Mise à jour : 11 août 2012. Article écrit par Igor Dniestrowsi.

 
nullBar Palacio dans le quartier de Chacarita : 

  

Le Bar El Palacio n’est pas un bar comme les autres le paysage des cafés porteños. Ce n’est pas sa carte qui lui vaut sa réputation. En effet, la maison n’est pas réputée pour ses spécialités culinaires et encore moins pour un spectacle de tango (aucune représentation de tango n’est donnée). Si ce bar sort du lot c’est parce qu’il abrite un musée plutôt particulier : celui de la photo ! Il ne s’agit donc pas ici de déguster un strudel de pomme dont tout le quartier vante les mérites mais plutôt de se laisser émerveiller par les incroyables appareils photos qui ont trouvé refuge dans les vitrines et tables-vitrines de ce café. Mais avant d’aller plus loin, penchons-nous sur l’incroyable histoire de ce café de quartier.

null

Un peu d’histoire :

Pour comprendre comment un tel projet est né, nous devons nous intéresser au fondateur et propriétaire du bar Alejandro Simik. Ses premiers contacts avec la photo furent pour le moins peu commun : alors qu’il était pompier, un photographe le suivait afin d’immortaliser les interventions. C’est alors qu’il se décida à prendre des cours au sein de l’association des photographes professionnels. Puis il se lança dans une carrière de photographe publicitaire. Mais sa passion est véritablement née qu’en 1995 lorsqu’on lui offrit son premier appareil photo de collection, un Kodak des années 1930. C’est alors qu’il se lança dans la collection de vieux appareils photos. Mais ce n’est qu’en 2001, juste après la crise, qu’il décida de changer de voie, déprimé par la situation économique du pays. Il eut l’idée de partager sa collection et de créer un centre où tous les amateurs de photo pourraient se réunir. Mais il savait que pour qu’un tel projet soit viable, il devait lier la culture à la nourriture. C’est alors qu’il décida en 2001 de racheter un bar, El Palacio qui existe depuis les années 40 avec pour idée d’en faire un sanctuaire de la photo. Puis lors de l’ouverture en février 2002, il exposa quelques modèles dans les vitrines de son café qu’il possédait déjà depuis plusieurs années. S’en suit une accumulation impressionnante de ces vieilles caméras dans tout le café et en octobre 2005 le comité culturel de la ville de Buenos Aires le déclare « site d’intérêt culturel pour ses apports réalisés dans la préservation du patrimoine national ».

 null null null

nullQu’est ce qu’on y mange :

Comme vous l’aurez compris, la cuisine ne fait pas partie des principaux atouts de ce café. Mais ne vous y trompez pas, elle est tout sauf bâclée. On peut y déguster des plats typiques tels que le pollo milanesa qui saura en ravir plus d’un ou bien une bonne viande, culture locale oblige. En somme, ce café nous offre des bons plats dans un cadre unique, un cadre où le temps semble s’être figé. Pour ce qui est du porte monnaie, ce bar-musée de la photo ne le fera pas trop souffrir : le plat d’escalope milanaise avec papas fritas s’élève à 35 pesos et les autres plats sont compris entre 30 et 50 pesos.

null

Le musée :

Environ 600 appareils sont exhibés dans les vitrines du café et des caméras de tout âge s’y côtoient : vieilles machines en bois datant de 1885 ou simples polaroïds. C’est donc toute l’histoire de la photographie qui est retracée sur les murs du bar. Mais c’est en réalité un patrimoine de plus de 2000 caméras et 20 000 photos dont le musée dispose et qui sont entreposées au sous-sol. Ce patrimoine appartient en partie à Alejandro Simik et à ses collaborateurs mais le musée possède une partie qui a été léguée à celui-ci. Depuis peu, les appareils cinématographiques font partie du patrimoine, patrimoine qui ne cesse de croître.
Au-delà de cette fonction patrimoniale, le musée a de nombreuses autres vocations. Il accueille notamment des expositions temporaires de photos. En ce moment, (août 2012) c’est une exposition colorée qui a pour thème « L’Asie et ses mondes ». L’idéal étant de se rendre à cette exposition les premiers soirs suivant son début afin d’y rencontre le ou les artistes.
Mais cet incroyable lieu est également un centre de restauration de vieux appareils et d’anciennes photos où cinq professionnels se relayent afin de redonner vie à de véritables pièces historiques. C’est ainsi que l’appareil reçu dans ce centre passe d’abord par les mains de Claudio Bellocchi, ébéniste de formation, qui va fabriquer ou réparer les pièces en bois de la caméra. Puis, c’est au tour de Patricia Ligarotti de restaurer les soufflets de cuir ou de toile qui parfois peuvent apparaître comme irréparables. Ensuite Jorge Lorenzon et Alberto Carlos Lomba s’occupent du bon état des objectifs et des lentilles optiques. Toutes ces tâches étant contrôlées par Abel Alexander dans le sous-sol du café. Toutes ces personnes, à part Claudio Bellocchi et Patricia Ligarotti, donnent également des cours au sein du musée moyennant une somme toutefois raisonnable et travaillent en tant que photographe de mode ou de publicité. C’est d’ailleurs en effectuant ce métier qu’ils ont rencontré Alejandro Simik.
Toujours au sous-sol, se trouve un laboratoire pour photo en noir et blanc qui utilise un système traditionnel. Celui-ci est mis à disposition de tout le monde et pas seulement des élèves du musée et son usage est gratuit. C’est ainsi que n’importe quel photographe amateur peut développer ses photos lui-même dans les règles de l’art.
Pour ce qui est du futur, Alejandro Simik espère continuer l’aventure de cet incroyable musée et pour cela il espère, sans trop y croire, obtenir des fonds publics.

