On marche sur des oeufs
02 juil. 2008Voilà maintenant que la deuxième semaine de réunions, compromis et recherches d'accords est bien entamée au Congreso. Je vous fais grâce des détails sur les renversements, les pressions du gouvernement sur les députés, les réunions de couloirs, les déclarations de dernières minutes, etc...
C'est simple, vous allumez votre téléviseur du matin au soir, et vous tombez sur un journaliste en direct de la Plaza Congreso, ou de l'intérieur du bâtiment qui décroche une ou deux petites phrases d'un député ou d'une autre homme politique. "Que pensez vous de...", " Mais si untel a dit que... pensez vous qu'il y ait des risques de...", " On dit qu'il pourrait y avoir .... qu'en dites vous ?" C'est vrai que ça fatigue le téléspectateur, l'homme de la rue, mais bon... la crise est là et il faut trouver un accord.
Qu'est ce qu'on fait chef ?
La stratégie du kirchnérisme pour le moment, est de pouvoir faire suffisamment de concessions sans le montrer non pas pour satisfaire le monde rural, mais pour pouvoir réunir les députés de son propre camp qui refusent toujours de valider le décret. Dans les couloirs on parle donc d’ajouter quelques rectifications pour aider les petits producteurs.
Comme toujours (et là ça me parait être une grossière erreur de la part des Kichner), il n’y a aucune négociation directe avec les ruralistas, comme si finalement le décret était « une chose à discuter entre politiciens ». Il faut pour le gouvernement arriver au cota de 50% plus une voix, pour voter la résolution 125. Le but en lui même n’est pas d’arriver à une paix sociale, ou d’écouter les problèmes des ruralistas (sinon ça serait déjà réglé depuis 110 jours), le but est de faire coûte que coûte voter la résolution. En un mot « plus têtue que Cristina Kirchner, impossible ! ».
Le débat chez les kirchneristes
Photo : Mardi 01 juillet, Agustin Rossi sortant de la réunion des kirchneristes. Le débat a été tres chaud entre eux.
Hier, 01 juillet, il y a eu un débat interne entre kirchneristes sous la conduite d’Agustin Rossi (chef du groupe Kirchner à l’assemblée) qui a duré plus de 6 heures pour arriver à donner une ligne de conduite unique et contenter l’ensemble de ses députés. Comme toujours on parle de « ré intègrement » de la rétention pour les petits producteurs (environ 80% des producteurs) et non pas d’annulation tout bonnement. Ce que les ruralistas ne veulent surtout pas, puisqu’on sait qu’une fois la rétention payée, le « ré intègrement » c'est-à-dire le remboursement ne se fait jamais ou alors plusieurs mois ou années après ! Pour vous donner l’ambiance de la réunion, LA Cristina Kirchner a fait savoir à son camp qu’il fallait accepter « le principe d’autorité » (ça fait peur hein ? c’est ce qu’on appelle une discussion ouverte au sein d’un parti démocratique !)
Aux dernières nouvelles (aux derniers bruits de couloir), à ce petit jeu, le clan Kichner devrait arriver à rassembler tout de même les 50% des législateurs (plus une voix). Au petit jeu de la carotte et du bâton, bon nombre de députés du PJ baissent la tête et reviennent dans les rangs.
L’agenda de la semaine est le suivant : discussion et mise en place des corrections possibles de la résolution 125 jusqu’à vendredi, puis vote au parlement pendant le week-end, ensuite a partir de lundi, on passe la résolution au Sénat.
Où en sont les ruralistas ?
Photo : Eduardo Buzzi, de la Federación Agraria, juste avant d'entrer en réunion au théâtre Brodway où se joue "Cristina au pays des merveilles"
Du coté des ruralistas, ils commencent a se rendre compte que le vent tourne et que ça commence à sentir mauvais. La première semaine, ils étaient optimistes, et pensaient que la Cristina devrait baisser culotte pour arriver à faire passer son décret ou alors l’abandonner. Mais maintenant, ils sentent le roussi et voient d’un très mauvais œil le futur vote. Les 4 syndicats agricoles ne peuvent plus mécontenter leurs bases, si par malheur la résolution 125 passe la chambre basse et le Sénat, il ne faut pas exclure que la mobilisation des ruralistes se fassent de nouveau sentir sur les routes.
Hier mardi 01 juillet, le campo a démonté sa tente de la Plaza du Congreso, justement pour éviter des incidents si les choses tournent mal. Les autres tentes du PJ et des kirchneristes restent (sans oublier maintenant une tente d’évangélistes… que ne ferait on pas pour se faire de la pub !)
