif du mercado de las pulgas de Buenos Aires : il s’agit d’un lieu accueillant, rempli d’objets des plus insoltites et qui cache quelques merveilles.

     

Les Conseils du Petit Herge :

Depuis 2005, date de la fermeture de l’ancien marché aux puces, le quartier a terriblement changé. Sachant que le nouvel espace des puces allait attirer de très nombreux promeneurs, le paysage urbain s’est modifié. Les promoteurs, ont acheté des maisons basses pour y édifier des immeubles de 10 à 15 niveaux. On a sans aucun doute perdu le coté village mais d’un autre coté, visuellement, c’est devenu bien plus accueillant, propre, et de très nombreuses boutiques et surtout des bars et restaurants sont arrivés. Cette partie de Colegiales s’est « palermisé » comme on le dit ici ! Autour de la manzana du marché proprement dit, sur les avenus Alvarez Thomas et Dorrego, de nombreux marchands de meubles, brocanteurs et antiquaires occupent depuis 2007-2008 les rez-de-chaussée et ont déjà pignon sur rue. Quant aux restaurants, installé aussi sur les mêmes avenues, ils sont arrivés un peu plus tard et continue en cette année 2011 à venir maintenant compléter les espaces laissés vides. Sans aucun doute c’est le dernier quartier à la mode, un poil branchouille, mais pas encore assez (pas de boutiques pour femme), c’est encore le royaume des machos, des mordus de l’antiquité, de la brocantes et de la restauration, et c’est encore un monde qui appartient aux hommes ! ;-) Coté logement, tout est neuf dans le secteur, ca fait bien d’y habiter lorsqu’on est un peu bobo, mais pas trop, et de se démarquer de Palermo (d’après eux) totalement dépassé et « has been ». Ici pas encore d’étranger, pas de pubs d’européens, pas la trace d’un brésilien, on est entre porteños branchés et friqués mais qui ne veulent pas le montrer, on ne s’affiche pas ! On est discret, les antipodes de Puerto Madero et de Palermo Hollywood.

Pour y venir, soit vous cherchez quelque chose bien tranquillement pour meubler votre nouvel appart que vous venez d’acheter sur Buenos Aires et dans ce cas venez surtout en semaine à partir du mardi. Soit vous êtes de passage en ville et vous venez uniquement pour le cout d’œil et l’ambiance, et alors venez absolument un midi du samedi ou du dimanche pour déjeuner puis vous ferez un tour dans le marché dans l’après midi.

Le soir, « ça fait très original » de venir diner dans le quartier avec sa femme ou sa novia, ça démarque, ça prouve que vous connaissez déjà tous les restos de Palermo, et que vous êtes un fin connaisseur en la matière, ça épate de savoir que vous connaissez les bonne tables de Colegiales, bref en un mot « vous êtes dans le coup ».

Photo : le marchés aux puces et derrière Colegiales qui se modernise et devient à la mode. Cliquez sur la photo pour agrandir.

Vidéo : Programme du 19 juin 2011 de Destino Buenos Aires. 5 mn 49 s. (2011)

Fiche pratique :

Adresse : Dorrego Av. 1601 (Dorrego Av. y Alvarez Thomas Av.), Subte B arrêt Dorrego.

 Pour s’y rendre : Très facile, prendre métro ligne B et descendre à la station Dorrego, ensuite marcher 1 km (10 cuadras) en prenant la direction Avenida des numéros 800 vers les 1600.

Horaires : Du Mardi au Dimanche, de 10h à 19h. Lundi fermé !

Pour en savoir plus en espagnol :

Article dans le quotidien de La Nacion du 11 juin 2011.

Article du quotidien : Clarin du 01 août 2011.

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