Mise à jour : 20 octobre 2011.

Comment définir la pauvreté :

 

Pour cela encore faudrait-il définir ce qu’est la pauvreté. En Argentine, le gouvernement calcule tous les mois la “canasta basica” (panier de la ménagère) incluant des biens de première nécessité et des services.

Pour le mois d’avril 2011, l’INDEC (gouvernemental) à calculé qu’une famille de 4 personnes doit disposer d’au moins de 1.375 pesos par mois (230 €) pour ne pas être considérée comme “pauvre”. Soit 1,90 € par personne et par jour.

Le gouvernement est plutôt enclin à vouloir minorer la quantité de la population pauvre, puisque si on ne peut pas jouer sur les entrées d’argent des familles, on peut jouer sur le cout des produits faisant partie du panier de la ménagère. C’est ainsi que bon nombre d’instituts privés, mais aussi d’autres instituts nationaux, ou régionaux proposent aussi tous les mois, leurs chiffres des produits de première nécessité.

La pauvreté d’après l’INDEC et les autres :

 

D'après l'INDEC (le gouvernement), on considère qu'une famille de 4 personnes est pauvre lorsque celle ci gagne moins de 1375 pesos par mois (soit 230 € par mois pour 4 personnes). Il y a donc d'après le gouvernement que 30% de pauvres, et la pauvreté est donc en recul.(par rapport à 2010).

D'après l'organisme privé FIEL (Fundación de Investigación Económicas Latinoamericanas), on considère que le panier minimum de la ménagère est de 2.160 pesos par mois (360 €) pour pouvoir manger et vivre dignement. Dans ce cas 44% des argentins sont pauvres. En pouvoir d'achat nous avons plus de pauvres que dans les années 90.

D'après la centrale Syndicale de la CGT (pourtant proche du gouvernement), celle ci déclare qu'il faut aujourd'hui en 2011 gagner au moins 3500 pesos par mois (soit 584 € pour 4 personnes) pour ne pas être pauvre. D’après la CGT, il y a donc 80% de pauvres puisque c'est le pourcentage de la population qui ne les gagnent pas.

 

Graphique : Pour le gouvernement, on est pauvre si ont vit avec moins de 1,90 € par personne et par jour. C'est le cas de 30% des argentins ! Pour la FIEL, on est pauvre si ont vit avec moins de 3,00 € par personne et par jour soit 44% de la population argentine. Pour la CGT, il faut au moins 5,50 € pour ne pas etre pauvre, ils sont 80% à l'être en Argentine !

80% des argentins avec moins de 5,50 € par jour !

 

Voici ci dessous le tableau des salaires de près de 17 millions d’argentins. La population argentine est des 40 millions. Parmi ces 17 millions de salariés sont inclus les employés au noir non déclarés, estimés à plus ou moins 30% de cette totalité de main d’œuvre, soit 5 millions de salariés en plus.

  

Voilà donc la répartition des 10% de salariés très pauvres, de 30% de pauvres, de 10% de moyennement pauvres, ensuite des 30% des salariés de classe moyenne, les 10% de classe moyenne supérieure, et enfin les 10 derniers % de ceux qui sont considéré comme les employés de la classe supérieure.

 

Ce qui frappe, c’est l’extrême faiblesse des salaires en Argentine, quand on sait qu’à Buenos Aires (et grand Buenos Aires) ou vit un tiers de la population, le cout de la vie est proche de celle de l’Europe Occidentale, la classe moyenne argentine vit avec seulement une entrée de 2000 à 3500 pesos par mois (334 € à 583 €). Pour la CGT, la classe moyenne est donc à classer dans le groupe des “pauvres”. 80% des argentins ont moins de 583 € pour vivre à 4 pendant 1 mois.

Vidéo : Et si le problême venait des argentins eux meme ? Une auto-flagélation d'un argentin. Para pensarlo ! 5 mn 20 s.

De combien faut il disposer pour vivre convenablement à Buenos Aires ?

 

Je peux vous assurer qu’en 2011, à Buenos Aires, pour pouvoir louer convenablement un appartement, se nourrir, s’habiller, régler les frais de santé, d’éducation pour une famille de 4 personne (2 adultes, 2 enfants), il faut au minimum 7000 pesos (soit deux salaires de 3500). Etre donc dans les 20% des plus aisés. Cette famille n’est pas en mesure d’acheter et d’entretenir une voiture. Ni de pouvoir partir en vacances dans une location, hôtel ou autre lieux payant. Elle devra forcement être logé lors de ses vacances chez de la famille ou des amis.

