Situation de l'Argentine au 1er octobre 2024
04 oct. 2024Mise à jour : 04 octobre 2024. Catégorie : #Actualité
La situation de l’Argentine au 1er octobre 2024.
Les mois se suivent et se ressemblent, en tout cas lors des deux derniers mois, on commence à sentir véritablement le cap de la politique mise en place par Milei.
Je précise comme toujours que je ne prends absolument pas parti pour ou contre un mouvement politique ou un autre. J’essaye d’être le plus neutre possible et tente une analyse à froid de ce qui s’est passé le dernier mois en démêlant la situation comme il est possible de le faire.
Comme je dis à chaque fois, n’hésitez surtout pas apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge
Sachez aussi que je peux vous proposer une visite sur le thème politique, économique ou social (c’est mon métier).
Photo : Milei à Wall Street le 23 septembre 2024
Au niveau politique :
Milei toujours droit dans ses bottes, ne démordant pas de son programme avance comme une tortue en raison des bâtons dans les roues placées par ses détracteurs comme de ses alliés.
Il y a en permanence un combat d’ego dans les rangs des politiques de tous bords, et peu d’idéologie, c’est bien souvent un tirage de couverture à soi, un reste de vendetta sur quelques affaires d’il y a une décade qui revient dans les rancœurs des uns et des autres, les alliés d’autrefois passent à l‘ennemi, et les adversaires d’une autre époque, viennent pleurer et vider leur sac quitte à donner de l’eau au moulin à leurs pires adversaires.
On a du mal à démêler le vrai du faux, de l’intox aux règlements de comptes tous azimuts, tout est bon, argent, escroqueries, pots de vin, coups bas sous la ceinture, vie privée, argent et paillettes et liaisons dangereuses, tout est déversé en place publique. Les médias s’en donnent à cœur joie, une télénovela en direct, où si vous avez le tord de vous absenter une semaine, avez du mal à vous remettre à jour, tant les coups et contre coups de théâtres sont rapides et efficaces.
Financement universitaire :
En ce moment c’est la série du financement universitaire qui tient le haut du pavé. Si les députés ont voté majoritairement l’augmentation du financement de l’éducation supérieur, Milei est contre et cherche au contraire à chercher des économies par tous les moyens y compris dans les universités.
Il s’est donc opposé au vote du Parlement et place son véto qui annule finalement la décision des députés. Il compte maintenant ses alliés et se tourne bien sur du coté du PRO (parti politique de Macri).
En parallèle, les autorités universitaires connaissant déjà d’avance la réaction de Milei, poursuivent tout de même aujourd’hui le dialogue à travers différents canaux. C’est ainsi que le secrétaire à l'Éducation, Carlos Torrendell, entretient un dialogue avec le recteur de l'UBA, Ricardo Gelpi, tandis que le conseiller présidentiel, Santiago Caputo, communique avec le vice-recteur Emiliano Yacobitti. De son côté, le sous-secrétaire aux politiques universitaires, Alejandro Álvarez, se coordonne avec les cinq syndicats du secteur.
Bref en façade, on s’envoie des noms d’oiseaux devant les médias, alors que coté cuisine on s’emploie à arrondir les angles et trouver un consensus pour ne pas perdre la face et réclamer tout de même quelques renvois d’ascenseur provenant du passé ou s’en préparer pour l’avenir.
Coté UBA (Université de Buenos Aires) on insiste sur le fait que les négociations budgétaires doivent être discutées de manière stable et non mois par mois, comme ce serait le cas si le veto de Milei sur la loi de financement des universités était confirmé.
Dans l'environnement gouvernemental, il semble qu'il pourrait y avoir un nouvel appel pour discuter d'un accord salarial, mais toujours dans les marges du budget approuvé. En outre, la possibilité de discuter d'une augmentation des dépenses au Congrès est restée ouverte, à condition que le déficit budgétaire soit respecté.
Une session extraordinaire va surement être tenue le 9 octobre pour débattre à nouveau de la loi de finances de l'université. Initialement, la séance était prévue pour la semaine du 16, mais elle a été avancée après la confirmation du veto de Javier Milei, ce qui a accéléré les négociations.