Vidéo : Le Bar Palacio en 2011. 5 mn 19 s.

null

Un musée bien plus qu’un musée :

 

Et oui, vous avez bien entendu, le musée a des élèves ! Depuis l’an 2000, Alejandro Simik donne des cours gratuitement et ce pout tout public. Les cours vont de l’enseignement basique, en passant par un peu d’histoire, à un contenu sur la photo digitale. Il y a également des cours nettement plus avancé, moyennant une somme très faible, qui sont dispensés par une quinzaine de professeurs. De nombreux champs sont couverts : photo-reportage, photo et poésie, histoire de l’art et de la photo, technique de laboratoire blanc et noir, processus photographiques alternatifs, photographie digitale, sémantique de l’image photographique et bien d’autres.
Mais qui dit musée de la photo dit aussi club de photographes passionnés par les caméras anciennes. Ce club compte une trentaine de personnes qui viennent des quatre coins de Buenos Aires mais qui connaissent plus ou moins Alejandro Simik et qui, de temps en temps, sortent leurs vieux appareils photos afin de donner un second souffle à ces caméras. Mais au-delà de cela, ces mordus de la photo tentent de se mettre dans la peau d’un photographe de l’époque afin de perpétuer l’idéal de cet art. Le groupe se réunit tous les mardis soirs au Bar El Palacio.
Le bar dispose également d’une bibliothèque en libre service possédant de nombreux ouvrages sur la photo. Certains livres datent du 19ème siècle et tout le monde peut les consulter tout en bénéficiant de la convivialité d’un café accompagné de quelques croissants.
Le café est aussi équipé d’un ordinateur connecté à internet afin de permettre à tous les clients ou visiteurs d’effectuer des recherches.
Pour les amateurs de Jazz, tous les vendredis soirs un groupe vient y jouer. C’est alors un spectacle auditif et visuel qui se livre aux personnes présentes dans le musée. Quant à ceux qui apprécient le tango, le rendez-vous a lieu tous les jeudi soirs. Atmosphère originale garantie.
De nombreuses conférences sont organisées que cela soit au sein del Palacio ou même à l’extérieur. L’une des dernières en date eu lieu à l’Université de Palermo et eu pour thème « les origines de la photographie ».
A tout cela vient s’ajouter un studio de photo tout équipé qui peut servir de lieu de shooting et qui peut être loué au musée. De nombreuses campagnes publicitaires eurent recours à ce lieu.

 

null

Une ambiance à part :

Tout comme le décor et les activités du musée, l’ambiance et les personnes qui fréquentent ce bar se détachent de tous les cafés de quartier. C’est un véritable rassemblement d’artistes, d’intellectuels, de novice en photo et d’élèves du musée. Le grand rassemblement a lieu le soir et l’atmosphère y est unique : on passe d’une table à une autre, d’une conversation politique à une conversation sur la dernière exposition photographique de tel ou tel personne, tout cela dans une convivialité hors du commun. Par contre il vaut mieux y aller le soir car on ne retrouve pas ce bouillonnement intellectuel durant la journée. En effet, on retrouve plutôt des habitués comme des passionnées qui viennent prendre leur petit déjeuner ou même déjeuner mais ils sont souvent seuls à table et concentrés soit sur le journal soit sur des photos.

 null null null

null

Conclusion :