 

Pour un couple disposant de deux salaires de 5000 pesos (soit 10.000 pesos, 1670 €) et donc faire partie des 10% des plus « nantis », se sont les seuls qui pourront vivre convenablement, posséder un véhicule, partir en vacances dans le pays et pouvoir un peu épargner. On peut considérer que ces 10% d’argentins ont une vie comparable à la classe moyenne française. Ce sont ces 10% d’argentins qui consomment et qui font tourner l’industrie économique du pays par leurs achats.

Le travail au noir :

 

De l’autre coté de l’échelle sociale, le travail au noir touche 30% des salariés, soit près de 5 millions d’argentins. L’INDEC (le gouvernement) les reconnaît et calcule qu’ils sont payés 30% sous le salaire d’un employé déclaré travaillant au même poste. Ils ne peuvent réclamer le salaire minimum, ne cotise pour aucune caisse de retraite et ne dispose d’aucune couverture sociale, Ce sont les pauvres des pauvres. La majorité des argentins présents dans les statistiques, 5 millions de travailleurs au noir, dont 1 million sous la barre de 100 euros par mois et les 4 autres sous les 250 € par mois.

Ou sont les riches ?

 

L’inflation aidante (30% d’inflation attendue en 2011), les salaires ont augmenté cette année mais pas assez vite, donc le nombre de pauvres augmentent. La classe moyenne s’appauvrie, en tout cas ne peut plus consommer comme en 2005-2007. On peut dire que seuls les 10% des salariés les plus riches, vivent en Argentine convenablement.

L’Argentine c’est aussi le pays de la micro entreprise, le seul salut pour beaucoup c’est de s’auto-subvenir en créant en tant que monotributista son propre emploi. Nombre de petits commerces (plus ou moins déclarés) fleurissent partout, avec ou sans fond de commerce, avec ou non pignon sur rue. Vente, services, etc… le royaume de la débrouille poussent les argentins depuis des décennies à savoir qu’il ne faut pas avoir de patron et que la solution c’est de travailler seul pour soi même. Certains s’en sortent, d’autres non, mais c’est parmi ceux là, ceux qui ont « réussi » que l’on compte les argentins les plus aisés. D’une petite classe moyenne supérieure qui se débrouille à ceux qui ont les moyens de pouvoir acheter et consomme ce qu’ils veulent. Combien sont-ils ? Difficile à dire précisément, mais autour d’un million. 900.000 qui vivent bien (comparable a la classe moyenne française) et 100.000 qui vivent très bien.

En marketing en Argentine, on classifie les classes sociales par des lettres. Ceux-ci appartiennent au segment « ABC1 ». Les « A » ceux qui vivent très bien, les 100.000. Les « B », ceux qui vivent bien, les 900.000 « à leurs comptes » plus les 1.500.000 qui ont un salaire supérieur à 5.000 pesos par mois, les « C1 » la classe moyenne « ex-supérieur » qui ont le plus pâti ces dernières années de l’inflation et qui se retrouve aujourd’hui avec un salaire de 3500 à 5000 pesos.

Ca va mieux ou non ?

 

Le tableau ci-dessous, reprend depuis le début des années Menem les chiffres officiels gouvernementaux de l’INDEC avec la courbe de la pauvreté et de l’indigence (les pauvres des pauvres) en % de la population globale du pays.

Donc qu’on ne me taxe pas d’anti kirchnérisme primaire, puisque je me fis à leurs chiffres…

 

Extrême pauvreté à la fin des années Alfonsin en 1989, c’est l’année de l’hyper inflation, puis à partir de 1990, les cinq glorieuses du premier mandat de Menem, qu’on a qualifié du « Miracle Argentin » ou emplois et production ont explosé et la pauvreté s’est réduite à des chiffres jamais égalé depuis ! Cela me fait doucement rire lorsqu’aujourd’hui le gouvernement Kirchner critique la politique de Menem. (Je parle de son premier mandat)

En 1995, deuxième mandat de Menem, on veut absolument maintenir le peso à parité avec le dollar, et c’est une grosse erreur car l’Argentine perd de sa compétitivité à l’international, augmentation des fermetures d’entreprise, augmentation du chômage. C’est un échec. La pauvreté remonte.

 De La Rua en 1999, récupère le cadeau empoisonné, mais ne change absolument pas de politique économique et on va droit au mur. La pauvreté continue a augmenter, avec la fermeture des entreprises.

C’est l’explosion fin 2001, les premiers mois de l’année 2002 sont les plus sombres, 50% (officiellement reconnu) des argentins sont « pauvres ». Duhalde assure la présidence à titre d’intérim et prépare les élections tout en réglant les affaires courantes sans prendre de grandes décisions pour l’économie.