Loi sur les retraites :
De même, la loi sur les retraites a été changé par le « décret dit Milei » puisque la retraite est maintenant calculé chaque mois à partir de juillet en fonction de l'inflation, selon l'Indice des prix à la consommation ( IPC ) publié par l' Institut national de la statistique et des recensements ( INDEC ), et non plus au bon vouloir du chef de l’état qui s’en servait a bon escient juste avant quelques élections.
Maintenant, la nouvelle loi sur les retraites approuvée en avril 2024 et en mai 2024 (par les deux chambres) a rendu les conditions d’accession à la retraite à taux plein plus difficile, car il faut avoir toutes les années de cotisation (30 ans) ou alors avoir au moins 65 ans (60 ans jusqu’alors pour les femmes) et ne recevoir alors que 80% de la retraite minimum. Il fut ensuite retoqué puis Milei posa un veto dessus pour une fois de plus assurer que le budget des retraites ne soit pas dépassé.
En un mot, le pays avance de trois pas en avant et le veto le fait reculé d’un.
Pour en terminer avec le projet des retraites, il est vrai que maintenant s’assurer qu’il sera arrimé à l’inflation est une bonne chose, mais c’est aussi oublier que ces dernières années (depuis 2017), il avait perdu 37% de son pouvoir d’achat.
Donc partir de la base 2024 pour arrimer le niveau de retraite c’est faire la part belle au gouvernement, mais l’opposition peut crier comme elle peut que c’est effacer d’un coup d’éponge le retard des dernières années, à cela le gouvernement rétorque que l’opposition était au pouvoir et que c’était à elle en son temps de l’avoir augmenté.
Cet article n’a pas l'ambition de vous expliquer en détail les enjeux de ces derniers dossiers du mois mais au moins de vous donner un coup de projecteurs par ces deux sujets assez représentatifs de l’ambiance actuelle.
Au niveau économique :
Très bon coup économique d’avoir mis en place la « régularisation des avoirs non déclarés », en gros une loi de blanchiment d’argent sans poser de questions à ceux qui ont à la fois oublié de déclarer des bénéfices (et qui donc dorment sous le matelas) ou qui sont allés peut-être dans une banque uruguayenne.
En un mot, par personne, vous avez le droit de déclarer jusqu’à 100.000 USD sans aucune amende. Ça fait déjà pas mal d’argent si vous êtes plusieurs par famille.
Ça marche tellement bien que ce blanchiment qui prenait fin au 30 septembre 2024, vient d’être repoussé au 31 octobre 2024.
Tout est fait en plus pour que vous ne repartiez pas au plus vite avec votre magot sous le bras, car en effet pour vous expliquer rapidement le système, vous déposez vos 100.000 USD (souvent en liquide) dans un Compte CERA (Compte Spécial de Régularisation des Actifs) et ne devez pas les toucher avant la fin (30 sept 2024, et donc maintenant 31 oct 2024).
Mais il est possible aussi de déposer plus 100.000 usd, mais attention, il y a « peut-être » une sorte d’impôt de 5% que le CERA va garder. Je dis « peut etre » car un peu flou là-dessus. Tout d’abord « peut être » que si vous laissez votre patrimoine sans y toucher jusqu’au 31 décembre 2025, il n’y a aura pas cette taxe anti-blanchiment de 5%. Et puis au fil des semaines et des mois, il y a une mise en place de certaines dérogations pour avoir le droit de disposer de cet argent si c’est pour un investissement industriel, commercial, etc…
Des milliards d’USD sont sortis des placards, des fonds de tiroir, de sacs poubelle et des matelas pour atterrir dans les caisses de l’Etat. Le 30 septembre 2024, les dépôts bancaires en dollars du secteur privé ont encore augmenté de 557 millions de dollars et ont atteint 31 446 millions de dollars, selon les données de la Banque centrale.
Ainsi, fin septembre, pour la première fois depuis l'éclatement de la convertibilité, elles ont dépassé le niveau des réserves brutes de la BCRA : elles s'élevaient ce jour-là à 27,167 milliards de dollars après avoir chuté de près de 2 milliards de dollars d'un seul coup.
Pour mesurer l’augmentation des réserves, il y a un an (29 septembre 2023), les dépôts privés en dollars étaient inférieurs à la moitié : 14,938 milliards de dollars. En revanche, en août 2019, ils s'élevaient à 32,492 milliards de dollars US. Ce niveau sera peut-être dépassé au cours des semaines prochaines.
