Situation de l'Argentine au 1er septembre 2024
03 sept. 2024
La situation au 1er septembre 2024 en Argentine :
On reprend les bonnes vielles habitude de vous informer au moins une fois par mois pour que vous compreniez où va le pays ! Que vous soyez de passage quelques semaines en Argentine ou que vous commenciez à y penser comme future terre d’émigration.
Je rappelle que ceci n’est que mon point de vue, que je peux me tromper et que vous pouvez par vos commentaires, par mail ou tout simplement par FB prendre contact avec moi pour rectifier une info ou tout simplement me dire que vous ne partagez pas mes idées.
Situation politique :
Milei essaye d’avancer dans ses reformes, mais bien entendu reste bloqué par manque de poids au sein de l’assemblée nationale, du sénat et même parmi ses amis.
On se souvient des tentions qu’il y eut en juin 2024 pour faire avancer sa « loi bases » afin de faire accepter dans les deux chambres ses réformes fiscales, de privatisation, et de régulation de l’économie.
La loi passa mais avec des rectifications qui la transforme en ectoplasme de ce qu’il voulait à ses débuts.
Il voulait (pendant sa campagne électorale) tout couper le plus vite possible et paraître le lion fougueux, rapide et déterminé de la nouvelle politique à mener. Une fois en place, rattrapé par la réalité du monde politique du pays, il se rend compte que seul et sans l’appui législatif et timide d’autres de ses amis, le lion n’avançait plus qu’à la vitesse d’un escargot.
Alors certes, il continue à marteler du poing sur la table que le pays doit vite changer et s’ouvrir à l’ultralibéralisme (en un mot libertarien) mais tous de son camp le regardent, acquiescent et freinent des deux pieds. Ce qui provoque sur Milei un agacement des plus importants.
Entre envie de transformer sa politique en « liberalisme autoritaire » ou de sombrer lui aussi dans un populisme exacerbé avec un culte de personnalité, une obsession d’affronter la justice et les médias et de devenir intolérant à toute idée qui ne sort pas de sa propre tête, le voilà à deux doigts de tomber dans les mêmes travers de ce qui fut le kirchnérisme. Ça serait un comble !
Apres 9 mois on se demande toujours vers où le bateau « Argentine » se dirige !
Coté économie :
Il y avait tant de barrières protectionnistes (et souvent illogiques et contre productives) à démanteler pour remettre le pays dans le monde réel de l’économie de marché, qu’on comprend (et Milei le premier) qu’on ne peut pas tout balayer d’un revers de manches en quelques mois.
Mais comme je l’ai dit, voilà 9 mois de passés et on (les Argentins) commence à s’impatienter.
Redonner un semblant de sérieux aux lois économiques pour attirer les capitaux extérieurs, les investisseurs étrangers reprendre confiance pour mettre quelques billes sur le tapis pour monter un projet, ou même essayer de faire revenir les capitaux argentins planqués à l’étranger, n’est pas l’affaire de quelques semaines.
A ce sujet, la loi du « blanqueo de capitales » qui est le blanchiment par l’état de l’argent des Argentins et des entreprises argentines ayant fait disparaître ces dernières années des bénéfices ou des actifs à l’étranger pour échapper aux impôts ou pire par manque de confiance en leur pays, a l’air de fonctionner.
On remarque que la semaine passée les dépôts en USD dans les banques argentines n'ont jamais été aussi hautes (depuis 2019).
Coté change :
Voilà des semaines maintenant qu’on parle de lever le cepo cambiario (blocage de la vente d’USD aux Argentins au taux officiel) ce qui maintient toujours aussi actif le taux parallèle (blue). Le pays n’est pas encore assez préparé. Milei le veux, mais ça traine.
Depuis août les rumeurs de le lever vont bon train, et en effet ces nouvelles ont fait baisser le taux parallèle et la brèche (entre le parallèle et l’officiel) a diminué mais reste à 25%, donc toujours intéressant de s’en servir.
Pour info : (le 3 septembre), 1 euro (officiel) = 1022 ARS, 1 euro (MEP avec carte de crédit/débit, quand ça marche) = 1426 ARS (sur le papier, mais attendez-vous quand même à avoir moins car commission des banques), 1 euro ( Western Union) = 1419 ARS (mais vous avez des commission de WU ensuite qui le fait baisser autour de 1380 ars), 1 euros (taux parallele/blue) = 1450 ARS.
Ces chiffres sont simplement indicatifs, car les cours changent en permanence plusieurs fois par jour. Mais en mot, sachez que le taux parallèle reste celui qui donne le plus de pesos.
Pour les touristes :
Au niveau du change, privilégiez toujours le change au taux parallèle (blue) donc venez avec votre budget en poche en euros.
Attention, depuis août, il n’est plus possible de s’envoyer de l’argent si vous avez une carte VISA Crédit Lyonnais ou Crédit Agricole (ce sont ces deux banques qui ont décidé de ne plus travailler avec WU).
Attention aussi si vous voulez payer avec ces mêmes cartes C.L. et C.A. en Argentine, je n’ai pas encore de nouvelles fiables là-dessus pour savoir si c’est le MEP ou l’officiel qui est appliqué avec ces deux banques).