Les syndicalistes entourés d'une délégation d’une centaine d'élus de l'intérieur du pays avaient quant à eux élu domicile hier après midi dans le théâtre Brodway de l'avenida Corrientes proche de l'Obélisque. Dans ce théâtre, se joue en ce moment la pièce « Cristina au pays des Merveilles » donc ça tombait bien. L’ordre du jour : La suspension des retentions mobiles. C’est là où on se rend compte comme le fossé est large entre la demande t ce que les Kirchner sont prêts à lâcher !
Marechal(e) nous voilà !
Photo : Discours pétainiste de "Nestor Kirchner qui ne sent plus" hier dans le Chaco.
Pour finir en dessert je vous sers les petites phrases démago à la petite semaine sorties hier par Nestor Kirchner « pour rire entre nous ». Il était dans le Chaco à Resistencia en compagnie du gouverneur de la province tout dévoué Jorge Capitanich et de celui de la province de Formosa Gildo Insfrán. Il avait convoqué d’autres gouverneurs PJ, qui ont tous eu d’excellentes raisons de ne pas y aller.
"termine con esos cortes de rutas compulsivos que atentan contra la democracia".
« Il faut que ça se termine avec ses coupures de routes convulsives qui attentent contre la démocratie » (Quand il parle de la démocratie, il parle de sa femme).
"Cuando se tiene la verdad no hace falta recurrir a los cortes de rutas, que perjudican a todos los argentinos”
“Quand on est dans la vérité, on n’a pas besoin de couper les routes qui préjudicient tous les argentins » (ça prouvent bien que les ruralistas sont tous des menteurs)
"a todos los que levantan las banderas populares a que tengan la fortaleza y el coraje cuando llegan estos momentos históricos de honrar la foto de Perón y de Eva Perón, jugándose con coraje y honra en la defensa de los intereses nacionales y populares".
“ A tous ceux qui lèvent les bannières populaires, à ceux qui ont la force et le courage quand arrivent les moments historiques d’honorer la photo de Perón et d’Evita Perón, quand on joue avec le courage et l’honneur la défense des intérêts nationaux et populaires » (celle-la c’est ma favorite, surtout quand on arrive même à faire parler les photos des morts)
"Todos sabemos quiénes generaron el quiebre del orden constitucional aquella vez. Por eso, los que viven de sueños viejos, que se den cuenta que todo el pueblo democrático está detrás de la compañera Presidenta para llevar adelante las reformas que la Patria necesita"
“Nous connaissons tous ceux qui ont généré la perte de l’ordre constitutionnel (il parle de l’époque des militaires). C’est pour cela que ceux qui vivent de vieux rêves doivent savoir que tout le peuple démocratique est derrière la camarade Présidente pour mener à bien les reformes que la Patrie nécessite »
Alors là, je suis sur le cul, tiens j’ai envie de chanter l’Internationale …. Où non plutôt Marechal(e) nous voilà… allez chantez avec moi !
Maréchal(e) nous voilà !
Devant toi, la sauveuse de l’Argentine
Nous jurons, nous, tes gars
De servir et de suivre tes pas
Maréchal(e) nous voilà !
Tu nous as redonné l'espérance
La Patrie renaîtra !
Maréchal(e), Maréchal(e), nous voilà ! ... tsouin, tsouin !
Les 3 prochains articles du Petit Pétain sur le sujet :
- 04 juillet 2008 : Des nuages sur le parlement
- 05 juillet 2008 : Le vote après un débat marathonien
- 06 juillet 2008 : Analyse du vote du 05 juillet 2008
Les 5 derniers articles du Petit Pétain sur le sujet :
- 29 juin 2008 : Comme un air de Foir du Trône.
- 24 juin 2008 : On peut en parler comme ça
- 21 juin 2008 : La bataille change de terrain.
- 20 juin 2008 : Réunions à tout va
- 19 juin 2008 : Un acto bien triste
En attendant :
Photo : Mardi 01er juillet, le gouverneur de la province de Buenos Aires Daniel Scioli ("Mais qu'est ce que je fou la ?") s'est retrouvé avec sa camionnette en face de 200 ruralistas qui pour une raison encore inconnue ont balancé des oeufs sur lui. Le fait s'est passé dans la localité de Olavarría. Pourtant tout le monde l'aime, puisque tout le monde aime Cristina Kirchner. On marche vraiment sur des oeufs ...