Autre bonne nouvelle pour le gouvernement : En septembre 2024, les exportateurs argentins de céréales et de sous-produits agricoles ont vendu 1,2 % de plus qu'en août, rapportant 2,48 milliards de dollars au pays. Ce montant représente également une augmentation de 21 pour cent par rapport à septembre 2023. Pour le moment les ventes ont dépassé 18,572 milliards de dollars US depuis le 1er janvier. Donc excellente année dans les exportations de céréale.
Maintenant n’oublions pas que l’Argentine est un pays extrêmement endetté et que même grâce au blanchiment d’argent et aux excellentes ventes de céréale, le pays reste encore dans le rouge et que l’argent détenu par la banque centrale n’est pas encore en mesure d’essuyer son ardoise.
Au niveau des taux de change :
Nous en venons donc tout logiquement au cours du change en Argentine, et j’ai même envie de dire AUX cours de change !
Le taux officiel continue sa dévaluation tranquille et mesurée, passant du 1er sept au 1er oct de 1 USD = 991 ARS à 1 USD = 1.006 ARS (852 ARS au 1er janvier), ce qui fait +1,5% par mois.
Pour ce qui est du taux parallèle (blue), bien entendu la « régularisation des avoirs non déclarés » a fait que la course à l’achat d’USD avec ses ARS au fond des cuevas a terriblement diminué, pour ne pas dire disparu, et que la nouvelle course en vogue était plutôt d’arriver avant le 30 sept 2024 à sortir le maximum d’USD ou même d’ARS pour les placer dans un CERA. Ce qui explique qu’il n’y eu presque plus d’ARS se convertissant en USD sur le marché parallèle, quant aux USD ils venaient seuls rejoindre les autres dans les dépôts bancaires.
Voila pourquoi depuis deux mois (août et septembre), le taux parallèle baisse passant de 1385 ARS a 1205 ARS (-13%).
On pensait que le 30 septembre 2024, le taux parallèle allait reprendre son ascension, mais avec la reconduction du blanchiment jusqu’au 31 octobre, il va falloir encore attendre un mois. De toutes façons les derniers jours de septembre, le flux de capitaux dans les CERA se sont raréfiés, tous ceux qui devaient blanchir l’ont déjà fait, et le mois d’octobre sera donc calme.
Surement encore des baisses du parallèle la première quinzaine, puis un plateau la seconde. Il faut maintenant attendre le 1er novembre pour voir la réaction des détenteurs des CERA, soit ils laissent leur argent en banque, soit ils retirent leurs fonds et le parallèle regrimpe.
Au niveau du tourisme :
Pour ce qui est du MEP (-9%) et du CCL (-9,5%) (le taux WU. Western Union) ils ont baissé moins vite que le parallèle, ce qui fait que maintenant le Taux WU est supérieur au taux parallèle (à la date du 04 octobre 2024).
Moi qui avais personnellement pris l’habitude depuis 6 mois de privilégier le taux parallèle voilà qu’il va falloir (au moins pour ce mois d’octobre avant la fin du blanchiment) retourner à WU.
Maintenant attention comme je dis toujours, ne pas mettre ses œufs dans le même panier, avec le blocage de certaines banques françaises à vouloir travailler avec WU, prenez quand même avec vous votre budget en euros au cas ou … !
En conclusion, entre baisse du taux parallèle et inflation en ARS de septembre attendu autour de 4%, l’Argentine vous coûte en euros 12% plus cher (une inflation de 12% en euros en 30 jours, vous la sentez passer !).
Sinon tout va bien, le printemps a démarré, les arbres verdissent et les papillons butinent ! C'est quand même le moment de venir découvrir le pays !
Sur ce, comme je dis à chaque fois, n’hésitez surtout pas apporter votre pierre à l’article si vous vous apercevez d’un oubli, ou pire d’une erreur, en écrivant en dessous un commentaire, en prenant contact avec moi par mail à petitherge@hotmail.com ou sur FB : https://www.facebook.com/petit.herge
Sachez aussi que je peux vous proposer une visite sur le thème politique, économique ou social (c’est mon métier).
Prochain épisode, première semaine de novembre !
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