J’espère que les autres banques ne vont pas suivre, car WU restait tout de même (même si elle donnait moins que le parallèle) une option bien pratique dans les grandes villes pour ceux qui y restaient plusieurs mois
Au niveau social :
C’est la catastrophe (n’ayons pas peur des mots).
Pour relancer la consommation, soit on purge le mammouth (l’état) et on fait place nette avec une politique d’austérité pour assainir le pays et le relancer sur de bonnes bases (c’est ce que veux faire Milei), soit on fait marcher la planche à billets et on continue à alimenter l’inflation.
Dans le premier cas (modèle Milei) on fait passer le pays avant les Argentins (en espérant que l’économie reparte en offrant ensuite plus d’emplois), dans le second (modèle Kirchner) on fait passer les Argentins avant le pays, on arrose le pays de billets à travers des plans sociaux qui perdent de la valeur mais il y a un moment ou la réalité rattrape la belle histoire (Inflation 2023 : 211%).
Avec le système Milei, pas de surprise, on arrive à faire baisser l’inflation (+3,8% au mois d’août 2024), le taux le plus bas depuis janvier 2022, mais rien n’est acquis.
En effet, le niveau inter-annuel maximum a été atteint en avril 2024 (+284% d’inflation) et depuis baisse doucement, mais si on veut arriver avec un bilan positif et passer fin 2024 en dessous des 211% de la fin 2023, ce n’est pas encore gagné. Ce qui explique la difficulté de passer sous la barre des 211% en fin d’année, sont les premiers mois 2024 catastrophiques en matière d’inflation (janvier 2024, inflation mensuelle de +20,6 % !).
Donc plus d’inflation, mais comme les salaires ne suivent pas à la même vitesse, le pouvoir d’achat fond, et le taux pauvreté augmente et se situe à 55% de la population (contre 39 % il y a 12 mois).
Chez les enfants c’est plus (car les pauvres ont plus d’enfants que les riches), 70% des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.
Je rappelle que le taux de pauvreté en septembre 2024 (Buenos Aires) est de 350 euros (calculé au taux parallèle) par mois pour une famille de 2 adultes et 2 enfants, soit 88 euros par personne par mois. Donc 70% des enfants argentins ont moins de 88 euros par mois pour vivre !
Comment aborder le pays :
Quand on passe seulement 3 ou 4 semaines dans le pays, on reste uniquement dans les parcs d’attraction à touristes comme les chutes d’Iguazu, la péninsule de Valdes, la rue principale d’Ushuaia, à El Calafate avec un tour sur le glacier pour boire du whisky accompagné d'un glaçon , le quartier de Palermo ou la boucle sud de Salta, on n’a absolument pas la vision réelle du pays, on reste dans une sorte d’Argentine imaginaire et idyllique.
C’est le but à la fois du secrétariat au tourisme du pays (histoire de faire rentrer des devises dans les caisses de ce monde merveilleux) et c’est aussi le but des touristes qui viennent passer des vacances pour s’amuser et non faire une analyse socio-économique de ses habitants.
Donc je le comprends, mais je trouve qu’au fil des années les deux mondes (le réel et le touristique) s’éloignent de plus en plus. Quand on est touriste ce n’est pas très important, 3 semaines après vous êtes de retour chez vous et l’Argentine reste un loin souvenir, mais quand on veut venir s’installer dans le pays pour y immigrer et y vivre, là je crois que c’est grave de rester uniquement dans la bulle touristique et de se cacher la vérité.
Je rencontre pas mal de Français qui ont l’envie de venir s’établir dans le pays, mais n’ont que des connaissances touristiques (d’un ou de plusieurs voyages) de l’Argentine. Donc surtout si vous venez en Argentine avec l’idée de venir un jour vous y installer, sortez des sentiers battus et allez voir autre chose que les 8 parcs d’attractions qui sont les bars de Palermo-Recoleta, le petit train du bout du monde d’Ushuaia, les chutes d’Iguazu, le glacier de Calafate, les boucles de Salta, les baleines de Valdes, les bodegas de Mendoza, et le chocolat de Bariloche.
Et surtout restez généreux avec les Argentins !
Sur ce, voir un verre à moitié plein ou vide, n’est pas facile tous les jours. Ça dépend de quel côté on se trouve. Promettre des jours heureux aux Argentins dans un futur brumeux en appliquant des restrictions des plus difficiles au quotidien, devient parfois invivable (au sens premier du mot).
Je souhaite le meilleur à l’Argentine, j’ai foi en ses habitants, en leurs bon sens, en leur travail. Le présent est extrêmement difficile, et j’espère de tout cœur que Milei arrivera à relever le pays (non, parce que je suis libertarien, mais parce que tout dépend maintenant de lui et de ses résultats), et cela surtout le plus vite possible, car l’Argentine n’en peut plus !
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, comme je l’ai dit en début d’article, il ne s’agit ici que de mon opinion et en aucun cas de la « vérité absolue » de ce qu’est aujourd’hui l’Argentine. J’accepte de votre part toute autre idée, toute autre position et les commentaires que vous pouvez laisser sous cet article sont parfaits pour laisser votre propre point de vue. Du moment que vous ne me fustigez pas ! Restons positifs !
Comme toujours pour me contacter :
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