2003 : Arrivé de Nestor Kirchner, le pays est au plus bas, il redonne confiance, et les entreprises avec un peso au plus bas (divisé par 4 par rapport au dollar) peuvent à nouveau produire en étant compétitives à l’export. On rouvre les entreprises, on réembauche, le chômage baisse et la pauvreté aussi. Jusqu’à 2006, on respire et il est vrai que les argentins voient tout en rose !

2006 : Premier problème, l’inflation. Pourquoi ? Peut être pour avoir trop rapidement donné des avantages sociaux aux employés sous la pression de la CGT. Les salaires montent vite, peut-être trop vite, et les employés consomment plus. Plus de demandes, fait que les prix augmentent. C’est le cercle infernal qui commence. Les salaires n’arriveront jamais a égalé les augmentations. Les syndicats pressés par leurs bases demandent des augmentations, le gouvernement cède très souvent. Les entreprises commencent à perdre de nouveau leurs compétitivités à l’export, c’est le début d’une augmentation de produits importés, et 2007 apporte déjà le problème de la balance des imports-exports. Les entreprises n’embauchent plus comme avant, à partir de 2007, la pauvreté remonte.

2007 : C’est le début du mandat de Cristina Kirchner, le gouvernement reconnaît la remontée de la pauvreté, mais va commencer à maquiller les chiffres de l’inflation pour justement la sous évaluer, et de ce fait sous évaluer aussi la pauvreté. C’est le début des statistiques effectuées par des organismes privés nationaux et internationaux pour connaître la réalité économiques du pays, puisque les chiffres de l’INDEC ne sont plus fiables.

 

Depuis : L’inflation augmente, les entreprises argentines ont de plus en plus de mal à percer à l’export. Elles purent tout de même « tenir » jusque là en raison de l’aspirateur économique brésilien en pleine euphorie. La machine productive brésilienne marchant à 100%, il fallut produire en Argentine pour pouvoir répondre aux demandes des consommateurs brésiliens.

Si l’économie argentine a pu jusqu’en 2011 tourner, c’est uniquement parce que les industries brésiliennes ne pouvait pas assez produire. Appareils électrodomestiques, camions, voitures, etc… 80% de la production argentine part au Brésil. Dangereux aussi pour un pays de dépendre presque exclusivement d’un seul client !

 

Aujourd’hui l’inflation continue à progresser, on attend 30% pour 2011. Il n’y a toujours pas de dévaluation significative, donc la compétitivité décroit, nous revoilà comme en 1995, avec les mêmes risques.

 

 A lire dans le Petit Hergé :

Elections présidentielles argentines d'octobre 2011- Les elections d'Octobre 2011.(Octobre 2011). Nous voilà sur la dernière droite avant les élections présidentielles argentines. Il s’agit du premier tour, mais la candidate sortante Cristina Kirchner est donnée en tête de tous les sondages avec plus 51% des intentions de vote. La bataille est pourtant bien là, puisque si les autres candidats ne se font pas trop d’illusions, il y a à la fois des batailles à mener pour chacun d’entre eux pour assurer leur place sur les sièges de l’assemblée nationale et du sénat..(Lire la suite).

 

Le déficit d'Aerolineas Argentinas- Le déficit d'Aerolineas Argentinas.(Septembre 2011).

Depuis maintenant près de 15 ans, la plus grande compagnie aérienne argentine est en crise. Fluctuant entre privatisation et nationalisation, Aerolineas Argentinas se bat pour rester le fleuron de l‘aviation nationale. Cela a un prix, et pas des moindres. L’état argentin ne cesse d’injecter de l’argent dans cette entreprise afin qu’elle garde la tête hors de l’eau : en trois ans, le gouvernement a injecté plus de 1900 millions de dollars...(Lire la suite). 

 

Le panier de la ménagère à Buenos Aires- Le panier de la ménagère à Buenos Aires.(Septembre 2010). L’inflation qu’ont connu les produits alimentaires ces derniers temps devient de plus en plus problématique pour beaucoup de foyers argentins. En effet, selon les chiffres de la Direction Générale de Statistiques et Recensementsde la ville de Buenos Aires, 30,7% des habitants de la capitale ne parviennent déjà plus à couvrir leurs dépenses mensuelles totales...(Lire la suite).

 

Les cafés à emporter font fureur à Buenos Aires- Les cafés à emporter à Buenos Aires.(Mars 2011). Le changement fut si brutal que même Starbucks ne put le croire. Il est vrai que la marque à la sirène est arrivée avec certaines prétentions, mais il est évident qu’elle l’a fait avec une crainte réelle : la crainte d’un envahisseur qui arrive sur des terres inconnues. Finalement ce fut une excellente surprise puisque le porteño s’est révélé sans attaches à un café particulier...(Lire la suite).

 

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