Programme et projet de Cristina Kirchner pour 2011
21 oct. 2011Mise à jour : 20 octobre 2011. Article écrit par Leo Sounigo.
Pour connaitre tous les résultats des élections présidentielles argentines, législatives, sénatoriales et des gouverneurs du 23 octobre 2011 : Cliquez ici. |
Article faisant suite à : Cristina Fernandez de Kirchner. Celle que l’on surnomme au pays, « la viuda bruja » (la sorcière veuve), semble, au cours des primaires du 14 aout dernier avoir, pris une avance considérable sur les autres candidats, pour les élections présidentielles du 23 octobre. La stratégie de la présidente sortante est donc claire : conquérir la nation toute entière, en remplissant l’espace publique de sa bonne humeur, comme elle le dit si bien. Différentes causes peuvent expliquer le succès et le retour de confiance dont bénéficie le gouvernement en place : que ce soient au niveau de son bilan et des réformes effectuées par le gouvernement (l’étatisation des systèmes de retraites, la loi sur les mariages homosexuels), ou encore en raison de l’incapacité de l’opposition à constituer une force politique crédible, on peut penser que le Front pour la victoire semble mieux armer que personne pour remporter à nouveau ses élections. Le nom de son slogan « Fuerza Argentina » raisonne alors avec succès dans tous ses meetings politiques. Tout se passe, en fait comme si la victoire n’était pas loin… Retour sur le programme de la favorite numéro 1 de ces élections présidentielles ! |
Economiquement, le projet de Kirchner semble clair : d’un point de vue fiscal, tout d’abord, le but est d’abord et avant tout de reconstruire et de reformuler le système de la fiscalité, en faisant payer à chaque contribuable, un impôt proportionnelle à ses revenus. Par ailleurs, cette envie se double d’une envie de pénaliser tout ceux qui seraient tentés par une fraude fiscale ; une nouvelle loi devra alors être mise en place pour punir sévèrement toutes ces fraudes. Concernant la politique économique, Kirchner entend continuer ce qu’elle faisait déjà auparavant : la mise en place d’une politique keynésienne permet en effet, l’augmentation des investissements publics doit avoir pour conséquence immédiates de générer des emplois. Sur le marché du travail, Cristina entend bien entendu donner une grande priorité à l’emploi argentin. Enfin, la construction d’un système financier solide et viable apparaît comme l’une des grandes priorités de Kirchner. La réforme du statut de la Banque Centrale, permettra à celle-ci devenir complètement indépendante. D’un point de vue du libre échange, il semble que l’on peut qualifier le programme de Kirchner de quelque peu protectionniste. En réalité, il s’agit d’un protectionnisme offensif, permettant de mieux intégrer l’Argentine dans la mondialisation : favoriser les exportations et la production nationale, par des tremplins fiscaux et financiers, permettra aux entreprises nationales de gagner en compétitivité par rapport aux entreprises étrangères. |
Vidéo : Dernier acte de la campagne 2001 de Cristina Kirchner au Théâtre Coliseo de Buenos Aires. Le mercredi 19 octobre 2011. |
En matière sociale, le programme de Cristina Kirchner s’inscrit dans une lignée réformiste et progressiste : elle souhaite continuer à étendre l’action des réseaux et des communautés sociales (Eglise, Armée, ou organisation non gouvernementale) pour pouvoir permettre à chaque foyer de pouvoir manger dignement. La réforme du système de santé, aura, quant à lui, comme axe central, une amélioration considérable des soins médicaux dans les hôpitaux publics. Mais c’est peut être en matière éducative que Kirchner, entend le plus serer la ceinture : chaque élève devra passer un minimum de 220 jours par an, à l’école, afin de réduire le taux d’absentéisme. En effet, dans certaines provinces d’Argentine, les étudiants ne vont à l’école que 180 jours par an. L’extension des bourses de scolarité aura également pour but d’encourager les étudiants venant de milieux sociaux les plus défavorisés. Mais l’ambition de Kirchner ne s’arrête pas la : de la santé, à l’éducation, Kirchner donne également une place remarquable à la culture. La mise en place, de fond visant à promouvoir les arts, ainsi que la mise en place d’une loi permettant de protéger les biens culturels nationaux vont dans ce sens. Mais, son envie de promouvoir la culture argentine en Amérique Latine, est peut être ce qu’il y a de plus marquant dans son programme : en voulant mettre en place, une sorte de partenariat entre les médias et les maisons d’éditions, Kirchner, entend favoriser la production et la distribution de produits culturels argentins. |
Dés lors que l’on demande à Cristina, les raisons pour lesquelles elle veut être présidente de la République Argentine, celle-ci met en avant quatre raisons principales : tout d’abord, elle souhaite, rapprocher la sphère économique et la sphère sociale : le plein emploi et l’innovation sont ses objectifs prioritaires. Deuxièmement, la démocratisation de la société qu’elle a déjà entreprise lors de ces dernières années reste sa grande priorité : plus de justice sociale, et d’équité devront être garantie par l’Etat de droit. Par ailleurs, elle entend continuer l’intégration de l’Argentine au sein du Mercosur ainsi que lui donner un poids de plus en plus important dans la mondialisation. Vous l’aurez compris, le programme électoral de Cristina Kirchner, oscille donc entre un réformisme social très marqué, et une envie d’intégrer l’Argentine dans la mondialisation économique, en lui donnant un rôle prépondérant. Un protectionnisme offensif, à travers une fiscalité attractive pour les entreprises venant s’installer à l’étranger, ou encore la création de pole de compétitivité à l’échelle nationale, sont autant de moyens qui renforcent la place du pays dans le monde. |
Pourtant, au vu de cette campagne, on peut remarquer que le programme électoral de Cristina Kirchner demeure relativement flou : celle ci n’a par exemple, pas encore, dévoiler ses quatorze propositions essentielles, contrairement aux autres candidats. Son programme, semble, en ce sens, quelque peu inachevé, et par conséquent légèrement utopiste. Concernant ses principales rivales politiques, on est droit de se demander de quel candidat Cristina Kirchner doit le plus se méfier. En effet, au vu des résultats des primaires, c’est Ricardo Alfonsin et Eduardo Duhalde qui apparaissent comme les candidats, les plus menaçants pour la présidente en place. Mais, vu les écarts conséquents qui les partagent, on peut normalement affirmer, que sauf imprévu de dernière minute, elle deviendra la première femme présidente à exercer un deuxième mandat consécutif dans l’histoire du pays. En ce sens, Kirchner ne voit pas dans l’opposition une réelle menace pour le moment. Toujours est il qu’au vue de la nature changeante de l’électorat politique et en raison de la faiblesse des identités politiques, Kirchner devra continuer à conserver son capital politique, tout en affrontant les défis économiques : maitriser la croissance, tout en stabilisant voir en diminuant l’inflation, tel sera, le défi de Cristina sur un plan économique. Au fil des années, on peut penser que le Kirchnerisme est parvenu à s’affirmer comme une force politique réformiste. Toutefois, certains reprocheront au pouvoir en place de reproduire les structures politiques déjà existantes. C’est donc pour cela, que Cristina devra absolument innover, si celle-ci veut conserver son leadership. Graphique : Le principal probleme qui attend Cristina Kirchner pour son second mandat, l'inflation ! On attend 30% pour 2011 ! |
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