 Tout comme le décor et les activités du musée, l’ambiance et les personnes qui fréquentent ce bar se détachent de tous les cafés de quartier. C’est un véritable rassemblement d’artistes, d’intellectuels, de novice en photo et d’élèves du musée. Le grand rassemblement a lieu le soir et l’atmosphère y est unique : on passe d’une table à une autre, d’une conversation politique à une conversation sur la dernière exposition photographique de tel ou tel personne, tout cela dans une convivialité hors du commun. Par contre il vaut mieux y aller le soir car on ne retrouve pas ce bouillonnement intellectuel durant la journée. En effet, on retrouve plutôt des habitués comme des passionnées qui viennent prendre leur petit déjeuner ou même déjeuner mais ils sont souvent seuls à table et concentrés soit sur le journal soit sur des photos.

nullPour en savoir un peu plus :

Clarin du 20 avril 2012 : http://www.clarin.com/sociedad/bombero-armo-museo-camaras-antiguas_0_685731597.html

Clarin du 18 janvier 2008 : http://edant.clarin.com/diario/2004/01/18/h-05201.htm

Page wikipedia sur le bar : http://es.wikipedia.org/wiki/Museo_Fotogr%C3%A1fico_Simik

Blog Argentina para mirar : http://www.argentinaparamirar.com.ar/verNota.php?n=117

Blog Red de Fotografos de Teatro Comunitario janvier 2012 : http://reddefotografos.blogspot.com.ar/2012/01/la-muestra-en-el-museo-fotografico.html

Revista Bi Polar de juin 2006 : http://revistabipolar.blogspot.com.ar/2006/06/el-palacio-de-la-fotografa.html

Blog Carpediem de mars 2012 : http://carpediemba.wordpress.com/

Blog Buenos Aires SOS de septembre 2009 : http://www.buenosairessos.com.ar/content/bar-palacios-donde-miles-de-c%C3%A1maras-acompa%C3%B1-un-buen-caf%C3%A9

Blog Fototeca du 28 novembre 2007 : http://weblogs.larazon.com.ar/fototeca/2007/11/28/bar_palacio/

Infos : Le bar se situe sur l'Avenida Federico Lacroze au 3901 / Angle de la calle Fraga dans le quartier de Chacarita. Le métro le plus proche Estacion Lacroze à 200 m. Le bar est ouvert du lundi au samedi de 8h à minuit. Dimanche fermé. Budget moyen : Pour visiter le musée, pas besoin de consommer. Si vous souhaitez y déjeuner ou diner, prévoir 60 pesos par personne (dessert compris) (Août 2012). Téléphone : 4551-5529. Site web du bar Palacio : http://museofotograficosimik.com/

A lire aussi dans le Petit Hergé :

 

Cimetière de Chacarita (Buenos Aires)- Le Cimetière de Chacarita : Les espaces paisibles et propices au recueillement se comptent sur les doigts de la main dans Buenos Aires, « la ville qui ne dort jamais ». Et incontestablement, le cimetière de la Chacarita en fait partie. Avec une superficie de 95 hectares, ce cimetière est le plus grand des 3 cimetières de la ville (les deux autres étant ceux de Flores et de Recoleta), et même plus grand que le parc 3 de Febrero qui s’étend sur 25 hectares...(Lire la suite).

 

Marché aux puces (Colegiales - Buenos Aires)- Le marché aux puces de Colegiales : Un premier marché aux puces ouvre ses portes à Buenos Aires en 1988 à l’angle des rues Dorrego et Niceto Vega. Il restera ouvert à cet endroit pendant 18 ans jusqu’en décembre 2005 ou il est déplacé temporairement afin de rénover la manzana dans laquelle il se trouvait. Quelques polémiques politiques comme les argentins ont le secret fige pendant quelques années le projet mais enfin le 11 juin 2011 c’est la réouverture officielle !...(Lire la suite).

 

Charles Thays, paysagiste de Buenos Aires - Charles Thays, paysagiste français : Si il y a un bien un français qui représente presque à lui seul l’apport de style français dans le panorama de la ville de Buenos Aires en ce début du XXème siècle, c’est bien de notre compatriote Charles Thays dont il s’agit. Haussmann aura changé la physionomie de Paris, Charles Thays (ou Carlos Thays en espagnol) est celui qui aura donné à Buenos Aires sa personnalité...(Lire la suite).

 

 

Quartier chinois (Belgrano - Buenos Aires)- Le quartier Chinois de Buenos Aires : Le Barrio Chino de Buenos Aires est devenu au fil des années une institution dans le quartier de Belgrano. Il est pourtant encore assez limité. Puisqu’il s’étend sur deux quadras de la calle Arribeños. Mais pourtant dès qu’on y entre, c’est un véritable voyage en Asie qui commence. Des odeurs venues d’orient envahissent les rues, des lanternes rouges, qui scintillent, dépassent sur le trottoir, et une immense arche chinoise entourée de deux dragons se dresse à l’entrée...(Lire la suite).

Retour à l'accueil